Polytechnique (promotion 1916-17 ; sorti classé major). Ecole des Mines de Paris (diplômé le 12 avril 1922). Corps des mines.
Il découvre les pétroles du Maroc, et sera président de la Compagnie générale de Géophysique.
Publiée dans La Jaune et la Rouge, septembre 1975
L'esprit de Léon Migaux a été frappé, on pourrait presque dire ébloui, par les perspectives pétrolières exaltantes qui lui sont apparues au début des années trente. Il les a résumées lui-même dans un article ultérieur, dont le passage essentiel est le suivant : " Un immense bassin sédimentaire, dont l'épaisseur peut dépasser 10000 mètres, s'étend, avec des fortunes diverses, depuis l'extrémité Est de l'Arabie jusqu'à l'extrémité Ouest du Maghreb. Or, qui dit bassin sédimentaire dit possibilité de pétrole... C'était à l'Est, les richesses pétrolières de l'Iran, de l'Irak et de Bahrein. Pourquoi la même loi n'aurait-elle pas eu aussi pour conséquence du pétrole au Sahara oriental ? Mais en même temps que se posait le problème, on pouvait prévoir que la géologie ne suffirait pas à déterminer les emplacements des forages de recherches,... les terrains secondaires étant cachés sous des terrains bien plus récents (miocène, pliocène, quaternaire), certainement discordants, et qui masquent toute l'architecture interne du secondaire. Cette architecture, il faudrait donc la mettre en évidence par la géophysique ".
C'est à celle-ci qu'à partir de 1937, il allait consacrer le labeur de ses années de maturité.
Issu d'une famille modeste, Léon Migaux, entré à Polytechnique en 1916 en sortit en 1920 dans le corps des Mines. Affecté à l'arrondissement minéralogique de Montpellier, après un bref passage dans la Sarre et dans la Ruhr, il eut à superviser les recherches pétrolières poursuivies à cette époque par l'Office National des Combustibles Liquides dans le petit gisement de Gabian. Il bénéficia ainsi d'un hasard, mais il n'y a pas de réussite sans la conjonction d'une chance et d'un esprit apte à la comprendre et à la saisir. Il se trouva ainsi qualifié pour prendre la tête du Bureau de Recherches et de Participations Minières (B.R.P.M.), créé en 1929 à l'initiative d'Eirik Labonne, alors secrétaire général du Protectorat du Maroc, puis pour devenir administrateur-délégué de la Société Chérifienne des Pétroles. C'est dans ce cadre qu'il forma les premières équipes de techniciens du pétrole qui ont largement essaimé, par la suite, dans les divers organismes de recherche et d'exploitation. C'est dans ce cadre aussi qu'il eut la vision d'avenir résumée plus haut.
Bien entendu, l'oeuvre qu'il a accomplie n'est pas de lui seul. Il eut au Maroc des collaborateurs exemplaires. Quant à la géophysique, l'initiateur en avait été Conrad Schlumberger (X 1898), assisté de son frère Marcel. Cependant, à la Société de Prospection Electrique dont il devint directeur en 1937, puis à la Compagnie Générale de Géophysique dont il devint directeur général, puis président, il apporta une contribution de qualité exceptionnelle au perfectionnement des méthodes antérieures et au rayonnement de la technique française dans le monde. Il fut, dans toute la force du terme, un pionnier. Beaucoup de talents éclatants se sont manifestés ensuite dans ce domaine, marqué par la créativité des hommes et les accidents de l'histoire. La modestie de Migaux le tint éloigné des trompettes de la renommée. Mais tous ceux qui l'ont connu ont admiré son intelligence lumineuse qui se reflétait dans ses démonstrations élégantes et jusque dans les textes sans ratures qu'il écrivait d'un seul jet.
Pierre Massé et René Vigier (16)
Léon Migaux en 1936 et une lettre manuscrite relative à l'utilisation de la géophysique pour la prospection pétrolière au Maroc. Photo publiée dans l'Industrie du Pétrole, n°5, 1936.
Concernant les recherches menées par la Société Chérifienne des Pétroles, voir aussi les biographies de :