La délibération suivante du Conseil de l'Ecole des mines de Paris montre que les réductions budgétaires drastiques étaient déja de mise il y a fort longtemps.

CONSEIL DE L'ECOLE NATIONALE SUPERIEURE DES MINES

PROCES-VERBAL de la 38ème SEANCE LUNDI 7 MAI 1934

La séance est ouverte à 14 heures 55 sous la présidence de M.LIENARD, Directeur de l'Ecole.

Sont présents: MM. LANTENOIS, BACLE, de BERC, CHAMPY, CORNU-THENARD, DELONCLE, DEMAY, GALLIOT, GRANDJEAN, GROSSELIN, JOLIBOIS, LAMBERT-RIBOT, IUNG, LAVASTE, LEMAY, LOIRET, MAISON, NICOU, PELLE, de PONTEVES, PRALON, le SUEUR et CHIPART.

Excusés: MM. BAZILE, JOUGUET, de LAUNAY, Théodore LAURENT, TAFFANEL et de WENDEL.

Le Président désigne le Sous-Directeur comme secrétaire de la séance.

Le Président signale que les exemplaires du précédent procès-verbal qui ont été adressés aux membres du Conseil ne mentionnent pas M.BARON qui assistait à la séance. Sous réserve de cette rectification, le procès-verbal de la séance du 7 Mars 1934 est adopté.

APPLICATION A L'ECOLE DES MINES DU DECRET DU 4 AVRIL 1954 DECIDANT UNE REDUCTION DE 10 % DU NOMBRE DES AGENTS DE L'ETAT.

Le Directeur de l'Ecole a adressé à tous les membres du Conseil copie de la dépêche ministérielle du 20 Avril 1934 signalant que par décret en date du 4 Avril 1934 le Gouvernement a décidé la réalisation immédiate de la réforme administrative au moyen d'une réduction de 10% du nombre des agents de l'Etat. Cette réforme doit être effectuée avant le 30 Juin 1934. Dès à présent, à titre de mesure conservatoire, la dotation des chapitres de personnels est frappée d'une réduction provisoire de 10 % à compter du 1er Juillet prochain.

La dépêche ministérielle demande que le Conseil de l'Ecole donne son avis sur cette question.

Bien que la dépêche ministérielle ne s'occupe que du décret concernant la réduction du personnel de l'Etat, le Directeur estime indispensable d'attirer tout d'abord l'attention du Conseil sur les dispositions d'un autre décret, également en date du 4 Avril, qui régit le cumul en matière de traitements, décret qui n'intéresse pas seulement la plupart des membres du corps enseignant, mais aura sa répercussion sur la valeur de l'enseignement de l'Ecole, valeur qu'il importe avant tout de ne pas laisser atteindre.

Le Directeur passe en revue les divers articles du décret et indique quelles seront les répercussions possibles pour le personnel enseignant et pour l'Ecole, autant du moins que l'on peut en préjuger tant que l'Administration Supérieure n'a pas donné ses instructions sur l'interprétation et l'application des divers articles du décret.

Le Directeur signale en particulier que le décret aura pour conséquence presque absolue de supprimer toute collaboration entre l'industrie et l'enseignement, collaboration qui est pourtant des plus profitables à l'un comme à l'autre. Le contact des professeurs d'une Ecole technique avec l'industrie correspondant à la matière de leur enseignement évite le danger d'un enseignement purement livresque et qui resterait en arrière sur les progrès de l'industrie, tandis que inversement, la collaboration de savants à la solution de problèmes posés par la pratique industrielle a les plus heureux effets sur les progrès de celle-ci. Tout le monde à l'Ecole connaît en particulier les immenses avantages que l'industrie chimique a retirés de la collaboration de Henry Le Chatelier.

Le Directeur signale encore un autre décret du 4 Avril interdisant le cumul d'une rémunération d'auxiliaire et d'une pension d'ancienneté. Par application de ce décret, Mme COLLET, employée à la Bibliothèque, et veuve d'un officiee tué à la guerre, et M.DANIEL, homme d'équipe, ont dû cesser tout service à l'Ecole le 30 Avril dernier.

Passant ensuite à la question qui fait l'objet de la dépêche ministérielle du 20 Avril, le Directeur expose les mesures qu'il envisage pour réaliser la réduction d'au moins 10 % pour les effectifs et d'au moins 10 % des crédits du personnel y afférent.

Réduction des effectifs - Si on laisse de côté les répétiteurs de langues vivantes, qui sont désignés au début de chaque année scolaire et les examinateurs du concours d'admission qui sont nommés chaque année et qui ne font partie, ni les uns ni les autres, du personnel de l'Ecole, le nombre de personnes attachées à l'Ecole est actuellement de 65. La réduction d'effectifs devrait donc s'élever à 6 ou 7 pour atteindre les 10 % demandés.

Les effectifs actuels sont souvent inférieurs aux effectifs réglementaires qui comportent notamment un chef de travaux, un aide-préparateur et un chimiste du Bureau d'Essais à ajouter au personnel actuellement attaché à l'Ecole.

Pour les garçons de laboratoire, gardiens de bureau et hommes d'équipe, la différence est encore plus grande par suite du non remplacement en 1933 de deux gardiens de bureau. D'autre part, deux auxiliaires viennent, comme il a été mentionné plus haut, de quitter l'Ecole par application d'un décret du 4 Avril.

En ce qui concerne les suppressions possibles il est essentiel de remarquer que beaucoup de fonctionnaires et d'agents ont des emplois uniques dans leur genre et dont le nombre ne peut être diminué.

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