Né le 20 novembre 1890 à Montluçon (Allier). Décédé le 30 octobre 1964 à Paris (7e).
Fils de Jean DEMAY, professeur au lycé Ampère de Lyon, et de Louise Augustine Zoé TARAGNAT. Frère de Ludovic, mort en 1933.
1910 : admis major à l'Ecole polytechnique. Passionné de musique, il sera premier violon dans l'orchestre de Polytechnique. Il s'intéresse également à la littérature et à la philosophie. Redouble la première année de scolarité. Sort de Polytechnique en 1913, classé 2 sur 187 élèves.
1913 : élève-ingénieur à l'Ecole des mines de Paris
1915-1919 : ministère de la guerre, puis ministère de l'armement et des fabrications de guerre
1920 : ingénieur ordinaire des mines
1920-1930 : Professeur de géologie à l'Ecole des mines de Saint-Etienne, et sous-directeur de l'Ecole de 1927 à fin 1929 ; au moment de son départ, CHIPART lui demanda de poser sa candidature pour devenir directeur de l'Ecole. Demay refusa et en outre demanda à être déchargé des fonctions de sous-directeur. Demay fut alors nommé chevalier de la Légion d'honneur (13 août 1930) et quitta l'Ecole peu après.
1926 : ingénieur en chef des mines
1941 : inspecteur général des mines
1931-1957 : Professeur de géologie générale à l'Ecole des mines de Paris
1957-1960 : Conseil général des mines
1913 : Prix Rivot de l'Académie des Sciences
1927 : Prix Labbé de l'Académie des Sciences (sur proposition de Louis de Launay, rapporteur)
1945 : Vice-président de la société géologique de France
1946 : Président de la société géologique de France
Officier de la Légion d'Honneur
Biographie par Pierre Laffitte. Publiée dans Bulletin de la Société géologique de France, 7e série, t. VII, pp. 615 à 620, 1965. Le même article, légèrement raccourci, a été publié dans La Jaune et la Rouge, février 1967.
C'était un fidèle de la Société géologique de France et il se passait peu de séances où il n'intervint pas. Et malgré la pertinence et la qualité scientifique de ses interventions, il arrivait que certains des plus jeunes le trouvent un tantinet désuet, suranné.
Effectivement, notre époque de spécialisation et d'efficacité technicienne lui convenait mal. Indiscutablement il eût été plus à son aise dans l'atmosphère renaissante de la fin du Quattrocento, discourant, à l'Académie de Marsile Ficin, avec Pic de la Mirandole, Ange Politien ou le jeune Léonard, dans les jardins de Laurent de Médecis.
Il n'envisageait la Science que sous son aspect esthétique ou philosophique, dédaignant son côté utilitaire ; il n'était pas doué pour le contact ou le maniement des hommes, encore moins pour les techniques de gestion, de propagande, de persuasion. Nul ne s'étonnera - peut être en le regrettant amèrement, car la chose est amère - de ce que, à notre époque, un scientifique humaniste, consacrant de façon sereine, simple et surtout de façon aussi absolue et totale, sa vie à la Science désintéressée et aux Arts, puisse provoquer quelques sourires, même au sein d'une noble et antique Société savante. Car depuis Laurent le Magnifique les normes culturelles ont évolué. La matière n'est plus considérée comme chose séparée de l'esprit et chose vile - ce qui est un bien - et, en outre, elle domine souvent totalement et gouverne toute la conception que l'on se fait du monde - ce qui est plus discutable. Le décalage entre l'univers d'André Demay et les systèmes de valeurs de notre époque était grand : cette constatation explique en partie cette figure réservée, solitaire de savant.
Sa vie fut unie, sans heurts extérieurs.
