Né le 26/2/1919 à Paris (14ème). Décédé le 30/7/2016.
Fils de Anselme SCHWARTZ, professeur agrégé de chirurgie et chirurgien des hôpitaux de Paris et membre de l'Académie de chirurgie à partir de 1955, et de Claire Debré, fille du professeur Robert Debré et soeur de Michel Debré, Premier ministre de 1959 à 1962, membre de l'Académie française.
Arrière-petit-fils du rabbin Simon Debré.
Frère du mathématicien Laurent SCHWARTZ et du professeur de médecine Daniel SCHWARTZ. Epoux de Antoinette.
Ancien élève de l'Ecole polytechnique (promotion 1939) et de l'Ecole des mines de Paris (entré en 1946). Corps des mines. Docteur d'Etat ès sciences (1959).
Il quitte le corps des mines en 1964 alors qu'il avait le grade d'ingénieur en chef.
Résumé de la carrière de Bertrand Schwartz :
Il était Docteur Honoris Causa des Universités de Genève, Montréal, Bologne et Louvain-la-Neuve.
Il avait reçu le prix Grawemeyer en 1989, lorsque ce prix avait été décerné pour la première fois à une personnalité du monde de l'éducation.
Grand croix de la Légion d'honneur (2013).
Alain Elie, élève des toutes premières promotions (58) de la réforme Schwartz et qui est resté très proche de lui pendant toute sa vie professionnelle aurait dû rendre cet hommage ici même mais des ennuis de santé l'ont amené à y renoncer et il me charge de l'en excuser. L'association des alumni m'a demandé de prendre le relai en tant qu'ancien élève d'une promotion (61 : dont six anciens élèves sont dans cette salle) qui a aussi vécu pleinement la réforme Schwartz et ayant ensuite eu la chance de faire une thèse sous sa direction. En tant que délégué de promotion j'ai eu par la suite des relations régulières épistolaires et téléphoniques avec lui, et ces dernières années avec mon épouse nous rendions régulièrement visite à Bertrand et Antoinette Schwartz.
Mais, mon hommage aujourd'hui, sera au-delà de mon témoignage personnel de proximité, celui des anciens de l'École dont je vais essayer de restituer une mosaïque à partir des témoignages exprimés sur le site facebook de l'École (dont je ferai quelques citations) et au travers des nombreux messages reçus de mes camarades de promotion.
En consultant ces témoignages, on constate d'abord qu'ils émanent d'anciens élèves de promotion allant de 1950 (et donc avant la réforme) jusqu'à des promotions récentes (qui n'ont jamais connu physiquement Bertrand Schwartz) mais qui témoignent tous des traces profondes qu'il a laissées.
Je cite : «Je comprenais qu'un quart de siècle plus tard tout ce que je vivais à l'École, c'était lui, Bertrand Schwartz, qui en était l'origine et à qui je le devais.» Cette réputation de l'École et l'aura qui l'a vite entourée a exercé un pouvoir d'attraction pour beaucoup.
Je cite : «J'ai choisi cette École sur la réputation de son directeur et l'attractivité de ses principes pédagogiques.» Cette semaine, même Jean-Claude Trichet (N61) nous confiait, au cours d'une réunion des alumni, qu'il avait choisi Mines Nancy pour la réforme Bertrand Schwartz.
La deuxième constatation c'est l'impact des paroles avec lesquelles Bertrand Schwartz accueillait les nouvelles promotions autour de deux mots clefs repris dans plusieurs témoignages : «Autonomie-Responsabilité». Je cite : «Nous comprenions que nous n'étions pas là pour nous laisser gaver de techniques mais pour apprendre à apprendre et à nous comporter en adultes responsables.»
Un autre ajoute : «Pauvres taupins assommés de maths et de physique, voilà que nous étions priés de grandir.»
La troisième constatation c'est l'adhésion unanimement exprimée au mode de formation instauré par la réforme Schwartz : travail en groupe, encadrement industriel, cours originaux à l'époque (expressions écrite et orale, méthodes d'action , sociologie) sans oublier les exploits qui avaient aussi un caractère pédagogique... et surtout le bénéfice humain et social tiré des stages.
Je cite : «Lors d'une visite de stage de Bertrand Schwartz nous lui faisions part de notre lassitude et du manque d'intérêt pour un stage où le travail partagé avec la maîtrise était fastidieux et ennuyeux : nous n'apprenons rien, disions nous !» Réponse de Bertrand Schwartz : «Vous apprenez l'ennui que vivent ces hommes !»
La quatrième constatation c'est l'impact de la formation reçue et de la rencontre avec Bertrand Schwartz sur la vie professionnelle et aussi personnelle et sociale.
