Daniel BONNAULT (1908-2001)

Ingénieur civil des mines (promotion 1928 de l'Ecole des Mines de Paris). Ingénieur au corps des mines depuis 1945.


Biographie de Daniel BONNAULT, par André MARELLE

Daniel Bonnault est né en 1908 à Chalette sur Loing, qui jouxte Montargis.

Ingénieur de l'Ecole des Mines de Paris, il est resté un peu plus de quarante ans au service de l'administration française, les seize premières années au titre de l'Outre-mer, les vingt-quatre dernières au ministère chargé de l'industrie.

Engagé en 1933 comme géologue contractuel du Gouvernement Général de l'Afrique Occidentale Française, il a été nommé en 1938 ingénieur des mines du Cadre des Travaux Publics et des Mines coloniaux, puis intégré en 1945 dans le Corps des mines où il a terminé sa carrière comme ingénieur en chef des mines.

Quand Daniel Bonnault entra en service en septembre 1933, il fut d'abord chargé de l'établissement de la carte géologique de reconnaissance de la région de Dimbokro, en basse Côte d'Ivoire.

Cette activité scientifique était accompagnée, comme c'était l'usage, d'une prospection en vue de détecter des indices de minéralisation.

Grâce à ses travaux, les grandes formations géologiques locales furent identifiées, et on put ainsi reconnaître notamment, sous le nom de « série arénacée », l'équivalent en Côte d'Ivoire de la formation dénommée « tarkwaïen » en Gold Coast (maintenant Ghana).

Le lever de la carte géologique et les études de laboratoire effectuées après les campagnes sur le terrain étaient alors l'activité principale du service des mines de l'Afrique Occidentale Française, basé à Dakar. Ce service avait aussi le souci du cadre réglementaire de la recherche et de l'exploitation des mines, ainsi que du développement de l'industrie minière.

Après son intégration comme ingénieur des mines, Daniel Bonnault fut associé aux travaux administratifs, mais aussi à l'examen de minéralisations d'or au Soudan (maintenant Mali) en 1938, de diamant en Guinée en 1940. Il fut en outre envoyé de Dakar en mission en 1939 pour l'examen de gisements d'or en Guyane.

Arrivé en congé de fin de séjour fin août 1942 en France, il fut affecté en fin de congé au service des mines du ministère des colonies : il n'était pas possible de rejoindre Dakar à la suite du débarquement allié en Afrique du Nord. Ce service continuait de préparer la relève d'après-guerre grâce aux stages précoloniaux formant géologues et mineurs à Paris, Nancy, Alès et Clermont-Ferrand. Daniel Bonnault a participé à cet enseignement, notamment à Alès.

Un dernier séjour Outre-Mer commença pour lui fin 1946, cette fois en Afrique Equatoriale Française, à Brazzaville où j'étais alors chef du service des mines. Ce fut pour Daniel Bonnault l'occasion d'un très long intérim, de septembre 1947 à mon retour en janvier 1949, pendant une période d'expansion des travaux géologiques et miniers, marquée aussi par l'entrée en fonctions des assemblées représentatives locales.

A l'issue de son congé en France en 1949, il demanda une affectation en métropole, au grand regret de Pierre Legoux, alors chef du service des mines du ministère de la France d'Outre-Mer, qui eût fort apprécié de continuer à utiliser ses grandes compétences, son dévouement et sa rectitude de jugement.

Daniel Bonnault fut affecté en octobre 1949 au service Production de la Direction des mines du ministère de l'industrie et du commerce. Ce service était alors dirigé par Maurice Jarlier dont il devint l'adjoint, puis le successeur lors de son départ à la retraite, en 1959 ; il demeura ensuite chef de ce service jusqu'à son propre départ à la retraite, en avril 1974.

Ce service, chargé des questions sociales relatives aux personnes travaillant ou ayant travaillé dans les entreprises minières, a deux grands secteurs d'activité :

- le statut du mineur,

- la sécurité sociale minière.

Le statut du mineur vise le personnel des mines et des ardoisières. Il tient lieu en principe, pour les questions dont il traite, de convention collective et concerne notamment aussi bien les salaires que les conditions de travail, les prestations de chauffage et de logement. C'est dire que, à l'époque où Daniel Bonnault y travaillait, le service Production a vécu de nombreux épisodes difficiles dus aux affrontements entre employeurs et salariés, en particulier lors des négociations salariales et des fermetures de mines.

La sécurité sociale minière est l'un des régimes spécifiques de la sécurité sociale française. Elle concerne les salariés ou anciens salariés des entreprises minières et des ardoisières, aussi bien pour le risque de maladie que la vieillesse et les prestations familiales. Des sociétés de secours minières locales, des unions régionales et la Caisse autonome nationale de la sécurité sociale dans les mines en constituent l'armature. Le nombre de ressortissants, y compris les ayants droit (épouses, enfants) s'élevait fin 1972 à plus de 800 000 personnes, dont 140 000 en activité.

Le service Production était naturellement associé au niveau national à ce qui concernait ces deux grands secteurs d'activité spécifiques, et aux réunions des organismes en traitant.

Au niveau européen, des réunions se tenaient spécialement au Luxembourg, au titre de la Communauté Européenne du charbon et de l'acier (CECA), où devait se rendre un membre du service. Au niveau international mondial, il arrivait aussi qu'il faille participer à la délégation française à la Conférence de l'Organisation Internationale du Travail (OIT) à Genève.

Daniel Bonnault a eu l'occasion de participer à de telles réunions ou conférences, comme à des discussions au Conseil d'Etat ou au Parlement.

Les qualités de dévouement et de rectitude de jugement que tous reconnaissaient chez Daniel Bonnault ont eu à s'exercer à fond dans ces tâches particulièrement lourdes et minutieuses qui lui ont incombé durant les vingt-quatre années pendant lesquelles il a été en fonction au service Production.

Durant cette carrière exemplaire, Daniel Bonnault a reçu deux distinctions. Il a été fait chevalier de l'Ordre de l'Etoile Noire en 1949 et chevalier de l'Ordre de la Légion d'Honneur en 1957.

Marié en 1939, Daniel Bonnault et son épouse ont eu cinq enfants, quatorze petits-enfants et huit arrière-petits-enfants. Leur décision d'arrêter en 1949 le service Outre-Mer était liée aux ennuis de santé de leurs enfants lors des séjours en pays tropicaux ou équatoriaux. Elle leur a permis de faciliter leur éducation et leur départ dans la vie.

André Marelle

13 avril 2001