Né le 5/10/1834 à Paris ; décédé le 8/7/1910 à Versailles.
Ancien élève de l'Ecole des Mines de Paris (promotion 1855) ; Ingénieur civil des mines. Membre de l'Institut (Académie des Beaux-Arts). Grand Officier de la Légion d'honneur. Député de Paris de 1889 à 1910.
Ingénieur à la Compagnie des chemins de fer du Nord, il réalise des voyages en Europe et en Orient. Le Play le charge d'organiser la section étrangère de l'exposition universelle de 1867, ce dont il s'acquitte brillamment. Cette réussite lui vaut d'être nommé professeur à l'Ecole supérieure des Beaux-Arts (1876). Il publia alors un ouvrage sur l'Ecole française de peinture avant la mort de Louis XIV.
Il fut chargé de la direction de l'exposition universelle à Paris en 1876, puis de celle de 1889, en association avec Alphand et Picard. Il fut membre du comité de direction de celle de 1900.
Il s'occupa également des sections françaises des expositions universelles d'Amsterdam (1869, 1883), Melbourne (1880), Anvers (1885). Il dirigea le congrès international d'électricité et présida l'union centrale des Arts décoratifs.
Il dirigea les Etablissements Breguet. Il construisit également une usine électrique.
Elu en 1889 à la Chambre, il s'inscrivit au groupe progressiste dont il devint vice-président. Il fut membre de la commission des douanes et de celle de la réforme de l'impôt. En 1902, il s'inscrivit également à la Commission du gaz à Paris, à celle du budget, à celle des Beaux-Arts, etc.
Il s'intéressa notamment à des projets à impact culturel ou architectural fort, comme la participation de la France à différentes expositions ou colloques étrangers (notamment le congrès télégraphique international), les adductions d'eaux à Paris, la reconstruction du théatre de l'Opéra-Comique, l'établissement d'une gare de chemins de fer aux Invalides. Il réclama le transfert du ministère des colonies hors du Louvre. Il demanda la création du Musée des Gobelins, la restauration du palais de Versailles.
Il ne se représenta pas aux élections générales du 24 avril 1910. Lors de ses obsèques célébrées au Temple de la Rédemption, le 8 juillet 1910, le Prince d'Aremberg y rappela au nom de l'Académie des Beaux-Arts, tout le bien qu'en pensaient ses Confrères. " Georges Berger, en effet, en dépit de tous les honneurs dont le chemin de sa vie fut marqué, était de ceux « qu'il suffit de connaître pour qu'il soit aimé ». Son érudition était encyclopédique, mais la bienveillance de son accueil et le charme de ses manières donnaient un grand attrait aux relations qu'on avait avec lui. Ses grandes qualités d'administrateur avaient profité à l'Académie comme au Parlement. « Esprit vif et bienveillant, un coeur très chaud et une fidélité très sûre dans les amitiés, rendaient Georges Berger très digne d'affection ». "
Publié dans le Bulletin de l'association des anciens élèves de l'Ecole des mines de Paris, novembre 1910
Si des figures plus illustres sont destinées à demeurer gravées d'un trait plus profond sur les tables de la postérité, celle de Georges Berger n'en restera pas moins, entre toutes, la personnification de l'esprit de son siècle et de l'âme de son pays dans ce qu'ils auront eu de plus généreux et de plus séduisant à la fois.
Tous ceux qui l'ont approché ont gardé présent le souvenir de cette intelligence accueillante et prompte, merveilleusement ouverte aux idées générales et aux enthousiasmes féconds, de cet éclectisme clairvoyant qui ne décourageait jamais les initiatives pour peu qu'il les devinât sincères et vivaces.
L'élan naturel de son caractère, si bien traduit par la spontanéité un peu brusque du geste, par la franchise du regard et la chaleur de la parole, n'avait d'égale que son aversion pour les idées étroites, les conceptions vulgaires et les calculs mesquins. La droiture de sa conscience ne lui permit, en aucune circonstance, de sacrifier à ses ambitions, même les plus légitimes, une parcelle de ses convictions ni de ses principes.
Issu d'une famille originaire du Doubs, Georges Berger naquit à Paris le 5 octobre 1834. Après avoir fait ses études à l'Institution Massin et au Collège Charlemagne, il entra à l'École Supérieure des Mines en 1853. Sorti au moment où les chemins de fer étaient à leurs débuts, il obtint d'être attaché au Service des Etudes et des Travaux neufs de la Compagnie du Nord, où il resta jusqu'en 1862, occupé plus spécialement, sous les ordres de M. Mention, à la construction de la voie de Boulogne à Calais, puis aux travaux du viaduc de Commelles, près de Chantilly.
La caractéristique de son existence fut la diversité des domaines dans lesquels s'exerça son activité toujours en éveil, mais, si des circonstances favorables à ses affinités devaient l'engager plus tard dans des voies inattendues, il conserva dans toute sa carrière, de l'enseignement de notre École, cette ampleur du raisonnement et cette élévation des idées qui font si grand honneur aux maîtres éminents chargés de le professer. Il fut en outre redevable à l'étude des sciences, non seulement des connaissances générales nécessaires pour discuter utilement avec les services techniques qu'il eut maintes fois sous ses ordres, mais aussi de la méthode éprouvée qui, en toute occasion, fut pour lui un guide infaillible et fidèle.
