Ancien élève de l'Ecole polytechnique (promotion 1857, sorti classé 3ème), et de l'Ecole des mines de Paris. Corps des mines.
Publié dans le LIVRE DU CENTENAIRE (Ecole Polytechnique), 1897, Gauthier-Villars et fils, TOME III
Né à Troyes le 26 avril 1838. Il n'avait que 30 ans et était à peine en service depuis quelques années à Metz, sous les ordres de M. Jacquot, lorsque Maniel, qui avait été le premier Directeur de la Staats-Bahn, et Louis Le Chatelier l'indiquèrent à M. Bresson, alors Directeur général de l'affaire. Le Chatelier avait pu particulièrement le juger à raison des travaux poursuivis alors pour le prolongement du bassin houiller de la Sarre. L'avenir devait montrer combien leur appréciation avait été juste. Barré est mort, à Vienne (Autriche), à 40 ans le 23 janvier 1878, des fatigues subies dans un voyage qu'il avait entrepris pour étudier de nouveaux perfectionnements à introduire dans ses aciéries.
Annales des Mines, 7e série, vol. 13, 1878.
M. Barré est mort à Vienne (Autriche) le 23 janvier 1878 ; ses funérailles ont eu lieu à Nancy, le 4 février.
Messieurs, aussitôt que le coup si funeste et si inattendu qui vient de plonger dans la désolation deux familles justement aimées à Nancy a été connu, les ingénieurs du corps des mines et les anciens élèves de l'Ecole des mines ont voulu être représentés aux obsèques d'un de leurs plus chers camarades et lui dire un éternel adieu.
Après de brillantes études au lycée de Nancy, M. Adolphe Barré entra le premier à l'École polytechnique et choisit à la sortie la carrière des mines, vers laquelle l'attirait son goût pour les sciences et leurs applications industrielles. A l'École des mines, il se distingua par des mémoires qui obtinrent les honneurs de l'insertion aux Annales des mines. Nommé ingénieur à Metz, il débuta dans la carrière au moment où les industries métallurgiques et minières prenaient un grand développement dans ce beau département de la Moselle si malheureusement ravi à la France.
L'industrie se rappellera avec quelle conscience et quelle ardeur M. Barré étudiait les questions qui lui étaient soumises, ne négligeant rien pour mettre en pleine lumière importance des richesses minérales renfermées dans le sol. Collaborateur de M. l'inspecteur général Jacquot, chargé de la description géologique et minéralogique de la Moselle, M. Barré déploya un zèle infatigable à l'étude de la composition et de la structure du sol. L'Académie de Metz, dont il faisait partie, lui confia la direction d'un laboratoire destiné à venir en aide à l'agriculture et à l'industrie. C'est dans ces travaux divers que M. Barré passa cinq années, jusqu'au jour où plusieurs de ses illustres devanciers le chargèrent de soutenir les intérêts français à Vienne comme directeur des domaines et des usines de la compagnie des chemins de fer autrichiens, tâche honorable et pénible à laquelle il a si malheureusement succombé.
Nous, ses anciens collègues et camarades, aimons à nous rappeler la bonté de son caractère, son extrême obligeance et les services qu'il nous a rendus.
Adieu, cher camarade, nous garderons votre souvenir avec fierté, reconnaissance et respect.
Avant de nous séparer de ce cercueil, laissez-moi adresser au nom de la Société autrichienne des chemins de fer de l'État, que je représente, un suprême adieu à celui qui l'a servie avec tant d'activité, d'intelligence et de dévouement! Permettez que, sur cette terre de France, tant aimée par notre cher Barré et dont il vécut tant d'années éloigné, je répète l'écho lointain des plaintes attendrissantes de toute une population d'ouvriers, de contremaîtres, d'ingénieurs et d'employés qui vénéraient leur chef; que je témoigne du deuil profond de ses collègues d'Autriche, des administrateurs de la Compagnie qui l'appréciaient à sa haute et véritable valeur, de la colonie française de Vienne dont il était l'un des plus honorés représentants.
Après les brillantes études qui le classaient au premier rang de nos Écoles polytechnique et des mines, Adolphe Barré était en service ordinaire à Metz, lorsque des ingénieurs éminents et regrettés, Maniel, inspecteur général des ponts et chaussées, et Le Chatelier, ingénieur en chef des mines, le désignaient d'un commun accord au choix du directeur général de la Société autrichienne, M. Bresson [Louis-Léopold BRESSON (1817-1896), dir. général de la société I.R.P. des chemins de fer de l'Etat autrichien de 1863 à 1879], pour administrer une des branches les plus importantes du service de cette société, celui des mines, usines, et domaines que l'État autrichien lui avait concédés en 1855.
