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Février 2008 - Hégémonie de la ville
Editorial par François Valérian,
Rédacteur en chef des Annales des Mines
La ville est désormais partout. Le regroupement des populations dans les aires urbaines est de plus en plus rapide, et il s’observe sur tous les continents, au Nord comme au Sud, en Asie comme en Europe ou en Amérique. Le phénomène résulte évidemment de l’intensification des échanges mondiaux. L’économie ne peut croître que là où il y a connexion forte avec l’environnement national et international, et c’est dans les villes que ces connexions s’établissent.
Il en résulte toutes les difficultés liées aux fortes concentrations humaines. Les services publics ont du mal à rattraper la croissance de la population, l’espace est de plus en plus dévoré par la ville, les inégalités, autrefois interrégionales, sont de plus en plus aigües à l’intérieur même des zones urbaines. La violence en découle, et avec elle une certaine inefficacité économique.
Il faut ici distinguer, non pas tant entre Nord et Sud, qu’entre l’Europe du Nord-Ouest et le reste du monde. La France et quelques autres pays n’ont pas renoncé à planifier la croissance urbaine. Certes, les héros et les mythes fondateurs (Delouvrier, la Datar, le RER, la Défense et les villes nouvelles) sont un peu lointains et ne font plus l’unanimité : de grands exploits collectifs, mais à quel coût ? Selon certains, cependant, la croissance urbaine pourrait se faire vers le haut, en exploitant les espaces aérés des centres-villes historiques, et l’étalement urbain pourrait être contré par une action volontaire de l’Etat. En même temps, des mouvements mondiaux sont ici à l’œuvre, et l’attractivité des centres-villes est un atout majeur pour capter et retenir les investissements internationaux.
Faut-il en conclure que les seuls modèles possibles soient ceux de la ville méditerranéenne au développement anarchique, ou de la ville chinoise à la croissance très rapide mais porteuse de lourdes inégalités ? Ce serait contraire à la tradition d’équilibre social de pays comme la France et l’Allemagne. La puissance publique peut accompagner et corriger. Elle ne mettra pas pour autant, selon le mot fameux, « les villes à la campagne ».
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