Ancien élève de l'Ecole polytechnique (promotion 1927) et de l'Ecole des Mines de Paris (entré en 1930 classé 5 sur 5 élèves du corps, sorti en 1932 classé 4). Corps des mines (service colonial).
Décédé le 18 juin 2000.
L'article qui suit a été publié dans Revue des Ingénieurs MINES, janvier 2001.
Cette époque fut pour ceux qui la vécurent une période exaltante et dure dont les géologues d'aujourd'hui peuvent difficilement imaginer les conditions (voir à ce sujet "Les mines et la recherche minière en Afrique Occidentale Française" - L'HARMATTAN - 1995).
La formule utilisée par Pierre LEGOUX pour qualifier la vie des géologues en Afrique Occidentale Française dans les années 1930, s'applique bien à la sienne. Nommé en 1932 Adjoint au Chef du service des Mines à Dakar, son premier "patron" est Jean MALAVOY (P23), un "grand broussard", passionné de géologie. Pierre LEGOUX y prend le goût du "terrain", des discussions, des exposés oraux ou écrits francs, et de l'expression de sa pensée scientifique ou technique par des publications.
Chef du service des Mines à Brazzaville pendant la guerre 1939-45, il est "Français Libre" et, après s'être consacré à faire participer l'industrie minière locale (or, diamants) à la survie des territoires, il se fait mobiliser pour participer à la Libération de la France.
Nommé Chef du service des Mines au Ministère des Colonies (devenu ensuite Ministère de la France d'Outre-Mer), en février 1945, il se donne avec ardeur au développement géologique et minier des pays d'outre-mer, à Paris et lors de visites très appréciées par les ingénieurs en service local, ainsi que dans les enceintes internationales.
Il quitte en 1953 le ministère pour devenir Administrateur directeur général de la Compagnie minière de Conakry, exploitant un gisement de fer dans des conditions difficiles du fait de la qualité moyenne du minerai, nickélifère et chromifère, et de l'évolution politique de la Guinée.
En 1960, Pierre LEGOUX rejoint le service métropolitain à Ales d'abord, où il est Directeur de l'Ecole des Mines et Chef d'arrondissement minéralogique, ensuite à Paris au Conseil Général des Mines où il est Président de la Section juridique de 1970 à son départ à la retraite en 1978. Il garde pendant cette période une activité internationale très estimée, comme membre de conférences ou de réunions (en particulier pour l'étain) et, comme expert pour des gisements, la législation minière ou l'organisation des services.
Professeur de Géologie minière à l'Ecole de la Métallurgie et des Mines de Nancy entre 1948 et 1960, il est également depuis 1948 membre actif de l'Académie des Sciences coloniales (devenue Académie des Sciences d'Outre-Mer), et y préside jusqu'en 1998 la section des sciences naturelles.
Mariés en 1932, juste avant de partir en Afrique, son épouse et lui ont créé une très nombreuse famille qui, malgré des deuils cruels, comprend dix enfants et beaucoup de petits-enfants et arrière-petits-enfants. Leur maison de St-Jean-Le-Thomas ne devait pas être triste en période de vacances. Pierre LEGOUX avait grande joie à faire du bateau sur la mer voisine. Cette trop courte évocation de la vie de Pierre LEGOUX suscitera sans doute bien des souvenirs chez tous ceux qui l'ont connu, outre-mer ou en France. Elle est, de ma part, un témoignage d'affection pour un "ancien" et ami auquel j'ai succédé à Brazzaville et au Ministère de la France d'Outre-Mer.
André MARELLE (P40)
Par André Marelle (X 38)
La Jaune et la Rouge, février 2001.
"Il y a des moments - j'en ai connu plusieurs -, où une destinée hésite et où la Providence décide" (L'Afrique équatoriale dans la guerre. Pierre Legoux, 1985, inédit).
Cette réflexion de Pierre Legoux à propos d'une conversation avec le général Leclerc fin 1942 éclaire sa vie.
