Père de Georges VIGIER.
Ancien élève de l'Ecole polytechnique (promotion 1916, sorti major), et de l'Ecole des mines de Paris. Corps des mines.
Il joua un rôle primordial dans la reconnaissance et la mise en valeur de gisements importants en Afrique. Appartenant à une promotion disloquée par la guerre (1914-1918), il combat et reçoit la Croix de guerre sur le front italien. Affecté au Service des mines à Béthune en 1924, professeur à l'Institut industriel du Nord. En 1936 il succède à Léon Migaux (X 1916) à la tête du Bureau de recherches et participations minières à Rabat, ce sera une orientation décisive de sa carrière en Afrique. Pendant le second conflit mondial, il travaille à Alger avec Jean Monnet au développement économique d'après-guerre. Directeur général adjoint des Houillères nationales du Nord et du Pas-de-Calais de 1947 à 1949, directeur général du Bureau minier de la France d'Outre-Mer de 1949 à 1959.
Hommage à René VIGIER (16)
1898 - 1979
par Pierre Massé (X 16) de l'Institut
Publié dans La Jaune et la Rouge
René Vigier était né le 5 novembre 1898, à Salles d'Angles en Charente.
Il fit ses études secondaires au Collège de Cognac, assez brillamment pour être admis en hypotaupe au lycée de Bordeaux, à la rentrée de 1915. Il fit là de tels progrès que ses professeurs l'engagèrent à se présenter au concours de l'X de 1916, où il fut reçu à un rang moyen. C'était déjà un exploit, le premier d'une brillante série.
Appartenant à une promotion disloquée par la guerre, il fut de ceux qui firent rue Descartes leur première année d'école en 1916/17 et leur seconde année en 1919/20. Entre temps, il avait combattu et gagné la Croix de guerre sur le front italien. Sorti major et titulaire du prix Laplace, il entra à l'École des Mines, puis fit son apprentissage dans la Sarre, et participa dans la Ruhr à la MICUM. En 1924, il était affecté au Service des Mines à Béthune, où il resta en fonction près de douze ans en même temps qu'il professait à l'Institut Industriel du Nord. Les grèves qui accompagnèrent l'avènement du Front Populaire lui valurent des missions d'arbitrage et un contact jamais oublié avec les réalités sociales de son temps.
En novembre 1936, il succédait à notre regretté camarade et ami, Léon Migaux, mineur comme lui, à la tête du Bureau de Recherches et Participations Minières à Rabat, en même temps qu'il devenait administrateur de la société Chérifienne des pétroles. C'était une orientation décisive de sa carrière vers l'Afrique. Il y marqua d'abord son passage par son concours à la mise en valeur des gisements de manganèse de l'Imini, de plomb et de zinc de Zellidja. Sa grande modestie et son ouverture aux hommes ne l'empêchaient pas de soutenir avec fermeté des idées qu'il croyait justes. C'est ainsi qu'il sortit à son honneur d'un différend momentané avec un des Résidents Généraux de l'époque.
La seconde guerre mondiale lui valut successivement d'organiser la " noria " des navires qui ralliaient Casablanca, et de travailler à Alger avec Jean Monnet pour esquisser les bases du développement économique d'après-guerre. Seules la maladie et la mort empêchèrent ces deux hommes qui s'estimaient profondément de se revoir en 1978.
De 1947 à 1949, il fut Directeur général adjoint des Houillères Nationales du Nord et du Pas-de-Calais. Puis il ressentit de nouveau l'appel de l'Afrique. De 1949 à 1959, il fut Directeur général du Bureau Minier de la France d'Outre-Mer (BUMIFOM) qu'il fit bénéficier de l'expérience acquise au Maroc. Il joua ainsi un rôle primordial dans la reconnaissance et la mise en valeur de gisements importants, notamment ceux de MIFERMA en Mauritanie et de COMILOG au Gabon. La soixantaine venue, il devint Président Directeur général de COMILOG, et réalisa avec un plein succès la mise en exploitation de la mine de Moanda qui évacue chaque année 2 millions de tonnes de minerai de manganèse par un téléférique de 72 kilomètres, puis par le chemin de fer aboutissant à Pointe-Noire. Le soin avec lequel il établit le dossier technique et financier de l'opération valut à COMILOG un prêt important de la Banque Mondiale. En 1967, il devenait Président d'Honneur, avec la satisfaction d'être l'un des hommes ayant le plus contribué au resserrement de l'amitié franco-africaine après la décolonisation.
Commandeur de la Légion d'Honneur, et Grand Officier de plusieurs ordres africains, René Vigier avait su gagner l'estime et l'affection de tous ses collaborateurs. Il n'était pas seulement un ingénieur savant et modeste, il était encore un être profondément humain. Son intelligence et son énergie s'alliaient à la sensibilité la plus délicate. Il était, par ses leçons et par son exemple, un entraîneur d'hommes. Il était aussi le plus sûr des amis. Après des carrières d'orientations très différentes, nous nous étions retrouvés proches l'un de l'autre. La finalité que nous avions poursuivie, chacun selon sa voie, était le progrès de l'homme. De tout homme et de tous les hommes. Dans l'épreuve qui secoue le monde, nous n'aspirions pas à une vérité qui se dérobe. Mais nous avions projeté de nous attaquer ensemble aux erreurs les plus répandues et les plus dangereuses. Un sort cruel ne l'a pas permis.
Que ces quelques lignes, écrites en pensant à sa femme et à ses enfants, soient le modeste hommage de l'admiration, de l'amitié et du chagrin.