Je cite : « Comment ne pas dire qu'il a été un modèle d'homme et de chef qui a certainement conduit consciemment ou inconsciemment ma vie professionnelle.» Et encore : « Il a été référence et guide dans toute ma carrière professionnelle.»
Et encore : « En précisant au cours d'un entretien que j'avais été élève de Bertrand Schwartz la réplique de mon interlocuteur a fusé : mais Monsieur cela se voit.»
La cinquième constatation est celle de la trace laissée sur bon nombre d'entre nous par le charisme personnel de Bertrand Schwartz : qualité humaine, accessibilité, écoute et ce beau sourire... qui faisaient de lui une personnalité attachante que certains ont ressentie effectivement :
Je cite : « Monsieur Schwartz était avec nous ; il vivait avec nous ; il nous comprenait ; il nous aimait .» Propos repris dans un autre témoignage : « Il est très juste d'écrire qu'il nous aimait. Par contagion, il nous a entraîné à aimer tous ceux avec lesquels nous avons à vivre et à travailler.»
La dernière constatation que je vous livre aujourd'hui (il y en a bien d'autres... mais le temps me manque) rejoint la précédente ; c'est celle de la place centrale de l'Homme (je dirai de l'humain pour ne pas paraître sexiste) dans la formation de l'ingénieur et de notre responsabilité humaine vis-à-vis des hommes que nous aurions à encadrer dans notre vie professionnelle. Je cite : « Bertrand Schwartz nous a fait comprendre qu'autonomie ne signifiait pas égoïsme et que disponibilité était l'ouverture à l'écoute de l'autre.»
En m'associant personnellement pleinement aux témoignages ici exprimés et que je partage, je voudrai simplement conclure sur ce point central «la place de l'Humain» dans l'héritage de Bertrand Schwartz envers les générations actuelles et futures de cette École et plus généralement de notre société.
Cet héritage doit être bien sûr adapté à notre époque où la révolution numérique a changé bien des modes de formation, de vie et de relation et cette adaptation est un grand défi.
Au cours d'une réunion tenue cette semaine avec plusieurs alumni nous étions à la fois admiratifs et interrogatifs sur les conséquences du passage de la 4G à la 5G (multiplication par 100 des débits, temps de latence ramené vers la ms, etc.). Devant cette accélération des technologies et certes les opportunités mais aussi les vulnérabilités qu'elle entraîne, je pense que Bertrand Schwartz nous aurait dit : « Et que faites-vous de l'Homme dans tout cela ? »
Jeunes générations, à vous de répondre à cette question et de relever ce défi !
Jean-François Raffoux (Nancy, promo 61)
Cette question, je vais tenter d'y répondre non pas en me substituant à son penseur/instigateur Bertrand SCHWARTZ, mais en endossant le rôle du mineur qui a vécu la réforme, de 1960 à 1963, à ses débuts.
Pourquoi une telle démarche de ma part? Essentiellement parce que, dans mon désir de rendre hommage à la personne, publié en janvier 2019, je n'ai pas suffisamment ni clairement développé et explicité ce qu'est l'oeuvre de l'après-guerre.
L'emploi du temps est aussi bouleversé au niveau de l'année : deux coupures importantes par année. D'abord en février/mars et une en été, sous forme de "stages" obligatoires en entreprise comme salarié, travaillant effectivement et rémunéré au salaire de l'emploi. En première année, stage "ouvrier" soit dans les mines soit dans la métallurgie. Il faut trouver soi-même un employeur et chercher son hébergement autant que possible en milieu ouvrier, dans les corons ou les cités. (Pour moi, les 3x8 aux Aciéries de Pompey). Au terme de ces deux mois, rapport de stage et mise en commun à Marly-le-Roi de nos expériences sociologiques (pour moi, une grève vécue avec défilé à Pompey!). En deuxième année, rebelote : deux mois comme technicien ou agent de maîtrise (pour moi, agent d'ordonnancement chez un fabricant d'isolants électriques). Enfin, en troisième année, deux mois d'ingénieur (pour moi, étude pour la conduite automatisée d'un laminoir à la Société européenne d'automatismes à Paris). A ces immersions en pleine année, s'ajoutent les stages d'été (pour moi, "I dig coal" aux HBL de Merlebach ou la coulée de la fonte aux hauts-fourneaux De Wendel à Hayange) + les périodes militaires obligatoires. On ne s'ennuie jamais !
Ces incursions dans le monde du travail étaient dûment concrétisées par de nombreuses sorties avec visites de centres industriels ou miniers : mines de fer de Lorraine, voyage de 15 jours de découverte des mines du Maroc, complexe carbo-chimique de Carling, centre de recherche des macromolécules de Strasbourg (je vois le modèle de la double hélice de l'ADN, tout juste présentée), eine Reise mit Urlaub an der Universität Wien, um Deutsch zu lernen... Heureux temps du plein emploi, des échanges préludes à Erasmus, de la construction de l'Europe, de la reconstruction et du plein essor de notre économie !