Les enseignements de Le Play, qu'il avait eu comme professeur à l'École des Mines et sous la haute direction duquel il se retrouva à l'Exposition Universelle de 1867, complétèrent à souhait l'éducation d'une intelligence douée de si heureuses aptitudes. C'est sous les auspices de ce maître exceptionnel qu'il fit, comme Sous-Directeur des Sections étrangères et Chef des Services intérieurs, son apprentissage des expositions où il devait bientôt exceller.
Onze ans après nous retrouvons Georges Berger Directeur des Sections étrangères et des travaux du Jury de l'Exposition Universelle de 1878, qui lui fut redevable de la meilleure part de son succès, puis, onze ans plus tard encore, Directeur général de l'Exploitation de l'Exposition de 1889.
Ce fut l'apogée de sa carrière et le triomphe qui étendit sa réputation dans le monde entier. On peut dire que cette Exposition, bien que le titre de Commissaire général (réservé au ministre du Commerce) n'en ait pas été conféré à Georges Berger, fut néanmoins l'oeuvre conçue tout entière par lui et menée à bien par son opiniâtre et confiante volonté. Ceux, en tout petit nombre, auxquels il s'adressa pour préparer avec lui la naissance et assurer le développement de cette grandiose manifestation de l'industrie moderne, n'ont pas oublié les débuts difficiles de l'entreprise. Georges Berger, installé provisoirement au Ministère de l'Agriculture, rue de Varenne, entouré d'un état-major restreint qu'il augmenta à peine dans la suite, sut vaincre, sans un moment de découragement, tous les obstacles qu'il rencontra sur sa route : tiédeur des pouvoirs publics absorbés par les difficultés d'une crise politique intense, insuffisance d'un budget parcimonieusement mesuré, mauvaise volonté des Etats étrangers qui refusèrent, à quelques exceptions près, leur adhésion officielle et souvent même officieuse, indifférence générale et critiques malveillantes.
En présence de si fâcheuses dispositions, Georges Berger ne dut compter que sur lui-même et, sans les relations d'amitié qu'il avait nouées dans bien des pays et auxquelles il fit appel, il eut certainement échoué en chemin. La foi, qu'il sut si ardemment communiquer aux autres, le soutint, il remonta sans mauvaise humeur le courant contraire, entreprit une véritable croisade dans les principales villes de France et dans plusieurs pays étrangers, conquit petit à petit l'opinion, força les sympathies, provoqua les concours, attira les bonnes volontés et, finalement, en dépit de toutes les embûches et de toutes les défections, réalisa cette merveille que fut l'Exposition de 1889.
On peut dire qu'il en fit son chef-d'oeuvre, au sens que lui donnaient les artisans de jadis.
Sa grande facilité d'assimilation, l'étendue de ses facultés qui lui permettaient de ne rien ignorer, la rapidité de son jugement et de ses décisions, la sûreté de son goût, enfin sa courtoisie et ses qualités d'homme du monde le rendaient propre, plus que nul autre, à mener pareille oeuvre à bonne fin. Rempli d'entrain, toujours le premier et le dernier à l'ouvrage, il donnait à ses collaborateurs l'exemple du travail ininterrompu et de la stricte ponctualité. Tour à tour diplomate, ingénieur, architecte, artiste, orateur, sans cesse sur la brèche, il fut vraiment l'âme de l'Exposition du Centenaire de la Révolution.
La signification même de cet anniversaire, en entraînant le refus catégorique des principales puissances monarchiques, qu'imitèrent, pour des raisons différentes, les Etats-Unis d'Amérique, faillit perdre l'entreprise ; Georges Berger la sauva. Habile à discerner les solutions ingénieuses et opportunes, soucieux de concilier les lois de l'esthétique avec les exigences de la science moderne, doué de l'intuition de ce qui plaît et de ce qui attire, il sut éviter aux visiteurs la fatigue et l'ennui. Avec le tact d'un Parisien avisé, il peupla l'enceinte du Champ-de-Mars et les quais de la Seine de distractions si heureusement choisies qu'elles en firent le rendez-vous des peuples fascinés. Les prophètes de malheur qui avaient boudé jusqu'à l'ouverture des portes, et ils étaient légion, durent faire amende honorable. Le succès fut sans précédent et jamais il n'a été égalé depuis. La croix de Grand-Officier de la Légion d'Honneur récompensa dignement celui qui en était l'auteur. Financièrement même, l'opération dépassa toutes les espérances puisqu'elle se solda par un bénéfice de neuf millions.
Est-il nécessaire de rappeler les trois nouveautés sensationnelles sur lesquelles Georges Berger dut à son heureuse étoile de mettre la main et dont il sut, du premier coup d'mil, apprécier la valeur : la Galerie des Machines, la Tour Eiffel et les Fontaines lumineuses ? L'Electricité, vers laquelle allèrent toujours ses prédilections, se montra reconnaissante : la télégraphie sans fil utilisa et sauva de la destruction, que lui avait jurée la haine de ses irréductibles ennemis, le hardi pylône érigé en face du Trocadéro, antenne prédestinée, qui, dominant de sa stature unique au monde Paris et ses environs, distribue aujourd'hui l'heure aux navires sur l'océan, transmet des ordres aux armées en terre lointaine et envoie ses messages aériens à travers l'espace, à des milliers de kilomètres, par delà les mers !
