Né le 25/7/1833 à Bourges. Fils de Charles HATON DE LA GOUPILLIERE, juge d'instruction, et de Rose Eugénie Claire PETIT. Petit-fils du général baron Jean-Martin PETIT célèbre pour avoir embrassé l'empereur lors des adieux de Fontainebleau. Son autre grand-père, Louis HATON, souffleta en public GARNIER de SAINTES.
Beau-frère de Maurice de Lélée (mort en 1920).
Décédé le 7/1/1927 à Pau
Taille 1,78 m.
Grand-père de Marie-Josèphe HATON de la GOUPILLIERE qui épouse Henri de LESTAPIS le 23/1/1922. Grand-père de Simone DUNAIME qui épouse le 22/2/1922 le comte de CASTÉRAS-VILLEMARTIN. Une autre petite-fille HATON de la GOUPILLIERE épouse le 30/5/1922 M. BRÉART de BOISANGER.
Publié dans le LIVRE DU CENTENAIRE (Ecole Polytechnique), 1897, Gauthier-Villars et fils, TOME I, pp. 450 et suiv.
M. HATON DE LA GOUPILLIÈRE est né en 1833 et a fait partie de la promotion de 1850 de Polytechnique. Aujourd'hui directeur de l'Ecole supérieure des Mines, il a publié de nombreux travaux de Mécanique rationnelle, ainsi qu'une nouvelle et intéressante théorie de la Géométrie des masses ou Géométrie de l'espace hétérogène, réunissant en un corps de doctrine autonome, d'abord les règles relatives à l'intégration d'un ordre déterminé de fonctions, ensuite les théories du centre de gravité, du moment d'inertie et du potentiel. Le Traité général des mécanismes, où la classification est fondée sur le mouvement relatif des organes mis en communication, le Cours de machines, où la question des machines à vapeur est étudiée à fond, le Traité théorique et pratique des engrenages, enfin le Cours d'exploitation des Mines, constituent les principales publications didactiques de M. Haton de la Goupillière. Il a pris, en outre, une part importante aux travaux de la Commission du grisou.
Publié dans Annales des Mines, 1927 (12e série, tome 11).
C'est avec une douloureuse émotion que l'Académie des sciences a reçu la nouvelle du décès de son vénéré doyen, - doyen, tout à la fois, d'âge et d'élection, car M. Haton de la Goupillière, qui vient de disparaître dans sa quatre-vingt-quatorzième année, appartenait à l'Académie depuis tout près de quarante-trois ans.
A partir du moment où il y fut admis, on le vit, pendant une longue période, en suivre les séances avec une parfaite assiduité ; mais à dater du jour où, croyant venue pour lui l'heure du repos, il fixa loin de Paris sa principale résidence, ses confrères eurent le vif regret de ne plus l'y voir que de loin en loin, à l'époque des beaux jours. En ces dernières années, même, l'état de sa santé ne lui permettant plus les longs déplacements, il cessa malheureusement tout à fait de venir occuper sa place parmi eux.
En même temps que de l'Académie des Sciences, M. Haton de la Goupillière, unique survivant des promotions antérieures au second Empire, était, en ses derniers jours, le doyen des polytechniciens. Particularité curieuse, il avait, par contre, à ses débuts, été le plus jeune d'entre eux, étant entré, en 1850, à l'École, à l'extrême limite d'âge inférieure. D'avoir été ainsi, à l'aurore et au crépuscule de sa carrière, le plus jeune et le plus vieux de tous les polytechniciens vivants, c'est sans doute un exemple unique.
Né à Bourges, le 28 juillet 1833, M. Haton de la Goupillière était le fils d'un président à la Cour d'Appel de Paris et de la fille du général baron Petit, celui-là même que, devant le front de ses grenadiers en larmes, Napoléon avait embrassé pour eux tous au moment des adieux de Fontainebleau ; souvenir sacré, qui était profondément enraciné au coeur de M. Haton de la Goupillière, et que perpétuait à son foyer le drapeau du 1er régiment des grenadiers de la Garde, glorieuse relique légitimement restée en la possession du général Petit.
Sorti de l'École Polytechnique en 1852, le second de sa promotion, dans le Corps des Mines, il devait y accomplir une carrière des plus brillantes, parvenant aux deux situations les plus élevées du Corps, celle de directeur de l'École et celle de vice-président du Conseil général des Mines (dont la présidence appartient au ministre des travaux publics).
