Après de brillantes études au lycée Masséna à Nice, où il obtient le baccalauréat en 1965 avec la mention Très Bien, Michel Lenci est reçu à l'Ecole normale supérieure de la rue d'Ulm ainsi qu'à l'Ecole polytechnique en "3/2". Il choisit Polytechnique.
Polytechnicien de la promotion 1967, il sort en 1969 de l'Ecole et choisit le corps des mines. Cette promotion de polytechniciens était très agitée par les événements de mai 68. Ils ont organisé un vote au sujet d'une éventuelle grève collective, mais la majorité des élèves, dont faisait partie Michel, s'est opposée à la grève. Pour essayer de calmer la promo, le commandement militaire organise un séjour de 3 mois en Ecole d'application militaire entre la 1ère et la 2ème année d'études. Michel Lenci fait un an de service militaire en 1969-1970 ; son excellent classement militaire lui donnant toute latitude dans le choix de son affectation, il choisit la base aérienne de Drachenbronn (Alsace du Nord), ce qui lui permet de fréquenter sa future épouse.
Michel Lenci a consacré toute sa carrière à l'Ecole des mines de Paris, de 1970 jusqu'à sa retraite en 2009. Il a travaillé à Fontainebleau de 1969 à 1992, puis par la suite à Sophia Antipolis. Sur le plan administratif, il a fait toute sa carrière dans le corps des mines, obtenant le grade d'ingénieur général le 1er janvier 2001, tout en étant détaché sur un poste de professeur de 1ère classe de l'Ecole des mines depuis le 1er mars 1985. Il était chevalier de l'Ordre national du Mérite et commandeur des Palmes Académiques.
Ses hobbys étaient : la musique, le chant choral, la randonnée pédestre et le bricolage.
Françoise Preteux, ancienne collègue de Michel Lenci au Comité d'enseignement de l'Ecole des mines :
Gardons le souvenir de Michel, scientifique et humaniste, qui savait si bien donner à chacun.
Jean-Pierre Teil, ancien collaborateur de Michel Lenci, devenu par la suite responsable informatique des Archives Nationales à Fontainebleau.
Si j'ai un souvenir à décrire, c'est ceci :
Michel, que je me souviens avoir vu arriver au centre de géologie au début des années 70, tout juste sorti des études, fut un collègue jeune, plein de vie et d'envie de s'insérer dans le tissu bellifontain et d'avoir des "copains".
Nous travaillâmes ensemble au centre de calcul, de nuit sur le premier ordinateur de la compagnie Bull, livré au centre de calcul, sur un projet avec la CNAM de la rue de Flandre. Il y perdit quelques kilos en un mois.
Si j'ai un message à exprimer, c'est celui-ci :
Je garde la mémoire d'un homme simple, amical toujours, à l'intelligence forte et vive mais discrète, sachant toujours se mettre à la portée de ses interlocuteurs, quels qu'ils soient.
Me reste aussi la mémoire d'un Homme profondément et naturellement bon, discret, avec ce pétillement des yeux, un brin méridional...
Michel reste, pour moi, et pour beaucoup d'autres, je n'en doute pas, un humaniste, au sens classique et tel que Montaigne l'a décrit.
Gilbert Frade, directeur des études de l'Ecole des mines de Paris de 1974 à 2001 :
De tous les professeurs de l'Ecole, c'était l'un des plus serviables, des plus gentils, il n'a jamais pris la grosse tête. Il était un des piliers sur lesquels je m'appuyais.
Je me souviens qu'à 51 ans, il voulait déja prendre sa retraite. Peut-être n'était-il pas heureux de ce qu'il faisait, mais il ne le montrait jamais.
Il avait une réelle capacité à parler simplement, à vulgariser.
Sa disparition est une perte extraordinaire.