Les hommes furent plus ingrats : lorsque la France exprima le désir de voir se lever l'aube du XXe siècle sur les coupoles rutilantes d'une nouvelle exposition, Georges Berger était en droit de compter qu'il serait choisi comme metteur en scène de cette fête mondiale. Son passé devait lui assurer une telle gloire, couronnement mérité de sa carrière. Il n'en fut rien. Pareille déception dut paraître à Georges Berger profondément amère, mais c'est à peine s'il s'en plaignit et, plus tard, nul ne l'entendit triompher lorsque, malgré le levier puissant d'un budget considérable et des concours offciciels inconnus à la précédente, l'Exposition Universelle de 1900, sortie de ses échafaudages, apparut à nos yeux déçus comme une réplique confuse, sans originalité et sans éclat, de sa brillante soeur ainée. Sans acrimonie, Georges Berger y accepta les fonctions, bien modestes pour lui, de Président de Classe et de Groupe.
Esprit pratique et prompt, ennemi des arguties, des digressions oiseuses et des discussions vaines, sachant mieux que personne le prix du temps, Georges Berger apportait dans ses causeries, comme dans son style et surtout dans ses discours, cet humour et cette facilité aimable dont le charme principal était de ne sentir ni l'effort ni la fatigue. Il s'est trouvé des censeurs chagrins pour lui faire le reproche d'être superficiel. Piètre querelle ! Chacun n'a-t-il pas, ici-bas, sa place marquée suivant ses capacités et ses moyens ? Aucun terrain mieux que celui des expositions ne pouvait permettre à Georges Berger d'exercer ses facultés si souples et si multiples. Où il réussit, un philosophe ennuyeux et inélégant, un juriste froid et méticuleux, un théoricien profond mais sans prestige, eussent, en dépit même des mérites les plus substantiels, piteusement échoué. Lequel d'entre eux eut été capable de communiquer à ses collaborateurs cette impulsion dont Georges Berger était prodigue, lequel eût animé d'une main également experte et délicate les rouages nombreux et divers d'une organisation aussi complexe, lequel eût attiré, vers la féerie d'un spectacle prestigieux, les foules de l'univers ébloui ?
Pourtant des dons si heureux fussent restés vains sans le génie d'organisation qui distinguait Georges Berger entre tous et lui donnait sa véritable supériorité. A ce titre, les méthodes de classification qu'il appliqua, comme aussi les règlements multiples qu'il élabora pour les expositions successives dont il eut la direction, restent des modèles classiques, précieux pour ses successeurs. Enfin son administration fut en toutes circonstances excellente, sa gestion financière rigoureusement probe, avisée et économe.
Malgré la place prédominante que tiennent les expositions dans la vie de Georges Berger, leur intermittence fiévreuse, coupée par de longues périodes de calme, n'eut pas suffi à alimenter les besoins d'une activité qui ne pouvait se résigner à chômer.
Si l'on excepte la gestion d'intérêts personnels importants, notamment d'un vignoble dans le Médoc, et aussi les fonctions qu'il exerça, entre temps, de Directeur de la Compagnie d'Assurances « La New-York », à Paris (il avait étudié cette branche de l'économie sociale avec Léon Say et Mathieu Bodet), la vie de Georges Berger nous apparaît comme se déroulant, en quelque sorte, sur deux voies parallèles, l'une industrielle, l'autre artistique.
L'explication de ce dualisme nous est fournie par une phrase de son ouvrage sur la Peinture française, phrase qui fait bien comprendre la mentalité de Georges Berger et nous donne la clef de l'apparente contradiction de ses goûts : « Le génie de la France, écrit-il, n'a pas périclité parce que ses efforts sont moins complètement tournés vers la recherche spéculative qui fait les grands littérateurs, les grands peintres et les grands sculpteurs ; il a recours à d'autres manifestations, mais il ne s'est pas amoindri. Je ne cesserai de le répéter : le despotisme des appétits matériels substitué, dans une large mesure, au respect et à la recherche des inspirations fournies par la raison librement et esthétiquement agissante, impose au génie humain une dose prépondérante d'application vers la réalisation du bien-être et des satisfactions physiques ; c'est là qu'il faut chercher les causes qui ont plus spécialement voué notre époque à l'industrie et aux sciences utiles. Nier les progrès obtenus dans cette voie serait méconnaître un élan intellectuel qui honore notre patrie ».
Dans la part de sa vie que Georges Berger consacra à l'industrie, l'électricité a la première place. Pressentant, encourageant le magnifique essor de la science du jour, il se trouva le Commissaire général tout désigné de l'Exposition internationale organisée en 1881 au Palais de l'Industrie.
Nous assistons là, sous ses auspices, à l'éclosion des applications industrielles de l'électricité qui, depuis ce jour, n'ont cessé de progresser à pas de géant. L'éclairage électrique par incandescence est à ses débuts, le téléphone, mis à la disposition du public pour la première fois, fonctionne entre les cabines de l'étage et le bureau central de l'exposition, des auditions à distance des principaux théâtres attirent des milliers de curieux qui se pressent chaque soir dans les salles du palais et s'amusent de cette merveille nouvelle ; le transport de la force esquisse ses premiers essais, qui à quelques années de là, s'affirmera par les expériences de Marcel Deprez entre Paris et Saint-Ouen, en attendant l'usage universel que l'on en fait aujourd'hui à longue distance et l'utilisation générale et pratique des chutes d'eau qui en est la conséquence. Enfin un tramway électrique conduisait les visiteurs de la place de la Concorde au Palais de l'Industrie jadis construit pour les Expositions Universelles et qui déjà sufltsait à peine à contenir celle de l'Electricité seule.
L'Exposition de 1881 marque donc, dans l'histoire de l'Electricité, une date essentielle et inoubliable à laquelle le nom de Georges Berger reste étroitement attaché.
