Pierre Jack (dit Jacques) PARAF est le fils de Emile PARAF et de Sara Inès SOURDIS. Emile PARAF (1846-1924) appartenait à la promotion 1866 de Polytechnique et était lui-même Ingénieur civil des mines (admis le 9/11/1867 classé 17, sorti le 7/6/1870 classé 15) ; il avait dirigé la Compagnie des mines de Pontgibaud; ses parents étaient Simon PARAF, manufacturier, et Henriette DREYFUS, de Mulhouse (Haut-Rhin).
Jacques eut pour frère et soeur :
Ancien élève de l'Ecole polytechnique (promotion 1910, entré classé 107 et sorti classé 60 sur 197 élèves).
Ancien élève de l'Ecole des mines de Paris (promotion 1912).
Ingénieur civil des mines.
Pierre Jack PARAF meurt dans un accident de chemin de fer à l'usine de Hagondange, en Moselle (1919).
Publié dans le Bulletin de l'Association des anciens élèves de l'Ecole des mines de Paris, avril-mai-juin 1919
Jacques Paraf est né le 22 février 1889, à Paris. Après de brillantes études à Condorcet d'abord, puis à Saint-Louis, il est reçu en même temps à l'Ecole polytechnique, à l'Ecole des mines et comme boursier de licence à l'Ecole normale supérieure. A l'Ecole polytechnique, où il entre en 1910, puis à l'Ecole des mines, le travail lui est facile. Il adore les mathématiques, qu'il comprend à merveille, mais, uni par tant de liens à la grande industrie française, ayant bénéficié tout jeune de la riche expérience de son père, il est surtout ingénieur, ne perdant pas une occasion de compléter son éducation industrielle, et c'est au cours d'un séjour aux usines de Denain, qu'il est rappelé à Paris par le décret de mobilisation.
Dès les premiers jours, Jacques Paraf est promu sous-lieutenant à Versailles, au 4e régiment d'artillerie lourde. Il lui tardait d'être au feu. Il arrive au front en février 1915, il s'y dépense aussitôt dans un enthousiasme sacré et au bout de quinze jours mérite sa première citation :
« Chargé d'exécuter un raid avec une pièce de 105 pour tirer sur une voie ferrée, a conduit un canon dans une position très avancée. Pris sous un feu intense, a terminé tranquillement son tir et n'est rentré qu'après sa mission terminée. »
Après avoir participé à plusieurs attaques de 1915, sa batterie est appelée à Verdun : elle prend position au bois Bourru, puis dans la forêt de Hesse d'où elle ne bouge pas pendant trois mois consécutifs, sous les feux les plus violents de l'artillerie ennemie, préparant les héroïques attaques des fantassins, n'ayant souvent devant elle que quelques îlots de grenadiers ou de mitrailleurs. Les canons sont aux trois quarts détruits et l'ennemi les cerne de toutes parts. Le sous-lieutenant Jacques Paraf qui, à ce moment commande la batterie, résiste quand même. C'est alors qu'il reçoit sa deuxième citation signée du général Pétain :
« Officier remarquable, tant par ses connaissances techniques, que par son zèle et son courage ; chargé de missions difficiles, s'en est acquitté brillamment. Cité déjà à l'ordre du corps d'armée, s'est encore distingué pendant la période du 29 février au 3 mars, en se dépensant sans compter pour assurer l'efficacité des tirs de sa batterie ; a eu une très belle attitude au feu, notamment le 21 mars 1916. »
A peine sorti de Verdun, il est engagé dans les durs combats de la Somme, où il obtient son galon de lieutenant.
Au début de 1917, le colonel Filloux le désigne pour commander une des premières batteries de son 155 L.-G. P. F. Jacques Paraf collabore avec l'inventeur à la mise au point et aux corrections de ce nouveau matériel.
En octobre 1917, ses brillantes actions de guerre lui valent sa promotion au grade de capitaine après un an seulement de grade de lieutenant.
Sa batterie est à l'honneur dans l'Aisne, puis dans la Somme en mai 1918, à Boves et à Royglise. Pendant l'été, elle avance victorieusement avec nos troupes et Jacques Paraf a la satisfaction de passer les derniers mois après l'armistice, près de Strasbourg, où il commande un groupe de batteries.
En février dernier, il se décide à quitter sa batterie, qu'il n'a jamais consenti à abandonner pendant la guerre. Le ministère de l'armement lui confie les importantes fonctions d'officier séquestre aux aciéries Thyssen, à Hagondange. En moins d'un mois, il a déjà pris l'usine en main et s'est fait apprécier et aimer de tout le personnel, lorsqu'après avoir échappé tant de fois aux balles et aux obus ennemis qu'il méprisait, il trouve la mort dans un tragique accident.
Le pays perd en lui un serviteur dévoué et infiniment utile. Son intelligence si lucide, sa volonté inébranlable, sa forte instruction technique, joints au sang-froid et à l'expérience du commandement qu'il avait acquis pendant la guerre, faisaient de lui un de ces chefs capables et ardents dont la France a tant besoin aujourd'hui.
Ses amis se souviennent surtout de sa bonté et de son exquise délicatesse, dont le charme a conquis tous ceux qui approchèrent Jacques Paraf. En particulier, lui qui aimait tant ses soldats, sut se faire aimer d'eux, et je crois qu'il lui serait doux de les voir ici associés à sa mémoire : à Verdun, dans sa cagna de la forêt de Hesse, il profite de quelques loisirs pour préparer ses sous-officiers à Polytechnique et à Centrale et il se dévoue à cette tâche. Pendant l'hiver de 1917. alors que l'armée se reforme à Noailles, il refuse les permissions qui lui sont offertes pour Paris, garce que ses hommes ne bénéficient pas de la même faveur. En 1915, après un raid particulièrement dangereux, proposé pour être cité à l'ordre de l'armée, il réclame pour les hommes qui l'ont accompagné, et qui dit-il, ont fait autant que lui, et il obtient pour chacun d'eux une citation à l'ordre du régiment.
De Jacques Paraf, on pourrait citer bien d'autres traits aussi touchants. Je veux seulement ajouter qu'il fut pour moi, d'abord un camarade dévoué, puis bientôt un ami fidèle et délicat. Je sens combien j'ai perdu avec lui et je m'incline respectueusement devant l'immense douleur de sa famille.
A. DEMAY, Ingénieur au Corps des Mines.
Publié dans L'illustration
Voir aussi :
Référence aimablemant
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