Brigitte d'Andréa-Novel, professeur et présidente du département mathématiques à l'Ecole des mines :
A titre personnel, je connaissais Michel Lenci depuis mon arrivée à l'école
en 1984 au CAI à Fontainebleau dont il était le directeur avant que le
centre ne soit scindé en CAS et CRI. J'ai toujours beaucoup apprécié Michel
pour sa gentillesse, son humour et sa grande ouverture d'esprit. Son décès
m'a beaucoup touchée, d'autant que comme Yves, il était bien jeune !
Steven Ericsson-Zenith, qui fut doctorant au CRI :
As Director of CRI Michel was instrumental, along with others at CRI and elsewhere, in persuading me to join ENSMP from Yale University and for supporting my doctoral work with the University of Paris. That support afforded a unique opportunity to an Englishman whose credentials were established in industry but who had no prior formal education. It is my hope that the quality of my doctorate reflects, at least in part, the excellence of the intellectual environment established under Michel's leadership.
I remember Michel with affection. He encouraged my independence and applauded self-motivation. He was less comfortable speaking English but was always charming and a real gentleman. He was a constant, calm, and good humored influence in my experience. And, I would say, profoundly and positively French. I liked him very much. He left a lasting impression.
Activités professionnelles de Michel Lenci par Robert Mahl
En décembre 1970, alors que Michel est encore élève à l'Ecole des mines, le sous-directeur de l'Ecole, Pierre Laffitte, l'oriente vers un stage à Fontainebleau au Centre d'Informatique Géologique (CIG). Ce centre avait été créé initialement sous le nom de "Géologie mathématique" par Pierre Laffitte, lui-même un éminent géologue, dans le but de créer une base de données à 3 dimensions du sous-sol mondial. P. Laffitte en fut le premier directeur par intérim de 1967 à 1970, travaillant avec un chercheur anglais, C.J. Dixon, et avec Anita Capitant (qui épousa par la suite Pierre Laffitte en secondes noces). Le projet de base de données géologique avait prit corps en 1969 d'abord sous le nom de SYSIGMI (SYStème d'Information Géologique et Minière Intégré), puis ultérieurement SIGMI ou SIGMINI. Michel Lenci est le tout premier ingénieur de haut niveau à travailler sur ce projet ; il programme alors en FORTRAN et utilise des cartes perforées.
Le Centre d'Informatique Géologique se développe rapidement : 32 personnes en 1970. L'équipe SIGMI compte alors 4 personnes dont 2 ingénieurs, Michel Kremer et Marie-Thérèse Lesage, qui feront toute leur carrière à l'Ecole des mines. D'autres équipes travaillent à l'hydrogéologie avec des chercheurs qui feront une brillante carrière : Ghislain de Marsily, Emmanuel Ledoux, Yves Emsellem, etc. En 1971, Y. Emsellem devient le directeur du Centre. Michel Lenci, chercheur "de fait" depuis fin 1970, est affecté "officiellement" au Centre le 1er octobre 1972. Il est le chef de l'équipe SIGMI qui intègre par ailleurs Pierre Coton, un joyeux drille qui est par ailleurs le neveu de Pierre Laffitte. Jean-Pierre Teil en fait également partie ainsi qu'une stagiaire, Hazel, qui deviendra par la suite Mme Hazel Teil. Michel Lenci est mis à contribution à la rédaction d'un ouvrage collectif intitulé Traité d'Informatique Géologique, sous la direction de Pierre Laffitte, qui est publié chez Masson en 1972, et dont Michel rédige le chapitre 4 intitulé "Notions de base de traitement de l'information", avec l'assistance de Pierre Coton et de Michel Kremer. Pierre Coton essaie, sans beaucoup de succès, de sortir Michel Lenci dans des soirées joyeuses, mais Michel préfère passer ses nuits à travailler sur l'ordinateur.
