Né le 21 avril 1946. 2 enfants : Sandra (née en 1983), Alexis (né en 1984).
Ancien élève de l'Ecole nationale supérieure des télécommunications (1965-1968). Il fait ensuite un Ph.D. sous la direction du célèbre professeur Rudolf KALMAN, professeur à Stanford (jusqu'en 1972) puis en Floride, qui dirigea aussi la thèse de Pierre FAURRE. Yves ROUCHALEAU est l'un des auteurs, probablement l'auteur principal, du classique théorème de Rouchaleau-Wyman-Kalman, publié pour la 1ère fois dans sa thèse de Ph.D. (1972). Lorsque FAURRE rentre des Etats-Unis et se voit confier la constitution d'une équipe de recherche à l'Ecole des mines, site de Fontainebleau, Pierre LAFFITTE a eu l'idée d'offrir à KALMAN une position à temps partiel à l'Ecole des mines de Paris à partir de 1969, ce qui contribua à fixer Yves ROUCHALEAU aux Mines, où il fera toute sa carrière : d'abord à Fontainebleau puis à Sophia Antipolis et enfin partagé entre Sophia et Paris. Toute sa carrière se déroula donc dans la même institution dans 3 localisations différentes.
A Sophia, il fut pendant quelques années directeur du Centre de Mathématiques Appliquées de l'Ecole des mines à Sophia Antipolis, alors hébergé dans des locaux de l'INRIA.
Gilbert FRADE qui fut directeur des études de 1974 à 2001 appréciait énormément Yves ROUCHALEAU. Il lui confia d'importantes responsabilités d'enseignement à Paris. De ce fait, dans ses dernières années, Yves partageait son temps entre la Côte d'Azur, où se trouvait son laboratoire de recherches, et la région parisienne, où il se consacrait particulièrement à des tâches d'enseignement. Responsable de l'option "automatique" des élèves de 3ème année de l'Ecole des mines pendant plus de 20 ans, directeur de l'Ecole doctorale "informatique temps réel-automatique-robotique", il enseignait d'autres cours classiques à l'Ecole notamment sur le traitement du signal. Il était aussi examinateur au concours commun d'entrée aux Mines-Ponts-Télécoms, où il faisait passer l'épreuve des Travaux personnels de candidats de la filière Mathématiques-Physique (TICE).
Sur le plan administratif, Yves ROUCHALEAU fut nommé Maître de recherche (grade contractuel équivalent à celui de directeur de recherche de 2ème classe du CNRS) le 1er juillet 1975, puis professeur de 1ère catégorie des Ecoles des mines (grade de fonctionnaire titulaire aligné sur celui de professeur de 1ère classe des universités) le 1er décembre 1982 par décret du 24 février 1983.
Il décède le 21 mars 2011 d'un cancer du foie et du pancréas, dans la consternation générale de ses collègues qui n'étaient pas au courant de sa maladie. Il ne voyait que rarement son épouse dont il était sincèrement amoureux, qui l'avait quitté depuis longtemps déja, pour vivre aux Etat-Unis. Il était père d'un garçon et d'une fille.
Le texte qui suit a été rédigé et lu aux obsèques par son collègue Claude LAURGEAU, professeur de robotique à MINES ParisTech.
Hommage à Yves Rouchaleau
Nous sommes réunis ici pour rendre hommage à notre collègue et ami Yves Rouchaleau. Sur le site de Paris, nous avons été informés par courriel de la mort soudaine et brutale de Yves. Je souhaite être le porte parole des nombreux collègues parisiens qui n’ont pu venir mais dont l’émotion apparaît dans les témoignages que je vais lire.
Chers Collègues,
Cette nouvelle m'a laissé sans voix hier. Il restera
toujours l'image d'une personne intègre, discrète, quelqu'un de bon dans
le meilleur sens du terme. Nous avons tous beaucoup gagné à côtoyer le scientifique
et le collègue
Je suis comme tous sous le choc. En plus de ses qualités
humaines et scientifiques, nous nous souviendrons aussi de son humour et de l'intelligence
de ses analyses. Mes plus sincères condoléances à sa famille.
J'ai envoyé un mail aux optionnaires MAREVA, et j'ai eu des
réponses touchantes qui démontrent à quel point Yves était un enseignant
remarquable, avec un sens des responsabilités hors du commun. Il s'est toujours
montré parfaitement dévoué et exemplaire. Je suis infiniment touchée par sa
disparition, car au-delà du collègue, je perds un véritable ami.
Yves avait été mon professeur d'option à l'école, m'avait
aidé à trouver un sujet qui me convienne, et avait encouragé ma
"vocation" à poursuivre dans la recherche. Le scientifique et l'homme
nous manqueront tout autant.
En tant qu'ancien élève, collègue et représentant des
professeurs au conseil d'administration, je voudrai dire que l'Ecole a perdu un
grand scientifique, un professeur exigeant et dévoué et un collègue d'une
remarquable humanité. Mes plus sincères condoléances à sa famille.
