Fils de François Marie Louis CORNU, juge de paix, et de Eugénie Sophie POINSELLIER. Beau-père de Louis de LAUNAY. Une arr.-petite-fille de Alfred CORNU épousa Gilles LEGRAND.
Ancien élève de l'Ecole polytechnique (promotion 1860, entré classé 8, sorti classé 2), et de l'Ecole des Mines de Paris (promotion 1862, sorti classé 2). Corps des mines. Membre de l'Académie des sciences (section de physique générale) élu le 3 juin 1878 ; vice-président en 1895, président en 1896.
Publié dans le LIVRE DU CENTENAIRE (Ecole Polytechnique), 1897, Gauthier-Villars et fils, TOME I, pp. 438 et suiv.
Monsieur Alfred Cornu, né en 1841, est sorti en 1862 de l'école polytechnique, et a choisi le corps des mines. Répétiteur de physique à l'école Polytechnique dès la fin de 1864, il y recueillait, en 1867, comme professeur, la succession de Verdet. Dès 1863, M. Cornu avait déduit des équations de Mac Cullagh et de Neumann un théorème sur la relation qui existe entre les positions du plan de polarisation pour les rayons incident, réfléchi et rétracté dans les milieux isotropes. Deux ans après, il abordait l'étude de la réflexion cristalline, et, en 1867, il trouvait moyen de traiter la question sans s'écarter de la doctrine de Fresnel, sous la condition de substituer, à la continuité géométrique des mouvements, une sorte de continuité mécanique entre les quantités de mouvement. Il a étendu à la propagation de l'électricité les formules de Fourier pour la diffusion de la chaleur, et, dans les notes dont il a enrichi la traduction française du traité de Maxwell, il a établi que le principe de la théorie mathématique des phénomènes électromagnétiques pouvait être déduit de la loi de Laplace. C'est aussi M. Cornu qui a fait connaître la forme de la surface de l'onde lumineuse dans un milieu isotrope placé au sein d'un champ magnétique uniforme.
À partir de 1872, M. Cornu a exécuté d'importantes recherches expérimentales sur la vitesse de la lumière, en vue de la détermination de la parallaxe du Soleil. Il a employé, à cet effet, la méthode de la roue dentée de M. Fizeau, avec enregistrement électrique des tours. Les expériences, entourées de soins exceptionnels, ont été l'objet d'une discussion approfondie, et, en 1878, l'Académie a accordé le prix Lacaze à ce travail, qualifié par le rapporteur, M. Fizeau, "d'oeuvre forte et durable". L'Angleterre s'associait à ce suffrage en décernant à l'auteur la médaille de Rumford.
En collaboration avec M. Baille, M. Cornu a déterminé la densité moyenne de la Terre, par une application perfectionnée de la méthode de Cavendish. Avec M. Mercadier, il a étudié les intervalles musicaux et établit ce résultat intéressant, que la série pythagoricienne des intervalles représente la gamme mélodique, tandis que la succession des nombres naturels correspond à la gamme harmonique ou des sons simultanés. On lui doit aussi une méthode optique, fondée sur la photographie des anneaux colorés, pour l'étude de la déformation que peut subir la surface extérieure des corps solides élastiques.
Les spectres lumineux ont beaucoup occupé M. Cornu. Après avoir constaté que toutes les vapeurs métalliques placées dans l'arc électrique produisaient le renversement spontané des raies spectrales, il a fait voir que certaines séries de raies spontanément renversables offraient sensiblement les mêmes lois de répartition et d'intensité que celles de l'hydrogène. Ces recherches sur le spectre ultraviolet, entreprises à diverses aux altitudes, ont fait ressortir l'influence qu'exerce, sur l'absorption des radiations les plus réfrangibles, l'épaisseur et la composition de l'atmosphère. La considération du même spectre le conduit à mettre en évidence une continuité assez inattendue entre la réflexion vitreuse et la réflexion métallique, certaines substances se comportant comme métalliques pour les radiations énergiquement absorbées et comme vitreuses pour celles qui subissent le minimum d'absorption. Enfin, ses études sur le spectre du soleil et sur celui de l'étoile temporaire du Cygne, en faisant ressortir à la prédominance du fer, du nickel et du magnésium, l'ont amené à envisager les aérolithes comme le type de la matière cosmique.
Les expériences de précision que M. Cornu a exécutées lui ont fourni l'occasion, d'abord de définir le rôle des erreurs systématiques, ensuite d'étudier la théorie mathématique de la synchronisation des systèmes oscillants, en montrant que la condition essentielle est l'existence d'un amortissement convenable. Il a pris part à de nombreux travaux astronomiques, qui ont déterminé son entrée au bureau des Longitudes. C'est ainsi qu'avec M. Fizeau il a été activement associé à l'oeuvre de la commission du passage de Vénus, imaginant à ce propos une méthode nouvelle pour achromatiser les images des appareils photographiques. Enfin il a donné une part importante de collaboration à la Commission internationale du Mètre, en président comme physicien aux délicates opérations de la mesure et de la comparaison des mètres-étalons.
Il est intéressant de rappeler, à cette occasion, que le fauteuil académique occupé par M. Cornu est précisément celui de Lefèvre-Gineau, le physicien qui, en 1797, dirigeait la fabrication du mètre des Archives.