Publié dans ABC MINES, bulletin no 26, juin 2005
Pendant ce temps, « l'Ecole de Prospection » passait sous la direction de Cyrille Dumoulin, géologue, entré au CEA dés 1945. Sous le nom de CIPRA (Centre International d'enseignement en Prospection et valorisation des minerais RAdioactifs industriels), dont les diplômes étaient homologués par l'Etat, elle formera des spécialistes de divers niveaux venus du monde entier (65 nationalités !), et ne fermera ses portes qu'en 1987. Mais Jean Sarcia était un baroudeur, un homme d'action que motivaient surtout le plaisir de la découverte et le désir de répondre à de nouveaux challenges. L'occasion lui en est bientôt offerte avec l'arrêt des essais nucléaires en surface et leur remplacement par des essais souterrains, d'abord au Sahara, ensuite en Polynésie. La Division Minière du CEA était devenue la COGEMA (maintenant AREVA), et les implications mécaniques et écologiques de ces essais nécessitaient la création d'un nouveau département, le Service Géotechnique. Jacques Mabile, un grand nom du Corps des Mines, qui était alors directeur de la COGEMA, lui laissa en 1966 la liberté de créer et organiser ce nouveau service. La « bande à Sarcia », soit une douzaine de personnes, secrétariat compris, dut faire face à des problèmes totalement nouveaux, faisant notamment appel aux techniques les plus avancées de la géophysique et de la géochimie de l'époque, et devant sans cesse inventer de nouveau appareils pour répondre au risque nucléaire ; travail qui a eu de grandes retombées scientifiques, par exemple sur le problème si important des impactites, mais qui, couvert en grande partie par le « Secret Défense », n'a pas eu beaucoup de retombées médiatiques pour ses auteurs. Le nom de Jean Sarcia est ainsi moins connu du grand public que ceux de son camarade de guerre Hubert Curien ou de son ami Claude Guillemin, mais, comme eux, il fait partie de ce petit groupe d'hommes et de femmes qui, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, prirent une part très active au redressement de notre pays.
Il eut une retraite très organisée, gardant des contacts étroits avec les anciens de la Seconde Guerre mondiale (présidence ou vice-présidence de diverses associations) et avec l'Armée. qui lui rendit les honneurs militaires en l'Eglise du Val de Grâce le 15 novembre dernier. Membre de l'ABC Mines dés la première heure, il portait notamment un grand intérêt au Musée, ayant notamment directement participé à l'enrichissement des collections de minéraux uranifères. Le Musée lui doit aussi les deux magnifiques roses des sables du Sahara (« Gypse », Guemar et Ain Salah ), exposées en salle A (près de la porte d'entrée, à droite en entrant). C'est avec lui un grand témoin de l'« Age d'Or » du CEA qui vient de disparaître. Au nom d'ABC Mines, nous adressons nos condoléances les plus sincères à son épouse, Jacqueline A. Sarcia, et à sa fille Catherine Sarcia-Roche, avocate au barreau de Paris, dont l'aide nous a été précieuse pour la rédaction de cette notice. En leur nom, ainsi qu'en celui d'ABC Mines, nous remercions aussi deux survivants des « temps héroïques » du CEA, Cyrille Dumoulin et Valéry Ziegler, un de ses tous premiers collaborateurs à Saint Symphorien de Marmagne.
Cyrille Dumoulin a créé à Ambazac un Musée Minéralogique qui expose une pétrologie « esthétique » de 3000 minéraux et 500 roches, dans un environnement original et très moderne. Un espace important est consacré à l'"uranium, sa prospection et industrie minière. Des milliers d'échantillons « de terrain », provenant des campagnes de prospection du CEA, sont archivés et disponibles pour recherches. Entrée du Musée : 5, Avenue de la Libération. Ambazac. Tel : 05 55 56 59 14 |