N° 91 - Juillet 2018 - Sols en danger : réduire l’artificialisation
Le statut juridique des sols face à l’artificialisation : état des lieux et perspectives
Par Philippe BILLET
Professeur agrégé de droit public (Université Jean-Moulin - Lyon 3)
Directeur de l’Institut de droit de l’environnement (CNRS, UMR 5600, EVS-IDE) et membre du Labex IMU (Intelligence des mondes urbains)
Assise de la plupart des activités humaines, le sol est largement oublié par le droit lorsqu’il s’agit d’envisager sa protection contre l’artificialisation. Le Code de l’environnement l’ignore comme milieu naturel, tandis que le Code de l’urbanisme organise son occupation en peinant à garantir une utilisation « économe ». Le droit de l’Union européenne, après avoir vainement tenté de promouvoir une directive-cadre sur les sols, s’est orienté vers des lignes directrices contre l’artificialisation, sans valeur contraignante, et vers une politique de saupoudrage, dispersant les mesures de protection sans principes directeurs. Fondée sur la loi ALUR de 2014, la nouvelle politique de planification de l’occupation des sols repose sur la densification, en imposant, en amont, une réflexion sur l’artificialisation des sols et en supprimant les dispositions favorisant l’étalement urbain. La neutralité en matière de dégradation des sols appelle le développement d’outils incitatifs et, peut-être, la reconnaissance d’une communautarisation de certains des services fournis par les sols.
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N° 91 - July 2018 - Land and soil jeopardized: Anthropic pressures
The land’s legal status pertaining to human uses: An inventory and prospects
Philippe Billet,
agrégé professor of public law at Jean-Moulin University (Lyon 3), director of the Institute of Environmental Law (CNRS, UMR 5600, EVS-IDE) and member of Labex IMU (Intelligence des Mondes Urbains)
As the basis of most human activities, the ground ‒ soil and land ‒ has been more or less overlooked by the law when the intent is to protect it from being built or covered, i.e., “artificialized”. The Environmental Code ignores it as a natural environment, whereas the Code of Urbanism tries to see to it that the use of land is “economical”. After futile efforts for drafting a framework directive, EU law has turned toward issuing guidelines, with no binding effect, for preventing these “artificial” uses of the land and toward a scattershot policy of dispersed protective measures without any guiding principle. Under the French ALUR Act of 2014, the concept of “densification” underlies a new policy of land planning and use. This act has voided the earlier arrangements that favored urban sprawl; and it calls for a consideration of the issue of “artificialization”, which devotes pieces of land to urbanization, infrastructures, industry and roads. Neutrality with regard to the land and soil degradation implies providing incentives and, perhaps, recognizing a “communitarization” of the services provided by the ground.
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