Ingénieur civil des mines de la promotion 1871 de l'Ecole des Mines de Paris.
Bulletin de l'Association des Anciens élèves de l'Ecole des Mines de Paris, janvier 1913
La mort vient de frapper un des nôtres dont le nom, universellement connu, était vénéré de tous nos camarades et de tous les ingénieurs s'occupant d'études industrielles, car tous étaient certains de trouver dans ses ouvrages ou d'obtenir de lui des renseignements précis et toujours complets sur la question qui les préoccupait : Gustave RICHARD est mort le 2l décembre dernier, et sa mort est un véritable deuil pour ceux qui l'ont connu.
Il est entré à l'École des Mines en 1871, et fut d'abord ingénieur au chemin de fer du Nord de 1877 à 1882, puis directeur de l'usine de la Société de constructions mécaniques de 1882 à 1895 ; il occupa enfin les fonctions d'agent général de la Société d'Encouragement pour l'Industrie nationale, qu'il conserva jusqu'à son décès.
Au nom de l'Association amicale des anciens Élèves de l'École des Mines, je viens dire à mon tour tout le chagrin que ses camarades de promotion, que tous nos camarades, sans exception, puis je dire, ont éprouvé en apprenant la mort de cet ingénieur aimé et estimé entre tous qu'était Gustave RICHARD.
Il a fait partie de notre Comité à diverses reprises ; mais, si je viens ici lui apporter les derniers adieux, ce n'est pas tant pour rappeler sa collaboration à notre Comité que pour dire le dévouement qu'il n'a cessé de prodiguer à notre Association et dont il donnait tant de preuves à tous les camarades qui venaient faire appel à son obligeance inlassable ou à sa science inépuisable.
Depuis les temps déjà lointains, remontant à trente-cinq ans bientôt, où nous débutions ensemble dans le service du Matériel et de la Traction du Chemin de fer du Nord, nous nous sommes liés d'une amitié qui ne s'est jamais démentie, et c'est ainsi qu'il m'a été donné, pendant cette longue période de temps, d'apprécier l'élévation de son caractère, les hautes qualités de son coeur, la vaste étendue de ses connaissances, la netteté et la largeur de compréhension de sa belle intelligence. J'assistais en même temps, avec une admiration émue, à ce labeur incessant poursuivi pendant quarante ans avec la patience et le dévouement du véritable savant qui s'est donné tout entier à ses études et ne vit que pour elles.
Dans toute la force du terme, il était un véritable bénédictin laïque, le digne continuateur de ces grands religieux d'autrefois, car il apportait à leur exemple, dans ces travaux d'érudition industrielle auxquels il a consacré toute sa vie, ces hautes qualités de probité intellectuelle, de précision et de méthode, de recherches patientes et désintéressées, et pour tout dire en un mot, d'abnégation et de dévouement qui ont immortalisé leur nom.
Et c'est ainsi qu'il accumulait les ouvrages de longue haleine, les mémoires et les articles de grandes Revues techniques, et l'énumération en est tellement longue qu'il serait impossible de la rappeler ici. Après la publication du Manuel du Mécanicien conducteur de locomotives pour lequel j'ai eu l'honneur d'être son collaborateur, il devenait un des principaux rédacteurs de la Revue générale des Chemins de fer, et plus tard, de La Lumière électrique ; il publiait ensuite ses grands ouvrages sur les Moteurs à gaz, les Machines-Outils, ses études de mécanique dans le Bulletin de la Société d'Encouragement, et fondait enfin la Revue mécanique, dont il est resté l'âme dirigeante jusqu'à ses derniers jours, et dont il assurait la prospérité toujours croissante.
Il a pu aborder avec une maîtrise incontestée les sujets scientifiques ou industriels les plus divers, dans toutes ses publications aussi bien que dans ses communications et conférences de la Société d'Encouragement, que nous écoutions toujours avec tant de plaisir ; il savait en effet exposer avec une lucidité merveilleuse les questions les plus difficiles à saisir, y mettre en évidence le point le plus important, en souligner avec finesse les côtés discutables, se révéler en un mot critique avisé et compétent, en même temps qu'il restait pour les écrivains de vulgarisation un modèle inimitable.
Et maintenant cette belle intelligence nous est ravie, le travailleur infatigable s'en est allé goûter dans l'Éternité le repos qu'il n'a jamais voulu connaître sur la terre, et nous, ses amis, nous restons accablés du coup qui nous frappe, unissant nos regrets à ceux de la digne compagne de sa vie et du fils aimé qui le pleurent aujourd'hui en même temps que revit en eux la douleur du deuil cruel qui les frappait déjà il y a quelques années seulement.
