Ancien élève de l'Ecole polytechnique (promotion 1859), et de l'Ecole des Mines de Paris. Corps des mines.
Né le 12 août 1839 à Buzancy (Ardennes). Fils de Jean-Baptiste NIVOIT, marchand de fer, et de Jeanne Marie Adèle BUFFET. Frère de Albert Vincent Nivoit lui-même né le 22 aout 1843 à Buzancy, et de Louise Marie LEFORT.
Edmond NIVOIT épouse en 1870 Marie Félicité Blanche GERBOULET (dont 2 enfants morts en bas âge). Après le décès de cette 1ère épouse, il se remarie en 1877 avec Marie Elisa MALÉZIEUX (1853-1924), fille de Emile MALÉZIEUX (1822-1885 ; X 1841 corps de ponts et chaussées) et soeur de Henri MALÉZIEUX (commandant d'infanterie tué en 1915).
Enfants :
Publié dans Annales des Mines, tome X, 1920
MESSIEURS,
An nom de l'École nationale supérieure des Mines, je viens apporter un suprême témoignage d'affectueux respect à son ancien directeur, M. Edmond Nivoit, dont nous pleurons tous la perte douloureuse
Qu'il me soit permis de rappeler ici brièvement la belle carrière scientifique du fonctionnaire modèle, dont la dernière étape administrative a été la direction de l'École, ou il avait puisé lui-même, à ses débuts, un haut enseignement et des traditions de droiture et d'honneur, patrimoine sacré dont la France a recueilli les fruits inappréciables dans les jours sombres ou glorieux de la grande guerre.
Edmont Nivoit est né le 12 aout 1839, à Buzancy, dans les Ardennnes. L'école polytechnique lui a ouvert ses portes en 1859, et il entrait deux ans après comme élève-ingenieur à l'Ecole des Mines, d'ou il sortait le 1er janvier 1865 comme ingénieur au corps des mines, pour être chargé du sous-arrondissement minéralogique de Mézières, dans son pays d'origine, dont il était profondément épris, et qu'il allait pouvoir ainsi étudier en savant, avec l'enthousiasme d'un fils pour des parents dont il est fier.
Dès son entrée en service, Edmond Nivoit, préoccupé de voir mettre en valeur les richesses de son sol natal, utilise sa très grande maîtrise en chimie analytique pour mettre en évidence les gisements de phosphate de chaux des Ardennes et de la Meuse. « Quand il n'est pas en tournée, disait de lui son chef, M. Meugy, il ne quitte pour ainsi dire pas le laboratoire où est établi son bureau. » Il contribue ainsi puissamment à la réalisation d'une carte agronomique du département des Ardennes, et prépare les matériaux du beau mémoire qu'il devait publier plus tard « sur le gisement et l'exploitation des phosphates de chaux fossiles dans la Meuse ».
Les brillants débuts du jeune ingénieur, ses remarquables qualités d'intelligence, son dévouement absolu à ses devoirs professionnels, le désignaient pour parvenir aux situations les plus élevées : l'avenir n'a pas trompé ces espérances.
Bien rares sont les hommes qui aient la destinée pour laquelle ils étaient faits réellement : Edmond Nivoit a été de ceux-là, et quand on envisage l'ensemble de sa carrière, on a l'impression très nette qu'à tous les instants de sa vie, il était fait pour les postes qu'on lui confiait, tant il répondait exactement à ce qu'on attendait de son mérite, et cela, avec une simplicité et une modestie qui ne pouvaient faire deviner le labeur, parfois écrasant, qui lui était imposé.
Aux fonctions d'ingénieur du service des mines de Mezières, s'étaient ajoutées pour lui, dès ses débuts, celles, très différentes, d'ingénieur du contrôle du réseau de l'Est, et c'est ce double role de géologue et technicien des chemins de fer rempli par Edmond Nivoit une égale supériorité, qui a façonné toute sa carrière administrative.
Appelé à Paris en 1880, il était bientôt nommé ingénieur en chef du Contrôle de l'exploitation de l'Est et chargé de la chaire de minéralogie et de géologie de l'école des Ponts-et-Chaussées, qu'il devait occuper jusqu'en 1907 : vingt-cinq générations de jeunes ingénieurs ont pu ainsi profiter de son lumineux enseignement, qu'il avait su exactement approprier aux besoins essentiellement pratiques de ses auditeurs, tout en lui conservant son caractère de haute valeur scientifique. La publication de ce cours a heureusement permis aux autres ingénieurs de profiter eux aussi de ces magistrales leçons.