Tout ceci est arrivé bien avant MAI 68 et les revendications étudiantes tous azimuths.
Bravo encore une fois à Bertrand SCHWARTZ , à sa vista et à son enthousiasme communicatif !
Alain RUAUX (Nancy, promo 60)
Alain Ruaux (Nancy, promo 60) :
La RÉFORME ou la MÉTAMORPHOSE
(Souvenirs d'un "mineur demeuré" devenu "majeur épanoui")
Surlisté à l'X, (j'échappe aux cours de maths de Laurent SCHWARTZ), surlisté aux Mines de Pa, j'opte, juste retour à mes racines familiales lorraines, pour les Mines de NANCY. Bien m'en prend !
Dès l'adresse d'accueil à la promo 60, dans le grand amphi tout neuf de Saurupt, Bertrand SCHWARTZ me colle un électrochoc. Passé au "laminoir à chaud" de 3 années de taupe, qui plus est, militaire, j'ai besoin d'un sérieux "recuit" pour réorienter les grains de ma personnalité fortement isotropique pour ne pas dire "polarisée".
« AUTONOME et RESPONSABLE »,
tel est l'adage de notre mentor. Attendez-vous à devoir changer de carrière et d'entreprise plusieurs fois dans votre vie professionnelle. Et c'est ce qui m'arrivera, mais, grâce à ce conseil, lors de changements voulus, provoqués et enrichissants.
En 1ère année, à l'école, entouré du staff rêvé (cf la photo montage), je découvre les merveilles de la "RDM" de Timoshenko, des "Stats" de Gauss et Poisson, de la "Mécaflu" de Bernouilli, de la chimie dynamique des laitiers (merci P.M.FOURT), du diagramme fer-carbone et des aciers spéciaux, de l'électromécanique ...enseignées non par des "profs" mais par des ingénieurs, des chefs d'entreprise ou des industriels de terrain ! Mais, en surplus et surtout, la technique des "exposés et rapports"», l'organisation scientifique du travail, la gestion des moyens humains et des conflits, l'art de lire et parler l'allemand de "Stahl und Eisen", l'anglais de "Iron and Steel", bref tout ce qui est vraiment nécessaire dans une vie professionnelle et qui en fait le sel (sinon, avec quoi la salerait-on?).
Nanti de ce viatique dévoré les premiers mois, me voilà parti en stage ouvrier deux mois en plein hiver aux Aciéries de Pompey goûter aux 3/x8 et un mois en plein été aux HBL de Merlebach extraire du charbon à -987 m.
Quel plongeon que cette réforme! Le grand bain après la douche des concours!
Plus fort encore ! pour sortir du cadre des enseignements de l'école, B.SCHWARTZ encourage toutes les initiatives permettant de s'ouvrir aux nouvelles technologies, informatique à la fac des Sciences (Ah ! Les cartes perforées!), le droit en fac de Lettres, la promotion supérieure du travail au CUCES, puis l'ISIN...Dans mon cas, c'est l'héritage musical familial qui m'amène à pousser la porte du Conservatoire de Musique de Nancy, rue Chanzy, pour les cours de chant et d'art lyrique. Ainsi je m'exerce à "chanter et jouer en public" salle Poirel ou sur les planches du Grand Théâtre de la place Stanislas. Dans des mises en scène, avec éclairages et costumes, je m'expose pour mieux découvrir mon véritable tempérament. Merci à Bertrand et Antoinette SCHWARTZ qui m'invitent chez eux à déchiffrer, soutenus par un piano, des cantates de JSBach à 4 voix (Ich hatte viel Bekümmernis !!!). Merci à Antoinette, elle-même en classe d'alto, qui plaide auprès de Marcel DAUTREMER, directeur du Conservatoire, la cause des étudiants "amateurs" (éclairés, bien sûr!). Quand je pense que nous nous étions "amusés" une nuit à murer la porte de leur maison avec des moellons jointés au mortier! Quelle ingratitude ! Mais quelle proximité avec leurs personnes !
