Né le 16 octobre 1840, décédé le 21 janvier 1898.
Fils du baron Antoine Pierre HÉLY d'OISSEL (1806-1883 ; conseiller à la cour de cassation, président de la Compagnie de Saint-Gobain de 1852 à 1865) et de Sophie Mélanie FIRINO. Marié en 1865 à Cécile VUITRY (1847-1868), fille de Adolphe VUITRY (1813-1885 il fut préfet, député, conseiller d'Etat, gouverneur de la Banque de France, directeur de la Caisse d'Epargne et de Prévoyance) et de Marie Caroline Jenny BRET, elle-même fille de préfet.
La famille HÉLY d'OISSEL eut plusieurs hauts-fonctionnaires et présidents ou vice-présidents de Saint-Gobain :
Ancien élève de l'Ecole polytechnique (promotion 1860) et de l'Ecole des mines de Paris (promotion 1862 : admis le 8/11/1862, classé 17 des élèves externes ; breveté le 3/6/1865, classé 13). Ingénieur civil des mines. Voir bulletin de notes à l'Ecole des mines.
Paul Frédéric HÉLY d'OISSEL fut Vice-Président de Saint-Gobain et auditeur au Conseil d'Etat. Vice-président de la Société des Sciences morales et politiques.
Bulletin de l'Association amicale des anciens élèves de l'Ecole des Mines, août-septembre 1898.
Paul Hély d'Oissel, après de brillantes études au lycée Bonaparte, entra à l'École Polytechnique (promotion de 1860) et passa ensuite comme élève externe a l'École des Mines d'où il sortit en bon rang.
Son goût pour les études scientifiques ou industrielles n'était pas hérité. Depuis plusieurs générations sa famille avait occupé de hautes charges judiciaires ou administratives (présidence du Parlement de Rouen ou au Conseil d'État). Son père, d'abord conseiller d'État, avait, il est vrai, réservé la dernière partie de sa vie à l'industrie, mais notre camarade y vint du premier pas et, au sortir de l'École, son mariage avec la fille de M. Vuitry, alors ministre présidant le Conseil d'Etat impérial, ne le détourna pas de sa voie.
D'anciennes traditions de famille le dirigèrent naturellement vers la Compagnie de Saint-Gobain dont son père avait été le président et où sa famille avait, depuis près d'un siècle, rendu des services dont le souvenir est resté vivant. Dès sa sortie de l'École des Mines, Paul Hély d'Oissel fut nommé administrateur de cette compagnie. Sa compétence particulière en chimie industrielle y fit de suite apprécier ses services et il ne tarda pas à être nommé Vice-Président de Saint-Gobain. Une autre société, celle des mines de Dourges (Pas-de-Calais) l'avait déjà appelé à la vice-présidence de son Conseil.
D'une rare activité d'esprit, Paul Hély d'Oissel trouvait, en dehors de ses occupations industrielles, le moyen de consacrer une partie de son temps, à des oeuvres et à des études pour lesquelles il s'était passionné. C'est ainsi qu'il avait pris une part considérable à la fondation de l'École libre des sciences politiques qui l'avait nommé Vice-Président de son Conseil d'Administration et dont il suivit avec bonheur, jusqu'à sa mort, les progrès et les succès.
Lorsqu'il y a trente ans, le phylloxéra, détruisant la plupart des vignobles, menaçait de tarir la source de l'une de nos richesses nationales, Paul Hély d'Oissel, attiré en même temps par l'importance de l'oeuvre à accomplir, et par son côté scientifique, se mit au travail, étudiant et cherchant les procédés qui pouvaient avoir chance de réussir dans la lutte contre le fléau. Il créa successivement quatre grands vignobles, trois dans le midi de la France, un en Algérie, véritables champs d'études où les propriétaires voisins puisèrent bien des renseignements. Il fut au premier rang des pionniers qui ont créé la prospérité de la plaine de Bône.
Faut-il rappeler qu'en 1870, Hély d'Oissel fut aussi des premiers à rallier ce bataillon de l'École Polytechnique, dont les services ont été si appréciés pendant le siège de Paris.
Cependant, cette existence si honorablement occupée avait été assombrie par une perte cruelle. Doué de tous les dons qui fixent le bonheur au foyer, le foyer lui a manqué.
Tout jeune encore (il avait 27 ans), il avait perdu sa femme après moins de deux années de mariage. Veuf sans enfants, Hély d'Oissel ne s'était jamais relevé de ce coup, mais son caractère loin d'être aigri par le malheur, semblait en avoir acquis une douceur particulière.
Il dirigea vers la charité toutes les facultés d'un coeur qui avait besoin de tendresse. Nul ne saura ce qu'il a fait de bien, et je craindrais en en divulguant une partie, de manquer à la mémoire de cet humble, qui se cachait de ses bonnes oeuvres avec autant de soin que si elles eussent été de mauvaises actions. Personne mieux que lui n'a pratiqué la vraie charité, celle qui veut être ignorée et ceux qui l'approchaient tous les jours se sont demandés après sa mort comment ils avaient pu vivre des années sans même soupçonner une partie du bien qu'il faisait. L'oeuvre de M. Bonjean, l'asile de Villepinte, ont conservé de lui un souvenir reconnaissant, et que d'orphelins dont il s'occupait comme un père, ont pleuré près de son tombeau !
Il ne m'a pas paru inutile d'insister sur un des côtés qui caractérisaient notre camarade. L'homme était modeste, ne se mettait jamais en avant, et s'attachait partout où il était à faire, sans tapage, de la besogne utile. C'est là un éloge qui n'est pas banal. D'autres, sans doute, ont été plus brillants, il n'en est pas dont l'existence ait été plus utile et plus noble.
Tous ceux qui l'ont connu parleront de sa bonté et de l'élévation de son caractère et pour résumer sa vie on peut dire qu'elle a été faite de travail et de charité.