Ecole polytechnique (promotion 1838 ; entré classé 17ème, sorti classé 2ème sur 120 élèves). Ecole des Mines (entré en 1840 et sorti le 15 juin 1844). Corps des mines.
Fils de Pierre BAYLE, employé au cadastre, et de Eulalie Joséphine CHEVALLIER. Né le 13 octobre 1818 à La Rochelle (certains registres mentionnent le 13 août, d'autres le 18 octobre). Décédé le 17 janvier 1895.
Publié dans le LIVRE DU CENTENAIRE (Ecole Polytechnique), 1897, Gauthier-Villars et fils, TOME III
Né à La Rochelle le 18 octobre 1819, mort Ingénieur en chef en retraite, le 17 janvier 1895; il n'a pas quitté l'École des Mines ni son Cours jusqu'à sa retraite en 1881. Son oeuvre publiée fut d'abord considérable et brillante, de 1855 à 1857, sur les Rudistes et les fossiles d'Algérie en particulier; elle s'arrêta brusquement à cette dernière date. Bayle se consacra plus spécialement, depuis, à la collection de Paléontologie de l'École des Mines, dont il a fait un rare monument pour la Science, tant par les séries qu'il a su y réunir que par les préparations dont il l'a dotée, et cela grâce à un labeur personnel constant, où il alliait une science incontestée à une patience et une habileté de main incomparables.
Ecole polytechnique, promotion 1838.
Académie des Sciences, 1857
Annales des Mines, 9e série vol. 9, 1896.
Claude-Emile Bayle est né à La Rochelle en 1819. Dès son enfance, ses relations avec la famille d'un illustre naturaliste, d'Orbigny, développèrent en lui un goût des plus marqués pour l'histoire naturelle ; mais sa vive intelligence n'en était pas moins ouverte aux sujets les plus divers. Il fit des études brillantes et, des 1838, était reçu à l'École polytechnique. Il en sortit dans les premiers et fut classé dans le service des Mines.
Ses professeurs, Élie de Beaumont et Dufrenoy, surent vite apprécier quels services on pouvait attendre de ses aptitudes spéciales ; le 31 mai 1844, il était attaché au service des collections de l'École des Mines. Le développement des recherches que nécessitait l'établissement de la carte géologique de France montrait de plus en plus qu'il'était indispensable de s'appuyer sur la détermination précise des fossiles. Aussi, en 1848, Bayle était chargé d'inaugurer à l'École des Mines des leçons de paléontologie ; mais ce n'est-que seize ans plus tard, en 1864, qu'il fut nommé définitivement professeur.
Aux qualités du naturaliste, Bayle joignait la rigueur du raisonnement et l'esprit de méthode du mathématicien ; les dons brillants dont son esprit était doué, la justesse de son coup d'oeil, la précision de son jugement le placèrent de suite au premier rang des paléontologues.
Dès ses premiers travaux, il avait compris que les fossiles devaient être étudiés de la même manière et avec la même méthode que les animaux vivants; ennemi des restaurations et des déterminations hâtives, il s'est toujours attaché à montrer que l'étude des fossiles ne pouvait aboutir à des conclusions certaines que tout autant que l'on eu connaissait bien tous les caractères. Un échantillon mal conservé, un moule incomplet, non seulement étaient inutiles, mais pouvaient être dangereux en motivant une détermination fausse, et il les rejetait impitoyablement, avec un peu trop de rigueur, peut-être ; mais il ne faut pas oublier que cette réaction était nécessaire, et encore aujourd'hui, combien de fois n'avons-nous pas vu des listes de fossiles, encombrées de noms sans valeur réelle, servir de point de départ à des assimilations inexactes ?
Mais il arrive fréquemment aussi que des échantillons bien conservés sont empâtés dans la gangue et que leurs caractères internes échappent à l'observation ; c'est à ceux-là que Bayle s'attaquait surtout. Patiemment il s'efforçait de les dégager avec le burin et le ciseau, et c'est ainsi qu'avec une habilité de main incomparable il est arrivé à réaliser ces magnifiques préparations qui sont le plus bel ornement des collections de l'École des Mines. Il croyait que, pour bien connaître un échantillon, il fallait l'avoir préparé soi-même, et il considérait comme du temps utilement employé les longues heures qu'il consacrait à ce travail matériel.