Mais, bien que les travaux très distingués de science appliquée entrepris par M. Haton de la Goupillière, à l'occasion de ses fonctions dans le Corps des Mines, n'aient pas été étrangers, et loin de là, à son élection à l'Académie des Sciences, ce n'est pas au délégué de cette Académie qu'il appartient de les rappeler ici, alors qu'un représentant qualifié du Corps des Mines doit assumer ce soin.
Mais, tout en poursuivant ces études du plus haut intérêt, M. Haton de la Goupillière, qui avait, comme il n'est pas rare chez les polytechniciens, conservé un goût très vif pour la recherche mathématique, n'a jamais cessé de s'y livrer avec un plein succès en des domaines confinant principalement à la mécanique rationnelle et à la géométrie. Ses travaux sur les développées et développoïdes successives des courbes planes, sur les méthodes de transformation en géométrie et en physique mathématique, sur la géométrie des masses, etc., ont obtenu les suffrages des meilleurs juges, de Joseph Bertrand, en particulier, qui les regardait comme propres à fournir à l'étudiant l'occasion de s'initier aux « méthodes les plus délicates et les plus élevées » de la science de cette époque. Au surplus, les qualités dont il fit preuve dans ses travaux désignèrent M. Haton de la Goupillière pour remplir successivement à l'École Polytechnique les fonctions de répétiteur de mécanique (de 1855 à 1862) et celles d'examinateur d'admission (de 1861 à 1879). Des unes et des autres il s'acquitta avec une distinction dont le souvenir n'est pas perdu.
Toutefois, cet attrait persistant qu'exerçait sur le savant ingénieur la théorie pure ne faisait pas tort chez lui à un goût décidé pour les applications. Barré de Saint-Venant le félicitait de posséder « un esprit juste qui savait s'appliquer à des résultats utiles ». C'est cette heureuse tendance qui l'a conduit aux recherches approfondies qu'on lui doit sur la théorie générale des mécanismes, envisagés tant sous le rapport dynamique que sous le rapport cinématique, et qui resteront comme une des parties principales de son oeuvre.
Confiné en sa lointaine retraite, M. Haton de la Goupillière n'a jamais cessé de s'intéresser au mouvement scientifique. Je puis en témoigner personnellement, étant allé, il y a un peu plus de trois ans, lors d'un passage par Pau, saluer notre vénéré confrère, et m'étant émerveillé de constater à quel point ce vieillard de quatre-vingt-dix ans avait conservé sa souplesse d'esprit et une curiosité toujours éveillée sur les dernières nouveautés de la science, y compris celles qui, en provoquant les discussions de principes les plus délicates, sont venues remettre en question les fondements mêmes de la mécanique classique. Et, de plus, j'avais retrouvé chez cet éminent confrère le même souriant accueil que par le passé, la même inaltérable bienveillance, la même parfaite courtoisie que l'on sentait chez lui si véritablement innée, et qui ne cesseront de marquer sa personnalité dans le souvenir de tous ceux qui l'auront connu.
Au déclin de sa longue existence, M. Haton de la Goupillière a puisé le plus grand réconfort dans la foi chrétienne qui avait été naguère son soutien au milieu des cruelles épreuves dont, hélas, sa vie a été endeuillée à plusieurs reprises. Puisse cette même foi aider ceux qu'il laisse après lui à surmonter la profonde douleur où les plonge sa disparition. Qu'ils veuillent bien aussi accueillir l'hommage des condoléances dont l'Académie des Sciences m'a donné mission de leur apporter ici la respectueuse et sincère expression.
Messieurs,
Au nom de l'École nationale supérieure des Mines de Paris, je viens apporter un suprême témoignage d'affectueux respect à celui que nous tous, ses anciens élèves et ses collègues, considérions comme le génie tutélaire de notre école.
On vous a décrit, en termes éloquents, la magnifique carrière du grand mathématicien qu'a été M. Haton de la Goupillière : qu'il me soit permis, avant de lui adresser un dernier adieu, d'évoquer devant vous les immenses services qu'a rendus à notre École et à l'industrie minière, le grand ingénieur, le professeur incomparable et l'éminent directeur que fut ce noble et grand français, inlassablement dévoué aux intérêts de son pays.
