Ancien élève de l'Ecole des mines de Paris (promotion 1951). Ingénieur civil des mines.
Publié dans MINES Revue des Ingénieurs, Novembre/décembre 2015 N° 482.
En pensant à Jean-Pierre Mustelier, qui nous a quittés le 10 janvier 2014, le mot qui me vient à l'esprit est celui d'élégance.
Élégance physique, celle d'un jeune homme élancé, visage ouvert et souriant ; élégance morale de celui qui professait - déjà à l'École ; cela m'avait frappé - la nécessité absolue d'une ligne éthique au long d'une vie professionnelle ; élégance intellectuelle d'un étudiant doué dans toutes les matières, agile dans le débat, fasciné par celui-ci, qu'il soit politique, social, économique ou religieux, dans le plus grand respect de la pensée d'autrui.
Dispensé de service militaire par son rapport taille/poids, il avait débuté sa carrière avant nous tous. Attirés par une lettre de lui à ses camarades de promo en fin de nos 30 mois militaires, nous étions, Jean-Louis Ratier et moi, entrés dans le Service de Saclay où il était chercheur, ce qui me valut de travailler à ses côtés plusieurs années. Je me rappelle notre joie de retrouver nos émotions d'étudiants tandis que nous suivions tous deux les cours du DEA de Physique des solides récemment créé par Jacques Friedel (P40) que, à l'époque, nous côtoyions avec admiration à Saclay. Et je retrouverai, dans toutes ces années-là, cette même élégance mise au service, maintenant, de ses idées scientifiques ou techniques aussi bien que de ses rapports avec ses collègues ou son personnel.
Nos chemins se séparèrent - sans jamais que nos liens se relâchent - lorsque, montant très haut dans la hiérarchie du CEA, il fut appelé par Georges Besse à diriger, à la COGEMA, la Branche «combustibles», fonction qui fera de lui un grand nom de l'industrie nucléaire française et qu'il occupera jusqu'à sa retraite, en 1992. Celle-ci, loin de ralentir ses activités, le verra oeuvrant à la Croix-Rouge et devenant Directeur-adjoint de la Bibliothèque polonaise de Paris.
Personnalité d'autant plus marquante que située aux antipodes du moi-je et du c'est-moi-qui, faite de finesse, d'intelligence - une intelligence ignorante des sentiers battus - et d'humour, un humour qui savait se teinter parfois d'une douce ironie, Jean-Pierre Mustelier fait partie de ceux qui marquent une promotion.
Que Stella, son épouse, et que Paule, François, Anne et Julien sachent la place qu'il tient dans le souvenir de ses camarades des Mines.
Yves Quéré (P51)