Ancien élève de l'Ecole polytechnique (promotion 1904, sorti major), et de l'Ecole des mines de Paris (promotion 1907). Corps des mines.
Petit-fils de Samuel WOLFF (1827-1913 ; X 1845). Fils de Lucien LEVY (1853-1912 ; X 1872 ; examinateur à Polytechnique et géomètre). Epoux de Suzanne Lévy (6/1/1913). Père de Jean-Claude Paul LEVY (né en 1918 ; X 1937), de Denise (épouse de Robert Piron) et de Marie-Helene qui épouse Laurent SCHWARTZ (lui-même devenu professeur de mathématiques à Polytechnique de 1959 à 1980 où il a récupéré la chaire de Paul LEVY, membre de l'Académie des Sciences, médaille Fields, frère de Bertrand Schwartz X-Mines). Grand-père de 2 polytechniciens.
Paul Lévy, qui vient de disparaître le 15 décembre dernier à 85 ans, fut une illustration du Corps des Mines, comme Henri Poincaré avant lui, par le rayonnement de ses travaux mathématiques. Il rendit en outre à son Corps des services éminents comme enseignant, d'abord à l'École Nationale Supérieure des Mines de Saint-Étienne dès 1910, puis à l'École Nationale Supérieure des Mines de Paris où il fut Professeur de 1914 à 1951.
Sorti premier de l'École Polytechnique en 1906, il y revint comme Répétiteur d'analyse en 1913; il y fut nommé Professeur d'analyse en 1920, succédant à M. Humbert. Son cours devait y durer jusqu'en 1959. Il fut nommé ensuite Professeur honoraire.
Il termina sa carrière dans le Corps des Mines comme Ingénieur général.
Il était Commandeur de la Légion d'Honneur et membre de l'Académie des Sciences depuis 1964.
Paul Lévy a été un des plus grands mathématiciens de son temps et c'est un honneur pour le Corps des Mines de lui avoir facilité la pleine réalisation de ses dons exceptionnels. En tant que savant, il a été sans doute l'un des derniers exemples d'individualisme absolu : c'était un chercheur solitaire qui ne se préoccupait que de se poser des problèmes qui l'intéressaient et d'en poursuivre la solution par le seul travail de réflexion intérieure. Il lisait très peu de travaux d'autrui, il ne participait pas aux Congrès internationaux, sauf exceptionnellement à la fin de sa vie. Ses méthodes de travail, artisanales pourrait-on dire, avaient leurs inconvénients : il a souvent retrouvé, sans le savoir, des résultats déjà connus; plus souvent encore il a découvert des résultats importants sans leur donner la publicité nécessaire, parfois parce qu'il les croyait déjà connus. On ne peut nier qu'il y ait eu là des gaspillages d'efforts, mais la contre-partie a été souvent admirable : c'est l'originalité profonde d'une pensée indifférente aux modes et aux écoles et qui n'hésitait pas à se lancer sur des voies absolument nouvelles parce qu'elle ne craignait nullement la solitude. C'est ainsi qu'après avoir été l'un des principaux précurseurs de l'Analyse Fonctionnelle, Paul Lévy a été le grand créateur de la Théorie des Probabilités. On peut dire que la plupart des concepts essentiels de cette théorie dérivent de lui.
Son enseignement à l'École Polytechnique, qui a été d'une durée exceptionnelle, a laissé une trace profonde chez ses innombrables élèves : ils y ont vu un modèle de concision, une exigence vis-à-vis du lecteur qui doit reconnaître toutes les difficultés cachées dans un texte laconique: en somme, une admirable gymnastique intellectuelle. Ajoutons pour la petite histoire que ce cours très classique et peu modifié jusqu'en 1957 ne signifiait pas que Paul Lévy se désintéressât des développements modernes des mathématiques puisqu'il a eu le courage et l'élégance d'entreprendre, dans les deux dernières années de son enseignement, une refonte de son cours pour y introduire le langage et les méthodes les plus récents.
Nous voudrions pour terminer évoquer un souvenir personnel : Paul Lévy nous parlait un jour des conditions dans lesquelles il choisissait les questions sur lesquelles il voulait faire porter ses recherches : « je me pose un problème pas trop difficile », me disait-il, « pour ne pas me casser les dents devant un excès de difficulté, mois pour avoir tout de même un gros effort à faire qui m'occupe et me donne la satisfaction de trouver quelque chose ». On admirera cette modestie mêlée d'orgueil légitime. Ces « problèmes pas trop difficiles » c'étaient, en général des voies nouvelles ouvertes à l'esprit humain.
Jean ULLMO
En 1914, Paul LEVY avait été mobilisé comme capitaine d'artillerie, commandant le poste de défense contre les aéronefs de Roissy-en-France.
Voir aussi :
Paul Lévy, à une réunion du corps professoral de l'Ecole des Mines de Paris, en 1923 (salle Michel Chevalier)
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