Novembre 2009 - L'électricité solaire et les pays de la Méditerranée
Editorial par Pierre Couveinhes,
Rédacteur en chef des Annales des Mines
Propre, renouvelable, disponible partout en abondance : l’électricité d’origine solaire a de nombreux avantages ; il n’est donc guère étonnant que les Français lui accordent volontiers leur préférence.
Néanmoins, elle comporte un inconvénient fondamental : elle est, encore aujourd’hui, beaucoup plus coûteuse que l’électricité produite à partir d’énergies fossiles, ou que l’électricité nucléaire. Si elle a pu connaître un certain développement dans quelques grands pays européens, c’est seulement grâce au fait que les Pouvoirs publics ont imposé aux compagnies des tarifs de rachat de l’électricité solaire à ses producteurs extrêmement avantageux pour ces derniers.
Toutefois, l’électricité d’origine solaire conserve des marges de progrès considérables (ce qui n’est pas le cas de toutes les énergies renouvelables). Ces progrès peuvent être attendus à la fois de la mise au point de nouvelles technologies, de l’amélioration des procédés industriels de fabrication et d’une meilleure intégration des techniques solaires aux bâtiments.
Dans ce contexte, l’inscription du Plan solaire méditerranéen (PSM) dans les six priorités de l’Union pour la Méditerranée est susceptible de constituer une opportunité exceptionnelle, du fait de la conjonction de trois facteurs :
- la forte croissance de la demande d’électricité dans les pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée au cours des années à venir exigera d’y construire d’importantes capacités de production supplémentaires ;
- grâce à des conditions de production favorables (fort ensoleillement…), l’électricité solaire peut y atteindre le seuil de rentabilité (la fameuse parité réseau) avant les pays du Nord ;
- les pays du Nord devront développer leur recours à des énergies à bas niveau de carbone dans les années à venir, ainsi que le prévoit, en particulier, la directive européenne sur les énergies renouvelables, qui fixe des objectifs ambitieux aux pays de l’Union en la matière. Rappelons que cette directive prévoit cependant la possibilité d’atteindre ces objectifs en important de l’électricité d’origine renouvelable en provenance de pays du Sud.
Le PSM ouvre donc aux fabricants d’équipements pour la production d’électricité solaire un marché immédiat d’un volume exceptionnel qui devrait leur permettre de réduire significativement leurs coûts, afin de permettre à cette production d’atteindre le seuil de rentabilité. Les enjeux sont considérables, tant en termes d’exportations que d’emplois.
La France a joué un rôle moteur dans la mise en place de l’Union pour la Méditerranée, ainsi que dans celle du Plan solaire méditerranéen. Ses activités de recherche ont joué un rôle de premier plan dans le développement des technologies solaires et elles continuent à le faire.
Mais notre pays dispose-t-il aujourd’hui de l’outil industriel ad hoc qui soit à la mesure de ce projet gigantesque ?
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