Félix TOURNACHON dit NADAR (1820-1910) a été souvent confondu avec Pierre Marcellin TOURNACHON, ancien élève de l'Ecole des mines de Saint-Etienne (promotion 1837).
Pierre Marcellin TOURNACHON, né à Lyon le 3 juin 1813, fils de Louise Grillet et d'Alban Tournachon garde magasin des tabacs en feuilles résidant à Strasbourg, fut diplômé de la promotion 1837 de l'Ecole des mines de Saint-Etienne. Il fut ensuite employé au chemin de fer Nîmes Montpellier à Beaucaire (société créée par Louis BEAUNIER) puis « peintre en Moselle ». Sources : Associations des anciens Élèves des Mines de Saint Étienne, Archives départementales de la Loire. |
Marié à Ernestine Constance LEFEVRE, Félix TOURNACHON a eu un fils, Paul Armand TOURNACHON (né en 1856) qui s'est lui-même fait appeler NADAR.
Félix commence sa carrière de journaliste comme critique dramatique à Lyon. Il va ensuite à Paris où il vit de "petits boulots" ; il collabore notamment à des revues comme Le Charivari et l'Eclair, où il fait des petits essais, des reportages et des caricatures.
En 1848, il participe à la Légion polonaise, dont l'objectif est de libérer la Pologne, est arrêté en Allemagne et renvoyé en France. Il fait aussi un tour en prison pour dettes.
Il a l'idée d'une grande lithographie, le Panthéon Nadar, avec 1000 français célèbres. Il est possible que ce projet le conduisit à prendre des photos pour aider à réaliser des caricatures. Son frère et lui ouvrirent des studios photographiques séparés. En 1860, Nadar ouvre un nouveau studion à Paris, boulevard des Capucines, et le développe grâce à la communication et la publicité.
Il réalise pour la première fois au monde une photographie aérienne à bord du ballon "le Géant" (1858). Il s'allie à Jules Verne pour créer une Société d'encouragement du transport en ballon.
En 1861, il réalise les premières photos en lumière artificielle au magnésium dans les Catacombes de Paris.
En 1871, il est ruiné financièrement, vend son studio des Capucines, et transmet le flambeau à son fils Paul Armand, qui deviendra un photographe portraitiste à succès à Passy. Ce fils fut président de la chambre syndicale de la photographie et président de la société des auteurs photographes, et deviendra chevalier (1900) puis officier (1912) de la Légion d'honneur.
Félix Nadar participera néanmoins à des expositions impressionnistes (1874) et des oeuvres de son ami défunt Honoré Daumier (1878).
Revue des Ingénieurs, mai 1960 :
LES Parisiens, et les provinciaux de passage, ont afflué à l'exposition de « La Vie Parisienne » au musée Jacquemart-André.
Ce rassemblement exceptionnel de documents et d'œuvres d'art a été décrit dans la grande presse comme dans les revues spécialisées qui ont étroitement associés les noms des trois grands du « Bal du XIXe » : le peintre Constantin Guys, le couturier Worth et Nadar le photographe.
Si nous revenons sur ce sujet dans cette revue, c'est qu'il est un fait ignoré de la plupart de nos lecteurs et de beaucoup de ses biographes : Nadar, celui qui « donnait la plus étonnante impression de vitalité » au dire de Beaudelaire, fut un "camarade" de la promotion de 1837 de l'Ecole des Mines de Saint-Etienne.
Avant de devenir « le Van Eyck de la photographie ! », il avait été, en sortant de l'Ecole de Saint-Etienne, nommé ingénieur au chemin de fer d'Alais à Beaucaire [voir biographie de Talabot]. Il ne portait pas encore le nom qui devait le faire passer à la postérité, il s'appelait tout simplement Félix Tournochon, il eut d'ailleurs un troisième nom : Ardant, dans l'oeuvre de son ami Jules Verne.
S'il fut le photographe, et souvent l'ami de toutes les célébrités de son temps, de Beaudelaire à Victor Hugo, qui vinrent à son atelier, qui avait pour enseigne une immense photographie de Cleo de Mérode ; il fut aussi connu comme aéronaute et comme écrivain.
La plus célèbre de ses excursions fut celle qu'il réalisa, en 1850, à bord du ballon « Le Géant » dont il était le capitaine. Ce ballon, qui avait 90 mètres de circonférence, possédait une nacelle à deux étages et des « cabines avec literie ».
En 1858, Nadar prenait, pour la fois au monde, des photographies aériennes.
Il faillit périr, avec sa femme, à l'occasion de la dernière ascension du « Géant », en 1863.
En 1870, lors du siège de Paris, il fut chef d'une compagnie d'aérostiers.
Du point de vue littéraire, parmi ses œuvres très nombreuses, nous pouvons citer : « La revue comique », qu'il fonda en 1849 ; « Quand j'étais étudiant » (1856) ; « Le miroir aux alouettes » (1859) ; « Les ballons de 1870 » (1871) ; « L'hôtellerie des Coquecigrus » (1880) ; « Le monde où l'on patauge » (1883).
Enfin, « Quand j'étais photographe », publié en 1900, avec une préface de Léon Daudet qui écrivait, sans se douter qu'il qualifierait plus tard le XIXe siècle de « stupide » :
« Nadar est pour nous le représentant d'une génération admirable où l'on menait sa route sans envie ni traîtrise, où la verve romantique se doublait d'une humanité large et cordiale, où l'on n'avait pas honte d'être loyal et gai ».
Citons pour terminer l'opinion exprimée par le nouvel et souriant académicien Marcel Achard :
« Par quelle alchimie étrange Daguerre et Nadar arrivent-ils à représenter Beaudelaire, Théophile Gautier, La Castiglione, tels qu'eux-mêmes enfin, l'éternité les a fixés ? ».
Enfin, pour ceux de nos camarades qui souhaiteraient revivre ces temps si bien retrouvés au musée Jacquemart-André, nous signalons un ouvrage remarquable : « Au temps de Beaudelaire, Guys et Nadar », par Anne d'Heugny (Éditions du chêne), qui établit des rapports saisissants entre les photos de Nadar et les dessins de Guys.
Photo par Félix Nadar d'une maquette de l'hélicoptère de Ponton d'Amécourt en 1863
BNF, Estampes et photographie, EO 15 folio tome 2
Cette photo est reproduite dans l'ouvrage "La Seine et Marne industrielle", Isabelle Rambaud coord., Ed. LieuxDits et Conseil Gal de Seine et Marne, avec le commentaire suivant :
Gustave-Louis-Marie, vicomte de Ponton d'Amécourt (1825-1888), né d'une famille fortunée, devient maire de Trilport (1855-1876) comme son père. Homme de lettres et érudit, ami de Jules Verne et de Nadar, il est l'inventeur d'un hélicoptère à vapeur (1er vol en 1862) et travaille à une machine à gaz pour remplacer la vapeur. Les 3 premiers prototypes de l'hélicoptère (un à vapeur et deux à ressort) sont photographiés par Nadar lorsqu'il lance le Manifeste de l'autolocomotion aérienne.