Claude GUILLEMIN (1923-1994)


Claude Guillemin au cours d'une récolte de dioptase à Renéville, bassin du Niari, "Congo-Brazzaville"
(C) Photo Ecole des mines de Paris

Claude Jean Guy Guillemin was born Sept. 13, 1923 and died April 6, 1994. His carrer appears in Who's Who in France : Son of André Guillemin, company executive, and of Jeanne Hacherel his wife, Claude married Mrs Cecile Robin on June 6, 1946, and had three children : Anne, Jean-Louis and France (one is now a doctor and two are professors). After Lycée Buffon, he first graduated from Ecole de santé de la Marine in 1947. He later studied pharmacy in Bordeaux and sciences in Bordeaux and Paris ; he received a doctoral degree in pharmacy (1951) and an another in sciences (1955).

He was a pharmacian-colonel in the French Navy when he officially retired in 1979. But he truly worked there only from 1947 to 1949. He was associate chief of the mining department of the Commissariat à l'Energie Atomique (1949-1952), Assistant Professor at Univ. of Paris (1952-1956), Chief engineer of Bureau de Recherches Géologiques et Minières (from 1956), later Scientific Director (1968-1978) and Inspector General of BRGM (1978-1986). He was also a professor at Ecole des Mines de Paris (1957-1969) and responsible for the Collections of Ecole des Mines. He received the French National distinctions of Officer of Legion d'Honneur and Commander of Merit. He was a member of the Rotary Club of Orléans.

He was Vice-Chairman of the French Committee for Research and Technology (CSRT)(1978-1980), Chairman of Société Francaise de Minéralogie et de Cristallographie, Associate Member of French Academy of Sciences (elected in 1980), Chairman of International Mineralogy Association (1978).

He wrote more than 200 papers or scientific books. His scientific works span mineralogy, cristallography, structural analysis, protection of environment, geopolitics, and geothermal energy among other domains.


French language biography by Hubert Curien :

La veille de Pâques 1994 fut une bien triste journée pour les minéralogistes: nous avons perdu Claude Guillemin.

Comment esquisser le profil de ce collègue exceptionnel, comment évoquer ses travaux et son influence déterminante dans l'orientation des sciences de la nature sans une profonde émotion? Lui-même ne savait pas, ne voulait par séparer la passion et la raison.

Les circonstances l'avaient conduit à faire ses études supérieures à l'Ecole du Service de Santé de la Marine d'où il sortit major de sa promotion en 1947. Les très solides connaissances qu'il y acquit en chimie vinrent fortifier une vocation qui fut celle de toute sa vie: l'étude et l'amour des minéraux.

Sa thèse de pharmacie (1951) porte sur la minéralogie du gisement de cuivre de Cap Garonne, proche de Toulon. Sa thèse de sciences naturelles (1955) est une étude exhaustive des arséniates, phosphates et vanadates de cuivre. Ce groupe est particulièrement riche en espèces minérales. Claude GUILLEMIN a apporté la clarté dans cette diversité. montrant que certaines espèces précédemment décrites n'étaient par originales et décrivant, par contre, des espèces nouvelles telles que la "vésignéïte". Ces travaux ont apporté une connaisssance approfondie des processus d'altération des minerais naturels de cuivre.

A l'occasion de la préparation de cette thèse, Claude GUILLEMIN fit la connaissance de Jean WYART, auquel pendant toute sa carrière scientifique, il a voué un profond attachement.

Avant d'entrer au laboratoire de Minéralogie de la Sorbonne, Claude GUILLEMIN avait passé trois années de travail fécond au Service de Minéralogie du Commissariat à l'Energie Atomique, laboratoire naissant chargé de développer en France l'étude des minéraux utiles pour la production d'énergie nucléaire.

A la Sorbonnne. Claude GUILLEMIN prend le goût de l'enseignement: il rénove les travaux pratiques en introduisant des méthodes originales d'analyse qualitative accessibles aux étudiants. Il y trouve ainsi l'occasion de développer son goût naturel pour les collections. Grâce à l'amitié et à la générosité du Colonel Vésigné, extraordinaire collectionneur-mécène en minéralogie et en préhistoire, il pourra enrichir la collection de la Sorbonne, ainsi que celles de l'Ecole des Mines de Paris et du Muséum National d'Histoire Naturelle, au point d'en faire trois des dix collections de minéraux les plus remarquables au monde.

