La série Responsabilité & Environnement publie trimestriellement des dossiers thématiques sur des sujets concernant les risques, le développement durable ainsi que l’énergie et les matières premières. Piloté par un spécialiste du secteur sous l’égide du Comité de rédaction de la série, chaque dossier présente une large gamme de points de vue complémentaires, en faisant appel à des auteurs issus à la fois de l’enseignement et de la recherche, de l’entreprise, de l’administration ainsi que du monde politique et associatif. Voir la gouvernance de la série
Par Jean-Luc LAURENT Ingénieur général des Mines honoraire
Et Xavier GUCHET Université de technologie de Compiègne
Le coronavirus, apparu en décembre 2019 en Chine, s’est rapidement propagé à l’ensemble du monde, provoquant une crise sanitaire, économique et sociale majeure. Le 11 mars 2020, l’OMS a qualifié l’épidémie de Covid- 19 de « pandémie ».
Fermeture des frontières, confinement des populations, déclaration d’état d’urgence, suspension des liaisons aériennes et maritimes… Le monde entier et donc la France se barricadent pour lutter contre la pandémie.
En quelques semaines, le monde a complètement changé de visage. La stratégie prioritairement utilisée par les différents gouvernements pour faire face à l’épidémie en 2020 a été celle du confinement.
Commerces fermés, événements annulés, usines et transports au ralenti, places boursières qui s’affolent… La pandémie issue du nouveau coronavirus Covid-19 frappe de plein fouet l’économie mondiale au fur et à mesure que les pays se calfeutrent.
La crise sanitaire a donc eu un retentissement de grande ampleur dans nombre de domaines notamment celui de l’économie, et ce dès début 2020. La mise à l’arrêt de pans entiers de l’économie suivie d’épisodes de reprise a affecté les marchés, l’emploi et le monde du travail. Le secteur culturel a également été frappé de plein fouet. Cette crise a eu également un très fort impact sur la vie quotidienne, la santé et le moral des Français. La plupart des pays ont été mis à l’arrêt. Durant la première année de cette crise, on a pu dire que le virus s’est révélé être le maître du temps.
Par Dominique DRON Conseil général de l’Économie
et Patricia CORRÈZE-LÉNÉE Conseil général de l’Environnement et du Développement durable (CGEDD)
L’humanité, depuis son apparition et surtout sa sédentarisation, a progressivement de plus en plus impacté la planète. Mais, pour autant que nous acceptions enfin de nous intéresser aux modélisations des climatologues, des océanographes et des éco-systémiciens, ainsi qu’aux observations de ces dix dernières années qui malheureusement valident les analyses de ces experts, il s’avère, selon toute vraisemblance, que l’humanité a poussé la Terre dans une dynamique de bouleversements qui se sont accélérés depuis l’ère industrielle et dont les conséquences paraissent nous échapper : appauvrissement et laminage de presque tous les écosystèmes par la pollution chimique ; surexploitation ou artificialisation des sols ; météorologies inédites et intensifiées ; mouvements atmosphériques modifiés ; réduction de l’albédo planétaire visible depuis l’espace ; montée inéluctable de plusieurs mètres du niveau des océans…
Barbara POMPILI Ministre de la Transition écologique
Le changement climatique est sans doute le principal défi de ce siècle. Si rien n’est fait pour l’atténuer et s’y adapter, une dégradation sans précédent de nos conditions de vie à la surface de la planète nous attend : canicules à répétition, sécheresses, tempêtes, élévation du niveau de la mer, bouleversement des écosystèmes, et même, émergence de nouvelles maladies.
