Fils de Nathaniel JOHNSTON (1836-1914), conseiller général en 1866 et député de la Gironde en 1869, partisan du libre échange, grand négociant bordelais.
Frère de Harry Scott JOHNSTON, fondateur des pêcheries d'Arcachon.
Frère de Marguerite Jacqueline JOHNSTON (1872-1909) qui épouse en 1895 Oscar CAMBEFORT (1866-1951, associé à la banque GALLINE-CAMBEFORT à Lyon).
Frère de Valentine JOHNSTON qui epouse en 1890 Edmond RAOUL-DUVAL (1862-1932, fils de député et petit-fils du négociant Frédéric FOERSTER, lui-même devient un important négociant au Havre), et mère de Nicolas (1896-1979, pasteur à Nantes), de Edgar et Jean qui reprirent l'entreprise de négoce paternelle.
Son fils François JOHNSTON devient ingénieur civil des mines (promotion 1921 de l'Ecole des mines de Paris, mort le 12/5/1936) comme son père et son grand-père.
Ancien élève de l'Ecole des mines de Paris (promotion 1892). Ingénieur civil des mines.
Publié dans le Bulletin de l'association des anciens élèves de l'Ecole des Mines (1925), soit 10 ans après le décès :
Sans gravir les échelons de la carrière d'ingénieur, Raoul Johnston avait été nommé, peu après sa sortie de l'Ecole, administrateur des Mines d'Albi. Sa famille, d'origine anglaise, habitait Bordeaux. Il passait lui-même la plus grande partie de son temps dans sa propriété de Beaucaillou, où il cultivait un cru célèbre, dont nous avions eu d'ailleurs le plaisir d'apprécier les qualités dans un dîner de promotion donné vingt ans après notre sortie de l'Ecole.
Johnston avait conservé de ses ancêtres l'allure anglaise, qui se perpétue souvent à travers plusieurs générations.
Sa distinction, autant que son rang de major à l'entrée, avait attiré l'attention sur lui.
Bien que se mêlant souvent à nous à l'heure du déjeuner dans les restaurants plutôt modestes du quartier, il se livrait peu. Le soir, à la sortie des cours, un cab luxueux l'attendait rue Médicis; et il filait alors à grande allure vers les quartiers élégants, où il disparaissait, pour ses camarades, jusqu'au lendemain.
Il était membre du Jockey Club et grand joueur de polo; c'était à peu près tout ce que nous savions de lui.
Malgré sa vie mondaine, il était brillant aux jours d'examen et il sortit de l'Ecole, sinon major, du moins dans les premiers, passant entre temps ses examens de droit.
Johnston était très intelligent, mais il n'était pas que cela. C'était aussi un homme de grand cœur.
Plusieurs d'entre nous, après l'avoir quitté à la fin des cours, pensèrent le perdre de vue ; lui, au contraire, ne négligeait aucune occasion de rester en relations avec nous et d'obliger un camarade dans l'embarras.
Beau-frère d'Edouard de Billy, allié des Cambefort, des Raoul Duval, ayant des attaches dans tous les milieux financiers et mondains, il n'hésitait pas à faire une démarche, à payer de sa personne et de ses capitaux pour créer ou soutenir une affaire, lorsqu'un ami y était intéressé.
Il entrait volontiers dans un conseil d'administration et à partir de ce moment devenait, pour la direction, un véritable appui. Se rendant au siège de la Société chaque fois qu'il le pouvait, il se mettait au courant de tout, discutant de la conduite d'une affaire avec une logique impeccable, une droiture à toute épreuve et une largeur de vues souvent impressionnante.
Autour du « Tapis vert », c'était une valeur : énergique, ramenant sans cesse à la question, ne prenant jamais la parole hors de propos, habile à résumer une discussion et à présenter des conclusions, il avait toutes les qualités d'un grand administrateur, qu'il eût été plus tard si une balle allemande n'avait mis fin à une activité aussi brillante.
Il fut plusieurs fois frappé durement dans ses affections familiales ; il perdit deux sœurs charmantes, Mme de Billy, et Mme Cambefort, mais il évitait de s'entretenir de ses chagrins, même avec ceux dont il se rapprochait.
La guerre le trouva lieutenant d'infanterie territoriale. Je ne l'ai plus revu depuis le mois d'août 1914. Un tel caractère devait être très courageux ; voici d'ailleurs la citation dont il a été l'objet :
Groupe provisoire du Nord
Le général Foch, adjoint au Commandant en Chef, cite à l'ordre de l'Armée :
Le lieutenant d'infanterie territoriale JOHNSTON (Raoul-William), du service d'État-Major, attaché à l'armée britannique, comme officier de liaison.
« S'est en toutes circonstances fait remarquer par son courage et son énergie; a été particulièrement signalé par la bravoure et le sang-froid exceptionnels dont il fit preuve pendant toute la première partie de la campagne et le cours des opérations sur l'Aisne. N'a cessé, depuis lors, de donner l'exemple des meilleures qualités militaires. Tué d'une balle à la tète dans la nuit du 13 au 14 Mai 1915 en accompagnant le Commandant de sa brigade dans la visite des tranchées. »
Au Q. G. le 21 Mai 1915,
FOCH
Comme il parlait l'anglais aussi bien que le français, il fut attaché comme officier de liaison à l'armée anglaise. J'ai trouvé trace de son passage à Bailleul dans les Flandres ; un industriel du pays l'avait accueilli avec l'état-major anglais, au début de 1915, avant que la petite ville ne fut détruite. Il était encore sous le charme de la visite que lui avait faite notre camarade.
Le 15 mai 1915, j'appris par le journal que notre ami avait été tué. Ce fut une journée de tristesse, comme nous en eûmes tant, hélas ! mais je me souviens que celle-là fut particulièrement dure, parce que j'avais un véritable culte pour cette nature exceptionnelle.
Nous reportons sur son fils, un jeune camarade, notre affection pour lui.
P. Sarazin (1892).