Pour compléter le panorama de cette réforme, j'ai le souvenir vivace des séances de formation militaire IMO, caserne du Sergent Blandan, en treillis, béret et brodequins, complétées de périodes militaires à Bitche, de cours de mécanique et de conduite auto (qui m'ont valu le permis de conduire !) Grace à ces samedis de "mise au pas", je me retrouve sous-lieutenant avec solde dès mon incorporation au service militaire. Puis, affecté à la BA725 du Bourget du Lac, je poursuis mes études de chant au conservatoire de Chambéry où je rencontre mon épouse pianiste professionnelle. Au cours de plus de 50 années de vie commune, au hasard de mes employeurs, nous vivons en Lorraine, en Savoie, aux USA, à Calais, à Paris pour une retraite finale dans la cité des Ducs de Savoie. De quoi ne pas regretter ce que la réforme n'avait pas encore introduit en 1960 à l'ENSMIM: la gent féminine parmi les élèves mineurs ou métallurgistes, ô combien machistes, qui en auraient bien eu besoin! (Simone VEIL nous pardonne !)
En conclusion : un grand merci pour tout à Antoinette et Bertrand SCHWARTZ !
Publié dans MINES Revue des Ingénieurs, #491 Mai-Juin 2017 :
François Dumolin (Nancy, promo 90) :
« [...] C'est au fond de cette salle que nous vidions méthodiquement, mon frère et moi, que nous sommes soudain tombés sur une pépite : le discours que prononça Bertrand Schwartz à l'ENA, expliquant les innovations pédagogiques qu'il avait menées aux Mines de Nancy et qui avait amené l'Ecole à ses sommets. Ce discours était en fait un brouillon, encore raturé des précisions qu'il voulait apporter. Je l'imaginais à l'ENA en train d'inviter cette école à se réformer, à oser, à créer... je me rendais compte de la révolution qu'il avait entreprise, lorsqu'il disait qu'il avait supprimé la tripotée de cours magistraux pour n'en proposer que quelques-uns. Le discours avait 25 ans et je comprenais qu'un quart de siècle plus tard, tout ce que je vivais à l'École, c'était lui, Bertrand Schwartz, qui en était à l'origine et à qui je le devais. Quelle émotion... Dans mon Panthéon des Grands Hommes - et s'il en est un minuscule, c'est le mien - Bertrand Schwartz, sans même avoir eu la chance de le rencontrer, y figure en bonne place. »
Bernard Lallement (Nancy, promo 64) :
« Quand je pense à Bertrand Schwartz, ce qui me vient à l'esprit c'est son discours d'accueil en septembre 1964 dans lequel il nous expliquait que, nous, les élèves étions responsables de notre formation. C'était la première fois qu'un Directeur d'établissement nous traitait, nous les élèves comme des adultes. C'était sa conception de l'enseignement ou plutôt sa conception de la formation d'un ingénieur, voire d'un Homme. Ce fut l'alpha de ma vie d'ingénieur. Ce qui me vient aussi à l'esprit, c'est son sourire quand il a présidé mon jury de thèse... ».
Pierre Lory (Nancy, promo 64) :
« J'ai fait partie de la "Troïka" qui dirigeait l'association des élèves, et, à ce titre, j'ai eu des relations fréquentes, et extrêmement agréables avec M. Schwartz : homme d'une grande qualité humaine, accessible et à l'écoute des élèves, sa personnalité très attachante m'a profondément marqué, comme beaucoup d'entre nous. Comment ne pas dire qu'il a été un modèle d'homme et de chef, qui a certainement conduit, consciemment ou inconsciemment, ma vie professionnelle. Ses recommandations, presque les "commandements" de l'Ecole : autonomie et responsabilité, ont été les principes marqueurs de ma vie professionnelle. »
Publié dans MINES Revue des Ingénieurs, #492 Juillet/Août 2017 :
Gérard Gervaise (Nancy, promo 57) :
« Ma rencontre avec Monsieur Bertrand Schwartz et son influence dans mes choix a été pour moi l'illustration de la citation :
« Traitez les gens comme s'ils étaient ce qu'ils pourraient être et vous les aiderez à devenir ce qu'ils sont capables d'être. » (Johann Wolfgang von Goethe). »
Jean-Louis Durr (Nancy, promo 57) :
Réponse de Bertrand comme je lui disais : vous étiez en avance de 20 ans au moins (la Réforme etc.). "Hélas, cela ne pardonne pas !". »
Francis Ledermann (Nancy, promo 50) :
« La promo 50 avait à titre "d'exploit" d'intégration programmé de balader en ville une charrette déglinguée remplie de pommes de terre. Arrivé au Point Central, l'engin se disloqua dans les rails du vieux tram et largua sa cargaison au grand dam de la maréchaussée. Un officier de gendarmerie fonça sur celui qui paraissait l'aîné, le traitant de cancre de l'université. Ce n'était autre que Bertrand Schwartz, invité à assister à l'événement. Ce ne fut rien en comparaison des ennuis qu'il rencontra lors du voyage de la promo à Pâques 1953 pour avoir envoyé un rapport sévère au service des Mines à Alger. »
Richard Kahn (Nancy, promo 65) :
« Après une année de Taupe, la tête pleine d'équations, j'ai intégré les Mines de Nancy en 1965. J'ai choisi cette École sur la réputation de son directeur de l'époque, Bertrand Schwartz, et de ses principes pédagogiques, avant-gardistes à l'époque. Si ma mémoire est encore bonne, notre promotion a été la dernière à bénéficier du discours d'accueil de Bertrand Schwartz, dont deux mots résonnent encore dans ma tête, « Autonomie et Responsabilité ». Nous n'étions pas là pour nous gaver de technique, mais pour apprendre à apprendre, gérer notre apprentissage et nous comporter en adultes responsables. [...]