Les premières recherches qu'il entreprit dans cet ordre d'idées eurent un résultat brillant : les Rudistes étaient encore très incomplètement connus; si Deshayes était arrivé avec beaucoup de sagacité à indiquer la véritable position des Radiolites parmi les Lamellibranches, d'autres savants éminents avaient, au contraire, proposé de les rapprocher des Brachiopodes. C'est que, malgré les travaux très intéressants de Saemann et de Woodward, leur constitution interne présentait encore bien des obscurités. Et cependant, toutes les collections renfermaient de nombreux échantillons de ces fossiles, et beaucoup d'entre eux étaient remarquablement conservés. Mais leur appareil cardinal était d'une complication telle que personne n'avait encore pu réussir à les dégager d'une manière complète. Bayle s'attacha à résoudre définitivement ce problème : à peu de distance de sa ville natale se trouvaient de riches gisements d'Hippurites radiosus; il parvient à s'en procurer un grand nombre d'échantillons, plusieurs centaines, nous dit-il; parmi ceux-ci quelques-uns ont une gangue plus marneuse, plus tendre, et à force de patience et d'habileté il réussit à isoler complètement les deux valves et à mettre en évidence tous leurs caractères ; les pièces qu'il a ainsi obtenues sont restées uniques jusqu'à présent.
Il passe ensuite à l'étude des autres Rudistes, il sépare les Radiolites des Sphérulites, isole les charnières complètes de ces genres, montre l'absence de ligament dans certaines de ces formes et donne enfin, en 1857, une révision complète des espèces connues dans ces trois genres ; il indique en même temps leur répartition dans les différents horizons du terrain crétacé du midi de la France.
Pendant plus de vingt-cinq années, cette oeuvre magistrale allait servir de base aux études des géologues, et encore aujourd'hui ses parties essentielles restent inattaquables.
Il faut reconnaître du reste que ce procédé de préparation ne pouvait être appliqué que dans des cas exceptionnels et n'était pas à la portée de tous. Aussi, dans toutes les espèces, les caractères internes restèrent ignorés, et les géologues continuèrent à établir leurs déterminations sur des bases incertaines et insuffisantes.
D'autres sujets d'étude avaient également attiré l'attention du jeune et brillant professeur. En 1840, il va examiner à Alger les nombreux échantillons de fossiles recueillis par M. Fournel, ingénieur en chef des Mines, et il publie le résultat de son examen dans le premier, volume de La Richesse minérale de l'Algerie. Dans cet ouvrage il décrit et figure un certain nombre de formes nouvelles, inaugurant ainsi ce nouveau champ de recherche ouvert à l'activité de nos géologues.
Les matériaux nombreux qui lui étaient communiqués par les explorateurs de cette colonie lui permirent de publier, en 1854, en collaboration avec M. Ville, une notice géologique sur les provinces d'Oran et d'Alger. La même année, il faisait connaître une riche collection d'ossements fossiles recueillis par Dubocq près de Constantine.
Ajoutons encore à ces travaux divers la description qu'il publia avec Coquand d'une série de fossiles recueillis au Chili par Domeyko et qui parut dans les Mémoires de la Société géologique en 1851.
C'est le moment le plus brillant de la carrière de Bayle. Son cours à l'École des Mines attirait l'attention de tous les savants ; sa parole claire et précise savait rendre attrayantes les descriptions les plus arides. Desssinateur hors ligne, il excellait à faire revivre, sous les yeux de ses auditeurs émerveillés, les antiques créatures disparues.
Les élèves suivaient son cours par plaisir, plutôt que par devoir, et il est resté pour tous ceux qui ont eu l'honneur d'écouter ses leçons, comme un modèle bien difficile à imiter.
De toutes parts, les géologues, séduits par son activité et par l'ardeur qu'il apportait à ces études si difficiles, lui envoyaient le produit de leurs recherches, et demandaient ses conseils ; par ses soins incessants, la collection de paléontologie de l'École des Mines se constituait peu à peu : de Koninck lui donnait la belle collection de fossiles carbonifères qu'il avait patiemment formée, estimant que les nombreux types qu'il avait figurés y seraient plus utiles aux géologues, mieux appréciés que dans son pays natal. Puzos lui léguait une collection d'Ammonites incomparable à cette époque et dont l'importance est encore considérable aujourd'hui. Michelin suivait cet exemple, et, à sa mort, sa belle collection d'Échinides fossiles venait s'ajouter aux riches matériaux que Bayle avait déjà réunis.
