Marié en 1818 à Mlle E.-M. de Beauffort, dont il a trois enfants morts en bas-âge, il épouse en secondes noces Mlle Marguerite Joséphine de Wendel, dont il a 6 enfants. Il est le père de François Marie Théodore de Gargan (1827-1889, X 1847 non diplômé). On peut d'ailleurs noter que, à une autre génération, le comte Emmanuel de Mitry (1892-1983) dont la mère était née Marie-Thérèse de Gargan, épouse en 1926 Marguerite de Wendel, fille de François de Wendel. Une autre descendante du baron de Gargan, Thérèse de Gargan, épousera en 1925 Philippe, François, Marie, comte de Hauteclocque plus connu sous le nom de Maréchal Leclerc.
Sorti de Polytechnique classé 23ème en 1810, premier admis dans le corps des mines à une époque où les mieux classés de Polytechnique choisissaient encore le corps des ponts et chaussées, il fait l'École pratique des mines de Moutiers (Savoie) de 1810 à 1812, où il entre et sort major. Il s'occupe de la topographie du bassin houiller de Saint-Étienne (1812), avant d'être chargé du service de la 15e station minéralogique de France à Longwy (1814). Il cache l'atlas houiller de la Sarre, mais reçoit finalement l'ordre de le livrer aux prussiens. Il guide les recherches houillères dans la zone de Schoeneck-Forbach et celles de sel gemme à Vic et à Dieuze. Il devient associé-libre de l'Académie de Metz. Il entre au Conseil général de la Moselle (1829), puis démissionne (1830). Il abandonne ses fonctions d'ingénieur des mines en 1830 alors qu'il est ingénieur de 1ère classe, pour entrer dans la maison de Wendel. Il donne à cette entreprise un développement considérable, avec son beau-frère Charles de Wendel. Il dirige les houillères et verreries de Decize (Nièvre).
Notice résumée publiée dans le LIVRE DU CENTENAIRE (Ecole Polytechnique), 1897, Gauthier-Villars et fils, TOME III, page 159 :
DE GARGAN (promotion de 1808 de Polytechnique), né à Inglange (Moselle) le 9 août 1791, mort le 6 novembre 1853, fut chargé, après son service à Saint-Étienne, du service de Longwy et de la Meurthe. De Gargan avait été le guide et l'inspirateur des premières recherches poursuivies, après 1815, pour retrouver en France le prolongement du bassin houiller de la Sarre, et qui aboutirent successivement à l'institution des concessions de Shoenecken et de Forbach. Il avait épousé la soeur de Charles de Wendel et, dès 1828, il était venu participer à la direction des forges de Hayange. Il donna sa démission d'Ingénieur des Mines en 1830, par des motifs où, comme pour Héron de Villefosse, la politique n'était pas étrangère. Il se borna dès lors à concourir à la direction de la célèbre maison de Wendel, jusqu'à sa mort en 1853. Il s'occupa spécialement de la mise en exploitation des houillères de Shoenecken et de Styring et de la construction de l'usine de Styring, en 1846-1848.
Le texte qui suit a été publié en 1964 dans le numéro du Bulletin de l'association des anciens élèves de l'Ecole des mines de Paris, à l'occasion du centenaire de la création de l'Association :
Les Wendel et les Gargan sont tous à des degrés divers des mineurs par vocation ou tradition et par nécessité. De génération en génération il s'est conclu comme un mariage entre cette famille de maîtres de forges lorrains et les matières principales que leurs entreprises mettent en œuvre, le minerai de fer et le charbon.
Trois figures ressortent de façon éminente de la lignée qui, depuis deux-cent-soixante ans a attaché son nom à l'histoire de la sidérurgie française : dans la première moitié du XIXe siècle, Théodore de Gargan (1791-1853) ; tout près de nous François de Wendel (1874-1949) et Maurice de Wendel (1879-1961). Il parait d'autant plus intéressant de montrer comment, sortis de l'Ecole des Mines, ils sont restés fidèles à ses disciplines, que cet aspect de leur carrière, difficile à dissocier de leurs autres activités, est peut-être moins connu.
La fabrication de la fonte au coke qui se développa rapidement chez nous au début du XIXe siècle provoqua l'interpénétration de la métallurgie et de l'industrie houillère. Le contrôle de gisements de charbon et, notamment, de charbon cokéfiable, devint alors la préoccupation constante des Wendel.
Théodore de Gargan, prospecteur né, contribua particulièrement à l'extension considérable que prit l'entreprise familiale dès cette époque.
