Ancien élève de l'Ecole Saint-Sigisbert (Nancy), des lycées Hoche et Sainte-Geneviève (Versailles), de l'Ecole polytechnique (promotion 1920, entré classé 15ème et sorti classé 2ème de sa promotion dont le major était Louis CHARVET), et de l'Ecole des Mines de Paris (sorti en 1925, classé 1 sur 2 élèves corpsards). Corps des mines. Voir le bulletin de notes de V. de Metz à l'Ecole des mines.
Né le 28 avril 1902 à Vesoul ; décédé le 31 janvier 1982 à Paris. Fils du général Adalbert de METZ (1867-1946) et de Mme née Marguerite ELIE (1870-1938). Frère de Marie Joseph Gérard de METZ (1898-1918 ; X 1916, mort pour la France à Royallieu quelques mois après sa sortie de Polytechnique). Marié le 10 juillet 1928 à Anne TOUSSAINT de la BOULINIERE, originaire de Lunéville (décédée en 1980).
Père de :
En 1926, il est affecté à Alais (Gard) devenu Alès. Jusqu'en 1945, sa carrière suit, avec quelques années d'écart, celle de Jules Mény ; ils furent tous les deux embauchés par Ernest Mercier, premier président de la CFP. Mercier place d'abord la Steaua "française" sous l'autorité de Marcel Champin (1875-1945 ; X 1894), avec 2 collaborateurs : René de Montaigu et Jules Mény (comme directeur technique). Jules Mény rejoint un gisement irakien en octobre 1927 et doit être remplacé. Sur recommandation de Thibaut de Solages (président des Mines de Carmaux), V. de Metz est recruté et détaché à la Steaua Romana en 1928. Après la mort de Louis Tronchère (1875-1935, X 1896), Victor de Metz est rappelé au siège de la CFP à l'été 1936 (il sera remplacé par Pierre Angot) ; V. de Metz, nommé en mars 1937 "directeur de la CFP" s'occupe alors du traitement financier des affaires. Il négocie début 1939 un emprunt important auprès du banquier Fritz Mannheimer d'Amsterdam. En 1941, il est nommé membre du Comité d'organisation des combustibles présidé par Mény, qui le charge du contrôle de la CFP. En octobre 1943, Marcel Champin est nommé PDG et Victor de Metz DGA de la CFP. En juillet 1945, alors que la mort de Jules Mény n'est pas encore annoncée officiellement, Victor de METZ est nommé PDG de la Compagnie française des Pétroles, avec 2 vice-présidents : René Perrin (1897-1992 ; X 1917) et Robert Cayrol. C'est V. de Metz qui est le créateur du nom "TOTAL", qui au début était le nom du nouveau réseau de distribution de la CFP, initié principalement par le rachat des marques "AZUR" et "OZO". Il reste président jusqu'à 1971. De 1959 à 1976 il est membre du conseil d'escompte de la Banque de France. Jusqu'en 1978, il conserve divers sièges d'administrateur de sociétés (notamment CFP, Total chimie et Crédit National).
Commandeur de la L.H. depuis 1964.
Voir aussi : Biographie de Robert CAYROL, qui fut vice-président de la CFP du temps de la présidence de V. de METZ.
La biographie complète de Victor de Metz est donnée dans Victor de Metz de la CFP au groupe Total, par Emmanuel Catta, TEVA, avril 1990. Nous en extrayons certains renseignements, et notamment la PREFACE par René Granier de Lilliac (successeur de V. de Metz à la présidence de la CFP).
Tracer un portrait de Victor de Metz qui soit conforme à sa vraie personnalité est une oeuvre impossible. Qui connaît, même parmi ses plus proches collaborateurs ou ses meilleurs amis, tous les aspects d'une personnalité qui fut aussi riche ?
Bien sûr, sous la plume du laudateur officiel, il serait facile de trouver les clichés habituels : homme de devoir, grand commis de l'Etat, consacrant le meilleur de lui-même tant à son métier qu'à sa famille, ingénieur et financier hors pair, grand décideur et en même temps s'appuyant sur une équipe patiemment choisie et formée par lui.
Il y certainement du vrai dans tout cela, mais Victor de Metz n'a pas été cet homme idéal, tellement idéal qu'un tel portrait n'est plus crédible.
