Implantée il y a plus de 150 ans à Alès, l'École des Mines s'y est développée et s'est adaptée aux évolutions du monde industriel et de la société. Fondée pour former des cadres pour l'industrie minière, elle est maintenant une grande école d'ingénieurs pluridisciplinaire au rayonnement international.
Le projet de création, à Alais, d'une "École de maîtres-ouvriers-mineurs", fut présenté au Conseil Municipal le 27 mars 1841. Varin fut l'architecte du projet.
Ce projet, qui précisait le but et le programme du futur établissement, a jeté les bases fondamentales qui ont caractérisé les conditions de la formation des élèves pendant plus d'un siècle. Face à la pénurie en cadres moyens, dans les mines environnantes, nos pères fondateurs ont proposé de former des maîtres-mineurs, compétents, éprouvés et connaissant bien la partie matérielle du travail dans les mines. En permettant à de jeunes mineurs expérimentés d'acquérir par des études un savoir théorique et technique complémentaire, ils entendaient obtenir le profil souhaité, tout en offrant à ces jeunes ouvriers les perspectives d'une promotion sociale.
Après son adoption par le Conseil Municipal, le Conseil Général émit, en août 1841, un avis favorable et vota une subvention pour l'établissement de l'École.
Finalement, c'est le 22 septembre 1843 qu'une ordonnance royale institua à Alais une école pratique destinée à former des maîtres-ouvriers-mineurs. Ce n'est qu'en novembre 1845 que la première promotion fut installée dans les locaux du collège d'Alais.
Conformément aux idées directrices initiales, le concours d'entrée était ouvert à de jeunes ouvriers, travaillant dans les mines. La durée de la scolarité, également partagée entre des stages et des cours, s'étalait sur deux années.
Tous les élèves devaient se plier à un régime d'internat contraignant. Les études, totalement gratuites, débouchaient, en cas de succès, sur l'obtention d'un brevet de "maître-mineur". Le programme d'enseignement était intentionnellement modeste mais, en découvrant les solides qualités de leurs élèves, les dirigeants de l'École s'employèrent à pousser leur formation au maximum.
Callon fut nommé directeur le 25 février 1845; il se mit résolument à l'oeuvre, et le 25 juillet paraissait un règlement d'administration publique complétant l'ordonnance de 1843. Ce règlement précise :
Les modestes connaissances exigées des candidats; la lecture, l'écriture, les quatre règles, une orthographe passable ; La division de l'enseignement en période théorique et en période pratique, les bases de cet enseignement, etc. Ce programme est précisé par une circulaire publiée le 17 juin 1848.
L'Ecole se compose à cette époque d'un corps enseignant de 4 personnes : ainsi, en 1849, le directeur, Dupont, est assisté de Cogniet, garde-mines de 2e cl, répétiteur, Ranchon, garde-mines de 4e cl, répétiteur, et enfin Estivalet, surveillant des études. Encore faut-il remarquer que Dupont est en même temps chargé du sous-arrondissement minéralogique d'Alais et de la surveillance des chemins de fer locaux.
L'Ecole est placée sous l'autorité du Conseil central des écoles des mines.
Au cours des premières décennies, l'École s'établit sur de bonnes assises puis s'y consolida, en se préparant aux essors futurs. Sollicités par des sociétés minières françaises, d'Afrique du Nord ou de l'étranger, les anciens élèves eurent une grande facilité pour se placer. Dès 1857, les Alaisiens se répartissaient déjà dans 32 départements différents et près de 10 à 15% d'entre eux n'avaient pas hésité à choisir un poste dans les colonies ou à l'étranger.
Ce succès contribua à accroître l'afflux de candidats en provenance de toutes les régions de France. Avec l'introduction de l'électricité et le développement du machinisme, l'exploitation des mines devint plus complexe. L'École dut s'adapter à ces progrès et l'enseignement fut peu à peu élargi.
Un décret de 1883 permit aux élèves sortant en tête de leur promotion d'être recrutés directement, sans examen, pour l'emploi de gardes-mines. (Ces gardes-mines deviendront ultérieurement les ingénieurs des TPE-mines, puis les ingénieurs de l'industrie et des mines). C'est également en 1883 que se constitua l'Association Amicale des Anciens Élèves de l'École des Mines d'Alais. Ce groupement qui a toujours participé activement aux actions successives destinées à valoriser l'École, s'employa, dès 1885, à faire progresser son niveau et à faire officiellement reconnaître la valeur de la formation par l'attribution d'un diplôme reflétant plus équitablement la qualification reconnue par la profession.