En parallèle avec SIGMI, Michel encadre très vite d'autres projets :
Un premier bilan du projet SIGMI est tiré dans l'article "SIGMI : A user-oriented file-processing system", par M. Kremer, M. Lenci et M.T. Lesage, Computers & Geosciences, Vol. 1, Pergamon Press, 1976 (soumis à publication le 21 mars 1975). SIGMI s'avère prometteur pour traiter non seulement les informations géologiques, mais tous les types d'informations structurées incluant des arborescences à géométrie variable, pour lesquelles on inventera bien plus tard la représentation XML et des langages de transformation d'arbres. L'Union Minière (Bruxelles) confie à l'Ecole des mines la réalisation du progiciel de gestion de sa documentation : ce sera une variante de SIGMI. SIGMI sera aussi installé à l'Ecole française d'Athènes, au CNRS, au Ministère de l'environnement, et à d'autres endroits. La maintenance du logiciel SIGMI sera poursuivie jusqu'en 1993, et un membre de l'équipe, Patrick Mordini, quittera le Centre vers 1990 pour créer une startup développant et commercialisant SPIRIT, un logiciel de gestion documentaire dérivé de SIGMI et de travaux analogues du CEA.
Un important projet d'analyse d'électrocardiogrammes voit le jour avec le partenariat de Cardionics. Michel réalise les développements informatiques avec Nadine Olivier de 1976 à 1979. Il se trouve par hasard que la nécessité de valider et d'accélérer ces algorithmes sur différentes plateformes constituera la première motivation des développements ultérieurs relatifs à PIPS.
A la même époque, Michel Lenci participe à l'encadrement des stages de géologie de terrain de 1ère année du cycle ingénieurs-civils (1973-1975). Il participe à l'organisation des Journées informatique et géologie de l'IRIA (1975-1977).
En 1976 survient un désaccord entre le chef de centre, Manuel Bloch, et la direction de l'Ecole. Celle-ci souhaite accentuer le caractère scientifique des activités et surtout diminuer les déficits liés à la présence d'un grand nombre de personnes payées sur contrats. Le centre d'informatique est alors fusionné avec le Centre d'automatique, dont le directeur Pierre Bernhardt avait succédé en 1972 à Pierre Faurre, fondateur du Centre d'automatique de Fontainebleau. Pierre Bernhardt (X, Mines, Ph.D. Stanford, docteur d'Etat) présente une bonne stature académique avec deux cautions scientifiques qui pèsent lourd : celle de Jacques-Louis Lions et celle de Rudolf Kalman. Le 1er janvier 1977, Pierre Laffitte lui confie la direction du "CAI", avec deux grosses équipes, celle des automaticiens dirigée d'abord par Yves Rouchaleau puis par Guy Cohen (X 66,corps des ponts et chaussées), et celle des informaticiens de 12 personnes, dirigée par Michel Lenci.
Désireux de poursuivre son oeuvre en dehors du contexte de l'Ecole des mines, Manuel Bloch crée, en partenariat avec la Caisse des Dépôts et Consignations, une entreprise dédiée au transfert technologique, la SINAC, et quitte l'Ecole en 1977 avec ses deux anciens adjoints, Pierre Aurignac et Claude Brisseau. Michel Lenci donnera pendant quelques temps des conseils à la SINAC, aidant ses anciens collègues à reprendre certains projets sur lesquels son équipe a travaillé, comme les électro-cardiogrammes. De même, lorsque Bernard Didier, parti d'abord à la SINAC, créera une activité relative à la reconnaissance des empreintes digitales qui aboutira à la création de Morpho Systèmes en 1981, Michel Lenci l'aidera dans cette tâche à titre bénévole.
A partir de 1977 et jusqu'à son départ de Fontainebleau en 1992, Michel Lenci est responsable de l'option informatique des élèves titulaires de 3ème année de l'Ecole des mines.