Ah ! certes, nous savons qu'il n'est pas de consolation pour ces douleurs qui ne peuvent pas être consolées ; mais qu'il nous soit permis d'espérer toutefois que ceux qui pleurent trouveront quelque adoucissement à leur chagrin dans la pensée de la sympathie affectueuse qui les entoure. Qu'ils se disent aussi qu'il n'est pas parti tout entier et qu'il ne saurait les abandonner tout à fait : la foi chrétienne qui a inspiré sa vie, d'accord en cela avec toutes les traditions de l'humanité, enseigne à ses fidèles que le passage de la mort transforme la vie sans la détruire, et la science positive proclame à son tour la permanence de l'énergie dans toutes ses manifestations quelles qu'elles soient ; nous pouvons en conclure dès lors que l'âme humaine, qui est l'énergie sous sa forme la plus haute, ne peut pas s'évanouir tout à fait lorsqu'elle disparaît du plan matériel qui seul est accessible à nos yeux.
Que cette pensée vous console, vous qui pleurez; dites-vous également que nous tous, ses camarades et amis, nous souffrons avec vous, que nous regrettons et admirons cet éminent savant, à l'intelligence et au coeur d'élite, qui a traversé la vie en travaillant ; il n'a jamais eu d'autre désir que d'être utile aux étudiants qui voudront aborder après lui les sujets qu'il a si bien étudiés, et sa mémoire respectée vivra continuellement dans leur souvenir reconnaissant.
Extrait du Bulletin de la Société d'Encouragement pour l'Industrie Nationale.
Notre Société vient d'être cruellement frappée par la mort de son Agent général, Gustave RICHARD, qui a été enlevé le 21 décembre dernier à l'affection de sa famille et de ses amis, et même, on peut le dire, de tous les membres de notre Société qui ont eu l'occasion de se trouver en relation avec lui et de faire appel à sa science vraiment inépuisable et à son obligeance inlassable.
Né à Dunkerque, le 26 novembre 1849, Gustave RICHARD fit ses études au collège Saint-Jean de Douai, puis à Paris à l'école Sainte-Barbe et au lycée Fontanes. Reçu en 1871 à l'École des Mines et à l'École centrale, il opta pour l'École des Mines d'où il sortit en 1874 avec le diplôme d'ingénieur.
Notre collègue, M. SAUVAGE, qui a été le contemporain de Gustave RICHARD à l'École des Mines de Paris, vient de publier dans la Revue de Mécanique une notice nécrologique sur notre regretté camarade ; nous en reproduisons ici l'extrait suivant, apportant le résumé encore incomplet du labeur immense qu'il a fourni au cours d'une carrière de quarante années de travail ininterrompu.
« Il commença sa carrière active dans les ateliers Gouïn (aujourd'hui Société de construction des Batignolles). Dès cette époque, ses qualités d'ordre, de méthode, et ses facultés d'exposition avaient attiré l'attention de ses professeurs, qui le jugeaient très apte à l'enseignement; ils le désignèrent à l'empereur du Brésil, qui s'occupait d'organiser des écoles techniques dans son empire. Il en résulta des pourparlers que le récent mariage de RICHARD empêcha d'aboutir. Sans doute il eût acquis au Brésil une importante situation, et contribué au bon renom de la France; mais, pour notre part, nous ne pouvons que nous réjouir de l'avoir conservé.
» En 1878, RICHARD entra au service du « matériel et traction » de la Compagnie du chemin de fer du Nord comme dessinateur, puis comme sous-inspecteur, et enfin inspecteur du service central. Là, sous la direction immédiate d'un autre élève bien connu de l'École des Mines, D. BANDERALI, il eut à s'occuper de nombreuses études techniques relatives au matériel du chemin de fer et notamment des questions de freins continus, qui prenaient à ce moment une importance capitale.
» En 1882, il quitta la Compagnie du Nord pour devenir directeur de la Société de constructions mécaniques spéciales. Cette Société s'occupait principalement de la construction des moteurs à gaz Otto, pour le compte de la Société des moteurs à gaz qui vendait ces moteurs. Sous la direction de RICHARD, la Société étendit ses fabrications ; dès 1883, elle construisit les machines frigorifiques à gaz ammoniac du système Fixary, catégorie de machines encore peu connue en France, et dont tous les détails devaient, être l'objet d'études nouvelles; elle entreprit aussi la construction des ascenseurs Crouan et d'un système de chauffage à vapeur. On voit que les appareils nouveaux auquel se consacrait la Société de constructions mecaniques etaient choisis parmi ceux qui devaient, dans un prochain avenir prendre un immense développement.