Je pense qu'il est plus approprié de situer Victor de Metz dans les différentes phases de ses activités et surtout dans les circonstances mouvantes où il a exercé ses qualités personnelles, dont il n'est pas exagéré de dire qu'elles étaient exceptionnelles.
On ne peut que passer rapidement sur sa vie familiale et sur les relations d'amitié qu'il a pu entretenir en dehors de celles qu'il avait avec les "pionniers" de la Compagnie, compagnons des premières années. Victor de Metz était un homme très réservé, certainement timide et peu enclin aux confidences.
Il ne prisait guère les mondanités. Madame de Metz a contribué pour une très large part à organiser les réceptions qu'un grand patron de l'industrie se devait de donner.
De sa vie familiale il parlait fort peu. Il a sans doute été un père attentif, bien que sa disponibilité ait été réduite par la somme de travail qu'il s'imposait et le peu de vacances qu'il s'accordait. Il parlait parfois, au retour de ses courtes vacances, de tel ou tel de ses enfants et l'on sentait poindre quelques préférences. C'est peut-être là que se manifestait le prix qu'il attachait à ces relations affectives familiales.
Cela dit, il paraît évident que la grande passion de sa vie, celle qui lui a dévoré l'essentiel de son temps, a été la Compagnie française des pétroles, son oeuvre à laquelle il a travaillé pendant la plus grande part de sa vie professionnelle.
Quand, à l'issue de la guerre de 1945, il a été porté à la présidence de la Compagnie, il a trouvé une entreprise à statut très spécial dont les seuls actifs étaient une participation dans des gisements et territoires de recherches dont la validité était contestée par des partenaires internationaux solidement ancrés dans leurs pays d'origine et possédant une activité mondiale intégrée.
Le récit d'Emmanuel Catta montre comment Victor de Metz, grâce à son obstination à défendre les droits de la CFP, grâce à son sens de la négociation qui lui fit proposer à ses partenaires cet échange d'un intérêt financier important pour eux contre l'assurance, pour lui, d'un accès à des sources de plus en plus abondantes de pétrole brut à bon marché, a permis un essor fantastique de la Compagnie.
Cet essor a été certes facilité par les circonstances et par l'organisation administrative de l'époque.
C'est d'une part l'explosion des besoins énergétiques que, seuls, les hydrocarbures ont pu satisfaire dans les années de reconstruction économique de la France. C'est d'autre part la volonté politique de doter le pays d'une grande compagnie française dont la mission était de mettre en oeuvre les grands principes de la loi de 1928. Cette compagnie, la CFP, avait l'obligation de ravitailler le pays en produits raffinés pour une part très importante et de se rendre maître des sources d'approvisionnement appropriées. En retour elle recevait l'assurance de débouchés, donnée par le partage du marché français en quotas attribués à chacun des intervenants.
Certes ce marché français était protégé, dans une Europe encore chaotique. Mais ce qui primait, c'était la sécurité d'approvisionnement assurée par les textes de 1928 et l'existence de la CFP et de sa filiale, la Compagnie française de raffinage.
L'Administration française, à qui les gouvernements et les ministères déléguaient de larges pouvoirs, veillait à la bonne marche de la reconstruction de l'industrie pétrolière française et au développement de la part réservée aux intérêts français représentés par la CFP et les "indépendants" français.
Ce contexte très porteur n'était pas toutefois sans poser de redoutables problèmes à Victor de Metz. Il fallait financer l'expansion et des sommes considérables étaient requises, notamment pour les investissements de développement au Moyen-Orient.
Victor de Metz avait un sens très aigu des problèmes financiers, une évaluation très sûre des risques à prendre. Il réussit d'abord à préserver son autofinancement et, pour ce faire, à négocier habilement deux dossiers.
Le premier était celui des redevances que, par convention, la Compagnie devait à l'Etat sous forme d'un partage des bénéfices tirés des concessions du Moyen-Orient et dont la formule dérivait d'antiques notions totalement inadaptées à la production de pétrole. Appliquée à la lettre, cette formule aurait abouti à confisquer l'essentiel de la marge bénéficiaire. Victor de Metz sut, avec beaucoup de patience et un solide sens du compromis, ramener ces redevances à des niveaux plus raisonnables, tout en laissant à l'Etat des rentrées fort confortables.