Je rends également hommage à ce précurseur de la formation des adultes, avec encore en mémoire le CUCES et l'INFA qui ont participé à sa renommée.
Je me sens personnellement fier d'avoir connu Bertrand Schwartz, et lui suis fortement reconnaissant des principes qu'il nous a enseignés, et qui ont été une référence et un guide dans ma propre carrière professionnelle. »
Jean-Yves Koch (Nancy, promo 68) :
«Bertrand Schwartz laisse un héritage intellectuel et moral considérable au service de la jeunesse. Nous avons eu la chance de l'avoir comme Directeur de l'École des Mines de Nancy, qu'il a portée à l'excellence et qu'il soutenait encore ces dernières années. En 2009 il avait notamment participé à son 90e anniversaire qui était aussi le sien ! »
Jacques Schrobitgen (Nancy, promo 57) :
1957, ma rencontre avec Bertrand Schwartz et l'EMN : une double chance. Peut-être suis-je né sous une bonne étoile ! Aujourd'hui à 83 ans, je suis sans doute le plus âgé des « anciens élèves » de ma promo de l'EMN. Dans un exercice de mémoire, j'ai gardé un souvenir très vif de ces années passées Place Carnot avec la quarantaine d'élèves de cette promo uniquement masculine !
Ma 1ère chance, strictement personnelle, est d'avoir rencontré Bertrand Schwartz avant mon admission officielle à l'EMN. En effet, Belge résidant à Bruxelles, après quatre ans d'études de géologie à l'Université Libre de Bruxelles et une fois diplômé, je souhaitais élargir mon activité professionnelle au-delà de cette spécialité. [...].
Bertrand Schwartz me fit part qu'il souhaitait dans le cadre de sa réforme introduire un nouveau mode d'accès à l'École en admettant en 2e année quelques universitaires diplômés et, sous conditions de réussite, alors être admis en 3e année. Après plusieurs entretiens approfondis, nous fûmes trois retenus. Je ne réalisais pas à l'époque que nous étions les précurseurs, un peu révolutionnaires, d'une nouvelle voie d'accès aux Grandes Écoles ! [...] "
Thierry de Bailleul (Nancy, promo 81) :
« Je ne vous ai jamais rencontré. Pourtant vous avez eu sur moi comme sur tant d'autres cette influence déterminante, grâce à la qualité de la formation de l'École et à son rayonnement. Cette Ecole qui vous doit tant, et à qui nous devons beaucoup. Merci Monsieur Bertrand Schwartz. »
Michel Disson (ancien élève de l'Ecole des mines de St Etienne, promo 49) :
Michel Disson travaillait aux Mines de la Sarre d'avril 1954 à juin 1956. Le texte qui suit est extrait de son livre Ici et là, hier et aujourd'hui (publié en 2014).
[Bertrand Schwartz] était quelqu'un de brillant, à l'imagination fertile. Il avait un charisme certain, fait non d'autorité, mais plutôt de charme et d'humanisme. Comme il était très actif et se démenait beaucoup pour la renommée de son école, il publiait des articles dans des revues professionnelles sur des sujets touchant à l'exploitation des mines. Un de ses sujets d'études préférés était les pressions de terrain, ou plus exactement ce qu'il appelait la convergence des épontes. Les épontes sont les couches de terrain qui emprisonnent la veine de charbon à la partie supérieure de la veine, c'est le "toit" et le "mur". [Après extraction du charbon] les épontes se rapprochent (elles convergent), soumettant le soutènement à de fortes pressions. Ses études portaient sur l'évolution de cette convergence dans le temps [...] Il avait jeté son dévolu sur ma personne pour effectuer des mesures de convergence dans différentes mines du bassin. A cet effet, je fis construire un petit appareil tout simple et j'entrepris une campagne de mesures. Il venait en voir les résultats une ou deux fois par mois, lesquels se matérialisaient par des nuages de points sur des graphiques dont l'axe des abcisses représentait le temps et l'axe des ordonnées la convergence. Sur ce genre de graphiques il est toujours possible de tracer des courbes représentant la tendance moyenne. [...] Comme il avait son hypothèse sur cette fameuse convergence, il ne manquait pas de dessiner les couches dans la forme qui la confortait. Quand il m'arrivait de lui faire remarquer que ses coups de pouce étaient un peu osés, sans m'en vouloir, sans point dupe de sa petite tricherie, il prenait un air un peu contrit, bien propre à désarmer les plus solides objections contre sa théorie. J'ai toujours pensé qu'il était trop brillant et créatif pour avoir l'esprit d'un chercheur objectif. Par la suite, il s'est d'ailleurs distingué par ses grandes compétences sur la formation des adultes et ses travaux remarquables en matière d'enseignement. C'est à lui que le Pays doit la création des Missions locales qui jouent un rôle très important dans l'orientation des jeunes [...]
