Fils de Gaston Paul Jules LEPERCQ, professeur, et de Claudine FICHET. Son épouse meurt en 1848.
Père de Paul Adolphe LEPERCQ (X 1942 ; 1922-1999).
Ancien élève de l'Ecole polytechnique (promotion 1909, sorti en 1912 classé 4 sur 197 élèves), et de l'Ecole des Mines de Paris (promotion 1913, entré classé 1). Corps des mines.
Combattant de la guerre 1914-1918 : blessé à trois reprises, il refuse l'évacuation. Après la guerre il est administrateur délégué de Skoda. Mobilisé en 1939, il est fait prisonnier en juin 1940. Libéré, il assure quelques temps la présidence du Comité d'organisation des Combustibles Minéraux. Il est révoqué en 1943, s'opposant à la politique de Laval relative au STO. Résistant, il prend la tête de l'Organisation Civile et Militaire (OCM), il est en 1943 le premier commandant FFI de Paris, chef des FFI de l'Ile-de-France. Arrêté puis libéré, il prend le commandement militaire de l'hôtel de ville. Compagnon de la Libération. Ministre des Finances du général de Gaulle à la Libération. Directeur de l'Union européenne industrielle et financière. Décède dans un accident automobile le 9 novembre 1944.
Il a été fait chevalier de la Légion d'honneur en octobre 1915, alors qu'il était lieutenant dans l'artillerie, avec le motif suivant : "Exceptionnellement doué en intelligence comme en vigueur, d'une bravoure au-dessus de tout éloge, remplit les missions les plus difficiles et les plus périlleuses avec un sang-froid magnifique ; blessé grièvement deux fois, la première s'est échappé de l'hôpital où il était soigné pour revenir à son poste ; la seconde a refusé de se laisser évacuer".
Publié dans La Jaune et la Rouge, décembre 1964.
Un service célébré à Saint-Honoré d'Eylau le 9 novembre 1964, pour le vingtième anniversaire de la mort d'Aimé Lepercq, sur l'initiative des Charbonnages de France, de Schneider et Cie et de l'Union Européenne Industrielle et Financière, a attesté la profondeur, du souvenir et des regrets laissés par Aimé Lepercq.
La Jaune et la Rouge se doit de rappeler en quelques mots une carrière qui fut, sur le plan industriel et sur le plan humain, une carrière exemplaire.
Aîné d'une famille de neuf enfants et fils de Lepercq, professeur de chimie à la Faculté catholique de Lyon, Aimé Lepercq sort de l'Ecole Polytechnique en 1911. Pendant la guerre de 14-18, il est cité cinq fois et trois fois blessé.
Rendu à la vie civile le 15 mars 1919, il occupe différents postes notamment à Grenoble et à Douai, en qualité d'Ingénieur au Corps des Mines, jusqu'au 16 janvier 1923. A cette époque, il demande sa mise hors cadre pour gérer, chez MM. Schneider et Cie, des affaires métallurgiques et minières en Tchécoslovaquie.
Directeur des Services de l'Union Européenne Industrielle et Financière en Tchécoslovaquie de 1923 à 1929, puis Directeur général de la même société, avec résidence à Paris, jusqu'à la guerre de 1939, A. Lepercq s'est particulièrement occupé, en qualité d'administrateur-délégué en Tchécoslovaquie, des Usines Skoda, agrandies et transformées de manière à devenir l'arsenal de la Petite Entente. Il a été, en outre, Directeur général de la Société des Mines et Forges, à Prague. Il avait été entre temps promu au grade d'Officier de la Légion d'Honneur au titre militaire, le 30 décembre 1931.
A la déclaration de guerre 1939-1940, il prend le commandement du 2e Groupe du 182e R.A.L.T. et est deux fois cité. Malgré les ordres reçus, le Commandant Lepercq refuse de capituler et ce n'est qu'après l'entrée en vigueur effective de l'Armistice, le 25 juin 1940, qu'il consent à déposer les armes.
Après plusieurs mois de captivité, A. Lepercq fut rapatrié au mois d'octobre 1940 et appelé dès son retour à la Présidence du Comité d'Organisation de l'Industrie des Combustibles Minéraux Solides.
Le 30 juin 1943, A. Lepercq fut suspendu de ses fonctions, puis révoqué par décret en date du 18 août pour avoir manifesté son opposition à la politique du Gouvernement relative à la déportation de la main-d'oeuvre en Allemagne.
A partir de cette date, Lepercq se consacra entièrement à l'organisation de la Résistance active dans le cadre de l'Organisation Civile et Militaire dont il faisait partie depuis plusieurs mois. De septembre 1943 jusqu'au 8 mars 1944, date de son arrestation par la Gestapo, il fut le premier Commandant des Forces Françaises de l'Intérieur, de Paris. Il était, en outre, membre du Bureau du Comité Parisien de Libération, depuis la création de ce Comité. Le 25 février 1944, Lepercq acceptait la présidence de l'O.C.M. après l'arrestation par les autorités allemandes du titulaire de ce poste. Interné à Fresnes le 8 mars 1944, puis à la prison d'Arras et ramené finalement à Fresnes, Lepercq a été libéré le 17 août 1944 à la faveur du désordre qui régnait à cette époque dans les administrations allemandes.
A. Lepercq fut chargé du commandement militaire de l'Hôtel de Ville qu'il exerça en fait jusqu'au 26 août 1944.
Quelques jours après, répondant à l'appel du Général de Gaulle, Président du Gouvernement Provisoire de la République, il acceptait d'entrer au gouvernement comme Ministre des Finances.
La mort le surprit accidentellement, dans l'accomplissement de ses hautes fonctions, le 9 novembre 1944, alors qu'il venait de quitter Lille en voiture, après s'y être assuré personnellement que toutes les mesures étaient prises pour assurer le succès de l'emprunt de la Libération, décidé quelques jours auparavant en Conseil des Ministres.
