Maurice Alfred PICARD (1844-1913).


Alfred Picard, élève de l'Ecole polytechnique.
On remarquera les galons de sergent "crotale" (chef de chambrée "casert").

Ancien élève de Polytechnique (promotion 1862, entré classé 54 et sorti classé 5 sur 128 élèves), corps des ponts et chaussées.
Né à Strasbourg le 21 décembre 1844. Décédé à Paris 7ème le 8 mars 1913. Fils de Maurice PICARD, ingénieur des télégraphes à Strasbourg, et de Catherine FROUARD. Taille : 1,78 m. Cheveux roux, yeux roux.

  • 1867 : Construit le canal de la Serre. Il fait une mission en Orient.
  • 1868 : attaché au service du canal des houillères de la Sarre et du canal des salines de Dieuze
  • 1871-72 : commande le génie à Verdun
  • 1872-79 : attaché au contrôle de l'exploitation des chemins de fer de l'Est, au service du canal de la Marne au Rhin, au service du canal de l'Est
  • 1880 : chef de cabinet de Varroy et directeur du personnel au ministère des travaux publics
  • 1881 : directeur des routes, de la navigation et des mines
  • 1882 : conseiller d'Etat
  • 1885 : directeur général des ponts et chaussées, des mines et des chemins de fer
  • 1886-1912 : président de la section des travaux publics, de l'agriculture, du commerce et de l'industrie au ministère des travaux publics
  • 1889 : préside des jurys de l'exposition universelle de 1889, dont il est rapporteur général et chargé de la publication de la monographie
  • 9 septembre 1893 : commissaire général de l'Exposition de 1900
  • 12 avril 1900 : grand'croix de la Légion d'honneur
  • février 1902 : membre libre de l'Académie des sciences
  • octobre 1908 : ministre de la marine de Georges Clémenceau (9 mois)
  • février 1912 : vice-président du Conseil d'Etat (jusqu'à sa mort)

    D'après Le Génie Civil, tome LXII, 33e année, 1912-1913.

    Le 14 mars ont été célébrées les funérailles nationales d'Alfred Picard, Vice-Président du Conseil d'État, Membre de l'Académie des Sciences, ancien Ministre de la Marine, Président du Conseil d'Administration du réseau des Chemins de fer de l'État, Grand-Croix de la Légion d'honneur. La cérémonie officielle, à laquelle assistaient le Président de la République et les Membres du Gouvernement, s'est déroulée dans le palais du Conseil d'État.

    Alfred Picard a été à la fois un ingénieur et un administrateur incomparable, joignant à une haute autorité scientifique un esprit encyclopédique admirablement ordonné et une prodigieuse puissance de travail.

    Né à Strasbourg en 1844, Alfred Picard entra à l'Ecole Polytechnique, en 1862, puis à l'École des Ponts et Chaussées. La guerre de 1870 le trouva ingénieur du canal des houillères de la Sarre et du canal des salines de Dieuze; il fut d'abord attaché aux travaux de défense de Metz, puis il alla prendre du service dans l'armée de la Loire. En 1872, il était appelé aux fonctions du contrôle de l'exploitation des Chemins de fer de l'Est et du canal de la Marne au Rhin, qu'il exerça jusqu'en 1879, et au cours desquelles il eut à diriger d'importants travaux.

    En 1880, il était nommé Directeur du cabinet et du personnel du Ministère des Travaux publics, puis Président de section au Conseil d'État en 1886. Il fut rapporteur général de l'Exposition de 1889 et publia à cette occasion un rapport, véritable monument scientifique, qui le désigna pour la direction de l'Exposition de 1900, dont il fut le Commissaire général. Après la clôture de cette dernière, dont, le succès, quoique contesté, fut cependant très réel, Alfred Picard entreprit la rédaction d'un rapport extrêmement important formant six énormes volumes et intitulé Le bilan d'un siècle, qui est le résultat d'un travail surhumain, attestant une connaissance approfondie de toutes les parties de la science.

    Alfred Picard présida la Commission chargée d'étudier les questions d'organisation du réseau de l'Etat, après le rachat de l'Ouest. Quoiqu'il n'eût jamais fait de politique et ne fût ni député, ni sénateur, sa réputation d'administrateur incomparable l'avait fait appeler au Ministère de la Marine, par M. Clemenceau, mais il n'y resta pas assez longtemps (21 octobre 1908-29 juillet 1909) pour instituer les réformes que l'on attendait de lui. Le 27 février 1912, il était appelé à la vice-présidence du Conseil d'État, et c'est dans ces fonctions que la mort l'a surpris, le 8 mars.

    M. Appell, en prononçant l'éloge du défunt à l'Académie des Sciences, dont il était membre, a dit :

    ...Alfred Picard a été un de ces ingénieurs privilégiés qui ont pu s'élever au-dessus de la spécialité et, sans renoncer à la profession d'ingénieur ni cesser de s'en inspirer, ont su appliquer les procédés scientifiques qu'elle leur a rendus familiers à des problèmes, à des fonctions d'ordre général. Sa vie peut être résumée comme l'application des méthodes scientifiques à toutes les grandes questions qui intéressent la nation : la défense nationale, les voies de communication, les transports, les questions industrielles, commerciales et administratives. Dans toutes ses fonctions il a travaillé au bien général du pays avec la même méthode pénétrante et continue, la même élévation de caractère, la même horreur de toute réclame...

    C'est dans le salon d'honneur du Conseil d'État, où le corps du défunt avait été transporté, que la cérémonie officielle a eu lieu. Des discours ont été prononcés par MM. Appell, Vice-Président de l'Académie des Sciences; Préaudeau, Inspecteur général des Ponts et Chaussées; Barthou, Ministre de la Justice, qui fit d'Alfred Picard le portrait suivant :

    ...Sa puissance de travail, son expérience, sa compétence, la précision de sa mémoire merveilleusement étendue, la lucidité et la promptitude de son intelligence, son sens aigu des difficultés, des objections et des solutions, la clarté et la concision avec lesquelles il dirigeait les discussions ou préparait les rédactions tenaient du prodige. Ces qualités lui donnaient, sans compter, une sorte de don mystérieux qui échappe à l'analyse, une autorité toujours grandissante...

    Après les discours et le défilé des délégations des corps constitués, le cercueil a été transporté à Noire-Dame de Paris, où a eu lieu le service religieux, puis au cimetière du Père-Lachaise.