Fils de Jacob LYON, professeur de chant, et de Fanny COCHE. Marié à Marie Ernestine Germaine WOLFF. Religion catholique. Mort le 12/1/1936.
Père de Robert Edouard LYON (1884-1965 ; X 1905), grand-père de Gilbert CARPENTIER (producteur de télévision, petit-fils de Jules CARPENTIER X 1871 ; époux de Maritie), arriere-arriere-grand-père de Adrien CARPENTIER.
Voir aussi Gustave Lyon sur Wikipédia.
Ancien élève de l'Ecole polytechnique (promotion 1877, entré classé 41 et sorti classé 56 sur 196 élèves). Ancien élève de l'Ecole des mines de Paris (promotion 1879). Ingénieur civil des mines.
Publié dans Bulletin de l'Association des Anciens élèves de l'Ecole des Mines de Paris, 1936-2.
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Gustave Lyon était né à Paris le 19 novembre 1857, d'une famille d'artistes musiciens. Après de brillantes études au lycée Saint-Louis, il entra à l'Ecole Polytechnique, et, après une année à l'Ecole d'Application de Fontainebleau, il abandonna l'Armée pour aller à notre Ecole. Muni de son diplôme d'Ingénieur civil des Mines, il se proposait d'accepter une mission à l'étranger, lorsque M. Wolff, Directeur de la Maison Pleyel, associé de Camille Pleyel, lui offrit une place à ses côtés, le prit ensuite comme gendre. En 1887, notre camarade succéda à son beau-père dans la Société Pleyel.
C'est alors qu'il s'attacha à l'étude technique de l'acoustique et de la facture des pianos, puis d'autres instruments de musique, ce qu'il fit avec un intérêt passionné, étant très musicien et excellent technicien. Aussi accepta-t-il gaiement d'effectuer des travaux manuels, non seulement de laboratoire, mais encore à l'établi, à la forge. Et déjà il s'était fait remarquer par sa bonne humeur communicative. Il donna progressivement une impulsion et un développement considérables à la Maison Pleyel, — par ses recherches, par ses études des lois des corps sonores (calculs logarithmiques des cordes), par ses inventions : pianos doubles, pianos à double clavier, clavecins, harpes chromatiques, timbales chromatiques, carillons électro-pneumatiques, etc.. Adoré de son personnel, confident, conseiller et bienfaiteur généreux de nombreux artistes, il devint membre de nombreux jurys et organismes professionnels.
En 1914, quoique libéré de toute obligation militaire, il partit dès le début de la Grande Guerre comme chef d'escadron d'artillerie de réserve. En 1915, après avoir commandé l'artillerie de la Côte Est du Cotentin, il fut chargé, comme adjoint du Directeur de l'artillerie de terre, d'organiser la défense de Cherbourg contre les avions. Il s'acquitta de sa tâche, toute nouvelle, avec maîtrise, et inventa même des instruments ingénieux et simples pour le repérage des avions. Malgré son âge, il se mit alors bravement à l'étude de la balistique. Ses travaux attirèrent l'attention de l'Ingénieur GARNIER, du Corps de l'Artillerie Navale, qui obtint du Ministre de la Guerre, le Général Gallieni, l'institution d'une mission de Balistique des tirs aériens. Gustave Lyon et l'Ingénieur naval, Garnier, devenus deux intimes amis, en furent l'âme. C'est ainsi que fut corrigée la table de tir du canon de 75 contre aéronefs.
Comme notre regretté Jean Rey, Gustave Lyon s'attacha à l'étude de nombreux problèmes : trajectoires lumineuses et éclatements fusants, afin de remplacer les observations subjectives par des mesures scientifiques d'une précision indépendante de l'opérateur, grâce à son invention ingénieuse du chrono-cinéma.
Il étudia aussi, poussé par son ardent patriotisme, des questions intéressant la technique de la guerre, notamment le séchage des bois, et il améliora la recette des fusées fusantes, insuffisamment mise au point par la Commission de Bourges.
Ses études de l'acoustique et des corps sonores pour la Maison Pleyel amenèrent notre camarade à s'occuper de l'orthophonie des salles de concerts ou de conférences, et même de leur bonne aération. Son amélioration du Trocadéro est restée célèbre. Ses longs travaux l'amenèrent à la construction de la grande salle Pleyel du faubourg Saint-Honoré, dont l'acoustique est remarquable.
Notre camarade réussit ensuite très rapidement à assurer, par un dispositif très simple de commandes électriques à distance, un parfait synchronisme entre la musique de scène et celle de coulisse, — comme aussi la bonne tenue des orchestres dont le chef ne peut voir tous les exécutants.
Tous ses travaux l'amenèrent a établir la loi fondamentale de l'écho, de la résonance, du renforcement des sons et de la suppression des bruits parasites. Là, notre camarade fut créateur, dans toute la force du terme. Ses inventions sauvèrent de la destruction des monuments très artistiques, et qui étaient condamnés par la mauvaise acoustique de leurs salles et ce, non seulement en France et en Algérie, mais à l'étranger : en Belgique, en Suisse et au Chili.
L'auditorium en plein air de la ville de Reims doit son exceptionnelle acoustique à la conque orthophonique de notre camarade. Gustave Lyon mettait au point un procédé original et, comme toutes ses inventions, très simple, de ventilation des voitures de chemin de fer dans les pays chauds et l'aération des abris souterrains en vue de la défense passive, lorsque la mort le surprit. Son étude était néanmoins assez poussée pour qu'il put en être fait une application entre Brazzaville et Pointe-Noire, sur la ligne Congo-Océan.
On achève actuellement la construction des nouvelles voitures ainsi perfectionnées, aux ateliers de la Société industrielle de Bacalan, à Bordeaux, sous la direction de l'Ingénieur, M. Maurice Lacoin, ancien Ingénieur en chef du matériel et de la traction des chemins de fer d'Orléans.
Enthousiaste, optimiste, débordant de vie, il devait plaire à la jeunesse, pour laquelle il fut toujours très accueillant. Sa charité discrète égalait son intelligence technique et son sens artistique.
De plus, il était, non seulement très patriote, mais il avait l'esprit profondément religieux et siégeait, au Conseil curial de Saint-Vincent-de-Paul, sa paroisse, aux côtés de notre ancien Président, M. Louis Bâclé.
La fin de sa vie fut attristée par l'adversité et par des deuils. Sa nombreuse famille, ses multiples disciples continuent son œuvre. Gustave Lyon était commandeur de la Légion d'honneur depuis 1928. Il fut Vice-Président de la Société d'Encouragement de l'Industrie Nationale, où tous ses collègues garderont, comme les siens et tous ses amis, son souvenir vénéré.
H. C.