» En ce qui concerne les moteurs à gaz, on peut citer la construction du premier moteur de 100 chevaux exécuté en France, moteur à quatre cylindres qui figura à l'Exposition universelle de 1889 et qui valut a son auteur la croix de chevalier de la Légion d'honneur. La société appliqua aux moteurs à gaz le gazogène Dawson, encore le début d'une révolution économique.
» Les qualités d'exposition de RICHARD trouvèrent leur application dans la rédaction de rapports et de documents pour un grand procès que la Société qu'il dirigeait eut à soutenir contre MM. Mignon et Rouart, relativement aux moteurs à gaz ; plusieurs de ces rapports constituent de véritables traités, qui exposent de la manière la plus claire et la plus facile à suivre le fonctionnement du moteur.
» En 1891, à l'occasion de la fusion de la Société de constructions mécaniques spéciales et de la Société des moteurs à gaz, et d'un remaniement du personnel qui en fut la conséquence, RICHARD quitta la direction de la première de ces Sociétés, mais il reste attaché à la nouvelle administration en qualité d'ingénieur conseil, jusqu'en 1902.
» La Société d'encouragement pour l'industrie nationale avait élu, en 1891, G. RICHARD membre de son Comité des Arts mécaniques. Il prit une part active aux travaux de ce Comité, et rédigea de nombreux rapports sur les questions qui lui étaient soumises, jusqu'au moment où, en 1894, la Société le choisit pour remplir les fonctions d'Agent général, en lui décernant le titre de membre honoraire du Comité des Arts mécaniques.
» Membre du Comité de la Société des ingénieurs civils de France, il fut appelé en 1904 à la présidence de la 3e section de ce Comité, consacrée à la mécanique et à ses applications. G. RICHARD est l'auteur de nombreux traités bien connus des techniciens. En 1878, il débuta par la traduction d'un ouvrage capital, le Manuel de la machine à vapeur et des autres moteurs, par Rankine.
» L'étude de la locomotive l'attira ensuite et il publia, en 1881, de concert avec BÂCLÉ, le Manuel du mécanicien conducteur de locomotive, puis, en 1886, La chaudière locomotive et son outillage.
» Il a consacré aux moteurs à explosion plusieurs traités dont la succession est justifiée par les rapides progrès de cette classe de machines. Ce sont, en 1885, Les moteurs à gaz; en 1892, Les nouveaux moteurs à gaz et à pétrole, puis Les moteurs à gaz et à pétrole en 1893 et 1894.
» A la suite de l'Exposition de 1889, il publia Les machines frigorifiques et leurs applications, à l'Exposition universelle de 1889.
» Les machines-outils, dont le rôle est capital dans l'industrie moderne, attirèrent depuis longtemps l'attention de RICHARD ; il suivait avec soin les incessants perfectionnements de ces engins variés à l'infini. En 1895 et 1896,il publia son magistral Traité des machines-outils, mine inépuisable de documents que la Société des ingénieurs civils a récompensé de son prix Schneider. En 1902, il fit paraître Les machines-outils à l'Exposition de 1900.
» Citons encore deux traductions, publiées en 1905, Le graissage et les lubrifiants, par L. Archbutt et R. Mountford Deeley, et Découpage, matriçage, poinçonnage et emboutissage, par F. Woodworth.
» Plusieurs fois le Conservatoire des Arts et Métiers fit appel à sa compétence pour des conférences qui eurent un grand succès et qui donnèrent lieu à d'intéressantes publications dans les Annales du Conservatoire. Dans le même recueil, il donna des analyses et des traductions de divers mémoires relatifs à la mécanique ».
En dehors de ces ouvrages déjà si nombreux, Gustave RICHARD a publié une quantité considérable d'articles importants dans les grandes revues techniques qui étaient heureuses de s'assurer sa collaboration, La Revue générale des chemins de fer, La Lumière électrique, puis le Bulletin de notre Société et La Revue de mécanique qui fut fondée sur son initiative en 1897.
Il donna dans notre Bulletin des articles importants rattachés parfois en série tels que La mécanique générale à l'Exposition de Chicago en 1893, et il l'alimenta ensuite d'une façon régulière avec ses notes de mécanique qui étaient toujours lues avec tant de plaisir et d'intérêt. Il créa en même temps dans notre Bulletin, cette littérature des périodiques qui est restée si précieuse pour les chercheurs, car ils y trouvèrent des renseignements nets et précis qu'ils auraient eu tant de peine à se procurer autrement.
