N° 107 - Juillet 2022 - Environnement : Face à la longue urgence
Récits et responsabilités : délibérer des preuves de futurs souhaitables
Par Bernard REBER
Directeur de recherche au CNRS, membre du Centre de recherches politiques (Cevipof) de Sciences Po
Les récits peuvent motiver, représenter des actions et les responsabilités associées. Dans la prospective, les narrations soutiennent la délibération des choix collectifs faits pour le futur. Elles offrent des « preuves de futurs ». Elles ne prédisent pas, mais informent des modèles d’aide à la décision. Ces narrations soutiennent des scénarios pessimistes (apocalyptiques) ou optimistes (eschatologiques), qui sont plus anciens que la collapsologie contemporaine. Elles représentent une polyphonie de responsabilités, que les uns et les autres doivent endosser pour une aventure comme celle d’une transition écologique juste. L’expérience de la Convention citoyenne pour le climat est abordée ici à partir de ces questionnements. Elle n’a pas laissé une grande place aux récits, aux incertitudes, aux querelles sur le futur et à leur évaluation à l’aune de la justice sociale, avec les conflits d’interprétation qu’elle comporte. De plus, d’autres capacités communicationnelles et rhétoriques n’ont pas été mis en oeuvre, alors qu’elles permettent la confrontation critique, la conversation politique et la délibération, et d’arriver à des jugements « tout bien considéré ».
Télécharger gratuitement l'article
Retour au sommaire
N° 107 - July 2022 - Environment: Facing the long emergency
Narratives and Responsibilities: Deliberating on the Evidence of Desirable Futures
Bernard Reber,
Director of research at the CNRS, member of the Centre de recherches politiques (Cevipof) at Sciences Po
Narratives can motivate, represent actions and associated responsibilities. In foresight, narratives support the deliberation of collective choices for the future. They offer ‟evidence of futures”. They do not predict but inform decision support models. These narratives support pessimistic (apocalyptic) or optimistic (eschatological) scenarios, older than contemporary collapsology. They represent a polyphony of responsibilities, which everyone must assume for an adventure like that of a just ecological transition. The experience of the Citizens’ Climate Convention is discussed here in the light of these questions. It did not leave much room for narratives, uncertainties, quarrels about the future and their evaluation in terms of social justice with the conflicts of interpretation that it entails. Moreover, other communicative and rhetorical capacities have not been put to use, even though they allow for critical confrontation, political conversation, deliberation and for arriving at ‟all things considered” judgements.
Retour au sommaire
|