Entré comme élève-ingénieur à l'École des Mines en 1852, Haton ne l'a quittée - bien à contre-coeur - que dans les deux dernières années de sa belle et longue carrière, pour prendre la présidence du Conseil général des Mines, à laquelle l'avait appelé en 1901 le ministre des travaux publics : c'est donc pendant quarante-neuf ans que, sans aucune interruption, avec le seul souci désintéressé de l'enseignement et de la science, Haton a consacré la plus grande partie de son activité à l'École des Mines.
Toujours le premier de sa promotion durant ses trois années d'école comme élève-ingénieur, il avait tellement frappé ses professeurs par la clarté lumineuse de ses exposés et sa remarquable aptitude à rendre accessibles dans tous les domaines les questions les plus difficiles, que, dès sa sortie de l'École en 1855, il était chargé, aux cours préparatoires de l'École des Mines, de la chaire de Chimie générale et des leçons de Physique, qu'il échangeait bientôt contre un cours, correspondant mieux à ses goûts personnels, celui de Mécanique et Analyse, qu'il a gardé jusqu'en 1875 ; entre temps, il était en outre chargé, de 1857 à 1861, des cours de Topographie et de lever de plans.
Dans ces divers enseignements, de natures pourtant fort différentes, Haton s'était montré d'une telle supériorité que, en 1872, le titulaire du cours d'Exploitation des Mines et de Machines, l'illustre ingénieur des mines Callon, ayant dû être suppléé à titre provisoire, le Conseil de l'École n'hésita pas à porter à l'unanimité son choix sur Haton, bien que celui-ci eût pour concurrents plusieurs ingénieurs, déjà rompus à la pratique du métier si complexe des mines; trois ans après, le Conseil confirmait définitivement son choix en le désignant encore à l'unanimité comme successeur de Callon, qu'une mort soudaine venait de frapper. En agissant ainsi, le Conseil de l'Ecole affirmait sa certitude que le jeune professeur, dont il connaissait la parfaite conscience et les facultés exceptionnelles d'assimilation, saurait mettre rapidement ses connaissances techniques au niveau de sa valeur professorale : l'avenir a montré que son diagnostic avait été très sûr.
C'est en effet dans son cours d'Exploitation des Mines qu'Haton a donné la véritable mesure de son admirable talent de professeur, guide aussi lumineux dans les applications pratiques, qu'initiateur incomparable aux théories les plus ardues. Pour accomplir cette parfaite synthèse, il n'avait pas hésité à étudier longuement sur place et dans les moindres détails toutes les difficultés de l'art des mines; et nous, ses anciens élèves, une fois aux prises avec ces difficultés, nous avons été émerveillés de la justesse avec laquelle notre maître avait su les prévoir toutes, et nous en apprendre à l'avance l'exacte solution.
C'est ainsi que, pendant quinze ans, M. Haton de la Goupilliere a formé cette belle pléiade d'ingénieurs et d'exploitants de mines, qui ont été, et dont quelques-uns sont encore, a la tête de nos grandes industries houillères.
En 1887, Haton atteignait le sommet de sa carrière dans l'enseignement technique, par sa nomination de directeur de l'École nationale supérieure des mines de Paris. Dans ces nouvelles fonctions, il s'est montré aussi bon administrateur qu'il avait été professeur hors de pair. Sa grande netteté d'esprit, sa clairvoyance, une possession de soi remarquable, son affable courtoisie, lui donnèrent rapidement sur ses collaborateurs l'autorité et l'ascendant nécessaires pour la bonne marche et les progrès d'une école de haut enseignement technique. Sous son habile direction, furent inaugurés les cours de Chimie et d'Électricité industrielles, dont la nécessité lui était apparue comme répondant au développement croissant des industries minières et métallurgiques ; et c'est également sous sa direction éclairée qu'ont été élaborés les projets d'autonomie financière et de personnalité civile de l'Ecole, grâce auxquels - après leur sanction légale - ont pu être créés, par la suite, de nombreux laboratoires, conservant à l'École des Mines le prestige qu'elle possède, à juste titre, dans le monde des ingénieurs : si nous, ses successeurs, avons beaucoup récolté, c'est quelui, Haton, avait déjà semé, et largement semé, dans une terre admirablement préparée.