Nommé inspecteur général en 1897, Edmond Nivoit était chargé coup sur coup des délicates fonctions de vice-président du Comité de l'Exploitation technique des chemins de fer, puis des Inspections minéralogiques du Sud-Ouest et du Sud-Est, et était nommé membre du Comité consultatif et de la Commission centrale des machines à vapeur ; dans ces multiples fonctions, de même que dans celle de Président du district parisien, que devait bientôt lui confier la Société de l'industrie minérale, l'autorité personnelle de M. Nivoit, sa sûreté de jugement, ses qualités supérieures de clarté et de précision, donnaient un poids spécial à ses avis, et nous sommes tous encore sous le charme dont il savait les entourer par sa bonne grâce et son inaltérable courtoisie.
Appelé enfin, en 1907, à assumer la direction de l'École supérieure des Mines, M. Nivoit a donné dans ce poste la mesure de ses hautes capacités d'adminsitrateur en montrant un souci constant, des intérêts et de la reputation du corps des Mines à laquelle il avait lui meme si grandement contribué.
La limite d'âge inéluctable a malheureusement privé trop tôt à notre gré l'Ecole des Mines du guide précieux qu'était pour elle M. Nivoit, et nos regrets unanimes l'ont suivi dans sa retraite, où plein d'ardeur et d'activité, il devait rendre encore de si grands services aux industries des mines et des chemins de fer.
J'ai essayé de vous montrer ce qu'avait été le fonctionnaire parfait que nous pleurons ici; ceux-là seuls qui, comme moi, l'ont eu pour chef, peuvent savoir quelle grande bonté, quelle bienveillance affable, quelle délicatesse de sentiments, il ne cessait de mettre dans ses rapports avec ses subordonnés, dont il discernait la valeur avec une rare perspicacité, et qui, tous, ont été ses amis.
A l'admirable unité de vie scientifique et administrative de M. Edmond Nivoit, on ne peut comparer que la belle harmonie de sa vie familiale. Réunis autour de lui dans une intimité charmante, sa digne compagne [fille de Emile MALEZIEUX (1822-1885 ; X 1841)], ses enfants, son gendre - issu lui aussi du corps des Mines et que son beau-père chérissait autant qu'il l'admirait - enfin ses petits-enfants, entouraient M. Nivoit d'une auréole de bonheur que rien ne semblait pouvoir altérer.
La mort soudaine d'un fils tendrement aimé l'avait cependant bien assombri il y a dix ans, et les angoisses de la grande guerre avaient particulièrement étreint une famille si attachée à sa terre d'origine, tombée aux mains d'un ennemi barbare et destructeur. Mais tous avaient puisé dans leur noble patriotisme et dans leur foi inébranlable en l'avenir de la France, la force d'attendre sans défaillance l'issue de la guerre, et cette longue épreuve n'avait fait que rendre encore plus parfaite l'union intime de cette admirable famille, si cruellement frappée aujourd'hui dans ses affections les plus chères.
Quel vide une telle mort ne laissera-t-elle pas dans cette famille si bien groupée autour de son chef! Qu'il nous soit permis d'offrir à sa veuve désolée et à tous les siens le respectueux hommage de notre propre douleur en leur donnant l'assurance que le souvenir de celui qu'ils pleurent ne s'effacera jamais de la mémoire de tous ceux qui l'ont connu, respecté et aimé.
Génie Civil, tome 76 no 20, 15 mai 1920.
Le Comité supérieur de rédaction du Génie Civil vient de perdre un de ses membres les plus éminents, M. Edmond Nivoit, Inspecteur général des Mines, en retraite, ancien Directeur de l'Ecole supérieure des Mines, Commandeur de la Légion d'honneur [nommé le 31/12/1907], décédé à Paris, le 2 mai, dans sa 81e année.
Né le 12 août 1839, à Buzancy, dans les Ardennes, M. Nivoit, après avoir passé par l'Ecole Polytechnique et l'Ecole des Mines, avait débuté, en 1865, comme ingénieur au corps des Mines chargé du sous-arrondissement minéralogique de Mézières. Pendant quinze ans, il exerça ainsi ses fonctions dans son pays natal, se préoccupant de mettre en valeur ses richesses naturelles et s'adonnant particulièrement à l'étude des applications industrielles et agricoles de la géologie.