A ce moment, l'activité du professeur paraît se ralentir ; son oeuvre, son oeuvre écrite du moins, s'interrompt presque brusquement. Le quatrième volume de l'Explication de la Carte géologique de la France, dans lequel il devait nous faire connaître les fossiles caractéristiques des divers terrains, reste inachevé ; la magnifique série des planches qui devait l'accompagner ne verra le jour que bien longtemps après, et il ne pourra que nous faire regretter plus virement que l'oeuvre entreprise ait été abandonnée.
Et cependant, jamais Bayle n'avait été plus ardent au travail: arrivé le premier dans son laboratoire de l'École des Mines, il en sortait le dernier, et il n'interrompait ses travaux de préparation et de classement que pour nous guider dans nos recherches ou nous aider de ses conseils. C'est que, renonçant avec une abnégation rare à ses travaux personnels, il avait résolu de se consacrer tout entier à cette collection de l'École des Mines qu'il avait formée peu à peu, et dont il voulait faire une collection modèle.
Pour arriver à ce résultat, il avait à surmonter des difficultés considérables : il était seul, sans aide, sans préparateur ; le budget d'entretien mis à sa disposition était minime, que c'est à peine s'il lui suffisait pour se procurer les cartons et les tubes dont il avait besoin. Aussi faisait-il tout par lui-même ; c'est lui qui préparait les échantillons, on sait avec quelle habileté ; c'est lui qui les fixait sur les cartons; c'est lui, enfin, qui écrivait les étiquettes ; aujourd'hui seulement, en parcourant les collections qu'il a ainsi patiemment créées, on peut se rendre compte de la somme énorme de travail qu'il a dû y consacrer.
En 1867, il avait fait acheter la collection Deshayes et, à cette occasion, il avait enfin obtenu, qu'on lui adjoignît un de ses élèves, un jeune Ingénieur des Ponts et Chaussées, notre confrère et ami Bayan, dont il avait su distinguer les heureuses dispositions. Or, la collection Deshayes était aussi riche en coquilles vivantes qu'en coquilles fossiles, et il devenait possible de rapprocher ces formes habituellement séparées et de réaliser ainsi une conception chère aux paléontologues, pour qui la faune actuelle n'est que la suite et la continuation des faunes tertiaires ; mais, pour cela, il fallait remanier toute la collection, rangée jusque-là d'après l'ordre stratigraphique. A ce moment, je commençais à fréquenter le laboratoire de paléontologie de l'École des Mines, et je croîs me rappeler que c'était Bayan qui soutenait la nécessité de ce changement, et que Bayle hésitait à s'engager dans cette voie nouvelle.
Sur ces entrefaites, la guerre arriva ; il fallut transporter et empiler dans les caves la collection tout entière, pour la mettre à l'abri du bombardement. Les échantillons résistèrent bien à cette dure épreuve, mais ce n'en fut pas moins un désastre : les cartons étaient moisis, les échantillons décollés ; il fallut tout remplacer et recommencer à nouveau ce rangement qui avait déjà coûté à Bayle tant d'années de travail.
Cette fois, l'idée de Bayan triompha, si complètement même, que Bayle se défendit d'en avoir jamais eu d'autre, et le classement paléontologique remplaça le classement stratigraphique, permettant ainsi de saisir d'un seul coup d'oeil l'ensemble des modifications qu'un type donné a éprouvées pendant la série des temps géologiques. Mais la place manquait, les échantillons accumulés s'entassaient les uns sur les autres et devenaient de plus en plus inaccessibles. La situation était navrante et paraissait sans issue : la collection ne pouvait s'agrandir qu'en délogeant le Directeur et l'Inspecteur de l'École. Et ces appartements si agréables, si bien situés, avec une vue magnifique s'étendant par-dessus les arbres du Luxembourg jusqu'au Mont-Valérien et jusqu'aux hauteurs boisées du parc de Saint-Cloud, n'étaient-ils pas trop beaux pour des pierres et des fossiles? En outre, un gros crédit était nécessaire, et si le projet d'agrandissement qui tenait si fort à coeur à Bayle finit par triompher devant la Commission du budget, ce fut grâce à l'appui inespéré qu'il trouva au sein même de celle-ci.