Parmi les travaux innovants qui occupent l'équipe de Michel à cette époque, on peut citer : la photocomposition, l'attribution des ISSN, la gestion de fichiers de pollueurs, etc. Toutefois, ces développements ressemblent à des prestations de services, et la direction des recherches incite Michel à lancer des travaux de recherche davantage reconnus par le monde académique. Il recrute alors François Irigoin, ingénieur civil des mines, en 1977. Celui-ci fera sa thèse sur la parallélisation des applications scientifiques et mettra au point un outil appelé PIPS (Paralléliseur Interprocédural de Programmes Scientifiques) qui est toujours utilisé actuellement.
D'autres thèses sont alors lancées, avec notamment Claude Bauzou, brillante normalienne qui soutiendra en 1983. Claude entrera ensuite à Morpho Systèmes, où elle rejoindra Bernard Didier.
D'autres membres de l'équipe de Michel Lenci seront tentés par l'aventure Morpho. Ainsi, Daniel Vassy, qui n'a passé que 2 ans au Centre à Fontainebleau, est devenu directeur technique de Morpho Système, a fait l'INSEAD et s'est lancé dans des directions commerciales avant de diriger la filiale nord-américaine de Morpho.
En 1981, Jacques-Louis Lions, qui transforme l'IRIA (LABORIA) en INRIA, demande à Pierre Bernhardt de créer puis de diriger un nouveau centre de l'INRIA à Sophia Antipolis. Michel Lenci prend alors la direction du CAI (1er novembre 1981), avec comme adjoint l'automaticien Guy Cohen. La nature de l'activité de Michel Lenci change sensiblement : chercheur et ingénieur informaticien, il devient gestionnaire, commercial et professeur. La responsabilité de gestion du Centre comporte en effet les relations avec des partenaires, la rédaction de propositions de collaboration, la négociation de contrats de recherche. Environ le tiers des personnels du Centre sont rémunérés grâce aux contrats. De 1977 à 1992, Michel Lenci négocie 127 contrats, pour un montant total de plus de 3,5 millions d'Euros (en Euros de l'époque, non revalorisés).
Michel Lenci doit également améliorer la qualité scientifique des travaux du Centre. Ceci nécessite le lancement de nouvelles thèses selon des axes de recherche d'avenir. Michel privilégiera l'activité de parallélisation automatique de code "PIPS" de l'équipe de François Irigoin, qui se situe dans la ligne générale des recherches de l'Ecole, à la fois de haut niveau scientifique et en relation avec les vrais problèmes de l'industrie.
Autre difficulté, le matériel informatique évolue rapidement. Michel supervise lui-même l'équipe d'ingénieurs système du Centre, et il continue à passer des nuits à installer du nouveau matériel. Dès 1981, Michel s'enthousiasme pour Unix, système dans lequel il voit à juste titre un grand avenir et il obtient de haute lutte qu'un tout petit budget soit consacré par l'Ecole à l'achat d'une première machine Unix -- très peu d'argent comparé à la dépense annuelle de location du DPS 8 de Bull dont l'utilité est fortement contestée par les enseignants-chercheurs en informatique de l'époque.
Professeur, il fait un cours de programmation et d'algorithmique de 40 heures par an à une partie des élèves de 1ère année du cycle ingénieur civil, il organise quelques journées par an de formation des ingénieurs-élèves du corps des mines, et il assume à partir de 1985 la responsabilité de l'option informatique en 3ème année (8 élèves par an en moyenne). L'option informatique représentait 200 heures de cours et travaux pratiques, dont Michel Lenci assurait personnellement 80 heures sur des sujets techniques tels que : bases de données, réseaux, méthodes d'accès, systèmes d'exploitation, micro-informatique ... Michel Lenci encadre personnellement les stages de fin d'études des optionnaires.