Le second dossier fut celui de la double imposition. Déjà taxée dans les pays concessionnaires, la marge bénéficiaire se trouvait une deuxième fois taxable en France. Depuis longtemps ce genre de problème avait reçu une solution pour les compagnies internationales, celles précisément avec lesquelles la CFP était associée au Moyen-Orient. Elles bénéficiaient d'un régime de taxation unique. Aux USA la notion de bénéfice mondial permettait aux pétroliers internationaux non seulement d'imputer sur leur impôt américain les impôts payés dans les autres pays du monde mais, en sus, de bénéficier de provisions pour reconstitution de gisements venant encore diminuer leur imposition globale.
Victor de Metz, fort soucieux de préserver ses sources de financement et à plus long terme de ne pas avoir de handicaps vis-à-vis de ses compétiteurs étrangers, négocia longtemps et souvent difficilement avec l'administration des Finances pour faire admettre un régime d'imposition analogue aux régimes étrangers. Les nouvelles dispositions profitèrent aux autres compagnies françaises, pétrolières ou non, qui avaient une activité internationale importante.
Mais il ne lui suffisait pas de sauvegarder les bénéfices, dont une grande partie était réinvestie. Il lui fallait encore augmenter ses capitaux et, là, convaincre son actionnaire principal, l'Etat.
Celui-ci, souvent impécunieux, suivit les augmentations de capital de la Compagnie, les jugeant indispensables, aidé par ailleurs par les rentrées qu'il recevait sous forme de dividendes et de la redevance, et qui lui procuraient une manne largement suffisante.
L'habileté financière de Victor de Metz, son sens de la négociation et ses bonnes relations avec la haute administration de l'Industrie et des Finances, associés à un sens des montages juridiques et fiscaux appropriés, permirent à la CFP de se transformer en quelques années en grande compagnie pétrolière.
Elle s'était intégrée dans les différentes phases d'activité : production, transports maritimes, distribution. Elle s'était dotée de réseaux de vente en Europe et en Afrique et elle était prête à une expansion mondiale.
Emmanuel Catta a fort bien décrit cette fantastique épopée, oeuvre d'une petite équipe sans doute, mais sous la direction d'un chef d'orchestre prestigieux dont les vues à long terme et le travail à la fois patient et rapide "établissait" la CFP sur des bases qu'il était difficile d'imaginer juste au lendemain de la guerre.
Mais déjà, vers la fin des années cinquante et le début des années soixante, je pense que Victor de Metz était bien conscient que la CFP avait des fragilités et que les vents jusque là favorables pouvaient changer de direction.
La nationalisation du canal de Suez allait être le prologue à la montée des aspirations des pays producteurs à prendre de plus en plus le contrôle de leurs ressources pétrolières. Petit à petit, l'OPEP se formera et agira. L'Irak sera le premier pays à demander des révisions importantes aux termes des concessions et à les imposer par la loi.
Victor de Metz comprit très vite qu'une évolution était inéluctable. D'où les efforts qu'il déploya pour tenter de convaincre ses partenaires de se montrer plus souples dans les négociations et de ne pas enfermer le directeur général de l'IPC dans des termes de référence tellement stricts que ses conversations avec les dirigeants irakiens tournaient court rapidement. Il essaiera et réussira partiellement à mener une politique de contacts directs avec certaines personnalités irakiennes.
Il avait aussi compris que, malgré l'importance des volumes de pétrole brut qui lui venaient de ses intérêts au Moyen-Orient, la CFP devait avoir accès à d'autres sources. Ce n'est que dans l'aventure saharienne qu'il réussira pleinement après les échecs des tentatives au Venezuela et le peu de résultats en Libye.
Victor de Metz n'a pas eu, malheureusement, la possibilité d'être un participant actif dans la production française d'hydrocarbures. Pourtant la CFP était le principal actionnaire "privé" de la SNPA, société fondée en 1941 à 51 % de capitaux d'Etat. SNPA, après une petite découverte d'huile dans le Sud-Ouest, devait mettre en évidence d'importantes réserves de gaz à Lacq. Sans doute les difficultés de mise en production de ce gaz acide et les problèmes posés par le monopole de distribution de Gaz de France l'ont dissuadée de s'intéresser davantage à ce qui devait constituer un véritable pactole par la suite pour SNPA, puis pour l'entreprise Elf Aquitaine.
