Né le 2/7/1880 à BAR LE DUC (55) ; décédé le 1/8/1933 à SAINT PALAIS (17).
Fils de Raimond ULRICH, industriel, et de Marie-Clémence VOUILLAUME. Un frère de Raimond était officier de la Légion d'honneur, vice-président de la chambre de commerce de Bar-le-Duc, et décéda en 1919 dans un accident automobile.
Marié à Yvonne LE GRAIN, fille de Auguste Toussaint LE GRAIN (1860-1935 ; X 1880) et de son épouse née BENAZE (petite-fille de Pierre Léon LOUVAIN-PESCHELOCHE, X 1827).
Fils : Martial, marié le 25/11/1931 à Marguerite SAUVALLE (fille de Paul Louis Eugène SAUVALLE, 1877-1915, X 1896, officier d'artillerie). Jacques, marié à Denise MULLER le 16/11/1932.
Fille : Juliette, qui épouse Jean CRAMAIL le 1/4/1939.
Ancien élève de l'Ecole polytechnique (promotion 1900 ; entré classé 2ème, sorti classé 5ème) et de l'Ecole des Mines de Paris (promotion 1903). Corps de mines.
Il occupe d'abord divers postes dans la région de Toulouse puis d'Arras.
En 1911, il demanda une mise en congé hors cadre pour entrer comme sous-directeur à la Société Generale des Chemins de fer Economiques.
Pendant la guerre, il commande la dixième section des chemins de fer de campagne. Il est décoré de la Légion d'honneur le 31 juillet 1915 avec le motif suivant : "Services remarquables rendus par ses qualités exceptionnelles d'activité, d'organisation, d'initiative intelligente et de dévouement. A obtenu d'un réseau à voie étroite qu'il a transformé un rendement ayant dépassé toute prévision".
Il devint plus tard en 1920 administrateur délégué de la Compagnie du chemin de fer métropolitain, de la Société Electrique de Paris, de la Société d'Electricité et du Gaz du Nord.
Il est conseiller général puis maire de Montauban.
Il se fait ensuite élire député (Tarn et Garonne) de 1932 à 1933 (parti républicain radical, puis gauche radicale). Il fait partie de la commission de l'aéronautique et de celle de l'Algérie et des colonies.
En 1933, il devient président du conseil d'administration du métropolitain de Paris.
Commandeur de la Légion d'Honneur.
Le 6 décembre 1930, Marcel ULRICH préside le banquet de l'Association amicale des anciens élèves de l'Ecole des mines de Paris.
Bulletin de l'Association des Anciens élèves de l'Ecole des mines de Paris, 1930 :
Extrait de l'allocution de M. Grosselin, président de l'association, s'adressant à Marcel Ulrich :
Vous êtes, peut-être, un des hommes les plus occupés de Paris : quand Chapot a cherché quels étaient ceux de vos titres qu'il conviendrait d'inscrire sur la convocation, il a constaté que vous en portiez plus de 80 et il a dû vous prier d'y faire vous-même un choix.
Vous avez retenu seulement ceux qui vous touchent de plus près.
Administrateur délégué du chemin de fer Métropolitain, vous présidez, de très haut, au va-et-vient incessant de ses rames qui engloutissent un nombre infini de voyageurs, indéfiniment compressibles, et bientôt, franchissant les limites imposées jadis par une municipalité à courtes vues, vous irez drainer vos voyageurs dans la petite et dans la grande banlieue.
Administrateur délégué des Ateliers de Construction électrique de Jeumont, vous réalisez —, en ingénieur averti des besoins de vos diverses exploitations, tout le matériel qui leur est nécessaire.
Président de l'Union internationale des Producteurs et Distributeurs d'Energie, vous groupez presque tous les exploitants d'Europe, anxieux de dégager, dans une technique complexe, les formules les meilleures pour leurs abonnés et pour leurs actionnaires.
Vous présidez aussi un des syndicats adhérents à cette Union: le Syndicat professionnel français des producteurs et distributeurs qui, en 1929, avait déjà tendu 300.000 kilomètres de lignes, 85.000 seulement de moins qu'il n'y en a de la terre à la lune. Les centrales électriques de ce syndicat ont produit l'an dernier 15 milliards de kilowattheures; si cette énergie avait été entièrement tirée du charbon, elle aurait absorbé à peu près la moitié de notre production annuelle de houille.
Vous avez été récemment appelé à présider l'Association française de normalisation, qui uniformise les propositions des groupements industriels pour ies transmettre au Comité supérieur de normalisation. Nul doute que, vous ayant à sa tête, cette Association ne regagne l'avance prise par le Bureau of Standards de Washington.
