N° 53 - Janvier 2009 - La forêt française
Coordonné par Renaud Abord de Châtillon,
Ingénieur général des Mines, membre du Conseil Général des mines
Ancien Vice-président de la Commission Française du Développement Durable
Président de Forestiers Privés de Bourgogne
Président de l'Association Bourguignonne de Certification Forestière
Editorial par Pierre Couveinhes,
Ingénieur en Chef des Mines
Les Français aiment leur forêt, mais ils la connaissent fort mal.
Beaucoup d’entre eux sont convaincus qu’elle est aujourd’hui en régression. Mais en réalité, sa superficie a presque doublé au cours du siècle écoulé, et elle continue d’augmenter.
La forêt française est souvent considérée comme étant, pour l’essentiel, un bien public. Or, 74 % de sa surface appartiennent à des propriétaires privés.
Le bois est perçu comme un matériau agréable et chaleureux, mais peu innovant. En fait, il est de plus en plus utilisé sous des formes reconstituées ou restructurées, qui lui permettent de concurrencer les matériaux les plus avancés techniquement.
On pourrait multiplier les exemples d’idées reçues : ainsi, qui sait que le bois-énergie représente 55 % de la production d’énergies renouvelables dans notre pays ? C’est davantage que l’électricité hydraulique, et beaucoup plus que le solaire et l’éolien, qui sont incomparablement plus présents dans les médias, alors qu’ils ne représentent guère que 2 % de la production totale d’énergies renouvelables…
Et qui connaît le nombre d’emplois dans la filière bois en France (450 000, soit autant que l’industrie automobile) ?…
Mais la forêt française pourrait jouer un rôle encore beaucoup plus important. Elle est, en effet, très sous-exploitée. La production de bois stagne depuis des années et la balance commerciale de la France pour ce produit reste déficitaire. Cette situation peut s’expliquer par divers facteurs : le morcellement extrême de la propriété, notamment pour la forêt privée ; les délais considérables entre les investissements à réaliser et les revenus correspondants ; une réglementation souvent complexe et contraignante…
Depuis trente ans, maints rapports officiels ont été publiés, préconisant le développement de la récolte de bois dans les forêts françaises, mais ils n’ont guère été suivis d’effet.
La lutte contre le réchauffement climatique accroît doublement l’importance de la filière bois- forêt. En effet, le bois, utilisé comme source d’énergie, permet de remplacer directement des combustibles fossiles, fortement générateurs de CO2. Mais il ne faut pas oublier que le bois, en tant que matériau, stocke en lui du carbone, absorbé par la forêt, et qu’il peut remplacer d’autres matériaux dont la fabrication génère elle-même du CO2.
Le Grenelle de l’Environnement et les Assises de la forêt ont permis une prise de conscience nouvelle. Un plan en faveur de la filière forêt-bois a été défini, fondé sur des principes clairs, qui ont suscité un large consensus, tant auprès des forestiers que des organisations environnementales : développer l’exploitation de la forêt, tout en en assurant une gestion durable, préservant la biodiversité.
La forêt française, la seconde de l’Union européenne, par la superficie, et la première en volume sur pied, pourra ainsi devenir, dans les prochaines années, un atout considérable pour notre pays ; en matière économique, énergétique et environnementale, bien sûr, mais aussi en ce qui concerne les activités de loisir et l’agrément du cadre de vie.
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