Ancien élève de l'Ecole polytechnique (promotion 1871 ; entré classé 3ème, sorti classé 4ème sur 93 diplômés), et de l'Ecole des Mines de Paris (de 1874 à 1877 ; sorti classé 2ème juste derrière Kuss). Corps des mines.
Né le 23 janvier 1852 à Paris. Décédé le 25 juillet 1910 près de Gorcy.
Fils de Gustave ROLLAND (1809-1871 ; X 1827 ; capitaine du génie et député) et de Bernardine Marie Léonie DAUSSE. Petit-fils de Joseph Dominique Jean Baptiste Félix ROLLAND, propriétaire dans la Moselle, et de son épouse Joséphine. Neveu de Eugène ROLLAND (1812-1885 ; X 1830 ; directeur général des tabacs et poudres, inventeur du torréfacteur, inventeur de la théorie des régulateurs isochrones et d'un procédé de fabrication de la soude, membre de l'Académie des sciences).
Georges ROLLAND participa dès 1877 au service des machines à vapeur de l'Exposition Universelle.
Georges ROLLAND est surtout connu pour avoir administré diverses sociétés industrielles. En 1893, il est le premier ingénieur du corps des mines qui devient administrateur délégué d'une société métallurgique : celle de Gorcy. Son nom rete attaché aux sondages de la région des chotts algériens par la création d'oasis à culture de palmiers-dattiers. Ses travaux géologiques ont conduit à la découverte du bassin ferrifère de BRIEY. Il avait le grade d'ingénieur en chef des mines au moment de son décès.
En 1903, Georges ROLLAND est le premier ingénieur du corps des mines qui devient l'un des 15 membres de la Commission de direction du Comité des forges. Il était alors président de la société des Aciéries de Longwy.
Bulletin de l'Association des anciens élèves de l'Ecole des Mines de Paris, novembre 1910 :
Georges Rolland, ancien ingénieur en chef des Mines, ancien membre de notre Association amicale, est décédé le 25 juillet 1910, à l'âge de 58 ans.
De nombreux discours ont été prononcés sur sa tombe à Gorcy, en Meurthe-et-Moselle, où, transporté de Paris dans un état de santé qui ne donnait plus guère d'espoir, il est venu s'éteindre au milieu de sa famille, de ses amis intimes et des ouvriers de l'usine de Gorcy, ses humbles collaborateurs, qu'il a voulu revoir. Depuis plusieurs années, en effet, un mal implacable l'avait frappé, et le retenait à Paris éloigné de sa bonne usine de Gorcy.
Quels regrets sincères il a laissés dans ce pays de Meurthe-et-Moselle, son camarade et ami, M. Lebrun, député de l'arrondissement, l'a dit en ces termes : « Ce que notre région pleure en lui c'est d'abord le bon citoyen qui, toute sa vie, ne connut qu'une loi, le travail, et qui s'était imposé le noble idéal de faire tourner, au profit de son pays, les résultats féconds des recherches d'une intelligence d'élite, appliquées dans un obstiné labeur.
» Soit que dans les plaines désertiques du Sud-Algérien, il tournât sa science d'ingénieur vers la recherche et l'amenée des eaux appelées à féconder un sol jusque là ingrat, ou bien que, dans cette région même dont il était devenu, par une sorte de merveilleuse prédestination, le fils adoptif, il s'ingéniât à deviner, à pressentir les richesses enfouies dans notre sol, et par conséquent à en préparer, et à en faciliter la mise en valeur; ou qu'encore il associât sa fortune et son nom à des entreprises géographiques ou coloniales, d'où la France devait tirer honneur et profit, partout et toujours, il était hanté par la grandeur du pays, et il avait la constante préoccupation d'y travailler de toutes ses forces dans les divers domaines où s'exerçait son activité ».
Membre et administrateur de nombreuses sociétés industrielles, Georges Rolland est partout regretté et en quels termes !
Le représentant de la Société des Vétérans s'exprime en ces termes: « Au souvenir de ce grand Français, de ce savant, de cet érudit, de ce penseur, la Société des Vétérans toute entière, et particulièrement la Section de Longwy, viennent avec révérence manifester leur douleur extrême, et déposer devant ce glorieux tombeau, à l'ombre de leur drapeau, l'humble palme de leur souvenir et de leur reconnaissance ».
La Société des Aciéries de Longwy, dont Rolland était le président, rend hommage à sa mémoire par la bouche de M. Dreux, administrateur-directeur de ladite société et son ami, qui s'exprime ainsi : « Georges Rolland est né à Paris, en 1852. Les dons exceptionnels dont l'avait gratifié la nature se révélèrent de bonne heure sous la direction ferme et éclairée de son père, ancien officier du Génie. Il fit de brillantes études : il se présenta très jeune simultanément à l'École Navale et à l'École Polytechnique. Reçu premier à l'École Navale, deuxième à l'École Polytechnique, il opta pour cette dernière. Entré ensuite à l'École Supérieure des Mines, il en sortit avec le numéro un. [D'après les registres matricules des écoles, il entra classé 3ème à Polytechnique et sortit classé 2ème des Mines].
» Peu de temps après sa nomination en qualité d'ingénieur au Corps des Mines, il fut attaché au cabinet de M. de Freycinet, ministre des Travaux Publics, et bientôt obtint de faire partie d'une des grandes commissions techniques chargée d'étudier le chemin de fer Transsaharien. [Au sujet du Transsaharien et des missions Flatters, voir aussi la biographie de Jules Roche rédigée par Georges Rolland].