Le Congrès international qui s'est réuni à cette occasion a fixé, d'un commun accord, les mesures électriques universellement adoptées et employées depuis lors. Jamais acte de législation scientifique ne fut plus opportun ni ne vint mieux à son heure.
Le caractère exclusivement technique de cette exposition ne l'empêcha pas d'être, grâce à son habile organisateur, un succès commercial, puisqu'elle laissa un important bénéfice dont l'électricité d'ailleurs devait encore profiter. L'emploi du boni servit en effet à la fondation de la Société internationale des Electriciens qui réunit aussitôt de nombreux adhérents. Nous lisons dans l'exposé des motifs, imprimé en tête des statuts par les soins du Comité d'organisation, le 25 août 1883 : « L'Exposition internationale d'Electricité de Paris a établi entre les électriciens du monde entier un rapprochement dont tous ont profité, dont tous continuent à se féliciter...» C'est ce lien qu'il s'agissait de ne pas laisser rompre et c'est la Société internationale des Électriciens qui se chargea de le perpétuer en le consolidant. Georges Berger en fut le premier Président. La prospérité de ce groupement des savants de tous pays n'a fait que s'accroître depuis et nous en trouvons la preuve matérielle dans les comptes rendus de ses réunions mensuelles, Bulletin qui, depuis 1884, constitue les véritables annales des progrès de l'électricité, suivis jour par jour dans leur apparition et leur développement.
Deux émanations directes de la Société, parfaitement appropriées aux besoins nouveaux, se sont affirmées dès le début comme des institutions durables : le Laboratoire central d'Électricité d'une part, outillé à souhait et accessible à ceux qui désirent y avoir recours pour des expériences ou des essais, l'Ecole supérieure d'Électricité d'autre part, où, chaque année, ingénieurs, officiers de terre et de mer qui veulent se spécialiser reçoivent l'enseignement théorique et pratique de maîtres excellents, sous le haut contrôle d'un Directeur toujours choisi parmi les savants les plus réputés.
Enfin le Comité technique international d'Electricité, issu de la même origine, perpétue et sauvegarde les principes institués par le Congrès de 1881.
A la suite de l'Exposition d'Électricité, Georges Berger entra, en 1882, à l'importante Société de Construction d'appareils électriques Breguet dont il ne cessa de s'occuper jusqu'en 1907, d'abord comme Administrateur Délégué, ensuite comme Président.
Il fit partie également du Conseil de perfectionnement du Conservatoire national des Arts et Métiers qui le choisit comme Vice-Président.
Enfin, à l'aurore de l'industrie automobile, nous voyons Georges Berger s'éprenant de cette nouvelle manifestation de l'ingéniosité de nos inventeurs, devinant son avenir et figurant en tête de ses protagonistes comme Président de l'Automobile-Club fondé sous son patronage .
Son enthousiasme pour la locomotion naissante faillit lui être fatal à la suite d'un accident très grave dont il fut long à se rétablir.
Mais si Georges Berger trouva dans le cycle positif des connaissances humaines un aliment pour son activité, ce sont pourtant les productions artistiques de la pensée qui exercèrent sur lui une attraction prépondérante . Nous voyons son imagination se complaire dans ce domaine d'élection où il était si à l'aise et c'est là que le ramenèrent toujours ses préférences.
L'inauguration du canal de Suez, à laquelle il avait assisté en 1809, conduisit Georges Berger aux portes de l'Orient ; il visita l'Egypte, la Syrie et la Palestine et rapporta de ce voyage des impressions très vives et des souvenirs qu'il aimait à rappeler. A son retour il s'était arrêté en Italie, où il avait auparavant déjà séjourné un an à la suite d'un deuil cruel, lorsque brusquement éclata la guerre.
Aussitôt, Georges Berger rentre en France où l'appelle son devoir et s'engage dans un bataillon de marche pendant le siège de Paris.
La paix faite, subissant l'attrait qu'exerce sur ceux qui l'ont connue cette terre classique de la peinture et de la statuaire, il retourne à Rome pour la troisième fois et s'y adonne surtout à l'étude des mosaïques anciennes.
Ces séjours successifs avaient développé en lui le goût des beaux-arts vers lesquels le portait la tendance naturelle de son esprit. Il possédait pour ces matières une mémoire peu commune qui lui permettait de décrire et de situer tous les tableaux, dignes d'être retenus, des divers musées d'Europe. Ces titres le firent distinguer par Taine, et, lorsque celui-ci dut, pour des raisons de santé, renoncer provisoirement à faire son cours d'Esthétique à l'École des Beaux-Arts, c'est à Georges Berger qu'il vint demander de le suppléer. Cet enseignement le conduisit jusqu'au seuil de l'Exposition de 1878, « à l'oeuvre de laquelle il se vouait, comme il le disait à ses élèves en les quittant, avec toute l'abnégation que réclame un acte de patriotisme ». Des leçons qu'il avait professées à l'école des Beaux-Arts naquit un livre apprécié, plein d'exposés lumineux, intitulé « L'École française de Peinture depuis ses origines jusqu'à la fin du règne de Louis XIV » qu'il fit paraître en 1879.
En 1870, il émettait l'idée de la fondation d'un « Palais des Arts », considérant que le sentiment artistique est pour la France un « privilège de race », et il ajoutait : « nul n'oserait le lui contester ; l'envie qu'on lui porte fait sa gloire... Les paisibles et réhabilitantes joies de l'art ont guéri plus d'une âme déchirée, plus d'un amour-propre patriotiquement froissé ». En 1890 nous trouvons Georges Berger Président de l'Union Centrale des Arts décoratifs, qui existait depuis 1882. Son action vivifiante s'y fait immédiatement sentir. Il y organise plusieurs expositions, notamment celle des Arts de la femme (1892) et un Congrès (1894) qui eut à l'égard des intérêts de l'art français des conséquences importantes.