Né à Boulogne-sur-Seine le 12 avril 1908, fils de pharmacien, il aurait suivi cette vocation, mais un entretien avec un enseignant l'oriente vers "les grandes écoles".
Après de brillantes études à l'école Massillon, au lycée Charlemagne et au lycée Saint-Louis, il entre en 1927 à l'École polytechnique, en sort sixième de sa promotion et classé dans le corps des Mines avec engagement colonial, accomplit son service dans l'artillerie et suit de 1930 à 1932 la formation de l'école des Mines de Paris.
Juste avant de partir avec elle en Afrique, Pierre Legoux épouse Yvonne Pézeril, elle-même née au Chili où son père, ingénieur de l'École centrale, construisait un chemin de fer. Leur famille, très nombreuse, compte déjà sept enfants en 1943, et maintenant, malgré des deuils cruels, dix enfants, dix-huit petits-enfants et huit arrière-petits-enfants. Petitement logés en dernier lieu à Meudon-la-Forêt, leur maison de Saint-Jean-le-Thomas, au bord de la baie du mont Saint-Michel, leur permettait mieux d'accueillir leurs descendants.
Jusqu'en 1960, Pierre Legoux travaille exclusivement pour l'outre-mer, d'abord comme adjoint au chef du service des mines de l'Afrique occidentale, puis comme chef du service des mines d'Afrique équatoriale, ensuite comme chef du service des mines du ministère chargé de la France d'outre-mer, enfin comme administrateur directeur général de la Compagnie minière de Conakry, mettant en exploitation un gisement de fer.
De 1960 à son départ à la retraite en 1978, il sert en métropole, d'abord comme directeur de l'école des Mines d'Alès et de l'arrondissement minéralogique local, ensuite au Conseil général des Mines dont il préside de 1970 à 1978 la section juridique. Pendant toute cette période, il garde une activité internationale très appréciée, aussi bien comme délégué dans les conférences et réunions (en particulier sur l'étain), que comme expert.
Il enseigne la géologie minière de 1948 à 1960 à l'école des Mines de Nancy et participe activement aux travaux de l'Académie des sciences d'outre-mer depuis 1948. Il y préside jusqu'en 1998 la section des sciences naturelles.
Avant de clore cette trop rapide description, il convient de revenir sur la période 1942-1945.
En octobre 1942, Pierre Legoux et sa famille se préparent à partir en congé de changement climatique près de Capetown (Afrique du Sud). "Les scouts et éclaireurs avaient organisé à cette occasion un feu de camp où arrivèrent impromptu le gouverneur général Éboué et le général Leclerc, venus se reposer à la fraîcheur du soir; et là Leclerc me dit : J'aurais aimé vous emmener avec moi. " (Pierre Legoux était alors "commissaire" scout).
Après ce congé et une mission d'études des mines d'Afrique du Sud, le retour à Brazzaville a lieu en mai et Pierre Legoux obtient, comme il l'avait décidé à la suite des propos du général Leclerc, d'être mobilisé avec l'objectif de rejoindre une unité combattante. Mais René Pleven, commissaire aux colonies, lui fait faire auparavant une mission minière en Nouvelle-Calédonie, dans des conditions politiques difficiles, en partant de Londres par l'Amérique, et en rentrant à Alger par l'Australie, l'Inde et l'Egypte. C'est seulement en septembre 1944 qu'il rejoint comme lieutenant orienteur le 1er régiment d'artillerie coloniale, au sein de la 1re armée, et fait campagne dans les Vosges et en Alsace jusqu'à son rappel à titre militaire au ministère des Colonies en février 1945.
"Français libre" depuis 1940, il a ainsi, après avoir aidé de toutes ses forces l'Afrique française libre à résister avec l'appoint des productions minières, participé directement à la Libération de notre pays. N'est-il pas symbolique qu'il soit décédé le 18 juin 2000, en l'anniversaire du premier appel du général de Gaulle ?
Mon amitié pour lui m'a incité à proposer à La Jaune et la Rouge cet hommage à un "antique" auquel je dois beaucoup.