Toutefois, les équipes d'informatique et d'automatique resteront toujours disjointes avec des modes de fonctionnement très différents. Les permanents de l'informatique travaillent en équipes à des projets parfois importants, alors que les permanents de l'automatique travaillent généralement seuls, avec souvent un thésard pour les aider. Les informaticiens trouvent normal de créer une gestion centralisée des contrats dont bénéficie le Centre, alors que les automaticiens exigent que chaque projet soit géré financièrement de façon autonome, le projet étant souvent réduit à un seul chercheur. Ce climat rend la gestion du Centre assez pénible, et Michel Lenci, qui a un tempérament de chef scout et de rassembleur, n'a jamais accepté les exigeances individualistes de certains collègues. Cela le conduit à donner leur autonomie aux automaticiens en 1988 et à demander la scission du CAI en deux entités, le Centre de recherche en informatique (CRI) et le Centre d'Automatique et Systèmes (CAS). Cette scission sera officiellement actée par la direction de l'Ecole en 1991 : le CAS ressemblera à un groupement d'égaux en mode d'autogestion, tandis que Michel Lenci conservera la direction du CRI.
En 1992, Michel prend la direction de l’ISIA à Sophia-Antipolis. Robert Mahl lui succède à la tête du CRI, avec François Irigoin comme directeur adjoint du CRI. Michel et sa famille quittent alors leur maison d'Ecuelles et s'installent à Grasse.
L'ISIA (Institut Supérieur d'Informatique et d'Automatique) est un cycle de formation d'ingénieurs de spécialité créé à l'initiative de Jacques Lévy, homologué par la Commission du Titre de l'Ingénieur, implanté à Sophia Antipolis, et rattaché administrativement à l'Ecole des mines. Des élèves-ingénieurs ayant commencé leurs études dans une autre école poursuivent 2 ans de formation à l'ISIA, et obtiennent alors un double diplôme. La formule de financement de la scolarité est assez originale : une partie de la 2ème année se passe en stage dans une entreprise, qui paie le coût du stage à une association ; cette dernière verse un petit salaire au stagiaire et paie une partie des frais de formation. De la sorte, les élèves n'ont rien à débourser.
L'ISIA donne alors une formation complémentaire technique de très bon niveau. Michel se dépense sans compter pour obtenir les financements des entreprises et pour susciter des candidatures au sein des autres écoles d'ingénieurs. Il est aidé par Nadia Maïzi, qui organise la scolarité ; Nadia deviendra par la suite professeur titulaire et directrice du Centre de mathématiques appliquées de l'Ecole des mines à Sophia Antipolis. Michel fait lui-même environ 50 heures de cours par an aux élèves de l'ISIA, essentiellement de langage C, d'algorithmique de base et d'Unix.
Toutefois, après une période enthousiasmante où les vocations pour l'informatique sont nombreuses, la bulle internet éclate en 2000, et il n'y a plus suffisamment de candidats pour justifier l'existence de cette école. Les élèves ingénieurs qui souhaitent un double diplôme se tournent à présent du côté des Ecoles de commerce. L'ISIA arrête progressivement ses activités en 2006-2007.
Outre la direction de l'ISIA, Michel anime un groupe de travail pour la création d'une École polytechnique universitaire à Nice-Sophia Antipolis (2002). Il coordonne à deux reprises "Science en Fête" au niveau du département des Alpes-Maritimes.
Michel prend la responsabilité de Délégué du directeur de l'Ecole des mines à Sophia Antipolis, par intérim le 18 octobre 2005 et de plein exercice le 20 février 2006. C'est une fonction administrative et de relations publiques et industrielles, doublée de la responsabilité de superviser la construction de nouveaux bâtiments. De février 2007 à juin 2008, Michel est chargé de construire un bâtiment de 2.700 m2 pour l'extension des activités de l'Ecole sur le site de Sophia Antipolis. Il attache beaucoup d'importance aux questions de réseaux informatiques et fait notamment aménager une salle de visioconférence. Michel représente également l'Ecole des mines au sein d'organismes locaux tels que PERSAN, association des établissements publics de recherche et d'enseignement supérieur des Alpes-Maritimes.
Michel décide de prendre sa retraite à l'âge de 60 ans. Le journal interne de l'Ecole des mines, Le Lien, rend compte de la cérémonie émouvante à l'occasion de son départ. Désormais, Michel pourra se consacrer à la chorale, à la famille, à la paroisse. Hélas trop peu de temps !