Au rôle éminent qu'a rempli M. Haton de la Goupilliere comme ingénieur et professeur, se rattachent étroitement les services non moins importants qu'il a rendus à l'exploitation des mines et à la sécurité des ouvriers mineurs, d'abord comme rapporteur général de la première Commission du grisou, instituée en 1877 après les grandes catastrophes du puits Jabin et des Mines de Graissessac, puis comme président, jusqu'à la fin de sa carrière, de la seconde Commission du grisou rétablie en 1887. Son admirable rapport d'ensemble, publié en 1880, sur « les moyens propres à prévenir les explosions de grisou », qui est la première étude complète sur cette matière, a été le point de départ de tous les travaux poursuivis ultérieurement en France, puis à l'étranger, contre ce terrible fléau de nos houillères : Haton a pris ainsi une part considérable à l'amélioration de la sécurité dans nos mines, et cette part s'est encore accrue grandement, dans la longue période de 1887 à 1901, durant laquelle il a, comme président, dirigé les discussions et guidé les recherches de la Commission du grisou, si fructueuses dans la voie nouvelle des explosifs de sûreté, et dans l'organisation de la grisoumétrie.
Je ne saurais clore ce rapide exposé de la magnifique carrière de M. Haton de la Goupilliere dans notre École sans rappeler ici qu'à sa valeur exceptionnelle de professeur et d'administrateur, il joignait des qualités de coeur et de droiture que ne pourront jamais oublier ceux qui, comme moi, ont eu le bonheur d'être en relations intimes avec lui : que dire de l'affectueuse bienveillance avec laquelle il accueillait et encourageait ses collaborateurs, et des services qu'il savait rendre à ses élèves, en orientant leur carrière avec une sûreté de jugement, toujours vérifiée par les résultats de ses conseils !
On peut dire en toute vérité que M. Haton de la Goupilliere a eu la destinée pour laquelle il était réellement fait, et c'est pourquoi notre regretté maître, constamment fidèle au très haut idéal chrétien dont sa vie a été pénétrée, a eu, dans sa longue retraite, cette belle sérénité d'âme, que peut seule donner la conscience d'avoir parfaitement, et de façon complète, rempli la mission dont on a été chargé sur cette terre. Et dans cette retraite, au milieu de la belle harmonie de sa vie familiale, il n'a jamais cessé de penser à sa chère École des Mines, dont il aimait à me rappeler, de loin en loin, les vénérables traditions, ou les fastes glorieux : naguère encore, lors de la remise de la croix de guerre à notre École, il m'écrivait que son coeur serait avec nous dans cette émouvante cérémonie.
Notre coeur, à nous qui vous pleurons, cher Maître, conservera toujours pieusement votre souvenir. Aux jours difficiles, nous n'oublierons jamais les précieux exemples de justice, d'honneur et de devoir que nous a laissés, si nombreux, votre très belle vie, et vous continuerez ainsi à rester toujours le génie tutélaire de votre chère École, que vous avez tant aimée!
Madame,
Mesdames, Messieurs,
Monsieur le ministre des travaux publics, dans la lettre par laquelle il m'a chargé de présider la députation de son Administration et du Corps des Mines aux obsèques de notre illustre et vénéré maître, président et ami, a ajouté ces lignes que je ne puis mieux faire que de lire : "Je vous prie, étant empêché d'assister à cette cérémonie, de vouloir bien m'y représenter et de joindre l'expression de mes regrets personnels aux condoléances que vous adresserez à la famille de M. Haton de la Goupillière au nom du Ministère des travaux publics et du Corps national des mines que le défunt, au cours de sa longue et féconde carrière, a hautement honorés."
Aucune mission ne pouvait mieux répondre au désir de mon coeur. Dans l'émotion de ce deuil que je ressens profondément, ce m'est une consolation d'apporter ici un hommage d'admiration pour l'éminent mathématicien, géomètre et technicien, de respect, et de reconnaissance pour l'ancien chef, d'affection pour l'homme excellent que nous pleurons.
Ses travaux scientifiques, d'une si noble qualité, ses inoubliables services comme professeur et comme directeur de l'École supérieure des Mines viennent de vous être magistralement retracés. Il me reste à résumer brièvement les services qu'il a rendus à l'Administration proprement dite des travaux publics. Mais ce que je voudrais surtout, souligner, c'est l'élévation et la pureté des sources de son inspiration, la beauté de son caractère, 1'unité de sa vie dans le culte de l'idéal.