Les géologues qui fréquentaient ses collections de l'École des Mines appuyaient de toutes leurs forces ce projet et le jugeaient indispensable. Parmi ceux-ci, un de nos confrères était des plus ardents et des plus convaincus. Déjà, à plusieurs reprises, il avait pu intervenir utilement pour sauvegarder l'intérêt des collections. Il tenta de nouvelles démarches. Un de ses amis, géologue et ingénieur des Mines, était de l'entourage de Gambetta; il sut intéresser à la question le Président de la Commission du budget et l'amena à l'École des Mines. Volontairement ou involontairement, Bayle était absent ce jour-là, et j'eus la bonne fortune de le remplacer.
Gambetta n'avait certainement jamais vu de fossiles; il fut frappé de ce monde nouveau qui s'ouvrait devant lui; il comprit bien vite qu'il n'y avait pas là seulement une accumulation d'objets bizarres et curieux, mais que ces restes d'animaux si différents de ceux d'aujourd'hui permettaient de remonter dans la nuit des temps, bien au-delà de la période historique, et que seuls ils pourraient peut-être un jour de jeter quelque lumière sur le grand problème de l'origine des espèces et de l'origine de la vie! Il s'intéressa aussi aux détails d'organisation de ces formes si nouvelles pour lui, et je suis forcé d'avouer que quelques-unes des questions qu'il posa m'embarrassèrent fort, comme par exemple si le nombre des cloisons des Ammonites indiquait le nombre d'années pendant lesquelles l'animal avait vécu.
Mais, dans l'intérêt même des collections, il importait que le point de vue philosophique ne fit pas oublier le côté pratique et immédiatement utile de la paléontologie ; il était nécessaire de convaincre le visiteur que l'étude des fossiles était indispensable à tous ceux qui ont à fouiller le sol, soit pour l'établissement des grands travaux, soit pour la recherche des matières utiles à l'industrie. Un hasard heureux vint donner à notre démonstration un appui inattendu : au nombre des visiteurs (les collections étaient ce jour-là ouvertes au public) se trouvait un homme en costume d'ouvrier, tellement absorbé dans l'examen de la collection qu'il ne fit pas la moindre attention à ce qui se passait autour de lui. Gambetta le remarqua et en fut vivement frappé ; cet incident, qui n'était pas pour déplaire aux sentiments démocratiques de l'illustre orateur, ne fut sans doute pas sans influence sur l'impression qu'il emporta.
Les résultats de cette visite ne se firent pas attendre; grâce à l'appui de la Commission du budget, l'appartement de l'Inspecteur de l'École et, peu d'années après, celui du Directeur furent annexés aux collections de paléontologie qui occupèrent dès lors tout le second étage. Quelques mois suffirent à Bayle pour étendre la collection dans les nouvelles salles, et bientôt il put, avec un légitime orgueil, mettre sous les yeux des savants les magnifiques séries de fossiles qu'il avait depuis longtemps préparées.
Cette collection, qui à son arrivée à l'École des Mines ne comprenait que quelques vitrines, remplissait maintenant 17 salles représentant une superficie de près de mille mètres carrés. Par le nombre et le choix des échantillons, par leur arrangement méthodique et par les commodités qu'elle offrait à l'étude, cette collection venait se placer d'emblée au premier rang des collections similaires.
Grâce aux indications données par Bayle, l'aménagement des salles a été fait d'une manière essentiellement pratique ; tous les échantillons sont bien et facilement visibles, et si la division en petites salles n'a pas laissé l'architecte libre de « faire grand », en revanche, elle a permis de multiplier les surfaces d'exposition, qui représentent la partie réellement utile des collections. Depuis, on a édifié à grands frais, et pour y installer des collections analogues, des monuments qui frappent certainement la vue par leurs dimensions et leurs proportions architecturales ; mais si leurs grandes salles peuvent faire l'orgueil des architectes, elles font le désespoir de ceux qui vont y travailler. Au point de vue de la commodité de l'étude et de la facilité du travail, la disposition adoptée à l'École des Mines s'est montrée et est restée infiniment supérieure.
Pour bien se rendre compte de l'importance de la collection que Bayle a pour ainsi dire constituée de toutes pièces, il suffira de citer quelques chiffres : les armoires vitrées disposées tout autour des salles sont au nombre de 368, représentant une surface de 402 mètres carrés; le nombre des vitrines horizontales est de 420, avec une surface de 241 mètres carrés, ce qui porte à 650 mètres environ la surface totale disponible pour l'exposition des échantillons. Cette surface permet d'exposer au moins un carton de chaque espèces et d'y ajouter le plus souvent les variétés les plus intéressantes. Ajoutons que les tiroirs des tables et ceux du pourtour sont au nombre de 4.104 représentant une surface de 800 mètres carrés, et portant la surface totale disponible à 1.450 mètres carrés.