» Il accompagna cette commission dans toutes ses explorations, et la part qu'il prit à ses travaux fut des plus importantes. S'attachant particulièrement à l'étude de l'hydrographie de l'immense région que devait traverser la voie transsaharienne, il observa spécialement le régime des eaux souterraines, et se rendit compte du parti qu'on pouvait en tirer. Il s'agissait de créer, par des moyens artificiels, des sources jaillissantes destinées à féconder les sables arides du désert. C'est ainsi qu'il fit exécuter avec plein succès de nombreux sondages, dont les eaux baignent aujourd'hui de vastes étendues de terrains. Grâce à cette initiative intelligente et hardie, la végétation surgit au milieu du Sahara ; ainsi se trouvait créée la magnifique oasis de l'Oued-Rhir, au sud de Biskra, qui compte actuellement plus de cent mille palmiers-dattiers en plein rapport, et constitue maintenant une richesse agricole de premier ordre.
» Cette oeuvre si intéressante et la participation si distinguée qu'il prit aux travaux de la commission du Transsaharien valurent à Georges Rolland d'être nommé chevalier de la Légion d'honneur à trente-deux ans.
» L'étude de ces grands problèmes africains ne suffisait pas à absorber l'activité de Georges Rolland. Nommé ingénieur en chef des Mines, il avait été attaché au service de la carte géologique, et fut chargé spécialement de dresser la carte de notre région. Il eut ainsi l'occasion de faire une étude approfondie de nos richesses minières, et en particulier de ce nouveau bassin de Briey, à la découverte duquel il prit la part importante que l'on sait. Il entreprit en effet, au nom de la Société Métallurgique de Gorcy, des recherches et des sondages qui aboutirent à des résultats favorables et à l'octroi d'une belle concession au centre du nouveau gisement.
» Sa magnifique carte géologique, donnant la topographie souterraine de ce riche et précieux gisement, figura à l'exposition de 1900, et obtint un grand prix.
» D'autres distinctions non moins flatteuses furent décernées à notre savant et regretté ami. Déjà, il avait été nommé officier de l'Instruction Publique, officier du Mérite Agricole, commandeur du Nicham. Pour reconnaître ses éminents services, le Gouvernement lui décerna en 1898 la rosette d'officier de la Légion d'honneur. Enfin, il y a un an environ, l'Académie des Sciences, qui avait antérieurement couronné ses importants travaux hydrographiques du Sahara, lui accorda une médaille d'or pour ses belles études géologiques, et particulièrement pour sa participation si remarquable à la découverte du bassin de Briey ».
M. Dreux s'étend ensuite sur le rôle actif et bientôt prépondérant que Georges Rolland joua dans l'industrie métallurgique lorraine, quand il eut résigné ses fonctions d'ingénieur du corps des mines, et insiste sur le vaste champ où il put alors exercer ses belles facultés, et, arrivant à l'époque où l'atteignit la terrible maladie, qui l'immobilisa pendant plusieurs années, il s'exprime ainsi :
« Le mal implacable qui le frappa, il y a une dizaine d'années, n'avait nullement tari en lui les sources de sa belle intelligence ni ralenti l'activité de son esprit. Il suivait à distance la marche de notre Société, s'intéressant à toutes les grandes questions dont notre Conseil était saisi, ne manquant jamais de donner, dans les circonstances importantes, son avis éclairé et judicieux. Depuis plusieurs années, son état de santé lui interdisait de venir assister à nos séances à Mont Saint-Martin, mais notre Conseil se transportait plusieurs fois par an auprès de lui et se réunissait sous sa présidence.
» Ces réunions avaient pour lui un attrait et un charme qu'il ne songeait pas à dissimuler : il se montrait heureux de pouvoir se retrouver au milieu de nous, de participer à nos délibérations et de concourir ainsi à la bonne gestion de notre Société. »
C'est le même état d'esprit qu'on retrouve chez Georges Rolland dans sa gestion, comme président du Comité de la Société des 30 % des Mines de Marles.
M. Dreux termine son remarquable discours par des paroles qui résument le côté moral de cet homme de bien, que regretteront à jamais ceux qui ont vécu dans son intimité et ont pu l'apprécier et l'aimer : « Vous parlerai-je maintenant des belles qualités de l'homme ? de cette bonté native qui s'exprimait, sur sa physionomie si sympathique, par un sourire toujours bienveillant ? de sa générosité qui se manifestait en toutes occasions sous les formes les plus variées et les plus délicates. »
De cet exposé se dégagent clairement la figure et le caractère de notre ancien camarade, qu'il m'a été donné de connaître depuis plus de trente ans, et dont j'ai pu apprécier les sentiments élevés, qui viennent d'être exprimés. Sa bonté et sa bienveillance étaient inépuisables, et malgré les souffrances physiques qu'il supportait, dans ses dernières années, avec tant de stoïcisme, il recevait avec aménité tous ceux qui venaient l'entretenir des questions qui l'intéressaient, et il se faisait rendre compte par eux de toutes les affaires qui continuaient à le préoccuper.
Le camarade que nous pleurons était un homme de haut caractère, un savant auquel ont rendu hommage les hommes les plus considérables ; il fut le véritable inventeur du bassin minier de Briey, une des grandes richesses de l'Est de la France.
E. CHEVALIER.
22/6/2004 : M. Banouh NOUH-MEFNOUNE
Page maintenue par R. Mahl.
Graffitis laissés par une équipe d'élèves de l'Ecole des mines de Paris dans les catacombes, probablement en juillet 1876. On reconnaît le nom de Rolland.
Crédits photographiques : Ecole des mines de Paris et Aymeline Wrona. Photo réalisée sur une idée de Gilles Thomas.
Voir aussi : Les murs de l'histoire / L'histoire des murs, par Gilles Thomas