Ancien élève de l'Ecole des Mines de Paris (promotion 1862). Ingénieur civil des mines.
Bulletin de l'Association amicale des anciens élèves de l'Ecole des Mines, février 1901
Notre camarade Paul Hessel nous a été enlevé inopinément par la terrible maladie de Bright après quelques semaines de souffrance.
Né à Nancy, en 1841, il avait passé dans cette région si patriote quelques années de son enfance avant de venir à Paris.
Il avait le culte de la patrie et de l'armée ; on peut même dire qu'il était un militaire et un artilleur enthousiaste et convaincu.
Pendant la guerre de 1870 il avait été nommé lieutenant au 21e régiment d'artillerie et, ayant fait son service à Paris pendant le siège, il avait pris part à la sortie de Champigny et à celle de Montretout.
Ensuite lieutenant, puis capitaine dans l'artillerie territoriale, il avait presque toujours assisté aux réunions habituelles et même au mois de septembre dernier, pendant une période d'instruction à Angoulême, il fut atteint d'une indisposition qu'on prit pour une insolation et qui n'était peut-être que le prodrome qui devait nous l'enlever.
Aussi avait-il été proposé, au titre militaire, pour la croix de la Légion d'honneur et il devait figurer à une des prochaines Promotions.
Pendant ses années d'études à l'École, Hessel se montra tel qu'il devait rester toute sa vie, travailleur, intelligent, consciencieux et profondément honnête.
Peu après sa sortie, il commença son stage d'abord aux mines de Bruay, puis à Doyet, la Grand'Combe, etc.
Il fut ensuite chargé, pour le compte de la Cie de Saint-Gobain, d'installer et de diriger la mine de pyrites de fer de Framont, près Schirmeck (Alsace).
Par suite de convenances commerciales, l'exploitation de cette mine fut tellement ralentie que Hessel ne voulut plus en conserver la direction et qu'il quitta cette position.
Pendant quelques années il s'occupe spécialement de missions, d'expertises et aussi de recherches chimiques.
Puis enfin il est chargé de la réorganisation et de la direction d'une mine de phosphates en Norvège, et concurremment de la direction d'une mine d'or située dans la même contrée.
Hessel put dans cette dernière période faire montre de ses aptitudes et des connaissances, car la mine d'apatite, dont il prenait la direction, avait été irrégulièrement exploitée.
Il put, grâce à ses connaissances en géologie et en géométrie, retrouver les filons perdus et installer une exploitation régulière.
Paul Hessel, avait, en effet, longuement travaillé la géométrie pure et était devenu un maître en cette science, résolvant, sans peine, les problèmes les plus ardus.
Il avait aussi beaucoup étudié la géologie, lisant avec soin tous les ouvrages anciens et récents et entretenant correspondance avec plusieurs géologues.
Il avait une si grande ardeur pour la géologie qu'il avait copié, de sa main, à une époque où il n'avait pu les trouver en librairie, les trois volumes de l'ouvrage de M. Elie de Beaumont.
Notre ancien professeur, M. Moissenet, lui avait aussi, par ses leçons et ses conseils, permis d'étudier avec fruit les grands problèmes de la géologie.
Utilisant ces connaissances et par l'étude cosmographique et mathématique des grandes perturbations du globe il a, dans ses nombreuses missions, pu fixer l'endroit précis où on devait retrouver les filons interrompus par des failles, et, même, appliquant sa théorie sur les failles aux gisements de pétrole, il a pu pronostiquer, si je peux m'exprimer ainsi, l'existence de gisements qui ont été depuis, découverts dans les régions qu'il avait indiquées.
Il a découvert ou constaté l'existence de nombreuses mines, notamment une mine de plomb à la Turbie, une mine de cuivre dans le Tarn, une mine de houille aux îles Feroé.
Hessel ne s'était pas contenté de ces travaux de géométrie et de géologie, il avait longuement étudié la chimie mettant à profit les leçons et conseils de M. Rivot.
Il avait découvert un nouveau procédé de métallurgie de l'antimoine pour lequel il a créé une usine à Ivry.
Il a trouvé aussi un nouveau procédé pour le traitement des minerais de nickel par les sulfures terreux.
Ce mode de traitement pour produire les mattes, qui est applicable aux minerais des métaux analogues tels que le cobalt, n'a pas donné à Hessel les résultats qu'il avait droit d'espérer, car il a été appliqué à Paris en remplaçant la charrie, qu'il préconisait, par le plâtre et le charbon dont la combinaison donne aussi un sulfure terreux.
Paul Hessel fut un des bons élèves de notre École, un de nos distingués ingénieurs et un de nos bons camarades.
Nous offrons notre souvenir ému a sa famille.