J'eus le plaisir, quelques années plus tard, de le côtoyer à nouveau au cours d'une mission au Japon.
Publié dans MINES Revue des Ingénieurs, #498 Juillet/Août 2018 :
Georges Ivanoff (Nancy, promo 64) :
Cet homme hors norme a particulièrement marqué ma vie, car, comme beaucoup à l'époque, j'ai refusé Centrale de Paris pour aller à Nancy profiter des réformes très novatrices qui étaient les siennes et notamment l'introduction des techniques de communication dans l'enseignement des ingénieurs ...
Par ailleurs, lors de la fête annuelle de l'Ecole, nous avons joué une pièce parodique inspirée de Bertolt Brecht au grand théatre de Nancy et dans cette pièce j'ai eu l'honneur et le privilège de jouer le personnage de Bertrand Schwartz ...
Avoir cotoyé Bertrand Schwartz, c'est avoir rencontré l'audace, l'imagination, la créativité, l'intelligence, bref la vie ...
Adrien Hachache (Nancy, promo 61) :
... N'oublions pas ses longues tournées aux stagiaires dans les différentes disciplines des mines pour suivre de près les moindres problèmes ...
Paul Vincent (Nancy, promo 46) :
J'ai été parmi les tout premiers élèves du tout nouveau professeur Bertrand Schwartz, à peine plus âgé que nous ... Après sa réussite dans une Grande Ecole, il s'est rendu compte qu'il y aurait un grand besoin de s'intéresser à des proportions plus importantes d'adultes sous-scolarisés. J'ai été témoin de l'une de ses réussites dans la banlieue surpeuplée de la Courneuve avec sa cité des 4000 et ses vastes usines du groupe FCB. C'est un bénéficiaire de ces réussites, ancien de Babcock : Jacques Nikonoff, passé jusque l'ENA par ce système, qui a été l'un des premiers à lui rendre hommage. Il a aussi oeuvré dans des ensembles industriels moins vastes et je crois en Algérie. Bertrand Schwartz avait trouvé un titre qui résume admirablement sa préoccupation : "Moderniser sans exclure".
J'ai rencontré plus récemment Bertrand Schwartz participant à un club de réflexion : le "Club du Mardi", autour de Christian Le Guillochet, créateur à Montparnasse du Lucernaire, un complexe culturel avec plusieurs salles de cinéma et de théatre ... , avec aussi Jean-Louis Bianco, Harlem Désir, Stéphane Hessel, Bertrand Poirot Delpech, le franco-togolais Koffi Yamgnane (également un ancien de Nancy qui fut ministre) ...
Jean-Louis Renaudot (Nancy, promo 85) :
Je n'ai pas connu Bertrand Schwartz comme directeur de l'Ecole des mines de Nancy. Et pour cause, je suis trop jeune !
Je me suis apreçu de la force de son rayonnement quand, au travers de discussions que je sois dans le Nord ou en Ile de France, j'annonçais avoir fait l'Ecole des mines de Nancy, on me demandait si je l'avais connu.
Cependant j'ai eu la chance de le rencontrer 2 fois. Une première fois à l'Ecole militaire, invité par l'Association des anciens. Une seconde fois, au début des années 90, au Temple protestant de Courbevoie (Hauts de Seine). La communauté paroissiale l'avait invité pour parler de l'insertion professionnelle des jeunes en difficulté. Son humanisme m'a frappé. Cet homme était convaincu de sa mission de "chef de projet" pour mobiliser les différents acteurs à la lutte contre l'exclusion.
Comme ceux qui l'ont connu peuvent témoigner, il ne vous laissait pas indifférent !
Publié dans MINES Revue des Ingénieurs, #499 Septembre/Octobre 2018 :
Xavier l'Angevin (Nancy, promo 70) :
L'esprit de l'enseignement qui avait été donné par Bertrand Schwartz et qui continuait même après son remplacement par M. Davoine avait une telle renommée que deux personnes de ma promotion avaient, pour cette raison, refusé l'Ecole Centrale de Paris pour aller aux Mines de Nancy !
