Août 2020 - Travail et coopération à travers les frontières
Travailleurs frontaliers en Suisse : le hiatus persistant entre recherche et opinion publique
Par Giovanni FERRO LUZZI
Université de Genève et Haute école de gestion de la HES-SO
Vincent FROMENTIN
Université de Lorraine et Centre européen de recherche en économie financière et en gestion des entreprises (CEREFIGE)
et
Sylvain WEBER
Université de Neuchâtel et Haute école de gestion de la HES-SO
Les travailleurs frontaliers constituent une part importante de la force de travail en Suisse. Dans certains cantons, leur proportion dépasse 25 % de la population active. Une telle présence fait évidemment naître des ressentiments, et les frontaliers sont souvent considérés comme une menace pour les travailleurs résidents. Selon l’opinion publique, les travailleurs frontaliers seraient ainsi responsables de graves problèmes, tels que chômage et pression sur les salaires. Toutefois, la littérature scientifique contredit ces observations. De manière générale, les analyses statistiques ne font ressortir que des effets d’ampleur modeste, voire inexistants. Il faut toutefois relever que les effets moyens masquent des effets différenciés suivant le niveau de qualification, et certains travailleurs sont négativement impactés. Il est donc possible que quelques cas emblématiques et médiatisés puissent forger l’opinion publique, sans qu’ils ne constituent en réalité une norme.
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August 2020 - Work and cooperation across borders
Crossborder workers in Switzerland: The persistent gap between research and public opinion
Giovanni Ferro Luzzi,
Geneva University & Haute École de Management, HES-SO;
Vincent Fromentin,
Lorraine University & Centre Européen de Recherche en Économie Financière et en Gestion des Entreprises (CEREFIGE);
and
Sylvain Weber,
Neuchâtel University & Haute École de Management, HES-SO
Crossborder workers represent a major part of the Swiss labor force: more than 25% of the active population in some cantons. This situation has, of course, created resentment, and Swiss residents often see these wageearners as a threat. According to a public opinion poll, crossborder workers are said to be responsible for serious problems, such as unemployment and wage pressures ‒ in contradiction with the findings of all scientific studies on this topic. Although statistical analyses detect scant or even no effects, their results cover up effects that appear when the statistics are differentiated by level of job qualification: the impact thus turns out to be negative on some workers. A few emblematic cases reported in the media might shape public opinion, but they are not normal.
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