Vous êtes depuis l'an dernier, président de la Conférence des grands réseaux que notre camarade Tribot-Laspière, son délégué général, que je suis heureux de saluer ici ce soir, a su, dans le passé, organiser avec tant de maîtrise, et dont les réunions groupent tous les deux ans un nombre croissant d'ingénieurs étrangers, trop heureux de venir échanger leurs idées avec nos techniciens. Vous allez certainement accroitre encore, dès l'an prochain, le rayonnement mondial de cette œuvre d'origine toute française.
En janvier prochain, votre élection, qui ne fait aucun doute, à une nouvelle présidence, vous permettra de jouer un rôle prépondérant dans l'organisation du Congrès international d'Electricité de 1932, destiné à commémorer le cinquantenaire des fameux congrès qui s'échelonnèrent de 1881 à 1883.
Enfin, vous avez cette année, avec vos vaillants fils, sauvé, non sans péril, la vie d'un grand nombre de victimes des inondations dans la commune dont vous êtes maire, et il se trouve que ce dernier titre, malgré sa modeste apparence, est plus grand peut-être que tous les autres, car il vous a acquis, ce jour-là, la reconnaissance profonde de vos concitoyens, à laquelle nous nous sommes tous associés avec la plus sympathique émotion.
Permettez-moi, mon cher Président, avant de vous prier de prendre la parole, de formuler le souhait que vous restiez encore de très longues années l'animateur des entreprises dont je n'ai pu citer qu'un petit nombre et qui toutes vous doivent ou vous devront une éclatante prospérité!
Quand les applaudissements, chaleureux et unanimes, ont cessé, M. Ulrich se lève, vivement acclamé, et prononce l'allocution suivante, fréquemment interrompue par d'unanimes marques d'approbation et des applaudissements nourris.
Mes chers Camarades,
Vous êtes certainement, comme je le suis moi-même, tout pénétrés par le charme qui se dégage de notre belle réunion.
Ce charme, déjà ressenti par ceux d'entre vous qui ont assisté à nos précédentes fêtes traditionnelles de la Sainle-Barbe, je l'éprouve pour ma part aujourd'hui avec une intensité toute spéciale, puisqu'il m'a été fait le grand honneur d'être appelé à présider ce banquet de 1930 de notre association.
Je veux que mes premières paroles s'adressent à notre sympathique Président, M. Grosselin, pour le remercier de sa délicate attention à mon égard.
Vous l'aviez, mes chers camarades, désigné depuis quelques jours à peine comme président de notre association, lorsqu'il vint me demander d'accepter la présidence de notre banquet annuel.
Vous n'ignorez pas la place de premier ordre que tient M. Grosselin dans le monde des ingénieurs électriciens, vous connaissez la droiture de son caractère et lélévation de ses sentiments : vous comprendrez donc combien j'ai été honoré de sa demande. Si j'ajoute que M. Grosselin sait non seulement conquérir l'estime de tous, mais aussi l'amitié de ceux qui ont le bonheur de le connaître, et si vous voulez bien remarquer que son offre si flatteuse me donne l'occasion de m'entretenir d'une manière tout exceptionnelle avec les camarades de notre chère Ecole des Mines, vous me permettrez avant tout de lui dire ce soir devant vous tous merci de tout mon cœur.
Mes chers Camarades,
Les hommes cultivés et de même formation intellectuelle éprouvent le besoin irrésistible de se réunir périodiquement.
Au risque de rythmer ainsi la fuite éperdue des années et de la rendre peut-être plus tangible; en dépit de la petite note de mélancolie qui plane toujours sur ces fêles annuelles, ils y assistent volontiers, ils s'y retrouvent, non seulement avec émotion, mais aussi avec grand plaisir.
Ils évoquent, dans ces rencontres, les belles heures de jeunesse pendant lesquelles, les yeux fixés vers les mêmes horizons d'avenir, ils caressaient de beaux rêves pour leurs années futures; ils pensent aussi à ces moments plus ou moins difficiles de leurs débuts où ils trouvaient un réconfort à leurs épreuves en se remémorant le vers de Virgile :
« Forsan et haec olim meminisse juvabit »
et ils constatent que le jour est bien venu où ces souvenirs sont pour eux particulièrement agréables.
Mais combien plus prenantes encore sont ces réunions quand il s'agit d'ingénieurs, c'est-à-dire d'hommes d'action qui ne se contentent pas d'être très savants, mais appliquent toute leur culture et toutes leurs connaissances à des réalisations ayant pour but final l'amélioration des conditions de la vie humaine.