Par ailleurs des changements profonds allaient affecter l'environnement français et avoir une incidence importante sur la CFP.
Une modification, qui peut sembler de forme, mais qui, en réalité, a eu un impact sérieux sur la politique pétrolière française, a été la prise de pouvoir réel par les ministères, les cabinets ministériels essentiellement, et le recul corrélatif de l'influence de l'Administration traditionnelle. Celle-ci assurait sous la IVe République une continuité de vues et d'action ; elle perdit sous la Ve République beaucoup de ses prérogatives. Les cabinets ministériels connaissaient une multiplication d'effectifs, génératrice de positions moins convergentes, et s'intéressaient davantage à l'immédiat qu'au long terme.
En même temps, la construction de la Communauté européenne et de ses nombreux organismes aboutissait, en matière d'énergie, à des directives peu favorables à l'industrie pétrolière. Incapables d'élaborer une politique commune de l'énergie, les instances de la CEE ne connaissaient que l'ouverture sans frais des marchés.
Après une bataille de retardement de la part de l'Administration française, la conjonction de ces évolutions aboutissait à un abandon de facto des dispositions de la loi de 1928 qui assuraient la sécurité d'approvisionnement et le contrôle effectif du marché français. Seules subsistaient des contraintes de moins en moins justifiées.
Le résultat fut une dégradation des conditions du marché pétrolier français et la fin d'une ère où la CFR était capable d'assurer une expansion rapide avec son seul autofinancement. D'où des recours au marché financier et un effort demandé à la CFP maison-mère, effort alourdi car l'Etat, actionnaire de la CFR, ne suivait plus les augmentations de capital de cette dernière.
Ainsi Victor de Metz voyait se dessiner d'autres menaces sur l'aval des opérations du groupe qu'il dirigeait, aval dont la partie prépondérante était située en France. Plus significative encore pour l'avenir de la CFP était la naissance d'un autre groupe pétrolier fiançais, le groupe Elf, qui plus tard devait absorber la SNPA pour en faire le groupe Elf Aquitaine. La création de ce groupe fut essentiellement l'oeuvre de Pierre Guillaumat. Personnalité de très grande stature, de caractère très différent de celui de Victor de Metz, Pierre Guillaumat fut un négociateur très habile, servi par de fortes relations politiques nouées au cours d'une prestigieuse carrière.
Nommé à la tête d'Elf, il se vit attribuer le patrimoine minier créé en France et dans les territoires français d'Afrique par le Bureau de recherches de pétrole. Cet organisme, à une époque où, après la découverte de Parentis et de Lacq profond, le souci d'explorer tous les pays qui dépendaient encore de la France était devenu un "must" national, était largement doté de ressources financières et créait une constellation de sociétés de recherches.
L'héritage d'Elf n'était pas négligeable, d'autant que l'Etat continuait à subventionner ses recherches. Les productions du Gabon, du Cameroun, puis celle d'Algérie allaient finalement constituer la dot enviable d'Elf.
Victor de Metz a pu comparer les conditions bien dissemblables dans lesquelles la CFP avait reçu les droits miniers dans l'IPC et celles dont bénéficiait l'autre groupe français. Peut-être en a-t-il ressenti quelque amertume. Cela ne l'a pas fait dévier de sa ligne de conduite : défense des intérêts de la CFP, souci de son expansion mondiale.
Concurrents, les deux groupes allaient se heurter rapidement sur le marché de la distribution des produits pétroliers en France. L'afflux du pétrole saharien, dont on rêvait qu'il se maintiendrait longtemps malgré la situation en Algérie, posait en effet à l'un et à l'autre groupe français le problème des débouchés en France même.
Malgré ses efforts, la CFR, dont la mission initiale avait été de ravitailler en produits pétroliers les indépendants français, n'avait pu développer le réseau TOTAL à un niveau correspondant à son quota reconnu par la convention avec l'Etat. Il fallait en effet racheter des installations souvent vieillottes, mal situées par rapport aux nouveaux axes de circulation, que leurs propriétaires n'avaient plus les moyens de développer. Une modernisation coûteuse s'imposait en face de la concurrence sévère de la part des filiales des groupes étrangers implantés en France.