De tous les témoignages publiés sur sa vie, ceux concernant son action dans la Résistance sont particulièrement émouvants. Nous regrettons de ne pouvoir les donner en détail. Citons seulement ces lignes extraites du « Parisien Libéré » du 11 novembre 1944. « Il fut pour ses amis une véritable conscience de référence... Il était de ces chefs auprès de qui tout est simple : l'action, l'obéissance et même la mort sans doute. Parce que, auprès de lui, tout s'enchaînait d'une façon si lucide et si affectueuse à la fois, qu'il n'y avait aucune place pour aucune hésitation ».
Voir aussi : Biographie de Aimé Lepercq sur le site de l'Ordre de la Libération
Le texte qui suit a été publié en 1964 dans le numéro du Bulletin de l'association des anciens élèves de l'Ecole des mines de Paris, à l'occasion du centenaire de la création de l'Association :
Entré à l'Ecole Polytechnique en 1909, ingénieur au Corps des Mines, il fut mobilisé comme lieutenant au 54e régiment d'artillerie au mois d'août 1914. Cinq fois cité (quatre palmes, une étoile de vermeil), trois fois blessé, il fut fait Chevalier de la Légion d'Honneur en 1915 avec la citation suivante :
« Exceptionnellement doué comme intelligence et comme vigueur, d'une bravoure au-dessus de tout éloge. Remplit les missions les plus difficiles et les plus périlleuses en gardant un sang-froid magnifique. Blessé grièvement deux fois, la première fois s'est échappé de l'hôpital où il était soigné pour revenir à son poste, la seconde fois a refusé de se laisser évacuer ».
Intelligence, vigueur, bravoure, sang-froid, ardeur, mots qui disent ce qu'était l'homme et ce qu'il est resté toute sa vie.
Après la guerre, il occupa différents postes dans l'Administration, notamment à Grenoble et à Douai, en qualité d'Ingénieur au corps des Mines, jusqu'en 1923.
Il part alors en Tchécoslovaquie diriger les services de l'Union Européenne Industrielle et Financière et, à ce titre, devient Administrateur délégué des usines Skoda ; il fait preuve d'une activité inlassable et d'une grande intelligence dans la défense des intérêts français. En 1929, il revient à Paris comme Directeur Général de l'Union Européenne, est fait Officier de la Légion d'Honneur à titre militaire en 1931. La guerre de 1939 le ramène au front. Chef d'escadron d'artillerie, il se conduit vaillamment et est deux fois cité.
Malgré les ordres reçus, il refuse de capituler, et ce n'est qu'après l'entrée en vigueur effective de l'armistice le 25 juin 1940 qu'il consent à déposer les armes
Prisonnier à l'Oflag XB, rapatrié en octobre 1940. il abandonne toutes ses fonctions à l'Union Européenne et il accepte la Présidence du Comité d'organisation de l'Industrie des Combustibles Minéraux solides ; malgré toutes les entraves de l'occupant, il cherche par tous les moyens à améliorer les conditions de vie des mineurs, et coordonne efficacement le travail des Houillères.
Dressé contre des décisions qui heurtaient ses sentiments, manifestant publiquement son opposition au départ de la main-d'œuvre en Allemagne, révoqué de son poste en 1943, il peut se donner plus complètement à la tâche qui l'appelait et préparer le nouveau combat. Il devient le premier commandant des Forces françaises de l'intérieur de l'Ile de France à Paris, sous le nom de « commandant Landry » ; arrêté en mars 1944 et incarcéré à Fresnes, sa robuste constitution et son énergie indomptable lui permettent de résister à des interrogatoires très durs sans rien livrer des secrets de son organisation : paraissant voué à une mort certaine, il put miraculeusement retrouver sa liberté, au moment où Paris, sentant l'ennemi faiblir, se soulevait, participer au combat et faire flotter sur l'Hôtel de Ville le drapeau tricolore. Un de ses compagnons de combat écrit :
« LEPERCQ eut ces jours-là de grandes satisfactions personnelles en plus des joies collectives. D'abord celle de commander d'admirables volontaires et, avec eux, de repousser les attaques allemandes, aussi, celle de voir passer à l'action, dans tout Paris, l'organisation qu'il avait mise sur pied avant son arrestation ».
Il veut alors rentrer dans l'ombre avec cette simplicité qui le caractérisait, mais la France avait trop besoin d'hommes tels que lui, et il se voit confier le poste redoutable de Ministre des Finances dans le premier gouvernement de la France libérée. Il assume alors la lourde responsabilité d'entreprendre immédiatement l'œuvre capitale du redressement de la puissance financière du pays, renonçant à des avantages matériels, ce qui n'était rien pour lui, et sacrifiant en partie son intimité familiale, ce qui était énorme. Aimé LEPERCQ avait les qualités qu'il fallait pour mener à bien une pareille tâche, et parmi elles, il avait cette qualité essentielle d'être un grand patriote ; son amour des hommes lui faisait comprendre les besoins de tous et leurs aspirations : grâce à son jugement, il mesurait les possibilités des individus et aidait chacun à tirer le meilleur parti de lui-même. Il n'y avait pas pour lui de barrière de classe ou de formation.
« Dans une guerre qui frappe à coups redoublés, la mort d'Aimé LEPERCQ, Ministre des Finances, est l'une des certes les plus cruelles que nous ayons eu à subir. Car c'est bien le mot courage qui exprime le mieux ce qu'était son caractère. »
Ces paroles du Général de Gaulle, Président du Gouvernement provisoire, résument la destinée exceptionnelle d'Aimé LEPERCQ, grand cœur, chef incomparable et homme d'État.