Et quand il s'agit de notre Ecole nationale supérieure des Mines, dont le Corps enseignant est parmi les tout premiers du monde, dont le programme s'attaque principalement à la technique des industries vitales pour l'humanité civilisée et dont le passé est si riche de gloires scientifiques et industrielles, les banquets annuels ne peuvent manquer d'émouvoir profondément ceux qui y viennent et qui y trouvent ce charme puissant auquel je faisais allusion tout à l'heure.
Notre grande école, mes chers Camarades, prépare plus spécialement les ingénieurs qui se destinent aux industries fondamentales de la vie moderne.
Les Mines et la Métallurgie d'une part, les Chemins de fer de seconde part, l'Electricité de troisième part sont à une nation ce que les systèmes nutritif et circulatoire sont à un organisme vivant.
J'ai eu la bonne fortune dans ma carrière déjà longue d'un quart de siècle, de consacrer successivement ou simultanément toute mon activité aux services publics ou aux industries dont je viens de parler et qui constituent ce que vous me permettrez d'appeler la trinité des industries primordiales de la civilisation contemporaine.
Il est de tradition que votre Président du banquet de la Sainte-Barbe vous entretienne chaque année, dans une causerie toute familiale, des questions dont il s'occupe plus spécialement.
Je manquerais d'à-propos en faisant entrer dans mon allocution tout ce qui se rapporte à toutes les industries que je viens de citer.
Quelqu'intéressantes que soient les choses que j'aurais à vous dire sur les mines et les chemins de fer, auxquels j'ai consacré cependant tant d'années de ma carrière et dont je suis appelé à m'occuper encore, je ne me permettrai pas de revenir sur des sujets que des personnalités plus autorisées ont déjà traités devant vous.
Je me bornerai donc, et je m'excuse encore de la vaste ampleur de ce double sujet, à vous parler d'abord des tendances actuelles de l'évolution si prodigieuse des industries électriques et ensuite d'une question qui m'est particulièrement chère, du Métropolitain de Paris.
Dans la hiérarchie des industries électriques, la première place revient, à tout seigneur tout honneur, à celles qui ont pour but la production, le transport et la distribution de l'énergie électrique. Sans elles, aucun développement généralisé des applications n'est possible. Toutes les industries de l'entreprise, de l'installation et de la construction électriques doivent être orientées vers leurs besoins.
Toutes les branches de la grande famille des industries électriques doivent être coordonnées dans leurs efforts et leurs tendances vers un perpétuel progrès.
L'industrie électrique française l'a si bien compris, qu'elle s'est organisée en nombreux syndicats groupés eux-mêmes en trois catégories dans une Union des Syndicats de l'Electricité qui assure l'harmonie technique dans les normalisations établies par une coopération générale.
Bien mieux, des organisations internationales permettent d'une part des normalisations plus générales encore, d'autre part des échanges de vues et des discussions techniques fréquents, multiples et féconds et aussi l'étude plus spécialement détaillée sur le plan mondial des questions de production, transport et distribution.
En cette matière comme en beaucoup d'autres, le besoin a créé les organes et ceux-ci, dans le plein épanouissement qu'ils ont pris, ont déjà permis, et permettront plus encore dans l'avenir, une rapidité vertigineuse dans la réalisation des progrès techniques, au grand profit du mieux-être de l'humanité civilisée tout entière.
Si l'on jette un coup d'oeil sur le passé, on constate qu'il y a à peine un quart de siècle que la première grande centrale électrique à turbine à vapeur a commencé à fonctionner en Europe. Ce fut celle de Saint-Denis, de la Société de l'Electricité de Paris, dont j'ai maintenant l'honneur d'être l'administrateur délégué.
Et combien déjà sont surannées les conceptions de l'époque que ces turbines à 5.000 kW et 750 tours avec de la vapeur à 16 kilos nous paraissent aujourd'hui vieillottes et désuètes à côté des grosses machines de 50.000 kW à 3.000 tours et 55 kilos de pression!
Des progrès du même ordre ont été aussi réalisés dans les turbines hydrauliques.
Et nous sentons que tous les jours des perfectionnements s'ajoutent. La conception la plus moderne demandant deux ou trois ans pour sa réalisation, une usine n'est même pas finie qu'elle n'est déjà plus « up to date » par rapport à la conception nouvelle.