Sollicité de reprendre le brut "national" algérien, Victor de Metz ne put prendre le risque de placer des volumes importants venant s'ajouter à ceux qui arrivaient du Moyen-Orient, volumes dont la pérennité était pourtant moins qu'assurée, car l'indépendance de l'Algérie était proche et la nationalisation des concessions devait rapidement suivre. Le groupe d'Etat réagissait suivant la même ligne qu'avait auparavant suivie Victor de Metz lui-même. Il cherchait à s'intégrer sur le marché français et rachetait la filiale de raffinage et de distribution du groupe Caltex. Il se livrait alors à une campagne active de rachat d'indépendants français. Ceci mettait naturellement en cause le "privilège" du quota de la CFR, dont la contrepartie était l'obligation pour la CFP de garder en commun avec l'Etat 51 % du capital de sa filiale. Après de longues luttes, un compromis sur le rachat d'un certain nombre de distributeurs indépendants français fut trouvé. Mais le groupe d'Etat s'annexait alors la société Antar, important raffineur et distributeur français, dont une large part du ravitaillement en pétrole brut était assuré par la CFP. Là encore ce fut un combat de retardement, les pouvoirs publics tranchant en faveur d'Elf et n'accordant à CFP qu'un droit à ravitaillement, diminuant dans le temps jusqu'à extinction au bout de quelques années.
C'est ainsi que, fort du brusque afflux d'une production algérienne sur le marché, pour un temps qui devait s'avérer limité, fort de l'appui du gouvernement, le groupe Elf devint l'autre groupe français, groupe d'Etat, attirant plus facilement les faveurs de celui-ci.
CFP, quant à elle, perdait définitivement des débouchés français de pétrole brut et le quota de raffinage de la CFR perdait toute signification et ne constituait plus qu'une vaine promesse de la convention entre l'Etat et la CFP.
Ainsi, dans la première partie des années 1960-1970, Victor de Metz voyait s'accumuler les menaces sur les activités de la CFP, tant vers l'amont que vers l'aval. Ces difficultés ne le décourageront pas et il va poursuivre ses efforts pour assurer les positions de la CFP.
Son action portera sur les contacts privilégiés qu'il essaiera d'entretenir avec les pays producteurs et plus généralement avec les pays où CFP exerçait une activité. En Irak, par exemple, la position de CFP sera difficile pendant la guerre d'Algérie, les relations diplomatiques étant rompues avec la France. Victor de Metz maintiendra une présence à Bagdad, fort du fait que son action à l'intérieur de l'IPC avait permis un plus grand développement pétrolier de l'Irak. Cette présence sera finalement un élément déterminant dans la reprise des relations diplomatiques. Avec ses clients, il réussira à tisser des liens durables, au Japon en particulier. Le développement de la CFP à l'étranger requérait toute son attention pour le renouvellement aussi bien des ressources pétrolières que des marchés.
Aurait-il pu, sur le plan français, avoir une attitude plus agressive ? Il lui aurait fallu prendre des risques qu'il a jugés trop importants pour la Compagnie. Il ne s'est pas laissé entraîner à des surenchères qui auraient pu s'avérer trop lourdes de conséquences et menacer l'équilibre financier de CFP. Il a préféré défendre "son bon droit" sans vouloir "bluffer". Ce n'était pas dans son tempérament. Il avait trop le respect du sens de sa mission et de la sauvegarde des intérêts de la Compagnie. Il sentait aussi que se forgeaient de nouveaux concepts : concept de concurrence toujours plus vive, de moindre importance attachée à la sécurité du ravitaillement de la France à un moment d'excédent mondial de pétrole brut. Tout ceci ne lui permettait plus d'être le pétrolier français chargé de la rigoureuse mission initiale. Il lui fallait rester un agent actif et porter là où il le pouvait les couleurs françaises. En agissant ainsi, peut-être a-t-il rendu plus de services au pays.
La modestie lui interdisait de se mettre en avant. Il n'est donc pas étonnant que ce grand bâtisseur, aussi grand quand il lui a fallu s'effacer un peu que lorsqu'il était au zénith de la réussite, n'ait pas reçu toute la reconnaissance qu'il méritait. Puissent ces quelques traits tenter de lui rendre justice.