Né le 14 septembre 1852 à Chateaubriand ; décédé le 25 mars 1915 à Montréal. Fils de Joseph OBALSKI (d'origine polonaise) et de Sophie Lhénoret (de Nantes). Epoux de Joséphine GOSSELIN (décédée en 1934). Deux filles : Marie et Marthe.
Ingénieur civil des mines de la promotion 1872 de l'Ecole des Mines de Paris. Voir bulletin de notes.
Bulletin de l'Association des Anciens élèves de l'Ecole des Mines de Paris, Juillet et Août 1915
Joseph OBALSKI est mort à Montréal (Canada) le 25 mars 1915, à la suite d'une courte maladie.
Né en 1852 à Châteaubriant (Loire-Inférieure), d'un père Polonais émigré en France, terre hospitalière des proscrits, à la suite de l'insurrection de 1831, et d'une mère française, il a fait ses études à l'École polonaise de Paris et a été reçu à l'École des Mines en 1872. A sa sortie, il eut à faire cinq années de service militaire, à l'expiration desquelles il fut proposé pour le grade de sous-lieutenant. Mais sa profession l'attirait ; il quitta l'armée et entra comme ingénieur aux mines de Cacérès (Espagne). Peu de temps après, il fut nommé ingénieur des Mines de la Province de Québec, puis professeur à l'École polytechnique de l'Université Laval et inspecteur des Mines. Surintendant des Mines dès 1891, il se fixa a Montréal et conserva son poste officiel jusqu'à sa mise à la retraite en 1909. Mais, ne pouvant rester inactif, il fonda alors un cabinet d'ingénieur-conseil, où il fut secondé au début par notre camarade Dulieux, de la promotion de 1904 [de l'Ecole des Mines de Paris], et qu'il dirigea jusqu'à sa mort. Durant sa carrière, Obalski a eu à parcourir et à étudier tout le pays, dont il a fait valoir avec beaucoup de talent les ressources minérales, dans des rapports annuels très substantiels et très documentés qu'il ne négligeait jamais d'envoyer à notre Association. Nos camarades les ont souvent consultés et les consulteront toujours avec profit.
Les travaux d'Obalski lui avaient valu la vice-présidence du « Canadian Mining Institute » et plusieurs distinctions honorifiques, notamment une médaille d'or à l'exposition de Saint-Louis, où il avait représenté le Gouvernement canadien, comme du reste aux expositions de Paris et de Liège.
Sa haute valeur morale, son esprit lucide et sa grande compétence technique l'avaient fait nommer Président de la Chambre de Commerce de Montréal, où chaque année il était réélu à l'unanimité.
Sociétaire très dévoué, foncièrement bon et extrêmement modeste, Obalski était toujours prêt à rendre service, et ceux d'entre nous qui sont allés au Canada ont été heureux de trouver auprès de lui un accueil cordial et un appui précieux.
Sa disparition prématurée est une perte considérable pour nous tous ; elle est immense pour moi, qui étais son ami d'enfance et qui avais pu, pendant plus de cinquante ans, apprécier ses belles qualités.
Toute la population de Montréal se pressait à ses obsèques qui ont été imposantes et, conformément au désir qu'il avait exprimé avant de mourir, il a été accompagné jusqu'à sa dernière demeure par des drapeaux français.
Au nom de l'Association amicale des Élèves de l'École Nationale Supérieure des Mines, j'adresse à sa veuve, à ses filles, à son frère et à ses soeurs avec l'expression de nos regrets les plus vifs, l'assurance de notre profonde et douloureuse sympathie.
Voici un extrait d'une lettre de Léon DAUM à sa famille, datée du 7 août 1911. Léon Daum a fait en effet un voyage d'études aux Etats-Unis et au Canada de juillet à octobre 2011, et a rencontré Joseph OBALSKI au Québec.
Les lettres de Léon DAUM ont été rassemblées par M. Jean DAUM que nous remercions.
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M. Obalski qui est de famille polonaise devenu française en 1830, est allé à l'Ecole des mines, puis il a été dans le nord de la France, en Espagne une paire d'années, puis au Canada il y a 20 ans environ. Il a été chef du département des mines de la province du Québec jusqu'il y a 3 ans, et maintenant associé avec Dulieux, un ancien X et mineur d'une 30aine d'années. Il fait des consultations et des rapports de mines, et signale les rares bonnes affaires à un syndicat français d'études minières au Canada. Il est devenu canadien tout en restant très français, et il a très activement pris la tâche de me faire connaître le Canada français, et aussi de me montrer tous les gens importants en politique et en affaire. Il en connaît un grand nombre, par son long séjour au gouvernement, par ses relations à Québec et à Montréal. Cette haute société canadienne se reçoit et se connaît beaucoup, et ils sont d'une simplicité de manières très grande en même temps que d'une grande distinction. Seulement ils ont un accent mi normand mi lorrain qui surprend beaucoup de la part de gens importants et fiers. J'ai comme cela été présenté à Sir Louis Jetté, ancien Lieutenant Gouverneur du Québec, ministre en Angleterre, au Juge Lavergne, à M. Murgeon, président du Sénat du Québec, à M. Vialard, ancien Commissaire Général du Canada à Paris. Tout le monde de la Légion d'Honneur, et personnages considérables ici.