Ancien élève de l'Ecole Polytechnique et de l'Ecole des Mines, d'où il sortit en 1810, Gargan, qui devait être ensuite chargé d'une mission de recherche au Sénégal, participa à l'établissement de l'Atlas au 1/5 000 du sous-sol sarrois ordonné par Napoléon 1er.
Ce remarquable ouvrage a d'ailleurs une histoire : en 1815, Gargan tenta de le dissimuler aux Prussiens qui le convoitaient, mais il reçut finalement l'ordre, en 1817, de le leur livrer. Un peu plus de cent ans plus tard, l'article 50 du Traité de Versailles imposera sa restitution à la France.
Devenu gendre de François de Wendel, le restaurateur des forges d'Hayange après la Révolution, Gargan démissionna du Corps Royal des Mines en 1830 et se consacra désormais aux entreprises familiales, entreprenant avec son beau-frère, Charles de Wendel, de nombreux sondages dans la forêt de Forbach. Il avait en effet depuis longtemps reconnu que le bassin sarrois se prolongeait en Lorraine.
Sans doute, d'ailleurs, son beau-père en avait-il eu lui aussi l'intuition, puisqu'il avait acheté, en 1824, en principe pour s'assurer les réserves de bois encore nécessaires à ses hauts fourneaux, toute la forêt de Forbach. Ce fut en tout cas la chance dont ses successeurs héritèrent, puisqu'en 1847 la couche de houille fut atteinte près de Petite-Rosselle. Le charbonnage ainsi ouvert et les Forges de Stiring mises à feu en 1853 constitueront pendant le longues années de remarquables fleurons de la Maison de Wendel.
Ingénieur civil des Mines en 1899, François de WENDEL qui accéda aux responsabilités de direction dans les premières années de ce siècle, appartenait à la 7e génération des maîtres de forges d'Hayange. Technicien, il fut à la fois continuateur et précurseur, vivant ses usines qu'il modernisa suivant des techniques américaines, vivant ses mines dont il assura la gestion d'une façon constante et directe.
Ses mines de fer tout d'abord, où il fut le premier à exploiter plusieurs couches superposées, soucieux déjà d'économiser les réserves du gisement, à introduire le procédé Weber de tir à l'oxygène liquide, à faire pénétrer au cœur des exploitations des wagons commerciaux à voie normale et à utiliser le chargement mécanique. Traitée dans les meilleures conditions, la minette lorraine permit enfin d'alimenter des hauts fourneaux de conception moderne en minerai de qualité régulière.
Justement préoccupé d'élargir les bases sur lesquelles reposait l'approvisionnement des usines en matières premières, François de Wendel fut amené à s'assurer dans toute la mesure du possible des sources de combustible importantes qui fussent en même temps indépendantes. Sans doute les houillères de Petite-Rosselle où il avait fait ouvrir le remarquable puits Simon avaient-elles prises sous son impulsion un essor magnifique, mais leurs produits non encore cokéfiables ne pouvaient être utilisés dans les usines que comme source d'énergie et il était indispensable de rechercher à l'étranger les houilles à coke qui manquaient dans nos frontières. Le développement des mines d'Oranje-Nassau aux Pays-Bas, la création ou l'acquisition des charbonnages Henri-Robert et Frédéric-Henri en Westphalie sont à la mesure d'une oeuvre à laquelle François de Wendel s'attacha sa vie durant, mais qui n'absorba qu'une partie seulement de son activité, puisqu'il fut, rappelons-le, Président du Comité des Forges, Régent de la Banque de France et Membre du Parlement
La carrière de François de Wendel n'est pas separable de celle de ses deux frères. Tandis que Humbert prenait en mains l'activité administrative et commerciale de la Maison, Maurice, qui appartenait à la promotion 1899 de l'Ecole des Mines, s'attacha principalement à mettre en œuvre la Vallée de l'Orne dont il favorisa le développement.
Présidant ou administrant les principales sociétés minières du groupe : houillères de Liévin, Errouville, Oranje-Nassau, Henri-Robert et Frédéric-Henri, Maurice de Wendel restait fidèle à sa formation d'ingénieur. Il le fut aussi pour une autre raison qui semble capitale :il consacra une grande partie de son activité aux institutions sociales du groupe de Wendel, et il fut avec son frère François, un précurseur en matière d'allocations familiales et de logements ouvriers.
Par là il répondit à l'idéal de notre Ecole, qui tout en formant des techniciens veille à leur inculquer ce sens de l'humain, dont le mineur doit faire l'une de ses vertus premières. Cette harmonie se retrouve dans ces trois grandes figures d'une famille où le mineur est inséparable du sidérurgiste et de l'homme de cœur.
Louis Bénilan