Il aurait voulu assurer à l'Union des Arts décoratifs un palais digne de l'avenir qu'il lui désirait et son choix se porta sur les terrains domaniaux de la Cour des Comptes, au quai d'Orsay. Sa proposition, accueillie favorablement par la Chambre en 1891 (il était alors Député), fut rejetée par le Sénat en 1894.
Lorsque, deux ans plus tard, la démolition du Palais de l'Industrie fut décidée, force fut de trouver, pour les Arts décoratifs expulsés, un nouveau local. Le Sénat, en refusant le terrain du quai d'Orsay, avait offert l'aile nord du Palais des Tuileries, comprenant le Pavillon de Marsan et ses dépendances. Georges Berger accepta au nom de l'Union centrale et ces accords furent ratifiés par une loi à la fin de l'année 1897. Les dossiers de la Cour des Comptes qui occupaient le Pavillon de Marsan furent alors déménagés pour faire place au Musée, chaque jour enrichi, que nous admirons aujourd'hui.
Sans cesse guidé par la pensée de travailler à augmenter le trésor national de nos musées, Georges Berger contribua, dans une large mesure, à la fondation, en 1897, de la Société des Amis du Louvre dont il fut le premier Président et garda la présidence jusqu'à sa mort. Sachant, comme toujours, faire passer sa conviction dans l'esprit de ceux qu'il groupait autour de lui, il employa ici encore la meilleure part de son énergie, les ressources de son intelligence, l'appui de son influence et de ses relations, au profit de ses contemporains et de la gloire de son pays. Il en fut récompensé par la joie de pouvoir conserver à la France mainte oeuvre d'art prête à lui échapper et de voir s'accroître les collections du Louvre, grâce au concours pécuniaire et aux dons généreux des membres de la Société qu'il animait de son zèle entraînant.
Pendant ce temps, critique d'art au « Journal des Débats », Georges Berger y trouvait une tribune toujours ouverte pour y exposer ses idées personnelles. Ce ne fut pas sa seule façon de susciter et de soutenir l'émulation des artistes; il y employa notamment nombre de concours et d'expositions temporaires de l'Union des Arts décoratifs. Malgré son admiration pour les chefs-d'oeuvre du passé, ceux-ci ont quelque chose de définitif qui suffit à contenter les âmes contemplatives, mais qui ne pouvait satisfaire pleinement l'esprit épris d'action qu'était Georges Berger. Aussi les appréciait-il surtout comme des modèles et des enseignements précieux au point de vue de leur influence sur le présent.
Son idée dominante fut toujours de faire produire des oeuvres originales. A ce titre, les travaux contemporains, émanations d'intelligences vivantes et agissantes auxquelles il pouvait apporter une aide ou une part d'inspiration plus ou moins directe, étaient faits pour le séduire. Les créations des ouvriers d'art, chez lesquels l'habileté manuelle est au service des conceptions les plus variées et les plus brillantes de l'imagination, le passionnèrent par dessus tout. Amateur averti, il consacra personnellement, à les encourager, des sommes importantes et les réunit en grand nombre dans son hôtel de la rue Legendre, transformé en véritable musée, où les coupes ciselées, les vases élégants, les coffrets ouvragés, les curieuses maquettes d'art, les émaux et les pièces céramiques occupaient une place de choix à côté d'oeuvres anciennes d'un réel mérite.
Aussi, lorsque, reconnaissant les services éminents rendus par Georges Berger, l'Institut l'appela, au mois de décembre 1903, à siéger comme membre libre à l'Académie des Beaux-Arts, nulle distinction ne fut accueillie comme plus méritée et ce n'était, à tout prendre, que le paiement de la dette contractée par notre Art national envers lui.
Depuis son entrée à l'Académie, il avait entrepris d'écrire une « Histoire des églises fortifiées de France », ouvrage pour lequel il avait déjà recueilli d'abondants documents, lorsque la maladie le surprit et l'empêcha de les mettre en oeuvre.
Il fit partie également du Conseil supérieur des Beaux-Arts et du Conseil des Musées nationaux où sa compétence et ses idées toujours fécondes lui assuraient une influence justifiée.
C'est encore en faveur de la cause qui lui était si chère qu'il employa les moyens d'action et l'autorité que lui donna son entrée au Parlement, lorsque, en 1889, les électeurs parisiens eurent témoigné leur gratitude envers lui et consacré sa popularité dans la capitale en le nommant, à une énorme majorité, député de la deuxième circonscription du IXe arrondissement. Esprit libéral et tolérant, ennemi des procédés sectaires, il apporta à l'exercice de son mandat, que ses électeurs lui renouvelèrent quatre fois, les opinions modérées et sincères, les idées saines et le loyalisme éprouvé qui faisaient le fonds de son caractère. Prenant vivement à coeur les conceptions généreuses, mais souffrant aussi cruellement de tout ce qu'il jugeait préjudiciable à la prospérité et à la paix de son pays, il ne fit pourtant jamais de politique militante, mais se cantonna dans sa spécialité. Plusieurs fois rapporteur du budget des Beaux-Arts, c'est surtout à leur être utile qu'il s'appliqua. Il obtint notamment que le Ministère des Colonies quittât le Louvre et il eut la satisfaction d'en voir les dossiers s'éloigner du Pavillon de Flore comme ceux de la Cour des Comptes avaient émigré du Pavillon de Marsan, délivrant ainsi notre grand Musée national du danger permanent d'incendie dont le menaçait perpétuellement un voisinage aussi disparate qu'encombrant.