Quelle triste nouvelle. Ces derniers mois, Yves participait en plus de toutes ses activités au montage d'un projet de master européen. Totalement dévoué, il s'est rendu à de nombreuses réunions à l'étranger pour ce projet. Sa contribution et son contact humain ont été très largement reconnus et appréciés par nos partenaires. Dominique Jeulin L'Ecole perd un grand professeur. Nous perdons tous un collègue ou un ami qui en plus, en ce qui concerne le CRI, a toujours été prêt a se plier en quatre pour rendre service, sans compter son temps, et pour faire fonctionner la spécialité doctorale "informatique temps-reel et robotique" pendant de nombreuses années. Et que je n'ai sûrement pas remercié comme il le méritait...
La disparition brutale de notre collègue Yves Rouchaleau qui enseignait l'automatique et le traitement du signal affecte profondément le département Mathématiques et Systèmes. Son enseignement de remarquable qualité, sa disponibilité auprès des élèves et de l'école, son intelligence exceptionnelle alliée à une grande finesse d'esprit, en faisait un membre éminent de notre communauté. Pierre Rouchon
Je suis extrêmement peinée par cette triste nouvelle. Yves
a toujours été présent pour le doctorat et nous a toujours apporté son aide et
fait bénéficier de sa grande expérience. Un enseignant au service de tous les
cycles dont la gentillesse et le dévouement vous beaucoup nous manquer.
Fréquentant Yves depuis plus de 30 ans, je suis extrêmement affecté. Il a toujours cherché à aider son entourage par une écoute hors pair et des conseils avisés. Sa présence et ses remarques étaient toujours rassurants.
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Je n’ai pu reproduire tous les messages qui ont circulé sur le courriel de l’Ecole, ni tous les témoignages oraux exprimés au hasard des rencontres dans les couloirs. Tous traduisent une forte émotion et soulignent combien Yves était apprécié au sein de l’Ecole des Mines de Paris.
Le grand professeur :
Yves était un pilier de l’enseignement de l’automatique et du traitement du signal. Son enseignement était rigoureux, exigeant. Il pratiquait une pédagogie à l’ancienne, à la craie et au tableau noir. Les étudiants parlaient avec humour des « rouchaleries »… mais ils le respectaient car ils savaient que son enseignement était dense et riche. Il était le prof « anti bling bling », avec lui c’était du « lourd ». Il connaissait tellement son domaine qu’il était capable de faire cours plusieurs heures de suite, pratiquement sans note, déroulant ses démonstrations, effectuant les liens entre la théorie et la pratique, expliquant les technologies présentes dans un téléphone mobile ou un lecteur de DVD.
L’homme cultivé
Yves était un homme réservé ne se mettant jamais en avant. Ceux qui l’approchaient et approfondissaient la relation découvraient vite sa richesse intérieure et l’étendue de sa culture. Sa formation initiale et son parcours académique sont étonnants. Il avait passé les deux baccalauréat, Mathématiques et Philosophie, puis il avait obtenu en parallèle son diplôme d’ingénieur à Télécom Paris et une licence de sciences économiques à Panthéon Sorbonne. Il obtint enfin son PhD en recherche opérationnelle à l’Université de Stanford avec pour un directeur de thèse prestigieux, Rudolf Kalman, dont les travaux sont enseignés dans les Ecoles d’Ingénieurs du monde entier.
Au delà des domaines scientifiques et techniques, Yves lisait beaucoup la presse et la littérature anglo-saxonne et française. Il avait un haut niveau de compréhension du monde complexe dans lequel nous vivons, était capable de parler d’économie, de littérature, de musique mais sans jamais se mettre en avant.
Les gens qui le pensaient plutôt intellectuel et théoricien étaient surpris lorsqu’ils découvraient sa passion pour les objets anciens, pour les automates et particulièrement les automates musicaux dont il était un grand expert. Il savait faire de la mécanique et de l’électronique pour les remettre en état et sa bergerie à Bar sur Loup était un véritable musée.
L’homme de qualité
Tous les témoignages soulignent sa bonté et sa générosité. Il avait un dévouement et une disponibilité sans faille, au service de l’institution et de tous ses collègues.
Il ne savait pas refuser un service. On ne compte pas ses innombrables traductions d’articles, de rapports en anglais, ses participations aux journées de présentation de l’Ecole, à l’accueil des étudiants, ses cours gratuits à de nombreux étudiants, les visiteurs qu’il allait chercher gracieusement à l’aéroport avec sa propre voiture.
S’il était discret, il avait aussi un regard et une analyse intelligente des situations et un humour fin mais ne prononçait jamais un jugement négatif sur les gens.
Yves était un humaniste, une « belle personne », il nous manque beaucoup, nous le regretterons mais ne l’oublierons pas.
Texte préparé et lu le 25 mars 2011 aux obsèques à Cannes la Bocca, par Claude Laurgeau