Ancien élève de l'Ecole des Mines de Paris (promotion 1903). Ingénieur civil des mines.
Bulletin de l'Association des Anciens élèves de l'Ecole des mines de Paris, 1932 :
René Martin est né à Thisy (Rhône), le 21 juillet 1880. Il fît de brillantes études, d'abord au Lycée de Roanne, puis à Paris, au Lycée Henri IV.
Ses camarades du Lycée de Roanne, dans une notice nécrologique parue dans la presse locale, signalent que notre regretté Camarade « très brillant sujet » obtint en 1898, le deuxième prix de philosophie au concours général.
Reçu en 1901 à la fois à l'Ecole Centrale et à l'Ecole des Mines, il opta pour cette dernière, dont il sortit quatrième de sa promotion.
A sa sortie de l'Ecole, il passa quelques mois à la Cie du Chemin de Fer d'Orléans, qu'il quitta bientôt pour entrer à la Cie des Minerais de Liège dont il dirigea la Mine de Cheroma. Sur la proposition du Secrétaire Général de l'Association, il fut ensuite agréé en 1912 à la Cie de Saint-Gobain et affecté à Paris au Service des Mines.
Pendant la guerre, il fut d'abord mobilisé sur place puis envoyé à Salonique, d'où il prit part à la terrible retraite du Vardar, qui lui valut sans doute les accès de paludisme, cause, peut-être, de la maladie de six mois qui l'enleva. A son retour de Salonique, la Cie de Saint-Gobain l'envoya à ses mines importantes de Sain-Bel, dont il prit la Direction il y a quelques années, et dont il organisa l'exploitation avec une conscience et une maîtrise admirées de tous. C'est à ce poste qu'après une maladie de quelques mois il fut arraché prématurément à sa tâche.
Il fut inhumé à St-Just en Chevalet (Loire). Il laisse cinq enfants. L'aîné, sorti de Polytechnique avec le no 12, est élève ingénieur à l'Ecole des Ponts et Chaussées; son autre fils est actuellement élève à l'Ecole Polytechnique.
Voici les paroles prononcées par M. Lavaste, Ingénieur en Chef au Corps des Mines, l'éminent Directeur Général des Usines de Produits Chimiques de la Cie de Saint-Gobain, aux obsèques de René Martin :
« Devant ce cercueil, ce sont les souvenirs de trente années d'une solide amitié qui se pressent à mon esprit. C'est à moi, son condisciple, qu'échoit le triste honneur de dire à René Martin un suprême adieu, au nom des Anciens Elèves de l'Ecole Nationale Supérieure des Mines, dont il avait acquis l'unanime sympathie; au nom de la Mine de Sain-Bel dont il fut le Directeur émanent, respecté, aimé; au nom de la Cie de St-Gobain, qui eut en lui, pendant trop peu d'années, hélas! un collaborateur précieux, compétent, laborieux et dévoué.
« Retracerai-je sa vie? Sorti quatrième en 1906 de l'Ecole des Mines de Paris, il ne tardait pas à partir pour l'Afrique du Nord, prospecter, aménager, exploiter des mines métalliques. Si, en 1912, il entrait à la Cie de St-Gobain, c'est encore en Afrique du Nord que la mobilisation le surprit. Officier de Réserve d'Infanterie, versé au Dépôt des Zouaves de Tunis, il fut affecté à l'armée d'Orient où il fit vaillamment son devoir, jusqu'à ce que en 1916, le paludisme eut raison de sa robuste constitution. Evacué d'hôpital en hôpital, non guéri, il fut affecté en 1917 à la Mine de Sain-Bel qu'il ne devait plus quitter,
« Une vie toute de travail, de probité et d'honneur... quel plus bel exemple pouvait-il donner à ses enfants, qu'il adorait !
« Je le revois encore en novembre dernier alors qu'il ressentait les premiers symptômes du mal encore insoupçonné qui devait l'emporter : il me disait sa légitime fierté des beaux succès de ses fils, dont, aidé par son admirable compagne, il avait su former et l'esprit et le cœur.
« A sa veuve inconsolable, qui, avec une abnégation de tous les instants, fit l'impossible pendant de longs mois pour l'arracher à la mort, à ses enfants, trop tôt privés de leur guide et de leur soutien, à toute sa famille éplorée, j'offre le respectueux hommage de notre profonde et affectueuse sympathie. Adieu, mon pauvre ami. »
René Martin fut au Groupe du Centre [de l'Association des anciens élèves de l'Ecole des mines de Paris] le modèle des camarades. D'un dévouement inlassable, d'un caractère particulièrement obligeant et aimable, il était unanimement apprécié et, plus, aimé de tous. Il était aux réunions du Groupe d'une fidélité sans défaut, prouvant ainsi par ses actes l'intérêt qu'il portait à l'Association et à son Organisme provincial. Enfin, il était un homme de devoir dans toute l'acception du terme.
Le rédacteur de cette notice se permet d'évoquer un souvenir personnel : la réunion de juin 1932, pèlerinage aux lieux où fonctionna l'Ecole du Mont-Blanc à Pesey, fut la dernière à laquelle assista René Martin qui, peu de temps après, subit les premières atteintes de la maladie qui l'emporta. Rentrant avec René Martin à Lyon après la course, il se rappelle la fierté avec laquelle René Martin racontait le succès de ses fils aux examens de Polytechnique et il se souvient encore combien il glorifiait en ses fils (et en lui-même) la noblesse du travail et l'accomplissement sans forfanterie, mais avec courage et constance, des devoirs journaliers de la carrière.
Ah oui, René Martin avait droit aux éloges que, en termes éloquents et saisissants, M. Jean Rey, Président du Banquet de la Sainte-Barbe 1932, adressait aux ingénieurs de l'Ecole des Mines qui, par leurs activités modestes et fécondes, constituent la solide armature du Pays.
Le souvenir du Camarade René Martin restera vivant au Groupe du Centre.
Henri Martin (EMP promotion 1913).