Le départ de Michel Lenci de l'Ecole des mines, illustré dans Le Lien, mars 2009 |
| Claude Lenci, frère de Michel, né le 27 novembre 1941, avait été élève à Polytechnique (promotion 1962). Sorti dans le corps des Ponts et chaussées, il avait oeuvré dans les services régionaux du ministère de l'industrie de 1967 à 1989, notamment à la Circonscription électrique de Grenoble, et il avait été directeur régional de l'Industrie (DRIRE) en Alsace (1976-84) puis en Provence-Côte d'Azur (1984-89). De 1989 jusqu'en 2005, il était directeur chez Solvay France, où il s'occupait de la communication et des relations industrielles. Après un premier infarctus en 1983, il s'arrête de fumer, mais il décède d'un infarctus le 3 septembre 2009. Epoux de Béatrice Schimpf, il avait 4 enfants tout comme Michel. Il était chevalier de la Légion d'honneur et officier de l'Ordre du Mérite.
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| Michel Lenci, élève de l'Ecole polytechnique (1967). Lorsque Michel était élève, l'Ecole était encore localisée dans ses anciens bâtiments de la Montagne Sainte-Geneviève, à Paris 5ème, et les élèves partageaient encore des chambrées (caserts) de 7 ou 8 lits. La promotion de Michel Lenci a été fort agitée par les événements de mai 1968. Michel, qui avait un tempérament de scout (il a été chef de groupe des Scouts de France à Moret sur Loing), fut, en raison de son classement d'entrée, crotale (chef de casert) à Polytechnique pendant 2 ans. C'était un partisan de l'ordre. Il a eu fort à faire en essayant de calmer ses chers camarades ! |
Voir : Michel Lenci dans Le Lien, n° 90 (bulletin interne à MINES ParisTech)
La scission du Centre d'Automatique et d'Informatique (CAI) en deux centres (CAS et CRI)Michel Lenci dirigeait depuis fin 1981 un centre de recherche de l'Ecole des mines localisé à Fontainebleau, le CAI. En 1987, l'équipe des chercheurs en automatique, entraînée par Guy Cohen, exige la scission de ce centre en deux entités, le Centre d'Automatique et Systèmes et le Centre de Recherche en Informatique. Cette scission sera l'une des expériences les plus douleureuses de Michel Lenci de toute sa carrière. J'ai personnellement toujours été intrigué par les circonstances de cette scission, ses raisons et la façon dont elle a été menée. Le dépouillement d'archives personnelles de Michel Lenci permet de comprendre les faits et les motivations des différents acteurs.
Fin 1987, Guy Cohen (GC) envoie un message personnel à Michel Lenci (ML), dont tout le personnel est en copie :
Le débat se focalise sur une différence de point de vue entre les "automaticiens" et les "informaticiens". Le CAI comportait à l'époque 6 équipes : 5 mini-équipes d'automaticiens, une mini-équipe étant parfois réduite à un seul chercheur permanent, et une grosse équipe d'informaticiens. La conception des automaticiens était que les crédits provenant de l'Ecole devaient être répartis équitablement entre les 6 équipes, et que les crédits dits "ARMINES" en provenance des contrats de recherche devaient revenir exclusivement à l'équipe concernée. La conception des informaticiens était que les crédits de l'Ecole devaient être consacrés à l'équipement informatique commun (serveurs, stations de travail, réseau) et que comme ceux-ci étaient insuffisants, il convenait d'effectuer une ponction sur les crédits des contrats. Les automaticiens apparaissaient donc comme des individualistes et les informaticiens comme des technos d'infrastructures gourmands en ressources.
