N° 28 - Octobre 2002 - Efficacité énergétique en Chine. A qui appartient l'eau ?
Homme ou vie sauvage ? Société locale ou bureaucratie centrale ? Faux dilemmes et vrais rapports de force
par Laurent Mermet
Ecole nationale du génie rural des eaux et des forêts (ENGREF)
Depuis des années, les actions pour la protection de la faune, de la flore et des milieux naturels se heurtent en France à une rhétorique qui, sous couleur d’humanisme, s’acharne à les discréditer. Avec deux arguments: le premier consiste à présenter les initiatives des acteurs de la conservation de la nature comme des choix contre l’Homme, en faveur des «petites fleurs» ou des « petits oiseaux ». Le second attribue ces mêmes initiatives à des pouvoirs bureaucratiques et centralisateurs de «Paris» ou «Bruxelles» qui voudraient achever leur œuvre d’étouffement des sociétés locales rurales, traditionnelles.
Cette rhétorique et ses arguments ne résistent pas le plus souvent à une analyse serrée. Pour l’illustrer, un cas d’école : les conflits qui se déroulent autour de la protection de l’ours des Pyrénées. Dans ce cas exemplaire, l'analyse montrera la fragilité des raisonnement sur lesquels reposent les dénonciations d’anti-humanisme et de centralisme à l'encontre des acteurs favorables à la protection de l'ours. Elle mettra à jour, en revanche, le caractère déterminant des rapports de force entre secteurs d'activités économique et sociale, dont le discours hostile à la conservation de la nature tend à détourner l’attention.
Dans la première partie de l’article, on examinera ainsi le premier argument – l’anti-humanisme attribué aux protecteurs de la nature. Dans la deuxième partie le second – les passions étatiques et centralisatrices dont on les accuse.
Télécharger gratuitement l'article
Retour au sommaire
N° 28 - October 2002
Humanity or wildlife? Local society or central bureaucracy ? Fake dilemmas and real forces
Laurent Mermet
For years now, actions for protecting wild fauna and flora and preserving natural sites have, in France, run up against two arguments that, in the guise of humanism, fiercely try to discredit them. The first one presents conservation efforts as choices in favor of "little flowers and birds" to the detriment of humanity. The second blames bureaucratic, centralizing authorities in Paris or Brussel for wanting to stifle local, rural, traditional societies. These arguments do not usually hold up to scrutiny. In the textbook case of protecting bears in the Pyrenees, the argumentation used to condemn the antihumanism and centralism of the parties who want to save the bears is shown to be flimsy. Analyzing this case brings to light another determinant, the line-up of forces representing social and economic interests whose hostility to conservation tends to divert attention.
Retour au sommaire
|