Joseph Claudius Ernest DUSAUGEY (1871-1951)


Ernest Dusaugey, élève à l'Ecole des mines de Paris
(C) MINES ParisTech

Né le 24 avril 1871 à Cran-Gevrier (Haute-Savoie). Décédé le 11 mai 1951. Enterré au cimetière d'Annecy-le-Vieux.
Fils de Jean-Joseph DUSAUGEY, veuf et remarié âgé de 57 ans à la naissance de Ernest, et de Claudine GRAND, sa deuxième épouse alors âgée de 30 ans. Ernest a une demi-soeur du premier mariage de son père : Joséphine, dont la fille Franceline a épousé Lucien PLANTEFOL, professeur de botanique à la Sorbonne.

Le père de Ernest disparaît lorsque celui-ci a 17 ans. Sa mère, Claudine, en situation de précarité, devient femme de ménage et arrive ainsi à financer les études de Ernest au lycée de Grenoble. Elle loge avec lui à Paris pendant qu'il est élève à l'Ecole des mines, de 1891 à 1894, et bénéficie de soutien du corps enseignant de l'Ecole.

Il est élève au collège Chapuisien à Annecy de 1878 à 1886, puis au lycée de Grenoble de 1886 à 1888 (baccalauréat mention TB), puis encore 3 ans de classes préparatoires dont la dernière dans les locaux de l'Ecole des mines. Il est admis major de sa promotion à l'Ecole des mines. Le directeur de l'Ecole des mines, HATON de la GOUPILLIERE, demande au préfet de Haute-Savoie de lui attribuer une bourse. Un an plus tard, il bénéficie d'une bourse de 1200 Francs de la Fondation Henry Giffard, sur recommandation de M. HATON de la GOUPILLIERE.

Ancien élève de l'Ecole des mines de Paris (promotion 1891). Ingénieur civil des mines.


Il se marie le 10 octobre 1895 avec Jeanne Lefèvre (parisienne), à Hénin-Liétard. Ils auront comme enfants : Robert (époux de Adrienne ESPITALIER) et Georges, des jumeaux nés le 2 septembre 1896. Jeanne se spécialisera dans les oeuvres de bienfaisance : elle deviendra présidente de la Croix Rouge française, de la SPA, du Comité de l'Union des Femmes de France.

La carrière de Ernest Dusaugey :

  • 1894-1895 : ingénieur aux Mines de Dourges (bassin houiller du Nord-Pas de Calais).
  • 1896-1897 : en Algérie. Il dirige l'extraction de lignites à Marceau, près de Cherchell, dans le Petit-Atlas. Le gisement est probablement trop petit. Il construit néanmoins une verrerie.

    C'est Alfred POTIER, professeur d'électricité industrielle à l'Ecole des mines et membre de l'Institut, qui l'a recommandé pour son premier poste d'électricien à Grenoble en 1897.

  • 1897-1904 : directeur de la Société des Forces Motrices de Grenoble et Voiron, à Grenoble
  • 1904-1905 : ingénieur en chef de l'énergie électrique du Littoral méditerranéen, à Paris
  • 1905-1909 : directeur général du Sud-Electrique à Avignon. C'est l'année où il achète la maison "La Vignère" à Annecy-le-Vieux, où il passera le reste de sa vie avec les siens (cette maison est toujours occupée par ses descendants).
  • 1909-1914 : ingénieur conseil du Sud-Electrique et de la Société d'électricité de la vallée du Rhône
  • 1914-1920 : directeur de la Société Hydroélectrique de l'eau d'Olle à Grenoble
  • 1920-1931 : directeur général de la Société des Forces motrices Bonne et Drac à Grenoble
  • 1931-1948 : administrateur-conseil de la Société des Forces motrices Bonne et Drac à Grenoble

    Son oeuvre dans le domaine de la production d'électricité :

    E. Dusaugey a tout mis en oeuvre pour la réalisation du barrage du Sautet : il a déterminé en 1921 l'emplacement du réservoir hydraulique, il s'est battu pendant 10 ans pour en assurer la réalisation au milieu des difficultés économiques, financières et techniques.

    Il a demandé à Maurice Lugeon de faire les études géologiques au Sautet. Lugeon écrira de lui : Il s'instruisait comme un écolier, d'une telle puissance de travail qu'il ne paraissait jamais fatigué, rêveur, "magicien plutôt".

    Son oeuvre dans le domaine de la distribution d'électricité :

    Dès 1898, il installe les premières lignes électriques triphasées à 15 000 V.

    Dusaugey fait triompher l'aluminium sur le cuivre dont l'importation depuis l'étranger posait des problèmes. Il pose les premières lignes de ce type en 1905. Il se bat pendant 18 ans, faisant des conférences, un nombre considérable d'articles. En 1917, la première ligne en cables aluminium-acier est mise en service en Europe ; elle passe au Pas de la Coche, en Dauphiné, et transporte le courant à une tension de 60 000 V.

    Il est nommé chevalier de la Légion d'honneur en 1920 pour services à la Défense nationale pendant la guerre 1914-18 et officier en 1936 pour ses réalisations électriques et notamment la Houille blanche.

    Il perd son épouse en 1945. A la fin de sa vie, il s'intéresse à l'instruction, aux sciences en général. Croyant, il cherche la raison d'être de l'homme. Il écrit des lettres à son ex-épouse. Il constitue un fonds qui permet de payer une bourse de 3000 Francs par an à un élève pauvre de l'Ecole des mines.

    Ses descendants, Mme Janine MUNIER née DUSAUGEY et Mme Adrienne DUSAUGEY (épouse de Robert) ont été invités et honorés lors de la célébration du cinquantenaire du barrage du Sautet, et dans les discours prononcés le 17 octobre 1986.

    Nous devons l'essentiel du dossier ci-dessus à sa petite-fille, Janine (Annie) Munier née Dusaugey, fille de Robert et de Adrienne.


    Ernest Dusaugey

    par Jean Vivié (P 24), Fondateur de la revue « Mesures ».

    Le texte qui suit a été publié en 1964 dans le numéro du Bulletin de l'association des anciens élèves de l'Ecole des mines de Paris, à l'occasion du centenaire de la création de l'Association :

    ...

    Ernest DUSAUGEY qui, né à Annecy en 1871, devait devenir l'un des pionniers de la « houille blanche », complétant en quelque sorte l'œuvre de son ancien, Marcel DEPREZ.

    Appelé en effet, en 1896, à participer à Grenoble aux première tentatives industrielles de production et de distribution de l'énergie retirée des chutes d'eau, il réalise en 1898 le premier transport triphasé à la tension de 15 000 V. Cette réussite lui vaut de collaborer avec un égal succès à la création des principales entreprises hydrauliques du sud-est de la France.

    Cependant, il ne peut manquer d'être frappé par l'importante consommation de cuivre qu'entraîne l'installation des lignes de transport de force, alors que le Dauphiné même produit un métal apte à le remplacer. Dès 1905, cet « apôtre de l'aluminium » que sera désormais E. DUSAUGEY engage la lutte en construisant les premières lignes en fils d'aluminium et, en 1917, confirme la validité de cet emploi par une ligne de haute montagne à 2 000 m d'altitude dans le Massif de Belledone, inaugurant en France la technique des câbles aluminium à âme d'acier.

    Mais il lui faut encore surmonter les routines et les intérêts des cuivriers, et ce n'est qu'en 1920 que l'Union des Syndicats de l'Electricité admettra enfin officiellement — grâce à l'appui de son Président, R. LEGOUEZ — l'emploi des lignes en fils d'aluminium.