Il s’agit d’un problème mondial, aucun pays n’est épargné ; il n’y a pas de « planète B » sur laquelle se réfugier. C’est la Terre et son climat qui nous permettent de vivre comme nous le faisons. C’est cette mince couche autour de notre planète, que l’on appelle la biosphère, qui est le support, fragile et toujours en équilibre instable, de la vie sur Terre
Hervé LE TREUT IPSL et Michel PASCAL Conseil général de l’économie
Ce numéro consacré à l’adaptation au changement climatique s’inscrit dans un contexte très favorable, quelques semaines à peine après la sortie du rapport du groupe 2 du GIEC, précisément intitulé « Impacts, adaptation et vulnérabilité ».
Il s’inscrit aussi dans un cadre plus large, marqué par une série de rapports dont beaucoup sont issus du GIEC, et ont systématiquement porté le message d’une évolution rapide et négative de notre environnement climatique. Les émissions de gaz à effet de serre n’ont pas cessé d’augmenter et créent désormais une situation partiellement irrémédiable.
Préambule
Adaptation au changement climatique :
mieux définir les enjeux pour engager le débat
Ronan DANTEC Sénateur de Loire-Atlantique et membre du Conseil national de la transition écologique (CNTE)
Le récent échec de la COP de Glasgow dans sa capacité à crédibiliser un scénario partagé de stabilisation du climat sous 1,5°C souligne, sans ambages, l’enjeu d’intégrer sans tarder les questions d’adaptation au réchauffement en cours dans un nombre considérable de politiques publiques.
Nous le savons aujourd’hui de manière quasi certaine : nos contrées, où le réchauffement sera supérieur à la moyenne planétaire, connaîtront, dans les vingt à trente prochaines années, une augmentation des températures se situant entre 3 et 4°C, en fonction de la rapidité et de la réalité de l’application des engagements pris à Glasgow. Pourtant, mon propos ne se veut pas, je me dois de le souligner, particulièrement catastrophiste.
de Claude MANDIL Ancien directeur exécutif de l’AIE
Enfin une grande revue technologique et industrielle consacre un numéro entier au CCUS !
Cette publication des Annales des Mines vient mettre un terme à une véritable omerta dont souffrait, surtout en France, une des techniques parmi les plus nécessaires pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Une technique nécessaire, mais non suffisante, bien entendu : les projections les plus sérieuses n’envisagent pas que la réduction des émissions permise par le CCUS représente plus de quelques pourcents de ce qu’exige l’objectif de neutralité carbone. Mais toutes s’accordent pour affirmer que faute de CCUS, cet objectif est hors d’atteinte, sauf à un coût astronomique. C’est ainsi que la COP26, dont on peut regretter une ambition insuffisante, appelle du moins les pays membres à « accélérer les efforts vers la sortie de l’énergie au charbon sans système de capture (de CO2) ».
Ses travaux auront été largement inspirés par les deux récentes publications de deux des organismes les plus influents en matière de changement climatique.
Par Dominique AUVERLOT CGEDD et Richard LAVERGNE CGE
Dans Les Comptes Rendus Géoscience de 2020 de l’Académie des sciences1, Isabelle Czernichowski- Lauriol, du BRGM, également co-auteur d’un article publié dans ce numéro de Responsabilité & Environnement, a défini de façon très claire ce que sont les « puits de carbone » : « Il existe plusieurs types de puits de carbone. D’abord les puits de carbone dits naturels, mais pour lesquels une intervention humaine est nécessaire pour les préserver ou les renforcer. Les forêts en croissance constituent un puits de carbone capable de retirer du CO2 de l’atmosphère par le mécanisme de photosynthèse, tout comme peuvent l’être les sols et les terres agricoles qui stockent de la matière organique (humus, débris végétaux), ainsi que les océans qui piègent du CO2 atmosphérique par dissolution dans l’eau. Il existe aussi les puits de carbone dits technologiques : il s’agit essentiellement du puits de carbone géologique, qui consiste à capter le CO2 non pas dans l’atmosphère où il est très dilué, mais dans les fumées des usines qui le recrachent en abondance à des concentrations plus élevées, pour le stocker sous terre dans une couche géologique, au-delà d’un kilomètre de profondeur ».