Il avait de qui tenir. Sans remonter jusqu'aux origines de sa famille, connue depuis le commencement du XVIe siècle, il est indispensable, pour expliquer sa formation morale, de rappeler d'un mot ce que furent ses deux grands-pères et son père.
Son grand-père paternel, Louis Haton de la Goupillière, né en 1770, n'avait pas encore vingt-cinq ans lorsque, à l'époque de la Terreur, Garnier de Saintes étant venu faire sur la place publique du Mans une harangue qui révolta ce jeune homme, celui-ci, qui faisait partie du poste de la garde nationale, s'élança sur l'estrade et, l'écoutant que son indignation et son courage, soufleta l'orateur ; il ne dut son salut qu'à une ruse de ses camarades.
Son grand-père maternel fut le général Petit, engagé volontaire en 1792, qui prit part à toutes les guerres de la Révolution et de l'Empire. M. d'Ocagne rappelait tout à l'heure que, en 1814, étant général de brigade et commandant le 1er régiment de grenadiers de la Vieille Garde, Petit reçut devant sa troupe, dans la cour du château de Fontainebleau, les adieux et l'accolade de Napoléon. J'ajouterai qu'il reprit son commandement durant les Cent jours et que le soir de Waterloo, lorsque le général Drouet se porta au galop vers lui et lui demanda : « Peux-tu tenir encore et emmener l'empereur? », il répondit: « Nous tiendrons », forma le carré, mit l'empereur au centre et se retira lentement sous la canonnade.
Quant au fils et gendre de ces héros, c'est sous la toge du magistrat qu'il ajouta de nouveaux titres à l'honneur de la famille. Nommé en 1835, à trente-deux ans, conseiller à la Cour de Bourges, il fit dans cette ville jusqu'en 1843, puis à Paris pendant plus de vingt ans, une belle carrière de président d'assises et de président de chambre. La fermeté de son caractère, la sollicitude et l'autorité de sa direction paternelle eurent une influence profonde sur la formation morale et intellectuelle de son fils.
Il est utile de rappeler que c'est seulement après l'achèvement de ses études littéraires que celui-ci se tourna vers les sciences. Initié par Harant, en quelques mois, aux mathématiques élémentaires, il fit sa classe de spéciales comme externe au Lycée Saint-Louis et, examiné pour l'École polytechnique par Lefébure de Fourcy et Hermite, alors qu'il n'avait pas encore dix-sept ans, il y fut reçu vingt-huitième (promotion de 1850). Il en sortit second après avoir obtenu la note 20 à ses cinq examens de fin d'année.
Entré avec le n° 2 à l'École des Mines, il en sortit avec le n° 1 et son premier contact avec les fonctions administratives fut le stage d'un an qu'il fit alors en qualité d'ingénieur attaché au secrétariat du Conseil général des mines. Il y trouva l'occasion de prendre la connaissance des matières administratives et de mûrir sa préparation professionnelle au contact d'hommes tels que Cordier, Dufrénoy, Elie de Beaumont, pour ne citer que les inspecteurs généraux de première classe.
Les sciences et l'enseignement l'absorbent ensuite. On vient de dire, mieux que je n'aurais su le faire, quelle fut dans ce double domaine la somme de son labeur. Je n'ajouterai à ce sujet qu'une indication statistique. Dans son seul rôle d'examinateur, il a calculé lui-même qu'il avait fait passer, jusqu'à l'époque (1887) où il fut nommé directeur de l'École des Mines, 10.000 examens aux candidats à l'École polytechnique, 6.000 examens à l'intérieur de cette même École, 1.300 examens d'entrée à l'École forestière, 3.500 examens divers à l'École des Mines, 400 à la Faculté des Sciences ; au total, plus de 21.000 examens.
C'est seulement à partir de 1879 que les services proprement dits du Ministère des travaux publics firent de nouveau appel à sa science, à son expérience des hommes et des choses et à son infatigable dévouement.
En 1879, il est nommé membre de la Commission centrale des machines à vapeur, dont il fera partie durant vingt-quatre ans, jusqu'à sa retraite, et qu'il présidera à partir de 1901. Qu'il me soit permis de donner un souvenir tout particulier à la largeur de méthode et à la sagesse d'appréciation avec lesquelles il a dirigé les travaux de cette Commission. J'en étais alors le rapporteur, et les entretiens que nous avions pour la préparation des affaires ont été pour beaucoup dans les sentiments de confiance et d'attachement qui m'ont, depuis lors, indissolublement lié à lui.
