Médard Pierre JOLIBOIS (1884-1954)

Né le 23/5/1884 à Paris (8ème). Mort le 9/2/1954.
Fils de Flavien Marie Charles JOLIBOIS, membre du Conseil d'Etat, et de Marguerite WALKER.
Marié à Amélie Edmée DURUY, fille de Georges DURUY (1853-1918, professeur d'histoire à Alger et à l'Ecole polytechnique) et de Amélie Louise Eugénie JUBINAL, petite-fille de Victor DURUY (1811-1894, ministre de l'Education nationale, professeur d'histoire à Polytechnique, membre de l'Académie française) et de Adèle von GRAFFENRIED.
Père de Charles (né le 4/10/1928).

Ancien élève de l'Ecole Polytechnique (promotion 1903). Docteur en Sciences physiques.


Extrait de Annales des Mines, avril-mai 1954.

Les Annales des Mines se doivent de signaler la mort brutale de M. Pierre Jolibois, membre de l'Institut, professeur de Chimie à l'École Nationale Supérieure des Mines de Paris, membre de la Commission des Annales des Mines, survenue le 18 février 1954.

Pierre Jolibois est né à Paris en 1884. Sorti de l'École Polytechnique en 1905, il entra l'année suivante au laboratoire de chimie générale de la Faculté des Sciences. Henry Le Chatelier venait de succéder à Henri Moissan comme titulaire de la Chaire. Sous sa direction, Pierre Jolibois prépara une thèse remarquable sur l'allotropie du phosphore qu'il soutint en 1910. Un cours libre qu'il fit l'année suivante à la Sorbonne sur les alliages métalliques établit définitivement sa réputation.

Mobilisé en 1914 comme commandant de batterie, il fut appelé en 1917 à la Section des Etudes de Chimie de l'Inspection des Inventions et Études techniques. En 1919, il fit partie de la mission française de contrôle des usines de Ludwigshafen.

Nommé, la guerre terminée, professeur de chimie à l'Ecole des Mines de Paris, il devait y professer pendant 33 ans. Il y établit un laboratoire qui, tant du point de vue de la recherche que de l'enseignement, peut être considéré comme un modèle, et où il forma de nombreux chercheurs.

En 1935, il succéda à E. Darmois comme président de la Société Chimique de France. L'Académie des Sciences l'accueillit en son sein en 1944. Membre du Comité Scientifique des Poudres et du Directoire du Centre National de la Recherche Scientifique, président de la Section de Chimie minérale de l'Union Internationale de Chimie, il accepta en 1948 la très lourde charge de présider le Conseil chargé du contrôle et de la gestion de l'IG. Farben, tâche qu'il remplit avec une remarquable autorité.

Ses nombreux travaux ont porté principalement sur les dérivés organo-métalliques du magnésium, sur le sulfate de calcium semi-hydrate, sur la chimie des phosphates, sur les engrais composés, sur les phénomènes chimiques qui se produisent sous l'action de l'étincelle dans les gaz raréfiés. Au cours des dix dernières années il s'était consacré à l'étude d'ensemble des phénomènes électro-chimiques, ouvrant de nouvelles perspectives sur ces phénomènes.

Il a su réaliser une liaison efficace entre la science pure et ses applications industrielles. Ses travaux aboutirent, dans de nombreux cas, à une véritable rénovation de certaines fabrications.

La mort brutale de ce grand savant est une perte incontestable pour la Chimie française.


Il étudie l'allotropie du phosphore, ce qui l'amène à la découverte du phosphore pyromorphique, et l'allotropie de l'arsenic. Il isole le composé Si Pd, ainsi que de nouveaux composés du phosphore et de l'arsenic. On lui doit l'étude des dérivés organo-métalliques, des études sur les plâtres et sur les actions chimiques dues à l'étincelle électrique. D'autres travaux portent sur l'électrolyse en solution acqueuse, la préparation des oxydes par électrolyse. Répétiteur de chimie à l'École polytechnique (1913). Professeur de chimie générale et analytique à l'École nationale supérieure des mines (1921). Président de la Société chimique de France en 1935 et élu membre de l'Académie des sciences le 28 juin 1944.



Jolibois caricaturé par un élève de l'Ecole des mines de Paris (Petite Revue des élèves, 1935)
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