Après 45 années d'existence, le conseil d'administration demanda un relèvement général des études. Seul changement retenu alors, le brevet attribué à la sortie devenait "diplôme de maître-mineur". Toutefois, la direction de l'École continua d'élever l'enseignement aux extrêmes limites du cadre autorisé et à œuvrer patiemment pour obtenir une consécration officielle. Le décret et l'arrêté de 1907 apportèrent, pour l'époque, une amélioration satisfaisante du niveau de l'École, qui devint "École des maîtres-mineurs".
L'École poursuivit sa marche ascendante : le nombre de candidats doubla entre 1907 et 1911. En 1913, une double constatation s'imposa : les anciens élèves n'occupaient plus que très exceptionnellement des emplois de maîtres-mineurs, mais plutôt des fonctions de chefs d'exploitation, ingénieurs, sous-ingénieurs.
Quant au recrutement, il ne s'adressait plus vraiment aux simples ouvriers mineurs qui, à quelques exceptions près, ne se présentent plus. Un projet de renforcement de l'enseignement fut présenté, mais la guerre de 14-18 provoqua un blocage radical puisque l'École dut fermer ses portes.
Dans l'ambiance nouvelle de l'après-guerre, les conditions paraissaient favorables pour que l'on adapte le niveau de l'École. Une loi de 1920 lui accorda la personnalité civile.
Elle put ainsi recevoir les concours financiers que les sociétés minières, conscientes de son rôle, désiraient lui apporter. Le diplôme de maître-mineur fut remplacer par un "diplôme d'ancien élève". Ainsi le but affiché de l'École n'était plus de former des maîtres-mineurs mais, objectivement, aucun titre précis ne pouvait être donné aux postes offerts aux élèves sortants.
C'est en 1933 que l'École prit le titre "d'École Technique des Mines d'Alès". Elle avait désormais pour but de former du "personnel de maîtrise et des géomètres de mines". La formation de conducteurs de travaux miniers y sera ajoutée en 1935.
En 1946, le centenaire fut mis à profit pour relancer une demande de valorisation du diplôme et pour reprendre les démarches en vue de la construction d'une nouvelle école sur le terrain situé à Clavières, cédé gratuitement en 1931. Au début des années 50, 70% des anciens élèves occupaient des fonctions de directeurs, d'ingénieurs ou de chefs d'exploitation.
Toutefois, les élèves sortant avec un diplôme mal défini trouvaient assez difficilement un placement correspondant à leurs espérances. Cette situation provoqua une régression notable du nombre de candidats aux concours d'entrée. Afin de mettre un terme à cette crise, plusieurs conditions parurent indispensables : réalignement du niveau du concours d'entrée, relèvement du nombre de candidats grâce à un campagne d'information, à l'initiative des anciens élèves, et construction d'une nouvelle école.
Le succès de ce nouveau départ devait conduire à l'obtention du diplôme d'ingénieurs.
C'est en 1963 que l'École devint "École Nationale Technique des Mines d'Alès".
A la suite d'un rapport démontrant qu'elle formait effectivement des ingénieurs de travaux relevant de la science de la terre, l'École put enfin délivrer un diplôme d'ingénieurs aux élèves entrés à partir de 1965, date à laquelle l'École fut transférée à Clavières et la durée de la scolarité portée à quatre ans.
A partir de là, la direction des études s'employa efficacement à relever le niveau de l'enseignement puis, devant la baisse de l'activité minière, à le diversifier, puis orienter les élèves sortant vers les travaux publics, le bâtiment, puis l'informatique.
La scolarité, étalée sur quatre années (recrutement à Bac + 1 en 1971), comprenait 15 mois de stages et 27 mois d'enseignement théorique. Ces dispositions permettaient de conserver l'originalité de la formation, en l'ouvrant à des domaines industriels nouveaux.
En 1971, l'École reçut, parmi les élèves, les premières jeunes filles.
En 1974, quatre options sont proposées aux élèves de quatrième année :
- construction et génie civil
- informatique et gestion industrielle
- matériaux de construction
- sol et sous-sol.
Le 3 mars 1975, l'École devient "École Nationale des Techniques Industrielles et des Mines d'Alès". La même année, elle passe sous l'autorité du ministre de l'Industrie et de la Recherche. Le niveau des épreuves est celui de la première année des classes préparatoires aux grandes écoles préparatoires.
Le développement de l'École s'accélère et ses activités de recherche s'ouvrent à de nouvelles disciplines comme la productique, les biotechnologies, les matériaux et la mécanique.
C'est en 1978 que l'École crée une section de perfectionnement qui a pour objectif de permettre à des techniciens d'accéder au titre d'ingénieur. Depuis la première promotion, sortie en 1980, plus de quatre cent ingénieurs ont été formés par cette voie.