Comme secrétaire de la Revue de Mécanique, il était en même temps le principal rédacteur de cette importante publication dont il assura le développement et la prospérité. Ainsi que le remarque M. SAUVAGE, il sut réaliser ce tour de force d'entretenir la Revue de Mécanique d'articles nombreux et intéressants, tout en continuant sa collaboration au Bulletin de la Société d'Encouragement et sans faire tort à celui-ci ; mais il avait su réunir, sur toutes les questions qu'il était susceptible d'étudier, des documents détaillés et précis, grâce auxquels il était toujours en mesure d'en tirer un exposé bien adapté.
Dans ses ouvrages, comme dans ses communications de mécanique qui donnaient tant d'intérêt à nos séances, Gustave RICHARD savait toujours mettre en relief le caractère essentiel du dispositif qu'il exposait, en souligner l'objet ou la raison d'être en montrant comment elle se rattachait au but poursuivi. Et cette description, toujours si claire et lumineuse, était éclairée en même temps par cette érudition profonde qui apportait à point nommé les rapprochements et les comparaisons d'où se dégageait l'appréciation la mieux autorisée. Car Gustave RICHARD, nourri de fortes études théoriques, possédant en même temps des connaissances pratiques acquises par son passage dans les ateliers, savait juger les appareils qu'il décrivait avec une autorité réelle et une compétence incontestée. Sans se départir jamais des sentiments de bienveillance dont il était animé, il savait distinguer le point faible ou le côté douteux de l'appareil qu'il étudiait, en faire ressortir s'il y avait lieu, avec sa bonhomie narquoise, la faiblesse ou l'insuffisance.
On peut dire en un mot que, par son talent d'exposition il était, pour les écrivains et les conférenciers de vulgarisation, un modèle inimitable et lorsque, en 1890, le Gouvernement lui accorda la croix de chevalier de la Légion d'honneur, comme nous le rappelons plus haut, l'attribution de cette distinction méritée fut accueillie par une approbation unanime.
Ajoutons encore qu'à l'occasion de l'Exposition universelle de 1900, il fut désigné comme secrétaire du Congrès de mécanique appliquée, et il présenta à cette occasion un rapport très documenté sur la machine-outil moderne.
De son côté, l'Académie des Sciences, tenant à reconnaître la haute valeur de ses travaux, lui décernait, en 1904, le prix Montyon de mécanique.
Notre vénéré maître, M. HATON DE LA GOUPILLIÈRE, lui portait la plus vive affection ; et lui, qui était bon juge en la matière et qui l'a vu à l'oeuvre, m'écrivait récemment que Gustave RICHARD montrait comme conférencier des qualités de professeur de premier ordre ; il ajoutait qu'il était admirable comme secrétaire du Congrès de 1900. « Il a su alors, en effet, s'assimiler, digérer, filtrer, comme il le disait, une masse énorme de travaux dont il a donné la substance sous une forme très claire et immédiatement compréhensible. »
M. HATON DE LA GOUPILLIÈRE rappelait enfin que pendant qu'il était élève à l'École des Mines, Gustave RICHARD donnait déjà des preuves de ses qualités de compréhension, d'intelligence et de jugement qu'il devait porter plus tard à un si haut degré, et il avait rédigé comme mémoire de voyage, sur les machines Compound en Allemagne, un travail d'un mérite étonnant, qui fut alors particulièrement remarqué par ses professeurs.
En dehors de son talent d'exposition, comme conférencier ou écrivain, Gustave RICHARD s'imposait en même temps à l'admiration par ce labeur incessant qu'il poursuivait sans interruption avec une méthode admirable pour réunir l'énorme quantité de documents qui formaient la base de ses études. Dépouillant un grand nombre de périodiques, il en découpait les passages qui l'intéressaient et les classait dans les dossiers en y joignant les articles et les autres documents qu'il pouvait recueillir. Il constituait ainsi, pour l'étude des questions de mécanique, de précieuses collections qui lui servaient ensuite pour ses analyses et ses articles ; mais il n'hésitait pas, avec une générosité qu'on ne saurait trop admirer, à en faire profiter tous ceux qui avaient recours à son obligeance, et on peut dire que parmi les ingénieurs s'occupant de ces questions, il en est peu qui n'y aient fait appel.
Il en était arrivé à se consacrer tout entier à ces recherches techniques, qu'il a poursuivies pendant quarante ans, sans prendre jamais un instant de repos, montrant ainsi à notre époque un esprit de dévouement comparable à celui de ces savants religieux du moyen âge, qui passaient leur vie dans l'étude et la méditation.
