La série Enjeux numériques paraît en mars, juin, septembre et décembre en version papier, et la traduction anglaise intégrale des articles est téléchargeable comme la version française sur notre site www.annales.org. Elle traite des enjeux du numérique pour un public éclairé, mais non nécessairement expert, en croisant les regards technologiques, économiques et sociétaux comme le font les Annales des Mines dans toutes leurs publications.
Par Jean-Pierre DARDAYROL Ingénieur général des mins honoraire, président du comité de rédaction d'Enjeux numériques
Le lecteur remarquera dès l’abord que ce numéro n’a pas la forme canonique des 19 numéros précédents d’Enjeux numériques, et de ses revues sœurs et aînées des Annales des Mines – Réalités industrielles et Responsabilité & environnement : à savoir une théma- tique large étudiée d’une vingtaine de points de vue rassemblés par un coordonnateur ou une coordonnatrice.
En effet, le comité de rédaction et la rédaction ont ressenti l’envie de marquer le cinquième anniversaire de la revue, et le sixième de leurs travaux, en utilisant un rite antique remis au goût du jour par la Réforme de Martin Luther : la commémoration anniversaire. Les raisons en sont sans doute multiples et propres à chacun.
Scander le travail et l’effort collectif est la première raison avancée lors des discussions, car la fabrication de la revue est bien un effort important et répété d’un collectif dont la solidarité est fondamentale pour porter au sens physique la revue.
La résistance, puis les adaptations réussies à la crise de la Covid-19, basées sur le travail à distance, qui se sont traduites notamment et positivement par plus d’ubiquité et de diversité des contributeurs et du comité de rédaction, sont d’autres raisons.
Par Isabelle PIOT-LEPETIT INRAE - UMR MoISA, #DigitAg Et Véronique BELLON-MAUREL INRAE –UMR ITAP, #DigitAg
Le numérique s’invite dans l’agriculture et l’alimentaire, comme dans tous les secteurs de l’économie. Si les premières utilisations datent d’une trentaine d’années avec l’agriculture de précision, nous assistons depuis le milieu des années 2010 à une évolution notable des outils et services numériques agricoles, impulsée par quatre leviers techniques. Il s’agit de l’émergence de nouvelles sources de génération de données (objets connectés, satellites, téléphones portables…), des possibilités accrues de traitement de ces données (intelligence artificielle, traitement local ou déporté, HPC…), de la généralisation de la connectivité, qui facilite les échanges de données, d’informations et de connaissances, et permet la création de nouveaux produits et services, et enfin de la robotisation, qui se développe maintenant en milieu ouvert. Ces différents leviers peuvent être mobilisés pour contribuer à apporter des réponses aux besoins exprimés par nos sociétés et par les agriculteurs : la recherche d’une agriculture plus durable et plus saine, conservant de grandes capacités de production tout en réduisant son impact sur l’environnement et la santé, assurant à l’agriculteur un mode de vie correct et une juste rémunération, soutenant une alimentation territorialisée et porteuse de confiance, et enfin permettant le maintien de territoires ruraux vivants animés par une agriculture attractive pour les jeunes. Il est essentiel que les efforts de recherche et de développement se fassent dans cette perspective multi-objectifs.
Introduction : Propriété et gouvernance dans l’univers numérique, à l’heure de la consolidation de l’économie des données et de la régulation des contrôleurs d’accès
Par Jean-Yves OLLIER
Conseiller d’État
Notre univers numérique favorise la remise en cause des caractéristiques classiques du droit de propriété sur les choses, ainsi que l’appropriation de certaines ressources par les entreprises qui exercent un contrôle sur les moyens d’y accéder. Ce numéro d’Enjeux numériques suit ce fil conducteur pour examiner l’état des débats sur la régulation des plateformes numériques et sur la promotion du partage des données. Il donne des illustrations, dans différents secteurs, de la façon dont des mécanismes ouverts et transparents de gouvernance des données peuvent organiser les relations entre les parties (détenteurs, utilisateurs, titulaires de droits exclusifs), pour mieux tirer les bénéfices du partage des actifs numériques pour l’économie et pour la société.
Secrétaire d’État chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques
Nous sommes en mars 2022, deux ans déjà après le premier confinement mis en place pour faire face à l’épidémie de Covid-19. Deux ans durant lesquels le numérique a montré, plus que jamais, qu’il était une brique essentielle pour la continuité économique, éducative et sociale de notre Nation. [...]
De cette période inédite, nous gardons de nombreux réflexes et enseignements, et avons, toutes et tous, profondément modifié notre façon de travailler, de nous réunir et de nous retrouver. Nous avons su en tirer les bonnes pratiques.
Ces continuités, grâce au numérique, ont été permises par la résilience de l’infrastructure d’Internet, mais aussi parce que de très nombreux Français et Françaises se sont appropriés ces usages. Certains les ont découverts et appris.
Introduction : « S’approprier et apprendre le numérique » ou « Apprendre le numérique pour se l’approprier »
Par Nicolas CHAGNY
Directeur général de WebForce3 et Président de l’Internet Society France
Alors que je n’ai que 9 ans, la France déploie déjà un plan informatique au niveau national. L’objectif : équiper les écoles de matériel Thomson pour apprendre à coder ou à utiliser, le terme « numérique » n’existe encore pas vraiment. À Saint-Égrève, près de Grenoble, mon école passe à côté d’une dotation d’un réseau complet, mais reçoit un reliquat de trois machines, des TO7/70. L’informatique m’intéresse, c’est indéniable. Mais j’ai alors une envie qui m’animera longtemps : partager. Je sentais que l’informatique allait tout bouleverser, et que, pour la comprendre, il fallait apprendre son fonctionnement. Lire la suite