Pierre-Jules CALLON (1815-1875)

Ancien élève de l'Ecole polytechnique (promotion 1834 ; entré major et sorti classé 2 sur 121 élèves) et de l'Ecole des mines de Paris (entré classé 2 sur 5 élèves). Corps des mines.

Fils de Pierre Nicolas CALLON, ingénieur, et de Henriette Pauline DESVEAUX. Frère de Charles CALLON, ingénieur.
Il épouse en 1847 la fille de Monet de La Marck (X, corps des ponts et chaussées), lui-même fils du grand naturaliste Lamarck.
L'un des fils de Jules Callon a fait la Cour des Comptes ; l'autre, Charles Georges Callon (1852-1937 ; X 1871) est devenu ingénieur des ponts et chaussées.


Biographie publiée dans le LIVRE DU CENTENAIRE (Ecole Polytechnique), 1897, Gauthier-Villars et fils, TOME III, pages 186 et suiv.

CALLON (Pierre-Jules), né le 9 décembre 1815, est mort Inspecteur général de deuxième classe le 8 juin 1875. Il a commencé par professer à l'École des Mines de Saint-Etienne, de 1839 à 1845. Il passa de là dans le Gard, pour fonder l'Ecole des maîtres ouvriers mineurs d'Alais, où nous le retrouverons ultérieurement. En 1848, il était appelé à Paris comme suppléant de Combes dans la chaire d'exploitation des mines et de machines à l'École des Mines de Paris; en 1856, il en devint titulaire pour le rester jusqu'en 1872. De 1873 à 1875, il a publié son Cours de machines en deux volumes et les deux premiers volumes de son Cours d'exploitation des mines. Ces deux traités, le second particulièrement, sont immédiatement devenus classiques.

En outre de son enseignement et de ses occupations industrielles, Callon a été rapporteur de la Commission centrale des machines à vapeur; nous verrons le rôle qu'il y a joué en parlant du service des appareils à vapeur.

Pour apprécier l'oeuvre industrielle de Callon, en dehors de son rôle dans l'enseignement, c'est à peu près sa vie entière d'ingénieur pratiquant qu'il faut suivre. Il y débutait en 1846, alors qu'il était chargé d'organiser l'Ecole des maîtres mineurs d'Alais; il fut autorisé à prendre simultanément la direction des mines de la Grand-Combe. Il en resta directeur effectif sur place de 1846 à 1848. Appelé à Paris à cette dernière date pour professer le cours d'exploitation à l'Ecole des Mines, il ne cessa jusqu'à sa mort, en 1875, d'être le guide et l'inspirateur de cette puissante entreprise minière, la plus considérable du midi de la France, soit comme ingénieur-conseil, soit comme administrateur-délégué; les intéressés ont tenu à reconnaître ses services par le buste qui lui a été élevé sur la place principale de la Grand-Combe, au milieu des établissements dont il avait si fortement contribué à fonder la grandeur et la prospérité.

Ces établissements sont particulièrement intéressants, tant par l'originalité et l'importance des moyens employés, encore que simples dans leurs détails, que par leur parfaite adaptation aux conditions du problème; c'est ce bon sens dans les solutions, pourrait-on dire, qui était la marque du génie de Callon. On devait exploiter à la Grand-Combe, dans un pays très accidenté, avec des altitudes de plus de 500 m au-dessus du niveau des vallées, sur de très vastes étendues, des couches puissantes, peu inclinées, affleurant au jour ou situées près du jour. De là les deux particularités saillantes, se reliant du reste l'une à l'autre, de cette entreprise : le vaste réseau de ses voies extérieures avec leurs plans bis-automoteurs et l'organisation des voies souterraines réalisant les uns et les autres le roulage circulaire ou automoteur. Un wagonnet, circulant isolément ou en train, est introduit dans la mine par une galerie, vide, ou après avoir été rempli de remblais à la carrière la plus voisine ; il descend par la seule pente jusqu'au chantier, où il laisse le remblai pour être rempli de charbon ; il continue, toujours par la seule gravité, soit jusqu'au jour, soit jusqu'au bas du puits, où il faut l'élever par la machine d'extraction. La circulation au jour pour aller de la mine aux quais d'expédition, situés à grande distance au fond des vallées, est également automotrice; les wagons pleins descendants remonteront le long des plans inclinés les wagons vides ; mais ceux-ci sont élevés à un niveau supérieur qui permet la circulation automotrice dont nous venons d'indiquer les principes.

Au bout de peu d'années, Callon fut appelé, par la confiance méritée qu'il inspirait, à être ingénieur-conseil d'un très grand nombre d'entreprises industrielles, et, pour plusieurs, son concours, par sa continuité et son importance, équivalait à une sorte de direction technique. C'est ainsi que successivement il fut amené, à partir de 1858, à s'occuper des établissements miniers et métallurgiques constituant la Régie d'Aubin, formée par un groupe de mines de houille (Cransac), de forges et de mines de plomb (Villefranche), que la Compagnie d'Orléans avait dû reprendre, dans l'Aveyron, de la Compagnie du Grand-Central et qu'elle conserva jusqu'en 1870; des établissements métallurgiques de Denain et d'Anzin, dans le Nord; des houillères de Ronchamp, dans la Haute-Saône; de la houillère de Marles, dans le Pas-de-Calais; des mines de Belmez, en Espagne; des Charbonnages belges, dans le couchant de Mons. Vers 1870, il cherchait à grouper dans un seul faisceau toutes les entreprises constituées sur le prolongement du bassin houiller de la Sarre, dont nous disions ci-dessus la découverte, lorsqu'il en fut détourné par les cruels événements de l'année terrible.

Ce n'est guère qu'en 1872 que, devenu Inspecteur général, il renonça à suivre une partie de ces affaires; il en garda la plupart jusqu'à sa mort, en 1876. Plusieurs d'entre elles passèrent alors entre les mains de M. Ch. Ledoux (promotion de 1856 de Polytechnique), qui, par son enseignement à l'École des Mines de Paris et sa situation industrielle, devait continuer les grandes traditions de Callon.

En dehors des entreprises dont il était l'ingénieur-conseil, il y eut peu d'affaires importantes intéressant les mines sur lesquelles Callon n'ait été occasionnellement consulté. Il était recherché partout et par tous pour cette connaissance profonde qu'il avait, jusque dans le détail, de toutes les choses des mines et des machines et pour ce bon sens industriel, comme nous le disions, qui lui faisait appliquer les solutions les plus simples et les mieux appropriées aux conditions du problème : c'est la marque du grand ingénieur.


Voir aussi :

  • Biographie de S. Souhart

  • Biographie de E. Graffin

  • Fonds historique de la Compagnie des mines de la Grand'Combe