Si je suis entré dans tous ces détails, c'est que l'organisation de cette collection est l'oeuvre capitale de Bayle, oeuvre, il faut bien le dire, toute de dévouement à la science. Il lui a consacré tout son temps et toute son intelligence, négligeant, pour la mener à bonne fin, les travaux personnels qui lui eussent certainement rapporté pendant sa vie plus d'honneur et de profit ; il ne se faisait, du reste, aucune illusion sur ce point et il n'ignorait pas que, malgré son importance, l'oeuvre qu'il éditait ne pourrait étre appréciée à sa vraie valeur que par un bien petit nombre de savants. Sans exagération, on peut dire que, toute sa vie, il a travaillé pour les autres.
On comprend maintenant pourquoi l'oeuvre écrite de Bayle a été relativement si peu importante ; depuis ses derniers travaux sur les Rudistes, en 1856, il n'a pour ainsi dire rien publié ; l'Atlas du quatrième volume de l'Explication de la carte géologique de la France, consacré aux fossiles caractéristiques des terrains, parait sans texte en 1878, avec une simple explication des planches. A peine pourrons-nous relever encore quelques courtes notes publiées vers la même époque dans le Journal de Conchyliologie et relatives surtout à des rectifications de noms de genres qui n'étaient pas conformes aux règles de la nomenclature.
Depuis longtemps, il se préoccupait de cette réforme à apporter aux dénominations habituellement employées en paléontologie; il ne suffisait pas, en effet, d'exposer aux yeux du public de belles séries de fossiles, il fallait encore indiquer les noms qu'ils devaient porter ; mais jamais Bayle ne put se résigner à le faire sans vérifier rigoureusement l'exactitude de leur état civil. C'était là un travail considérable et qui nécessitait la révision de tous les travaux paléontologiqucs publiés depuis plus d'un siècle ; il n'hésita pas à l'entreprendre, et avec l'aide de Bayan il commença un relevé complet par fiches de tous les fossiles décrits ou figures. Pendant de longues années, il a poursuivi ce travail et il a réuni ainsi dans son laboratoire de l'École des Mines un nombre de fiches considérable : mais la tâche excédait les forces d'un homme, et Bayle a dû laisser cette oeuvre inachevée; même dans cet état incomplet, elle constitue une mine de renseignements précieux et elle a souvent rendu de sérieux services aux paléontologues. Il serait vivement à souhaiter que ce travail put être un jour repris et mené à bonne fin.
L'âge de la retraite vint, en 1881, surprendre Bayle on pleine activité de travail ; il n'en continua pas moins à fréquenter assidûment ce laboratoire où il avait passé de si longues années. Puis la maladie vint, son activité se ralentit, et il fut peu à peu obligé de renoncer à ses occupations préférées.
Tous ceux qui l'ont connu savent que, toute sa vie, il eut à lutter contre des difficultés matérielles de toute nature : la science était pour lui un refuge et une diversion à ses tristes préoccupations. Vers la fin de sa vie il avait retrouvé le calme et la tranquillité auprès de son gendre et de sa fille qu'il adorait, et qui l'entourèrent des soins les plus dévoués. C'est là que la mort vint le frapper presque subitement, le 17 janvier 1895.
Nous avons cherché à faire ressortir toute l'importance de l'oeuvre de celui qui fut notre maître pendant de longues années; comme nous l'avons dit plus haut, cette oeuvre fut toute de dévouement à la science; malheureusement pour sa mémoire elle est anonyme et, quand ceux qui l'ont connu auront disparu à leur tour, rien ne restera pour rappeler le nom de celui qui a élevé à la science un monument aussi considérable. C'était pour nous un devoir de mettre en lumière la part capitale qui revient à Bayle dans la création de la collection de paléontologie de l'École des Mines, afin que ceux qui viendront plus tard consulter et utiliser les admirables matériaux d'études qu'il a su réunir puissent faire remonter jusqu'à lui le juste tribut de leur reconnaissance.
Les principales collections réunies par Bayle à l'Ecole des Mines
Collection de Koninck comprenant des types du calcaire carbonifère belge (donnée en 1846)
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Voir aussi le rôle de Bayle dans le création de l'Association des anciens élèves de l'Ecole des Mines.