Pour le transport, mêmes progrès aussi rapides; on se sert couramment aujourd'hui du 220.000 volts et déjà nos collègues d'Allemagne sont prêts à utiliser dans quelques mois le 380.000 volts.
Aussi avec de tels moyens d'action, envisage-t-on chaque jour des problèmes de plus en plus larges.
L'avenir est à la concentration de la production dans des centrales thermiques extrêmement puissantes, conjuguées avec de lointaines centrales hydrauliques non moins puissantes. D'énormes réseaux de transport se construisent ou sont en projet, qui couvriront toute la France et permettront des échanges de puissance et d'énergie entre tous les centres de production avec un ordre de grandeur jusqu'alors insoupçonné.
Dans chaque région la production en gros se concentre. C'est ainsi que dans la région parisienne, nous venons d'organiser la centralisation de la production totale de l'énergie électrique pour son énorme population de 7.000.000 d'habitants. Deux grands groupes industriels, celui de l'Union d'Electricité et celui des Sociétés de l'Electricité de Paris et de l'Electricité de la Seine qui ont chacune plusieurs puissantes centrales thermiques viennent de constituer un consortium qui exploite désormais les anciennes usines de production de la Compagnie parisienne de distribution d'électricité. Ainsi la coordination des programmes d'agrandissement et de renouvellement se faisant sur un plan plus vaste, on évite des dépenses inutiles et du gaspillage en même temps que la liaison entre elles de ces puissantes usines augmente la sécurité.
On a facilité en outre par cette organisation l'adduction à Paris de l'énergie hydroélectrique qui est une des richesses naturelles de la France.
Parallèlement les producteurs d'énergie hydroélectrique se groupent par régions. Ceux des Pyrénées et des Alpes, avec leur énergie produite par des cours d'eau à régime glaciaire, ceux du Massif Central, avec leurs cours d'eau à régime pluvial complémentaire du premier.
D'autres régions voient aussi se dessiner le groupement de leurs producteurs thermiques et hydrauliques.
Et l'on peut dire que le temps n'est pas éloigné où la France, couverte d'un vaste et puissant réseau de transport, verra des échanges se faire à des centaines de kilomètres, pour le plus grand bien de l'amélioration des conditions générales, entre les centrales électriques, thermiques ou hydrauliques de ses quatre points cardinaux..
En même temps, les secteurs de distribution se groupent aussi, se concertent et couvrent tout le territoire de leurs réseaux qui distribuent ainsi le progrès aux villes et aux campagnes.
Et l'électricité sert de lien puissant entre toutes les branches de l'activité nationale sans oublier les industries vitales des mines et des chemins de fer, qui deviennent chaque jour des producteurs de plus en plus puissants d'énergie électrique et se servent eux-mêmes de cette énergie pour faire progresser à pas de géants leur propre technique.
Aucun domaine de l'art de l'ingénieur, mes chers Camarades, n'est, à l'époque où nous vivons, plus prenant, plus passionnant, plus attirant que celui de l'industrie électrique.
Et maintenant, laissez-moi vous parler du Métro de Paris.
Mes chers Camarades, je commencerai par vous dire que le Métro de Paris est le premier chemin de fer urbain du monde, tant par sa conception et sa réalisation que par l'intensité de son trafic.
Et cependant je n'hésite pas à déclarer qu'il est à peine à la moitié du développement qu'il doit atteindre.
Il n'est pas jusqu'ici sorti de l'enceinte de Paris, il n'y a même pas acquis son entier épanouissement et il doit encore dans sa forme suburbaine desservir la petite banlieue, puis dans un cadre plus vaste, dans sa forme régionale, atteindre la grande banlieue, de manière qu'avec ses trois modalités : urbaine, suburbaine et régionale, il constitue dans un avenir tout proche, dix à quinze ans tout au plus, le grand système circulatoire de cette énorme région parisienne à 7.000.000 d'habitants, dont je vous parlais tout à l'heure.
Jusqu'ici, seul le Métro urbain existe; nous devons, pour parachever l'œuvre, réaliser le plus grand Métro du plus grand Paris.
Laissez-moi vous citer quelques chiffres.
Paris a 78 kilomètres carrés et 2.800.000 habitants, soit une densité moyenne de 35.900 habitants par kilomètre carré. Il n'existe rien de tel ailleurs dans l'univers.
Aussi Paris avait-il avant tout besoin d'un réseau de Métropolitain dense, à stations multiples et rapprochées, à intercommunications nombreuses et à tarification simple et commode.