Agé à peine de trente ans, alors que tant d'autres commencent seulement à recueillir le fruit de leurs hautes études, Barré s'initiait aux détails les filas complexes de cette vaste administration dans laquelle l'avaient précédé des camarades plus anciens que lui, M. Dubocq et M. Castel. Grâce à ses aptitudes spéciales, à ses connaissances solides et étendues, à son amour infatigable pour le travail, Barré aplanissait comme par enchantement les difficultés qu'offre le maniement d'une aussi lourde entreprise. Hauts-fourneaux, laminoirs, aciéries, houillères et mines métalliques, produits hydrauliques et chimiques, carrières, forêts et terres domaniales, chemins de fer, matériel de l'industrie, de l'art militaire, de l'agriculture, etc., autant de sujets qui eussent chacun exigé un ingénieur ou un spécialiste d'une expérience consommée, et que Barré embrassait, dans leur ensemble comme dans les détails, avec une sûreté de jugement et une portée pratique peu communes.
Sous la direction de Barré, les mines, usines et domaines de la Société autrichienne ont atteint un degré de prospérité croissant, tant que les circonstances économiques générales n'ont pas influé sur les résultats. Par des voyages fréquents en Allemagne, en Angleterre, en Belgique, en France, il se tenait à jour des perfectionnements incessants et des moindres améliorations qu'entraînent des industries aussi variées que multiples. C'est dans une excursion au milieu des montagnes de la Styrie, pour étudier des faits spéciaux de la fabrication de l'acier, qu'il contracta, il y a peu de jours, le germe de la terrible maladie qui l'a impitoyablement fauché dans la force de l'âge de la maturité et de la production intellectuelles, lorsque l'avenir le plus brillant lui était assuré dans la Compagnie à laquelle il avait voué les dix plus belles années de sa vie !
La Société autrichienne fait en Barré une perte irréparable qui motive ses plus légitimes préoccupations !
J'ai pleuré l'ingénieur, le collaborateur, le fonctionnaire de la Société autrichienne; maintenant, encore un dernier mot d'adieu à l'ami dévoué et affectueux, à l'homme de bien, à cette nature d'élite, au coeur d'or, ravi si cruellement et pour toujours à ceux qui i'aimaient pour l'avoir seulement approché,
Puissent le souvenir de tant de qualités et de vertus si aimablement réunies et' le spectacle de cette explosion de regrets unanimes, au Banat, en Bohême, à Vienne, à Paris et ici même, autour de cette tombe, demeurer longtemps la consolation de cette digne famille, de ce père, de ce frère, de cette jeune veuve éplorés et consternés !
Puisse enfin l'image de leur père laborieux, droit, modeste et sûr, guider dans la vie ses jeunes enfants, dont l'amour occupait une si large place dans sa noble âme ! Adieu, mon cher et bon Barré, adieu !
Le corps des mines et l'Association amicale des anciens élèves de l'Ecole des mines de Paris viennent de faire une perte qui sera vivement ressentie, dans la personne de M. Adolphe Barré, qui remplissait depuis huit ans les fonctions de directeur des mines, usines et domaines de la Société autrichienne J. R. P. des chemins de fer de l'Etat, et vien d'être enlevé à l'âge de trente-neuf ans à l'issue d'une courte et douloureuse maladie dont il avait contracté le germe en visitant les usines de Neuberg, en Styrie.
M Adolphe Barré était né à Troyes en 1838; après de brillantes études au lycée de Nancy, il était admis le premier à l'École polytechnique en 1837 pour entrer ensuite à l'École des mines où il se signala par des mémoires qui obtinrent les honneurs de l'insertion aux Annales. Nommé ingénieur à Metz, au moment où les industries métallurgiques et minières prenaient un grand développement dans le département de la Moselle, il apporta un zèle infatigable à l'étude des nombreuses questions qui lui étaient soumises, ainsi qu'aux travaux spéciaux de minéralogie et de géologie dont il était chargé en collaboration de M. l'inspecteur général Jacquot. L'académie de Metz, dont il faisait partie, lui confia la direction d'un laboratoire destiné à venir en aide à l'agriculture et à l'industrie. C'est dans ces travaux divers que M. Barré passa cinq années jusqu'au jour où, sous les auspices de MM. Lechatelier et Maniel, il fut appelé à remplir les fonctions de directeur des mines, usines et domaines de la Société autrichienne, qu'il a conservées jusqu'à sa mort.
Grâce aux aptitudes spéciales, aux connaissances solides, à l'amour ardent du travail, qui se trouvaient si heureusement réunis dans la personne de leur sympathique directeur, ces importants établissements industriels atteignirent, durant la période trop courte de sa gestion, un développement toujours croissant jusqu'au moment où les circonstances générales économiques vinrent porter atteinte aux résultats des efforts constants de M. Barré et d'un personnel qui lui était profondément dévoué. On doit signaler comme progrès, dus à son esprit d'initiative, l'installation de machines d'épuisement d'un type perfectionné dans les houillères de Kladno, l'emploi de l'air comprimé, et de machines locomotives pour l'extraction et le roulage dans les mines, enfin l'introduction, dans les usines du Banat, des méthodes les plus nouvelles pour la fabrication et l'élaboration de l'acier. La Société autrichienne perd en Barré un collaborateur aimé de tous, les membres de la colonie française de Vienne un compatriote dont ils avaient le droit d'être fiers; l'École des mines de Paris, un de ses ancien élèves les plus brillants et, ce qui vaut mieux encore, un de meilleurs, comme le témoigne la joie qu'il éprouvait à accueillir à Vienne les jeunes camarades qui chaque été venaient se présenter à lui.