Michel Lenci réplique : Je me suis très mal débrouillé, au cours de ces dernières années, en ce qui concerne la communication avec les automaticiens. J'aurais dû, sans relâche, discuter, infomer, consulter, etc. Il est possible d'ailleurs que peu de décisions s'en seraient trouvées modifiées. Mais que la plupart auraient été mieux acceptées. A ma décharge (c'est une bien mauvaise excuse !) j'avoue que discuter avec toi est pour moi une véritable épreuve tant le ton monte vite entre nous ! J'avoue avoir consciemment fui l'affrontement ... C'est pas bien !
La réponse de Guy Cohen est modérée mais explicite :
Dans sa réponse, Michel Lenci convient que Laurent Praly mérite un poste de maître de recherche (poste équivalent à professeur de 2ème classe). Il précise que, dans son opinion, les crédits Armines provenant de ressources contractuelles doivent être gérés globalement au niveau du Centre, afin de permettre de payer des permanents qui n'ont pas de poste payé par l'Ecole. Dans un nouveau message, Guy Cohen s'inquiète du niveau jugé insuffisant des ressources contractuelles de l'informatique, et notamment de la possibilité qu'un contrat avec le DRET ne soit pas signé (la DRET était la direction de la recherche au sein de la Délégation générale à l'armement). Une réunion générale des personnels du Centre est alors programmée. Michel Lenci demande à Guy Cohen de restreindre les monologues sur l'historique de toutes les affaires et institutions : ... Je viens te demander de faire un effort pour limiter lundi tes interventions à une durée raisonnable et à les cantonner à un sujet à la fois ... Fin décembre 1987, Michel Lenci présente à ses collègues l'utilisation des crédits "informatiques" de l'Ecole pour 1987, le CAI ayant dépensé 624.000 F pour acheter notamment des stations de travail. Le CAI a aussi trop dépensé sur Armines, ayant déjà fait une perte de 700.000 F en 1986 ! Pour 1988, les crédits informatique doivent baisser à 460.000 F. Evidemment, la situation budgétaire devient très serrée. Guy Cohen indique : "Je préférerais voir utiliser les crédits école à acquérir encore quelques SUN pour les Auto ... Ca nous mettrait en harmonie avec les projets Quadrat à l'INRIA (il y a un projet "réseaux" d'eau, de gaz, etc. auquel Pierre Carpentier est censé participer). De plus nous n'avons toujours pas répondu au besoin en calcul formel ... MACSYMA doit exister sur SUN." Ainsi, les dissensions sont donc bien fondées principalement sur l'utilisation d'un budget serré, sur la gestion d'un compte Armines en déficit, et sur les choix en équipements informatiques.
Le ton se radicalise sous forme d'un ultimatum du 20 janvier 1988, signé : "PC, GC, YL, JL, LP" : Cher Michel,
Il semble bien que le rédacteur officiel de cette lettre, Pierre Carpentier (PC), soit en fait le plus modéré des "Autos". Il avait en fait remis en forme une lettre beaucoup plus agressive rédigée à l'origine par le "meneur" des Autos.
Nouvelle lettre du 17 février du collectif "GC, PC, JL, YL, LP" à Michel : Comme tu le sais, nous avons rencontré Lévy [directeur de l'Ecole] et Mudry [directeur de la recherche] vendredi dernier. Pour résumer, ils se rendent à l'évidence de la nécessité de séparer l'Auto et l'Info, mais restent coincés par la peur de voir notre exemple devenir un mauvais exemple pour d'autres centres (car, paraît-il, les problèmes existent aussi ailleurs). Nous continuons à ne pas comprendre l'intérêt qu'il y a, ici ou ailleurs, à maintenir ensemble des gens qui ont des problèmes du fait de cette cohabitation, mais soit ...
Michel Lenci n'est pas obligé par la direction de l'Ecole d'acquiescer à ces propositions. Mais son caractère conciliant le pousse à ne pas chercher davantage de confrontation. Il va organiser lui-même la scission. Affectation définitive des personnels entre les deux centres : (avril 1988)
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Rédaction et mise sur le web : R. Mahl