Aujourd'hui que le Métro et le Nord-Sud sont fusionnés, le réseau en exploitation a un développement de 110 kilomètres de lignes à double voie, sur lesquelles on transporte annuellement le nombre impressionnant de 800.000.000 de vovageurs, plus que tous les autres chemins de fer de France réunis, soit par kilomètre exploité et par an à peu près 8.000.000 de voyageurs en moyenne.
Certains jours, le Métro de Paris transporte plus de monde dans la journée, qu'il n'y a d'habitants dans Paris.
Et plus ce réseau se développe, plus la moyenne kilométrique annuelle des voyageurs transportés augmente elle-même.
Ajoutons que l'exploitation du Métro est bénéficiaire, alors que celle des tramways et autobus d'une part, ainsi que celle des lignes de banlieue des grandes compagnies de chemins de fer d'autre part, sont l'une et l'autre largement délicitaires.
La formule de l'avenir est donc celle du Métropolitain.
Certes, dira-t-on, le Métro ne sort pas encore de Paris et n'a qu'une exploitation par trains omnibus.
Aussi bien est-ce là qu'il faut parfaire l'œuvre, et l'on s'en occupe.
Déjà les conventions entre la Compagnie, la Ville de Paris et le département de la Seine qui sont entrées en vigueur le 1er janvier 1930, en même temps qu'elles réalisaient la fusion Métro-Nord-Sud, ont décidé de prolonger de deux ou trois kilomètres la quasi totalité des lignes urbaines. Le métro suburbain est administrativement créé. On commence à le construire. Ses premières réalisations verront le jour dans un délai de trois ans.
En même temps, nous nous occupons de poser la première pierre de l'édifice du métro régional par le déclassement de la ligne d'intérêt général, concédée à la Compagnie d'Orléans, de Paris-Luxembourg à Massy-Palaiseau. L'année 1931 verra l'achèvement de la procédure et dans trois ans, il y a tout lieu d'espérer que la ligne sera exploitée en métro.
Il nous restera à prolonger cette ligne sous Paris et à la lancer à dix ou quinze kilomètres vers le Nord.
Nous aurons ainsi la première grande transversale du Métro régional qui, parcourue par des trains directs s'arrètant dans Paris à un petit nombre de stations choisies aux nœuds de correspondance du réseau urbain donneront de prodigieuses facilités de circulation à toute l'agglomération parisienne.
Déjà aussi nous nous occupons du déclassement de la ligne de Vincennes, concédée à la Compagnie de l'Est. Elle devra dans l'avenir traverser Paris de part en part et s'élancer dans la grande banlieue Ouest.
Et quand nous aurons, sous le réseau urbain prolongé par le réseau suburbain, créé plusieurs grandes transversales du réseau régional avec trains directs, tarification simple et correspondances judicieusement combinées, quand nous aurons ainsi donné la possibilité d'aller commodément, vite et à bon marché de tout point de Paris et de la région parisienne à tout autre point de Paris et de ladite région, nous aurons, je pense, créé le plus grand Métro du plus grand Paris.
Je n'hésite pas à déclarer que celle réalisation sera le grand facteur de l'organisation si réclamée de tous de la grande région parisienne.
Je m'excuse, mes chers Camarades, d'avoir si longtemps retenu votre attention.
J'espère vous avoir intéressés.
Lorsque l'on consacre son activité à des entreprises et à des œuvres de l'envergure de celles dont je viens de vous entretenir, on voudrait être immortel.
« Eheu! fugaces labuntur anni »
et nous devons en raison de la brièveté de la vie humaine nous inspirer de la philosophie de Lucrèce, qui compare les hommes à ces coureurs des fêtes grecques des lampadophories qui rentrent dans la nuit après avoir passé le flambeau à un autre :
« Et quasi cursores, vitœ lampada tradunt »
C'est pourquoi, et j'y reviens encore, des réunions comme celle d'aujourd'hui, qui mettent en communion d'idées les générations successives, sont à la fois si émouvantes et si fécondes.
Je puis vous affirmer par mon expérience personnelle que la formation que nous avons tous reçue dans notre chère Ecole est de tout premier ordre et qu'elle nous prépare admirablement à jouer un grand rôle à notre époque, que l'on pourrait appeler celle de la réalisation des merveilles de l'art de l'ingénieur.
Je lève mon verre, mes chers Camarades, à notre chère Ecole, à son Directeur, à son Corps enseignant, à l'Association de ses anciens élèves, à son sympathique Président, et à notre grand ami Chapot.
Une interminable ovation salue l'orateur, qui reçoit les félicitations de toutes les personnalités présentes.