Georges Berger ne se représenta pas aux élections législatives de 1910. Sa santé, déjà profondément atteinte, donnait de graves inquiétudes aux siens et l'avait obligé à renoncer petit à petit aux fonctions que, naguère encore, il remplissait avec une ardeur juvénile qui faisait douter de son âge. Un cerveau aussi agissant ne pouvait se résigner qu'avec peine à une retraite forcée ; aussi souffrit-il cruellement de son inaction jusqu'à sa mort survenue à Versailles le 8 juillet 1910.
En résumé, partout où nous trouvons Georges Berger, nous le voyons mettre au service des idées directrices de la pensée humaine son aptitude brillante à tirer parti des contingences et l'employer à ouvrir les voies du progrès dont il avait une remarquable intuition. Et de fait son action, parfois passagère en apparence, s'est partout traduite en conséquences durables et en résultats solides.
Il était de ceux dont le rôle privilégié est de faire surgir les idées et d'encourager les intelligences. Aussi, la page la plus éclatante de sa carrière restera-t-elle celle où est inscrit, en caractères magnifiques, le succès des Expositions qu'il créa. Ses facultés étaient admirablement appropriées à la conduite de ces entreprises gigantesques qu'il s'agissait de développer et d'amener à leur état parfait dans un temps infiniment court, en vue d'une existence intensive de quelques mois à peine. Oeuvres éphémères dont la renommée serait fugace si les innombrables découvertes auxquelles elles ont fourni l'occasion de se produire ne leur assuraient la pérennité du souvenir en fixant les grandes étapes du progrès.
N'est-ce pas, après tout, la merveille des temps contemporains et l'image de leur génie que la croissance quasi-instantanée de cette plante exubérante et fastueuse qu'est une Exposition Universelle, faite de l'afflux impatient et tumultueux des imaginations en gésine de l'humanité tout entière?
La destinée, on pourrait dire la vocation, de Georges Berger fut de cultiver ces extraordinaires spécimens de l'activité humaine dont il offrit à ses concitoyens émerveillés la primeur et le spectacle unique en portant, une fois de plus, le flambeau lumineux de la France à l'avant-garde des peuples civilisés.
Paris surtout, dont il a fait, par la rare magie de tels enchantements, le centre miroitant du monde, doit lui savoir gré d'avoir si bien réussi à accroître et à activer l'affluence des courants qui portent vers nos cités les étrangers épris du charme de notre climat, de la grâce de nos paysages, de la majesté de nos édifices, comme aussi des créations de notre goût et de la facilité de notre esprit. A ceux qui ont charge de nos destinées il incombe de ne pas laisser péricliter cette suprématie ni détourner cet exode vers d'autres capitales, envieuses d'en ravir la satisfaction à notre amour-propre et le profit à notre richesse commerciale. Puissent-ils conserver à une France paisible la faveur d'hôtes désireux de trouver, avant tout, chez elle, des distractions et de la tranquillité !
Tels sont les titres qui, après avoir mérité, à l'éminent camarade dont notre Association a lieu d'être fière, l'affection de ses contemporains, lui assurent, pour l'avenir, en même temps que la reconnaissance de son pays, une place ineffaçable dans les fastes nationaux et dans la mémoire universelle.
Il figura naturellement, depuis 1869 jusqu'en 1889, comme principal organisateur ou Commissaire général de la Section française des multiples expositions qui eurent lieu à l'étranger : Amsterdam, Melbourne, Vienne , Moscou, Philadelphie , Chicago.
Latin affable et sympathique, vrai représentant de notre race qui peut s'en glorifier, Georges Berger fut, en même temps qu'un patriote ardent et profondément attaché aux traditions de notre histoire, un hôte accueillant et un ami sûr, dont la bienveillance savait être vigilante et efficace sans jamais se montrer importune.
Aussi les dévouements ne lui firent-ils pas défaut, non plus que les concours sincères ni que l'attachement de ceux qui, l'ayant connu et apprécié, lui gardent aujourd'hui dans leur coeur un souvenir ému et fidèle.
F. FRÉDÉRIC-MOREAU.
Voir aussi : biographie de Maurice MONTHIERS.
Ce texte a été publié en 1964 dans le numéro du Bulletin de l'association des anciens élèves de l'Ecole des mines de Paris, à l'occasion du centenaire de la création de l'Association :
C'est au hasard d'une conversation avec mon collègue et ami le Président Roger Millot — authentique « mineur » lui — que l'obscur économiste que je reçois le paradoxal honneur de retracer dans ce numéro du Centenaire, la paradoxale carrière de l'illustre mineur que fût Georges Berger.
Ayant l'honneur d'être lointainement apparenté à l'illustre famille protestante des Berger, Théodore le financier, fondateur du Comptoir d'Escompte, Paul, l'éminent chirurgien, Samuel, le théologien, Philippe, l'industriel et sénateur, Elie, le grand chartiste, membre de l'Institut, sans oublier plus près de nous, à la génération suivante, l'autre chirurgien de la famille, Jean Berger... Roger Millot pensait que j'avais quelques titres à parier de votre défunt camarade Georges Berger..., cependant que, contrairement aux précédents, je n'eusse jamais entendu, dans mon enfance, parler de ce « mineur » au cours de ces merveilleuses et savantes conversations dominicales dont le salon de mes grands-parents était le théâtre au début du siècle. Si nous, les enfants, ne comprenions pas grand'chose à ces brillantes confrontations, nos familles trouvaient naturel de nous en faire témoins, insinuant ainsi dans nos têtes juvéniles le goût des idées et l'admiration de la science et du talent !
