Louis Paul Urbain LE VERRIER (1848-1907)

Fils de Urbain LE VERRIER (X 1831), connu pour ses travaux d'astronomie et ses démêlés avec Delaunay. Fils de Marie Lucile Clotilde CHOQUET.
Marié à Jeanne Félicie Magdelaine CONTE-GRANDCHAMPS.
Père de Pierre Victor Joseph LE VERRIER (1882-1964, X 1902 corps des ponts et chaussées). Frère de Jean Charles Léon LE VERRIER (né en 1838 ; X 1856 corps des mines).

Ancien élève de Polytechnique (promotion 1867, entré classé 9 et sorti classé 3 sur 124 élèves) et de l'Ecole des mines de Paris. Corps des mines. Professeur de chimie minérale et de métallurgie à l'Ecole des mines de Saint-Etienne de 1876 à 1887. Professeur du cours préparatoire de physique à l'Ecole des mines de Paris du 30/10/1893 à son décès survenu le 2/6/1907 (en parallèle, il enseignait la métallurgie au CNAM à partir de 1890).

Son ami Pierre TERMIER, qui avait pour lui une grande estime, lui dedicace en 1889 un minéral, la Leverrierite.


Nous reproduisons ici une courte biographie publiée par Ingénieurs civils (1907) :

Le Comité supérieur de rédaction du Génie Civil vient de faire une nouvelle perte en la personne de M. Urbain Le Verrier, décédé à Eaubonne, près de Paris, le 2 juin 1907, à la suite d'une longue et douloureuse maladie.

Fils du grand astronome, M. Le Verrier était né à Paris le 7 novembre 1848. Il était entré à l'École Polytechnique à l'âge de dix-huit ans et avait été nommé Ingénieur au Corps des Mines en 1872. Après avoir, pendant de longues années, professé les cours de métallurgie, de chimie et de préparation mécanique des minerais à l'École des Mines de Saint-Étienne, il fut nommé Ingénieur en chef à Marseille, en 1888, où il professa en même temps le cours de minéralogie a la Faculté des Sciences de cette ville.

En 1890, lors de la création de ce cours au Conservatoire des Arts et Métiers, il avait été nommé professeur de métallurgie et travail des métaux. L'année dernière, la maladie l'avait déjà obligé à se faire suppléer dans ce cours et il avait désigné lui-même à cet effet notre collaborateur M. Léon Guillet.

M. Le Verrier était également, depuis 1893, professeur aux cours préparatoires de l'École supérieure des Mines, où il était chargé du cours de physique.

Comme on le voit, M. Le Verrier a fourni une brillante carrière de professeur. Il a publié des travaux très estimés, notamment ses cours de l'école des Mines de Saint-Etienne et divers ouvrages sur les procédés de chauffage, la fonderie, l'électrométallurgie, etc. Il était chevalier de la Légion d'honneur.

Sa perte a été vivement ressentie par tous ses collègues du Comité supérieur du Génie Civil, qui avaient pour lui la plus grande estime.


[D'après André Thépot, Les Ingénieurs des mines du XIXème siècle] : En 1899, Urbain Le Verrier va en Russie en compagnie de techniciens belges, rechercher de la houille dans les domaines du prince Kolgorouki.


Publié dans Entre l'Etat et l'usine, l'Ecole des mines de Saint-Etienne au XIXe siècle, par Anne-Françoise GARÇON, Presses Univ. de Rennes, 2004 :

L'école [des mines de Paris] vécut un conflit sourd de 1884 à 1887, tandis que se préparait la succession de LAN à la chaire de métallurgie, un conflit qui porta entre autres sur le rapport entre sciences et industrie, et qui se solda par l'évincement d'Urbain LE VERRIER, le protagoniste malheureux de cette affaire [LE VERRIER était partisan d'une ligne d'action qui n'écrasait pas la pratique au nom de la science]. Géologue et métallurgiste à l'instar de GRUNER, Urbain LE VERRRIER exerçait ses talents à la chaire de chimie et de métallurgie de Saint-Etienne depuis 1875. "Il a le feu sacré ; il sait communiquer autour de lui", observait-on de lui. Avec l'aide des industriels de la région, il avait mis sur pied un bureau d'essais qui s'imposa rapidement autour des divers partenaires et clients comme outil de vérification. Ce pourquoi on le félicita :

La ville de Saint-Etienne et toutes les grandes usines possèdent des laboratoires spéciaux [...]. L'industrie métallurgique ne peut se paintenir dans la Loire qu'à condition de se lancer de plus en plus dans des fabrications spéciales qui réclament souvent le contrôle d'analyses délicates. On peut citer comme exemple les recherches faites par M. Le Verrier sur le dosage du chrome. (ADL, 106 J 10 001, 19 mai 1888)

On l'aura compris, l'ingénieur poursuivait la tradition de collaboration en réseaux qui s'était instituée dans la région stéphanoise autour de la métallurgie, travaillant avec POURCEL à Terrenoire, citant à maintes reprises EUVERTE dans son cours de métallurgie ...

Le Verrier se porta candidat à la chaire de métallurgie de l'Ecole des mines de Paris, et, facteur a priori favorable, il reçut le soutien de HATON DE LA GOUPILLIERE. HATON connaissait bien l'Ecole des mines de Saint-Etienne ... Une partie de son oeuvre consista à instaurer à l'Ecole des mines de Paris les méthodes qui avaient fait leurs preuves à Saint-Etienne, concernant les Mines et la Métallurgie, et travailler à constituer autour de l'Ecole parisienne des "espaces techniques", lieux de travail, de discussion, d'appréhension sur un mode scientifique des matériaux, outils et procédés.

Présentée en première ligne par le conseil de l'Ecole des mines de Paris en 1885, la candidature d'Urbain LE VERRIER cadrait parfaitement avec ce mode de travail, scientifique et technique, individuel et collectif, public et privé. Le transfert n'eut pas lieu, pourtant. La candidature du professeur stéphanois fut repoussée, "d'autres combinaisons ayant prévalu". La manière dont HATON note l'échec, laisse percer un regret. LODIN qui avait assuré l'intérim de LAN pendant sa direction de l'Ecole (de 1883 à sa mort en 1885) hérita de sa place, un ingénieur précis, rigoureux, d'une très grande honnêteté scientifique, mais terne dans son enseignement et sans projet théorico-scientifique, a fortiori sans philosophie.

Etait-ce le signe d'un déport d'intérêt, une manière de faire perdre sa couronne à la chaire de métallurgie au profit de la chaire toute neuve de chimie industrielle ? Henry LE CHATELIER remplaça-t-il Urbain LE VERRIER dans l'esprit des dirigeants de l'Ecole ? ...


Urbain Le Verrier, élève de Polytechnique
(C) Photo Collections Ecole polytechnique


Jean Charles Léon LE VERRIER (X 1856 corps des mines, frère de Urbain), élève de l'Ecole des Mines de Paris. Il enseigna au début de sa carrière l'Exploitation des mines et la Physique à l'Ecole des Arts Industriels. De 1867 à 1870, il dirigea une entreprise sucrière à Doullens, qui fit faillite. (Source : André Thépot).
(C) Photo collections ENSMP