Appelé à Paris, en 1880, M. Nivoit était bientôt nommé ingénieur en chef du Contrôle de l'Exploitation de la Compagnie des Chemins de fer de l'Est et chargé de la chaire de Géologie et de Minéralogie à l'Ecole des Ponts et Chaussées. La publication de son cours, en 1889, sous le litre : Géologie appliquée à l'art de l'Ingénieur, a heureusement permis à d'autres ingénieurs que ceux qui ont pu le suivre sur les bancs de cette Ecole, d'apprécier cet enseignement lumineux, que l'auteur avait su exactement approprier aux besoins essentiellement pratiques de ses auditeurs. On y trouve, presque à chaque page, la préoccupation constante d'utiliser les données de la science dans le domaine agricole et industriel.
Nommé Inspecteur général des Mines en 1897 [IG2 le 5/6/1897, IG1 le 1/8/1903], M. Nivoit fut chargé des délicates fonctions de vice-président du Comité de l'Exploitation technique des Chemins de fer et nommé membre du Comité consultatif et de la Commission centrale des Machines à vapeur. Enfin, dix ans plus tard, il était appelé à la Direction de l'Ecole supérieure des Mines, digne couronnement d'une carrière dont la distinction n'avait d'égale que le dévouement.
Dès 1897, il avait été appelé à succéder au grand géologue Daubrée à l'Académie d'Agriculture, dont il fut un des membres les plus actifs et les plus assidus. Parmi les questions sur lesquelles il a attiré l'attention de cette Société il faut citer l'emploi des matières minérales comme engrais et surtout l'importance des phosphates au point de vue agricole.
Dans ses multiples fonctions officielles, de même que dans celle de Président du district parisien que la Société de l'Industrie minérale avait voulu lui confier, M. Nivoit avait su faire apprécier la sûreté de son jugement et ses avis étaient d'autant plus écoutés qu'ils étaient toujours émis avec une bonne grâce et une courtoisie qui en augmentaient encore la valeur.
Aussi, dès que l'âge de la retraite s'approcha, de grandes sociétés industrielles cherchèrent à s'assurer son concours. Dès le 22 mai 1909, le Conseil d'administration des Mines de la Grand'Combe le pria de prendre sa présidence et, peu après, il fut appelé à faire partie du Conseil d'administration de la Compagnie des Chemins de fer P.-L.-M.
Les dernières années de la vie de M. Nivoit furent consacrées à ces deux sociétés, surtout à la première, et à l'Académie d'Agriculture ; il n'y avait que quelques semaines que la maladie l'avait enfin condamné au repos. Il s'est éteint au milieu des siens, à qui nous adressons le respectueux hommage de nos vifs regrets, en particulier à son gendre, M. le sénateur Albert Lebrun, qui est également membre du Comité supérieur de rédaction du Génie Civil.
M. Nivoit faisait partie de ce Comité depuis 1884, c'est-à-dire presque depuis la fondation de notre revue (1880), et il apportait dans ses réunions, avec l'autorité de sa situation, des conseils judicieux exprimés sous la forme d'une charmante causerie. Il avait d'ailleurs, de 1884 à 1895, collaboré directement à notre rédaction en lui fournissant quelques études très remarquées parmi lesquelles nous citerons seulement : Les lignites crétacé, de la Provence et de la Catalogne (1880) ; L'utilité de la paléontologie végétale pour la recherche de la houille (1886) ; Nomenclature nouvelle des terrains sédimentaires (1895).
Les obsèques de M. Nivoit ont été célébrées le 5 mai, en l'église Saint-Thomas-d'Aquin, et l'inhumation a eu lieu à Buzancy, son pays natal.
Avant le départ du corps, des discours ont été prononcés par M. Chesneau, Directeur de l'Ecole supérieure des Mines, M. Sagnier, Secrétaire perpétuel de l'Académie d'Agriculture, et M. Tambour, Vice-Président de la Compagnie des Mines de la Grand'Combe, qui ont tour à tour évoqué les principales phase de la carrière de M. Nivoit et rendu hommage aux éminents services qu'il a rendus dans les diverses fonctions qu'il a occupées.
A.D.
Voir aussi :site Freysselinard