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Puis je suis allé faire une excursion en bâteau à vapeur avec M. Obalski dans le Saguenay, sorte de rivière fjord qui débouche sur la rive nord du St Laurent. Partis de la Malbaie, plage du St Laurent où était rassemblée toute cette société élégante et dont je vous reparlerai, partis à 9 h du soir, nous arrivions à 7 h du matin à Chicoutimi, la petite ville au fond du fjord. Déposé nos bagages à l'hôtel, et montés en voiture à (1/2 h) une très importante fabrique de pulpe de pâte de bois, où M. Obalski avait à faire comme administrateur je crois. Pendant la matinée je visitais l'usine ; 2 étages de moulins avec d'importantes chutes d'eau donnant 8000 et 6000 chevaux (c'est un "pouvoir d'eau" donnant 14000 forces en canadien). Les billots de bois de 13 pieds 6 pouces sont amenés par flottage du haut de la rivière, ou par train électrique depuis le port où un autre flottage les a amenés. Déchargés, sciés en bouts de 2 pieds, et écorcés contre des couteaux tournant à grande vitesse, puis réduits en pulpa par une meule en grès très dur, contre laquelle les pressent des pistons hydrauliques puissants. La pâte sort bouillante de cette algarade, est lavée, tamisée, pressée et sèchée et il en sort comme cela 320 Tonnes par jour. Le Mr Dubuc qui dirige cela l'a mis sur pied en 1897 étant employé de banque et séduit par les "possibilités" de cette industrie. Ils ont créé des barrages de retenue d'eau, les usines, les trains. Sa position dans le pays lui a fait créer une Compagnie du port de Chicoutimi, qui sert surtout à l'embarquement de sa pulpe ; une Compagnie de chemin de fer de 14 milles qu'on va étendre de 40 milles pour l'arrivée du bois qu'on ne peut flotter. Son usine occupe 800 ouvriers de Chicoutimi qui sans cela ne serait qu'un petit village. Il ne se fait pas élire député lui-même, mais fait campagne électorale (cabaler) pour qu'il a en main et qui gardera ses intérêts. Il nous a invités à aller avec lui passer la nuit à une maison de campagnequ'il s'est construite au bord d'un lac, dans les bois vierges, à 14 milles de Chicoutimi. Il s'est taillé là un domaine de 400 hectares (1000 acres) de bois, de rochers, et de lacs, qu'il a laissé vierges en attendant que le bois soit bon à couper ou que cela ait pris de la valeur. Dans une voiture à 2 chevaus et 4 places, par des chemins impossibles, dont le dernier de nos chemins de champ ne donne pas idée, nous avons fait 21 kilomètres : d'abord dans des champs cultivés en avoine, blé, foin - des fermes isolées, gentilles maisons de bois avec granges plantureuses, de splendides églises. Une population de canadiens français aux enfants nombreux, et aux bras habiles à manier la hache et à défricher. Puis dans les bois, région brulée il y a 40 ans, où les arbres ne sont pas très gros mais drus et enchevêtrés. Sa maison de campagne est au bord d'un lac de 20 milles, avec toute cette longueur en enfilade. Joli chalet en bois, avec terrasse abritée. Là logent tout l'été sa femme, leurs enfants, 2 garçons et 3 petites filles, 2 jeunes filles parentes ou amies, et 8 autres petits garçons ou filles de leur parenté, une oguvernante anglaise, 2 ou 3 bonnes, 2 abbés. Une petite maison à côté qui sert l'hiver pour les parties de chasses, loge 3 ou 4 domestiques. De l'autre côté, une chapelle pour les prières et les offices de chaque jour.
Léon Daum consacre un passage à raconter les conditions de voyage au Québec, puis revient au contexte de la famille Obalski à la Malbaie :
A la Malbaie, cette palge dans une baie sur le St Laurent où j'ai passé 2 jours, on prend pour un rien des voitures, et on fait toilette comme à Vichy.
J'ai donc passé là du mercredi 3 h à jeudi 3 h. Trouvé là les demoiselles Marie et Marthe, 22 et 20 ans sans doute, pas bien jolies mais belles plantes. Ayant un genre que je crois très fréquent ici. Très personnelles et indépendantes, ayant chacune leur programme de journée, leurs amis et leurs amies / différents l'une de l'autre et différents de leurs parents. Seules à la Malbaie avec des familles amies pour toutes les vacances, leurs parents venant passer une huitaine de temps à autre. Aimables avec un certain effort et dissimulant mal leur gêne de changer leurs occupations pour nous. Mr Obalski très brave homme simple et de bon sens. Sa femme intelligente et cultivée, un rien maniérée et "faisant les honneurs". A mon deuxième passage ici, devenu plus familier, mais la première fois je n'étais pas très à l'aise au milieu de tout ce monde s'acharnant à m'intéresser et à me distraire. Présenté à des tas de jeunes filles à la fois, répondant 20 fois de suite "que ce n'est pas la 1ère fois que je viens au Canada, qu'il fait moins chaud à la Malbaie qu'à Montréal, que j'ai passé 3 années intéressantes à Paris", etc. Le plus intéressant a été d'être présenté aux hommes importants et de les entendre causer.
Suit une description de l'environnement politique du Québec, et de ses relations avec la France, que nous ne reproduisons pas ici.
Voir aussi : Obalski dans le dictionnaire biographique du Canada. Un lac du Québec a été nommé "lac Obalski" (voir ci-dessous).