N'est-ce pas dommage qu'une telle discipline apparaisse sans doute désuète et peut-être un peu ridicule aux yeux de nos propres enfants ? Mais aussi ne sommes-nous pas responsables ?
Quoi qu'il en soit lorsque je me suis trouvé en face de l'obligation de faire honneur à l'engagement que j'avais pris de parler ici de Georges Berger, une brève enquête dans les archives de famille ne tardait pas à me révéler que mon héros, s'il fut parfaitement fidèle jusqu'à sa mort, aux convictions protestantes de nos familles,... n'était qu'un assez lointain cousin des savants Berger que j'avais vu défiler dans le salon de mes grands-parents.
Mais je dois dire que le personnage est assez original et assez curieux pour que la recherche m'ait passionné, qui me permet aujourd'hui — sans aucune qualification par conséquent à le faire — de vous raconter la vie paradoxale et féconde de votre grand ancien.
Celle-ci s'inscrit en effet dans un triangle dont les trois sommets sont constitués par sa vie professionnelle d'ingénieur, son goût prononcé pour les beaux-arts,... et son mandat parlementaire. Il est permis de dire qu'il ne laissa pas d'illustrer les trois. Qu'on en juge.
Né à Paris le 5 octobre 1834, Georges Berger entre à l'Ecole des Mines en 1855, et en sort pour devenir Ingénieur de la Cie des Chemins de Fer du Nord. Est-ce à la faveur de ses fonctions qu'il donna tout de suite satisfaction à son goût des voyages ? Toujours est-il qu'il visita, assez à fond pour la génération à laquelle il appartenait, la plupart des pays d'Europe et ceux du Moyen-Orient.
Par quel hasard ensuite fut-il choisi comme adjoint, par Le Play, en vue de l'organisation de l'Exposition de 1867? Je ne sais. Le fait est qu'il dirigea la Section étrangère de celle-ci, avec un succès qui ne laissa pas sans doute de l'orienter vers une carrière nouvelle de spécialiste de l'organisation d'expositions internationales.
Mais c'est à son goût pour les beaux-arts qu'il céda en acceptant, en 1876 et 1877, la suppléance de Taine dans la chaire qu'occupait celui-ci comme professeur d'art et d'esthétique à l'Ecole des Beaux-Arts.
De cette suppléance sortit deux ans plus tard une publication de ses cours de la rue Bonaparte, sous le titre « l'Ecole Française de peinture depuis ses origines jusqu'à la fin du règne de Louis XIV ».
Les qualités d'organisateur dont il avait fait preuve en 1867 le firent appeler ensuite à diriger l'exposition universelle de 1878 où il tint à faire figurer l'Alsace-Lorraine à laquelle tant de liens attachait la famille dont il était issu.
Nous le retrouvons en 1889 où il fut associé à Picard et Alphand dans l'organisation de l'exposition de cette année. Il a d'ailleurs publié sur cette grande manifestation plusieurs ouvrages, notamment « l'Exposition Universelle Internationale de 1889 à Paris » en deux volumes et un Atlas.
Georges Berger fut par la suite membre de la Commission Supérieure de l'Exposition de 1900. Entre temps il avait organisé l'exposition d'électricité de Paris de 1881, présidé la section française des expositions d'Amsterdam (1869), de Melbourne (1880), d'Amsterdam (1883), d'Anvers (1885), et dirigé le Congrès international d'électricité. Il présidait l'Union Centrale des Arts Décoratifs et, qu'on accepte ou non de le croire, la multiplicité des responsabilités de cette nature ne l'empêchait pas d'exercer les fonctions de Directeur aux Ets Bréguet et d'avoir conçu et construit l'une des premières usines d'énergie électrique ! !
On ne se surprendra pas, en raison des déplorables antécédents de celui qui tient ici la plume, que celui-ci insiste un peu plus longuement sur la carrière politique que Georges Berger aborda ensuite dès 1889.
Esprit ouvert à la politique, en effet, Georges Berger fit acte de candidature aux élections générales des 22 septembre et 6 octobre 1889 dans la 2e circonscription du IXe arrondissement de Paris. Il fut élu au second tour de scrutin avec 6 127 voix contre 4 882 à son concurrent le plus favorisé, M. Andrieux.
Il s'inscrivit au groupe progressiste dont il devint, peu de temps après, le vice-Président.
Membre de la Commission des douanes et de la Commission relative à la réforme générale de l'Impôt, son action lui fut toujours inspirée par sa passion de l'Art. Il demanda par voie de proposition de loi, la concession à la Société de l'Union centrale des Arts décoratifs de l'emplacement de l'ancien Palais de la Cour des Comptes (1891) ; il rapporta le projet de loi portant ouverture d'un crédit pour la participation de la France à l'exposition universelle de Chicago de 1893, et demanda, en une intervention remarquée, que notre pays ne fût pas absent au Congrès télégraphique international. Il prit également une part active à l'établissement du tarif général des douanes (1891).
Réélu aux élections générales du 20 mars 1893, au premier tour de scrutin par 4 400 voix contre 2 742 à M. Strauss, son principal adversaire, il fut membre de diverses Commissions ad hoc, de la Commission des douanes et de la commission du budget pour l'exercice 1898.