En 1982, débute la construction de l'Institut des Matériaux et des Gisements Miniers. Sur sa lancée, l'École étend ses activités, élargit ses compétences, fortifie en le développant son rôle d'acteur du développement économique. Elle favorise la création d'entreprise en mettant son potentiel scientifique et technique à la disposition de futurs créateurs. Elle étend son enseignement aux formations spécialisées et aux formations doctorales. Le partenariat universitaire et industriel se développe.
En 1990 a été élaboré le plan de développement décennal de l'École qui prévoit une forte augmentation du nombre d'ingénieurs formés à l'École des Mines d'Alès d'ici la fin de la décennie. Au delà du flux des élèves, le plan de développement décennal prévoit les évolutions en personnel nécessaires pour remplir les différentes missions de l'École ainsi que les moyens en équipements et constructions indispensables.
C'est ainsi qu'est construit sur le site Croupillac le nouveau Centre de Génie de l'Environnement Industriel. La mise en place d'un plan aussi ambitieux impose une stratégie de développement clair, une programmation échelonnée, un management adapté.
C'est l'objet du projet de service qui permet de fixe les objectifs de l'École dans ses différentes grandes missions, de les décliner en programmation triennale glissante et de les traduire en plans d'action annuels. L'École poursuit également, en les amplifiant, diverses actions visant à fortifier son ancrage dans la vie économique régionale et locale. Ainsi, elle participe aux pôles de transferts technologiques régionaux, lesquels ont pour but de faciliter le transfert du savoir technologique des organismes de recherche vers l'industrie.
L'École participe aussi à des actions dans le cadre du plan de soutien à l'économie du bassin d'Alès qui vise à revitaliser et à développer le tissu industriel alésien, par le biais notamment du Fonds d'Industrialisation du Bassin d'Alès (FIBA).
Au début des années 90, l'École commence à s'interroger sur la possibilité de créer de nouvelles structures de l'établissement dans les domaines de la recherche et de la formation de spécialité dans des zones en plein essor industriel. La décentralisation réussie à Pau d'un laboratoire de recherche rattaché au Centre des Matériaux de Grande Diffusion, est le premier pas de cette stratégie d'ouverture. Par une convention signée en mai 91, l'École des Mines d'Alès et Hélioparc Pau-Pyrénées, technopôle palois, décidaient d'œuvrer pour initier une structure de recherche technologique sur le thème des poudres minérales colorées, dont le Béarn est gros producteur.
Le partenariat avec l'École pour les Études et la Recherche en Informatique et Électronique (EERIE) de Nîmes et plus particulièrement la création, en octobre 94, d'un laboratoire commun à Nîmes s'inscrit également dans cette stratégie.
En septembre 1998, cet accord de partenariat se poursuit par la création d'un établissement unique, Ecole des Mines d'Alès, avec le développement à Nîmes d'un site denommé EERIE dédié à l'informatique, à l'électronique, aux réseaux et aux nouvelles technologies de l'information et de la communication.
En 1999, sous l'impulsion d'Henri Pugnère, l'Ecole des Mines d'Alès s'est engagée dans une profonde réforme pour que sa formation basée sur les sciences et les technologies soit aussi un révélateur du goût d'entreprendre. Le défi est de créer, dans son système éducatif, un environnement entrepreneurial qui permette à ses élèves d'acquérir un caractère entrepreneur.
Cette nouvelle orientation avait été initiée par la création en 1984 du concept d'incubateur, mais aussi en 1996 par l'organisation d'un colloque international sur le thème "éducation, enseignement supérieur et création d'entreprise" qui a été le coup d'envoi de la démarche entrepreneuriale de l'éducation en France.
D'autre part, depuis 1996, l'EMA avait entrepris un grand nombre d'actions pour changer la culture de l'établissement : responsabilisation des élèves, introduction de la philosophie dans le cursus de l'ingénieur, recrutement de sportifs de haut niveau.
En 1998, en collaboration avec Robert Papin (HEC - Entrepreneurs), elle a accéléré sa démarche et s'est engagée dans une grande réforme culturelle et pédagogique afin de devenir un vecteur de développement économique par la création d'activités, grâce à la technologie et à l'esprit entrepreneurial.
Le 1er juin 1999, en présence de Christian Pierret, Secrétaire d'Etat à l'Industrie, cette démarche était lancée.
L'action de l'EMA se décline en trois axes :
Ecole pilote du secrétariat d'Etat à l'Industrie dans le domaine de l'entrepreneuriat, l'EMA a vocation à servir de référence aux établissements d'enseignement supérieur qui souhaiteraient évoluer dans cette voie.
Voir aussi :