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N° 154 - Décembre 2023
Les circonstances changeantes de l’inflation
Par Denis FERRAND
Directeur général de Rexecode
Après des années à en déplorer la disparition, les banques centrales n’ont pu que constater le retour en force de l’inflation au sortir des périodes de confinement de la population et d’arrêt brutal de l’économie en 2020. La question du caractère durable ou transitoire de cette résurgence de l’inflation a alimenté dans un premier temps les débats. Perçue initialement comme transitoire, en particulier en Europe, ce qui a retardé les réactions de politiques monétaires pour la juguler, cette inflation issue de chocs initiaux de nature exogène a progressivement déclenché des boucles de réaction de l’économie qui en ont renforcé le caractère durable. Au-delà des circonstances de court terme qui ont modelé l’évolution des prix, nous examinons dans ce papier dans quelle mesure le référentiel d’inflation peut être plus durablement bouleversé par les cicatrices que cet épisode pourrait laisser.
Apporter des éléments de réponse à cette question invite à décomposer le processus inflationniste en différentes phases qui le caractérisent. La résurgence d’inflation au lendemain des déconfinements a été la conséquence des profonds déséquilibres entre offre et demande qui se sont manifestés alors à l’échelle mondiale. Cette première phase est close ou presque. Elle a été suffisamment prolongée pour que l’inflation procède désormais également d’effets de second tour liés à l’accélération des revenus nominaux. Plusieurs trimestres de taux d’intérêt réels positifs et de croissance inférieure à sa tendance seraient probablement nécessaires pour que ces tensions inflationnistes s’apaisent. La première de ces conditions n’étant pas atteinte et des déterminants plus structurels s’affirmant, l’inflation serait durablement plus élevée que lors de la période antérieure à la pandémie.
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