Michel Laurent (Nancy, promo 58) :
Après deux années de taupe au lycée Poincaré de Nancy j'ai pu, grâce à un prof de maths remarquable, intégrer en 1958 les Mines de Nancy.
Je suis alors entré dans cet autre monde étudiant qu'a su créer Bertrand Schwartz. Quel visionnaire ! Quel humaniste ! Imaginer des stages ouvriers, souvent dans les mines ou dans la sidérurgie, nous faire découvrir les relations humaines au sein des entreprises, un nouvel univers pour des taupins bachoteurs.
Au cours de ma scolarité j'ai été assistant de maths au CUCES qu'il avait initié.
Quelques années plus tard, j'ai également été assistant à l'Ecole, où j'animais une fois par semaine un petit groupe de travail de l'option mines. Je n'oublierai pas non plus les cours de techniques des exposés et rapports animés de façon magistrale par Jean-Marie Conty, un homme aux multiples facettes. Déjà la communication avant internet, avec le souci de la syntaxe.
Je retiendrai de Bertrand Schwartz sa vision humaine de la société industrielle. Je me rappelle de sa remarque, plus que jamais d'actualité : Il faut aussi et surtout s'occuper des BACS moins 10.
Publié dans MINES Revue des Ingénieurs, #493 Septembre/Octobre 2017 :
Marcel Gozzi (Nancy, promo 58)
« [...] Ancien élève de la promotion 1958, je l'ai connu à l'École des Mines, qui était encore implantée place Carnot. J'ai apprécié ce professeur d'exploitation minière, diligent et à l'écoute, j'ai bénéficié de son oeuvre réformatrice, et j'ai connu le déménagement dans la nouvelle École du parc de Saurupt. [...]
Simplement, je dirai combien les élèves de l'École, à mon époque, aimaient ce directeur charismatique, charmant, si proche de nous et toujours disponible en dépit de son intense activité. Un père pour nous, en somme. [...]
Un homme capable de supporter et de comprendre les plaisanteries de ses élèves ne pouvait que mériter notre admiration.
Pédagogue émérite et bienveillant, Monsieur Schwartz était avec nous. Il vivait avec nous. Il nous comprenait, il nous guidait et il nous aimait ».
Gérard Lesoult (N63)
« [...] Aujourd'hui, je pense utile de revenir et d'insister surtout sur ce qui, avec le recul du temps, m'apparaît comme le plus important sur le plan personnel : le stage ouvrier de première année d'une part, la rencontre de personnalités hors du commun d'autre part. Laissons Bertrand Schwartz nous expliquer lui-même l'importance qu'il attribuait au stage ouvrier : " Depuis 1957 ...j'avais entrepris à l'Ecole nationale des Mines de Nancy, dont j'étais directeur, une importante réforme des études, dont l'une des idées majeures était de mettre au plus tôt les élèves ingénieurs au contact de la vie ouvrière ".
[...] Les camarades des promotions proches de 1960 peuvent témoigner de l'intensité de l'implication personnelle de Bertrand Schwartz dans la préparation, le suivi et l'exploitation de notre stage ouvrier de première année. [...] Passons à l'autre apport original de l'École des années 1960 [...] je n'oublierai jamais Mytho Bourgoin, « l'actrice », et Jean-Marie Conty, «le sportif». Madame Bourgoin animait les enseignements intitulés «Technique de la Parole et du Langage écrit», enseignements de tronc commun, obligatoires, dispensés tout au long des trois années [...]»
Alain Maréchal (N65) « En tant que délégué de la promo 1965, j'ai rencontré plusieurs fois Bertrand Schwartz pour parler du baptême de la promo, dont la marraine était son épouse : j'ai été très impressionné par son charisme personnel et la sincérité de ses convictions pédagogiques. Je l'ai revu à plusieurs reprises ultérieurement, y compris à l'anniversaire de l'École et son esprit vif avait gardé toute sa séduction. Pour moi, son souvenir reste attaché à toutes les innovations qu'il avait apportées à l'École et qui ont conduit à mon choix d'y entrer : la liberté de l'organisation des cours, les stages obligatoires, les cours "originaux" (sciences de l'homme), l'organisation d'options, etc. Tout cela parait banal aujourd'hui, mais représentait alors une réelle révolution, dont il parlait avec une intense motivation : à son départ, il restait fortement motivé par la mise en place de la formation continue des adultes. Plusieurs de mes camarades de promo se sont exprimés en privé pour souligner l'importance qu'a eue Bertrand Schwartz dans leur vie personnelle et professionnelle. »
Publié dans MINES Revue des Ingénieurs, #494 Novembre/Décembre 2017 :
Marc Londchal (Nancy, promo 57)
« Dans la promo 1957, nous avons connu le lancement de la réforme et vécu le cycle complet avec beaucoup d'enthousiasme ... Que de bons souvenirs de cette période et beaucoup d'admiration pour ce formidable Directeur toujours affable et abordable ... »
Claude Montacié (Nancy, promo 51)
« J'ai pu apprécier les qualités de coeur de M. Schwartz, qui avait perdu une partie de sa famille dans les camps. Devant me marier, il m'a aidé à trouver un travail. Gloire à sa mémoire. »
Robert Spizzichino (Nancy, promo 60)
« Deux souvenirs significatifs à propos de Bertrand :
Lors d'un stage particulièrement rude d'agent de maîtrise à Hénin Liétard (début tous les matins à 4h et chronométrage des performances des haveurs pendant 6h), Bertrand est venu nous rencontrer et nous lui avons fait part de notre manque d'intérêt pour ce stage où nous n'apprenions rien. Sa réponse : "détrompez-vous, vous apprenez l'ennui que vivent ces hommes".