L'Ecole des Mines de Paris sera toujours pour Claude GUILLEMIN un pôle d'intérêt très fort. Il y enseigna de 1957 à 1969. Il y était Conservateur des Collections depuis 1959. Mais c'est au Bureau de Recherches Géologiques et Minières qu'il fit l'essentiel de sa carrière, depuis 1956. Il y créa et développa les services de chimie, de géochimie, de minéralogie, de pétrographie et de minéralogie. Il y introduisit des méthodes modernes d'analyse physico-chimiques, telles que l'usage de la microsonde électronique. Il fut l'un des artisans les plus actifs de l'installation du BRGM à Orléans: il y fonda le Service Géologique National en 1968, qu'il dirigea jusqu'en 1978, avant de devenir inspecteur général du Bureau, poste créé à sa mesure pour lui permettre d'intervenir dans les domaines d'activités les plus divers et d'y promouvoir l'innovation. Depuis 1986, il était inspecteur général honoraire et continuait à travailler avec ardeur.

La notoriété de Claude GUILLEMIN fit que de nombreuses sociétés ou associations nationales ou internationales l'élurent à leur présidence: la Société Française de Minéralogie et de Cristallographie, bien sûr, mais aussi l'IMA, l'Association Internationale de Minéralogie dont il fut l'un des fondateurs. Il avait aussi été vice-président du Comité Consultatif de la Recherche Scientifique et Technique (le "Comité des Sages"). Il fut élu membre correspondant de l'Académie des Sciences dans la section des Sciences de l'Univers en 1980.

L'oeuvre scientifique de Claude GUILLEMIN, qui est attestée par plus de deux cents publications est d'une grande diversité: il aimait les horizons larges, et aussi les rapprochements parfois insolites et très souvent féconds fondés sur la connaissance précise du détail. Un vrai naturaliste: sa joie était dans l'observation des objets, et dans leur étude raisonnée. Il a ouvert à la minéralogie de nouvelles avenues, en y conjuguant les méthodes d'analyse et de classification, au bénéfice de la connaissance des milieux solides naturels, de leur prospection, de leur exploitation.

La gestion prospective des ressources de notre planète était l'une de ses préoccupations majeures. Il s'est ainsi intéressé non seulement à l'économie de l'exploitation des matières premières minérales et énergétiques, mais encore à la protection de l'environnement. Il était devenu, dans ce domaine aussi, un expert tres écouté.

Généreux, Claude GUILLEMIN savait partager son savoir, sans ostentation, mais avec une efficacité d'autant plus grande que les relations professionnelles devenaient avec lui très vite des relations d'amitié. Il fut un avocat extraordinaire des Sciences de la Terre, et tout spécialement de la minéralogie. L'une de ses initiatives récentes, le "géodrome" qui, près d'Orléans au bord de l'autoroute A10, offrira très bientôt aux passants en quête d'étape originale une remarquable présentation de la géologie de notre pays, nous permettra d'évoquer longtemps sa mémoire.

Sa mémoire, comment pourrait-elle d'ailleurs s'effacer? Comment pourrions-nous oublier ce solide jurassien qui nous a appris en parcourant joyeusement les carrières et les forêts à reconnaître les roches, les minéraux,... et les champignons? Comment pourrions-nous ne pas garder notre profonde affection à cet ami généreux et sincère, et notre fidèle admiration à un scientifique qui a marqué profondément le monde des "géosciences".


Hubert CURIEN
Ancien ministre de la Recherche, membre de l'Académie des Sciences


Présentation faite par Philippe Gentilhomme, le 7 janvier 2015, à l'Association ABC Mines

Le colonel d'artillerie Jean-Paul-Louis Vésignié (1870-1954 ; X 1891) se passionna pour la minéralogie, d'où le nom de vésigniéite attribué par C. Guillemin à un nouveau minéral en 1955, en hommage à son ami éducateur : l'origine du nom "Vésigniéite" et des circonstances de la découverte de ce minéral sont rappelés sur Wikipedia.


Vésignié, élève de l'Ecole polytechnique

Philippe Gentilhomme, géologue diplômé de l'Ecole nationale supérieure de géologie de Nancy (ENSG, sorti en 1974), travailla longtemps avec Claude Guillemin. Comme l'allocution en vers le mentionne, c'est Guillemin qui le fit entrer le premier dans la nouvelle association ABC Mines, donc sa carte porte le n° 1 !
Gentilhomme fit une carrière au BRGM et passa quelques années au ministère de la recherche où il s'occupa de recherches en matières premières et sciences de la terre.
Il mentionne volontiers comment lui-même devint à l'origine un collectionneur de cailloux : un militaire, élève de l'Ecole d'officiers de marine de Saint-Petersbourg, dont le père fut médecin général des armées russes avant d'émigrer en France pendant la 1ère guerre mondiale, Wladimir Stchépinsky, l'initia à l'âge de 10 ans et fit de lui un paléontologue et minéralogiste bien organisé. La collection qu'il a constitué a été donnée au Muséum et est exposée à Lyon.


Philippe Gentilhomme, le 7 janvier 2015
Photo D. Glatigny