Dans toute la force du terme, il était un véritable bénédictin laïque, le digne continuateur de ces grands religieux d'autrefois, car il apportait, à leur exemple, dans ses travaux d'érudition industrielle, ces habitudes de précision et de méthode, de probité intellectuelle, de recherches patientes et désintéressées et, pour tout dire en un mot, cet esprit d'abnégation qui a immortalisé leur nom.
Toutes ces hautes qualités de travailleur infatigable, de savant universel, de critique fin et avisé, il les a mises au service de notre Société, lorsqu'il fut chargé des fonctions d'agent général en 1894, et nous pouvons dire qu'il lui a consacré le meilleur de son âme, de sa science inépuisable et de son activité infatigable. Dans l'affection qu'il portait à notre Société, il en était arrivé à se confondre avec elle, et il en était devenu peu à peu le rouage essentiel, assurant l'administration de la Société dans tous ses détails, préparant la composition du Bulletin, suscitant les conférenciers, contribuant pour une large part, avec ses connaissances encyclopédiques, à alimenter les travaux de nos Comités.
Ainsi que le rappelle M. le président LINDET, dans l'éloquent discours qu'il prononçait à notre séance solennelle du 24 janvier dernier : « Son activité inlassable et toujours obligeante, sa compétence universelle et toujours prête à nous apporter le renseignement cherché, avaient fait de RICHARD l'homme sur lequel tout le monde ici se reposait. Ses relations industrielles, ses nombreuses lectures et son flair des découvertes nouvelles lui permettaient de réunir bien des éléments qui, élargis en passant par les Comités, devaient former le gros de nos études. Sans doute, il avait sur la rédaction du Bulletin, sur le fonctionnement de la Société, sur la tenue de nos séances, des idées arrêtées qui ont pu, à certains moments, être critiquées par quelques-uns d'entre nous. Mais vouloir empêcher un homme de sa valeur d'avoir une conception personnelle des questions en face desquelles il a vécu et qu'il a eu le temps de méditer, vouloir le priver de tout idéal, revient à étouffer son initiative et à consentir l'abandon des services qu'il peut apporter ; RICHARD ne s'inspirait que du désir de rendre la Société plus grande et considérée, et si l'on soulevait quelques critiques autour de lui, le but qu'il poursuivait l'empêchait de s'en apercevoir. Etranger à toute rancune, à toute intrigue, il aimait profondément même ceux qu'il n'avait pu contenter, car l'affection et la bonté dominaient chez cet être sensible et toujours prêt à se donner. La vivacité, quelquefois un peu libre qu'il communiquait à sa parole dans les conversations intimes était l'émanation de sa franchise et de ses sentiments de révolte vis-à-vis de tout ce qui lui semblait compromission et injustice. Tout être bon ne doit-il pas à sa sensibilité de souffrir des vilaines choses qu'il rencontre sur sa route et la loyauté de caractère ne se traduit-elle pas par des convictions profondes que l'on cherche à faire partager à ceux que l'on aime ? ».
M. LINDET rappelait à cette occasion les paroles que M. le président BERTIN prononçait sur sa tombe, et il voulait bien faire allusion en même temps à celles que j'ai dites alors de mon côté pour apporter à Gustave RICHARD les adieux de notre Association amicale de l'École des Mines qui perd en lui un camarade universellement aimé et respecté.
Tous ceux qui l'ont connu, se rappelant avec émotion l'élévation de son caractère, la vaste étendue de ses connaissances, la netteté et la largeur de compréhension de sa belle intelligence, ont pu apprécier aussi les hautes qualités de son coeur, sa grande bonté, les sacrifices qu'il s'imposait pour rendre service à ceux qui faisaient appel à son obligeance, l'aide discrète qu'il savait donner aux inventeurs malheureux ou à leur famille, et nous tous, ses camarades et amis, nous unissons nos regrets a ceux de la digne compagne de sa vie et du fils aimé qui le pleurent aujourd'hui, pendant que revit en eux la douleur du deuil cruel qui les frappait déjà il y a quelques années seulement.
Nous nous associons tous au jugement autorisé de M. le president LINDET déclarant que Gustave RICHARD a bien mérité de la Société d'Encouragement, nous ajoutons au nom de notre Association amicale des anciens élèves de l'École supérieure des Mines qu'il a également bien mérité d'elle, et mieux encore, qu'il a bien mérité de la science et de l'industrie française, et nous pouvons affirmer, en effet, que ceux qu'il a aidés pendant sa vie, ceux qui après lui voudront aborder les sujets qu'il bien étudiés, reconnaîtront tout ce qu'il a fait pour eux et conserveront sa mémoire respectée dans leur souvenir reconnaissant.
L BÂCLÉ.