En marge de l'Ecole, je pratiquais beaucoup l'expression dramatique ... Et, à diverses reprises, j'avais utilisé ce talent au service de l'Ecole ... Mais en 3ème année j'avais indiqué à Bertrand que je ne souhaitais plus assurer le mise en scène. Or Bertrand tenait beaucoup à cette revue qui, pour lui, devait montrer les capacités de création et de professionnalisme des élèves dans tous les domaines ... Pour me faire changer d'avis, il m'a reçu longuement, m'a évoqué délicatement mes points faibles dans plusieurs matières de l'Ecole et m'a dit gentiment que si je réussissais une bonne revue, cela pourrait aussi faire partie de mon cursus. L'important pour lui, c'était de valoriser les capacités de chacun prises dans leur globalité. J'ai donc mis en scène cette revue qui fut un succès. »
Jean-Marie Poutrel (Nancy, promo 65)
« [...] J'ai été marqué par :
Marc N. Lefort (Nancy, promo 60)
« Je suis entré en septembre 1960 à l'Ecole [...]. Le premier nom que j'ai entendu, c'était Bertrand par ci, Bertrand par là. Pour les élèves de seconde et troisième année, il n'y avait aucun doute, Bertrand, c'était M. Bertrand Schwartz, le directeur de l'Ecole et surtout le Père de la réforme [...]
Je veux parler ici de deux qualités dont il a abusé tout au long de sa présence parmi nous : le sens de l'humain et le sens social.
Le sens de l'humain d'abord. Rien de ce qui se passait à l'Ecole, les soucis des élèves [...], ne lui était indifférent et, lors des entretiens paticuliers que nous avions avec lui, nous pouvions nous en ouvrir à lui et souvent il trouvait une solution [...]
Le sens social a guidé son action. [...] Le CUCES, l'INFA en ont été les réalisations les plus évidentes, mais également pour nous élèves les stage ouvrier et le stage maîtrise et, pour l'Ecole, l'admission d'élèves-ingénieurs en seconde année au titre de la promotion supérieure du travail. J'ai longuement travaillé avec M. Bertrand Sachwartz [...] Je dirai simplement que c'est l'un des hommes qui m'a profondément marqué. »
Publié dans MINES Revue des Ingénieurs, #501 Janvier/Février 2019 :
Alain Bernhard (Nancy, promo 69)
« Bertrand Schwartz [...] était du bon côté des choses de l'éducation et a voulu que les élèves ingénieurs soient des hommes de réflexion et de dialogue et sachent prendre en main leur formation et leur avenir. »
Jean-Frédéric Collet (Nancy, promo 68)
« En 2009, je préparais pour notre revue un dossier sur "Les Mineurs élus locaux". Je n'avais jamais rencontré Bertrand Schwartz, ayant intégré Mines Nancy quelques années trop tard (il n'était pourtant pas loin : au CUCES, en face ...). L'occasion me parut à saisir de recueillir son avis sur le rôle de l'ingénieur dans la cité ... et pris donc contact avec lui. Il me répondit, fort courtoisement, qu'il doutait pouvoir apporter une valeur ajoutée à ce dossier. Je jouai néanmoins mon va-tout et lui dis que je souhaitais le rencontrer, sans qu'il ait à fournir une quelconque contribution. C'est ainsi qu'il me reçut dans son appartement de l'avenue René Coty, où pendant une heure nous parlâmes de tout et de rien - surtout de tout. Et j'en repartis muni d'une énergie renouvelée pour mener à bien ce dossier. Modestie, simplicité, goût de transmettre : c'était Bertrand Schwartz. »