En 1885, promu au grade d'inspecteur général, il fut successivement chargé de la division minéralogique du Sud-Ouest et de celle du Centre. Mais il ne remplit pas longtemps les fonctions de l'inspection régionale : elles cessèrent pour lui à la fin de 1887, lorsqu'il fut appelé à la direction de l'École supérieure des Mines.
Il continua toutefois à faire partie du Conseil général des Mines. Lorsque, en 1900, une inexorable maladie éloigna Vicaire du fauteuil de la présidence, M. Haton de la Goupillière fut déchargé de la direction de l'école, qu'il ne quitta pas sans regret, et nommé vice-président du Conseil général des mines.
Il exerça cette présidence jusqu'à sa retraite, c'est-à-dire durant trois années, au cours desquelles, en outre de la multitude des affaires courantes, furent traitées, au rapport de MM. Aguillon, Zeiller, Duporcq, Nivoit et autres, nombre de questions d'importance, telles que celles relatives à la réglementation de l'emploi de la dynamite dans les exploitations souterraines, à l'emmagasinement des explosifs, à la situation générale des mines de fer, aux accidents de grisou, à l'étude des dégagements instantanés d'acide carbonique, aux conditions d'établissement des chemins de fer miniers, à l'application de la loi sur les retraites des ouvriers mineurs.
Il faut me borner. Mais tout ce qui a été dit n'épuise pas encore la liste des services rendus par M. Haton de la Goupillière. Il a pris une part active à l'oeuvre des comités d'organisation, des jurys, des congrès internationaux, lors des Expositions universelles de 1889 et de 1900. Lorsque fut instituée par décret du 9 novembre 1891, comme suite aux voeux émis par deux des Congrès de l'Exposition de 1889, la Commission des méthodes d'essai des matériaux de construction, M. Haton de la Goupillière et le général Borius furent les deux vice-présidents de cette Commission, dont le président était Alfred Picard.
Je dois une mention spéciale à la participation de M. Haton de la Goupillière aux travaux de la Société d'encouragement pour l'industrie nationale. Membre du Comité des arts mécaniques de cette société depuis le 9 juillet 1869, auteur de nombreux rapports établis au nom de ce comité, il fut élu en 1888 président de la société elle-même ; ses prédécesseurs depuis la fondation étaient Chaptal, Thénard, J.-B. Dumas et Becquerel. En vertu d'une modification apportée au règlement avant la présidence de Becquerel, le président ne peut être élu que pour trois ans ; ce fut donc seulement de janvier 1889 à janvier 1892 que M. Haton de la Goupillière exerça la présidence effective de la Société d'encouragement ; mais il en resta ensuite non seulement le président honoraire, mais un collaborateur inlassable. Il présida le Comité des arts mécaniques de 1892 à 1915 et laissa dans la société un tel souvenir que, lorsque, le 9 juillet 1919, cinquante ans jour pour jour se furent écoulés depuis son entrée au Conseil d'administration de la société, une séance spéciale du conseil fut tenue à l'occasion de ce cinquantenaire qui méritait si bien d'être honoré.
Que dirai-je enfin des vingt-trois années qui s'écoulèrent après que M. Haton de la Goupillière eut pris sa retraite, depuis l'âge de soixante-dix jusqu'à celui de quatre-vingt-treize ans? Ce fut un long et beau soir, tout enveloppé de sérénité, tout consacré au bien, tout éclairé de cette foi catholique qui avait été la loi de sa vie et son soutien dans les épreuves. Plusieurs de ses belles études de géométrie analytique furent les fruits des nobles loisirs de sa vieillesse.
Il conserva, dans l'âge le plus avancé et jusqu'au dernier instant, la merveilleuse lucidité de son intelligence et l'activité agissante de sa bonté. Le jour où il vit venir la mort, il l'accepta chrétiennement, s'y prépara pieusement, et, cela fait, Dieu servi, il écrivit trois lettres d'affaires pour tout laisser ici-bas parfaitement en ordre. Magnifique exemple de cette fermeté d'âme et de cette haute conception du devoir, dont il ne se départit jamais et dont le souvenir est laissé à sou épouse tendrement aimée, à ses enfants et petits-enfants, tous si dignes de lui, comme le plus précieux des legs et la seule consolation.