La série Gérer & Comprendre privilégie une approche humaine de l'organisation des entreprises, grâce à des analyses qui ne fondent pas sur les seuls outils de gestion, mais empruntent aussi à la sociologie des moyens de compréhension indispensables aux responsables d'entreprises. Son fonctionnement est celui d’une revue académique à comité de lecture. Elle a été retenue par l’HCERES dans son classement des revues en économie et gestion (en page 8).

 

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Gérer et Comprendre - N° 140 - Juin 2020

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N° 140 - Juin 2020

 

Entre contrainte managériale et opportunité de développement du travailleur : l’application du « besoin de savoir » dans le secteur protégé

Par Sarah RICHARD
EM Strasbourg, laboratoire Humanis

 

La loi n° 2016-41 du 26 janvier 2016 élargit les opportunités de partage des informations confidentielles dans le secteur médico-social. Cette mesure est supposée répondre à une problématique de gestion majeure, l’absence de partage d’informations engendrant des coûts de fonctionnement et nuisant à la qualité de l’accompagnement des personnes accueillies. Le dilemme de savoir quelles informations peuvent être divulguées ou relèvent de l’intimité des travailleurs fait partie intégrante de la réalité de gestion des Etablissements et services d’aide par le travail (ESAT). Dans la littérature, le partage d’informations a priori confidentielles ou secrètes est supposé s’effectuer sur la base du « besoin de savoir ». L’application de ce principe permet d’éviter des situations où l’absence de partage induirait des effets négatifs sur l’organisation. Le présent article vise à caractériser l’application du « besoin de savoir » dans le secteur protégé. Pour ce faire, deux études de cas auprès de deux ESAT multi-activités ont été réalisées. Nos résultats montrent que les ESAT étudiés gèrent une tension permanente entre « besoin de savoir » et défense d’un « droit de ne pas savoir ». Cette tension façonne la manière dont les ESAT compartimentalisent le partage des informations, et aboutit à deux paradoxes de gestion d’informations. Nous montrons in fine comment les acteurs et l’organisation réagissent, ou non, face à ces paradoxes.

 

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N° 140 - June 2020

Between managerial exigencies and opportunities for personal development through work: Applying the “need to know” in social services

 

Sarah Richard,
EM Strasbourg, Humanis Laboratory.

 

A French act of 26 January 2016 has broadened the possibilities for sharing confidential information in medical and social services. This is supposed to be a response to a major problem of management, since not sharing information has an operational cost and is detrimental to the followup on the disabled persons enrolled in work programs. But how to know which information may be disclosed and which is highly personal? This dilemma is typical of the actual management of ESATs, the establishments and services that provide work to the disabled. In the literature, the grounds for sharing information that is, in principle, confidential or secret is supposed to be the “need to know”. Applying this principle helps avoid situations where not sharing would have negative effects on the organization. How to describe the application of the “need to know” in this protected social service sector? According to the findings of two case studies, both ESATs had to cope with a constant tension between the “need to know” and the defense of a “right to not know”. This tension shaped the way that these establishments compartmentalized the sharing of information; and it led to two paradoxes in information management. These case studies show how actors and organizations react, or not, to these paradoxes.

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