Il rapporta les projets de loi relatifs aux récompenses à décerner à l'occasion de diverses expositions (1894, 1895, 1897) ainsi qu'à l'occasion du centenaire de la fondation de l'Ecole normale supérieure (1895). Il déposa également plusieurs rapports sur des projets douaniers et s'intéressa tout particulièrement à l'adduction à Paris des eaux du Loing et du Lunain (1896), à l'augmentation du nombre des membres du Conseil des Musées nationaux (1898), a la reconstruction du théâtre national de l'Opéra-Comique (1898), à l'établissement d'une gare de chemin de fer sur l'esplanade des Invalides (1894), à la participation de la France à l'exposition internationale d'Anvers (1894), et prit part aux discussions des budgets des Beaux-Arts (en qualité de rapporteur), des travaux publics, de l'instruction publique, du commerce et de l'industrie des exercices 1895, 1897 et 1898.
Ses électeurs lui renouvelèrent son mandat une seconde fois aux élections générales du 8 mai 1898, au premier tour de scrutin, par 7 229 voix. Il siégea à la Commission des douanes et à la Commission du budget pour les exercices 1899, 1901 et 1902.
Il rapporta les budgets des Affaires Etrangères et des Beaux-Arts, s'intéressa à l'exposition universelle de 1900 (1899, 1900) ; au projet de translation des cendres de Turgot au Panthéon (1900), à l'érection d'un monument à la mémoire des Alsaciens-Lorrains (1901), à la demande en révision du procès Dreyfus (1898), à la déchéance de Paul Déroulède et de Marcel Habert (1901), et présenta de nombreux rapports concernant les tarifs douaniers (1901, 1902). Enfin, il soutint un projet de loi sur la reconstruction de l'Imprimerie nationale (1902).
Réélu aux élections générales du 27 avril 1902, au premier tour de scrutin par 6 437 voix, il appartint à la Commission relative au régime du gaz de Paris, à la Commission du budget pour l'exercice 1903, à la Commission de l'enseignement et des Beaux-Arts et à la Commission relative à la séparation des Eglises et de l'Etat. Il s'intéressa à la conservation de la Galerie des machines à Paris et prit une part active à la discussion du budget des Beaux-Arts et des exercices 1903, 1904 et 1905 pour plaider la cause des Musées nationaux, des monuments historiques et de l'école des arts décoratifs, et pour demander également le transfert du Ministère des colonies hors du palais du Louvre.
Il fut réélu par la même circonscription aux élections générales du 6 mai 1906, au premier tour de scrutin, par 8 067 voix et siégea dans diverses Commissions.
Au cours de la discussion du budget des Beaux-Arts des exercices 1907, 1908 et 1909, il demanda la création d'un Musée des Gobelins, le gardiennage du cabinet des estampes de la Bibliothèque nationale, la restauration du Palais de Versailles, l'enlèvement des peintures du cabinet des singes, et revint, une fois encore, sur l'évacuation du Palais du Louvre par le Ministère des colonies et celui des finances.
Il ne se représenta pas aux élections générales du 24 avril 1910. Il devait mourir un peu plus tard, le 8 juillet de la même année à Paris.
On voit que Georges Berger, dans cette carrière parlementaire particulièrement brillante, ne laissa pas de traiter à la tribune tous les sujets dont ses goûts l'invitaient à rassembler les données et, en particulier tout ce qui touchait aux beaux-arts, aux expositions et à l'industrie.
Cette fidélité aux beaux-arts lui valut d'être élu Membre de l'Académie des Beaux-Arts, et lors de ses obsèques célébrées au Temple de la Rédemption, le 8 juillet 1910, le Prince d'Aremberg y rappela au nom de celle-ci, non seulement tout ce que l'Académie devait à celui qui lui était repris, mais encore tout le bien qu'en pensaient ses Confrères.
Georges Berger, en effet, en dépit de tous les honneurs dont le chemin de sa vie fut marqué, était de ceux « qu'il suffit de connaître pour qu'il soit aimé ». Son érudition était encyclopédique, mais la bienveillance de son accueil et le charme de ses manières donnaient un grand attrait aux relations qu'on avait avec lui. Ses grandes qualités d'administrateur avaient profité à l'Académie comme au Parlement. « Esprit vif et bienveillant, un cœur très chaud et une fidélité très sûre dans les amitiés, rendaient Georges Berger très digne d'affection ».
Outre ses travaux parlementaires et les livres qu'il a publiés, cet homme d'esprit et de goût, qui occupa une grande place dans le monde officiel de son temps, a collaboré à diverses revues et journaux tels que « les Débats » et « la Revue du génie civil », auxquels il a donné de nombreux articles sur l'art dans l'industrie.
Rarement, il est permis de l'écrire, carrière n'est apparue aussi dense, aussi variée, aussi féconde, aussi fidèle aussi aux traditions dont elle s'est inspirée qu'aux convictions qui l'ont animée et aux goûts qui l'ont orientée.
Oue ce soit dans son bureau d'homme d'affaires, dans son atelier d'ingénieur, sur les majestueux perrons des multiples expositions qu'il organisa, dans l'histoire parlementaire ou sous la coupole de l'Académie, Georges Berger ne laissa pas d'associer son goût de la rigueur scientifique acquis sur les bancs de votre noble et vieille école, aux impératifs de la beauté dont aucun des modes d'expression ne le laissa jamais indifférent, et à une certitude morale constamment mise au service de notre pays.
C'est une carrière, en tout cas, qui honore l'Ecole où elle a commencé et dont il est décidément permis de dire qu'elle mène à tout,... à condition d'en sortir !