André Demay est né à Montluçon le 20 novembre 1890 d'une famille d'origine terrienne. Son père, professeur au lycée de Montlucon, est nommé à Lyon. Toute son adolescence se déroule dans cette ville dont il reçoit l'empreinte. Au lycée Ampère, il se révèle rapidement un élève exceptionnel, aimant autant les lettres que les sciences. Il désire entrer à l'Ecole normale supérieure et se consacrer ensuite à une carrière de chercheur. Sur les instances de son professeur de Mathématiques spéciales, il se présente en même temps à l'Ecole polytechnique et à l'Ecole normale : il est reçu aux deux écoles. Il opte pour l'École polytechnique. Major d'entrée de la promotion 1910, il choisit à la sortie le Corps des mines.
L'enseignement de géologie dispensé par Pierre Termier à l'Ecole des mines de Paris oriente sa carrière. Il sera géologue. Nommé professeur à l'Ecole des mines de Saint-Etienne, à la chaire de Géologie en 1919, il succède en 1931 à son maître Pierre Termier à l'Ecole des mines de Paris, où il reste professeur de Géologie générale jusqu'en 1957, date à laquelle il prend place au Conseil général des mines, jusqu'à sa retraite en 1960.
Un seul besoin vital, profond, total, l'anime : la joie et le besoin de connaître, chanté par son maître en termes lyriques.
Dans l'ordre de la connaissance, il ne reconnaît que la seule soumission à la vérité ; mais sa méthode d'observation laissait une place à l'intuition. Et sur ce point il s'est exprimé nettement dans les " Actualités scientifiques et industrielles " (Congrès international de Philosophie des sciences de 1949) : " En Géologie comme en tout autre domaine, on doit éviter l'aventure d'un côté, le scepticisme de l'autre. On doit consacrer certes presque tout son temps à l'observation directe, mais aussi interpréter les faits et tenter courageusement les synthèses difficiles. "
Professeur, il intègre dans son cours les données solides et simples -- car il s'adresse à des débutants ... et lui n'ignore pas qu'il faut apprendre le solfège avant de jouer des sonates ou des fugues. Mais il expose aussi à ses élèves, sans prendre parti, les théories actuelles et contradictoires qui se partagent les opinions du monde géologique, et ceci avec le profond respect des opinions d autrui et avec le souci de ne pas infléchir l'esprit des élèves vers l'opinion qui pourtant lui paraissait plus juste.
Grande est sa joie lorsqu'il voit un de ses élèves s'engager dans la recherche. Mais son désir d'éviter de trop influencer autrui, sa réserve, l'empêcheront d'être ce que l'on appelle un "patron", car cette notion implique pour lui une mainmise sur l'esprit d'autrui, ce qu'il veut avant tout éviter.
Solitaire, réservé, il est pourtant passionné non seulement pour la géologie, mais aussi pour la philosophie, la littérature, les arts. Son goût pour la musique - affirmé dès sa jeunesse (il était premier violon de l'orchestre de Polytechnique) - ne le quitte jamais.
Dans les dernières années de sa vie, une santé de plus en plus précaire l'isole du monde. Il ne veut ni se plaindre, ni être plaint. Selon son désir il fut enterré dans la plus stricte intimité dans le calme cimetière d'un petit village de l'Allier.
De son oeuvre, bornons-nous à évoquer ce qui lui paraissait à lui-même, à juste titre, le plus original : ce qu'il a appelé en 1931 la tectonique profonde, l'interférence de phénomènes tectoniques et de granitisation ; la microtectonique, qui correspond à l'étude des microstructures au microscope.
On pense souvent surtout à Bruno Sander quand on parle de structurologie. Mais lorsque André Demay, en 1926, présente les premiers résultats de ses recherches. Sander n'avait encore publié que de brèves notes et n'avait pas construit son oeuvre importante. Quelles que soient les priorités, il est certain qu'en France, André Demay était le premier et est longtemps resté le seul à travailler dans ce domaine.
Le développement actuel de la pétrographie fine en matière de roches cristallines profonde - de la microtectonique et tectonique profonde pour reprendre le nom du mémoire de 1942 - montre que André Demay a été sur ce point un novateur et que ses travaux portent des fruits. Et le fait qu'il ait publié la première détermination d'âge absolu en France montre qu'il en est de même sur d'autres points.
Pour un savant n'est ce pas la seule consécration ?